Le rôle énergétique de l’agriculture

L’agriculture et l’énergie renouvelable, le défit du troisième millénaire

Par Agriculture Renouvelable Energie.

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Changement de fonction de l’agriculture

Depuis toujours on a demandé à l’agriculture de produire de la nourriture. Durant le vingtième siècle, cette demande a visé à sécuriser cette production et à éloigner les risques de famine. Au sortir de la deuxième guerre mondiale, ce fut le défit, défit relevé.
Cette démarche a nécessité le remembrement de parcelles, l’utilisation de moyens mécaniques et chimiques, l’intensification qui ont entraîné les excès que l’on constate aujourd’hui. Les voies de développement agricoles qui ont été suivies ces dernières décennies sont à leurs termes, on parle maintenant d’agriculture contre nature.

Pour mémoire, il y a 100 ans, 90 % du revenu des ménages, était destiné à acheter du pain, au-jourd’hui, 5 % de ce revenu est consacré à la matière première nécessaire à la fabrication de la nourriture. La partie libérée de ce revenu est maintenant destinée à d’autres besoins, d’abord le confort puis d’autres besoins plus futiles qui engendrent le développement du commerce et qui occasionnent des dérives aussi bien économiques, sociales qu’écologiques.

Or la commission européenne autorise depuis 2002, les agriculteurs à cultiver sur leurs jachères, à usage privé, de quoi se chauffer, produire de l’énergie. La production locale d’énergie représente en effet une alternative significative pour une partie de la production agricole :

– énergie renouvelable, environnement, effet de serre, action significative sur l’équilibre des libé-rations/captures de gaz carbonique,
– réduction de la dépendance énergétique à l’origine de conflits,
– emploi en milieu rural, solidarité, redéploiement de lien horizontaux, cogénération locale,
– sécurité alimentaire, tracabilité, contrôle de l’alimentation des animaux,
– reprise de valeur ajoutée par rapport à des productions « délocalisées ».

Production d’huile végétale brute et de tourteaux gras, en circuit court.

Comment on produit l’huile?

La fabrication d’huile est simple, elle peut se faire avec de petites machines. Une des plus petite presse pèse 45 kg pour une capacité de production jusqu’à 15 000 l par an. Par une pression très élevée, on sépare la partie solide et liquide des oléagineux, tournesol, colza.

Deux produits sont issus de cette première phase :
a) L’huile trouble qui, est un mélange d’huile et de pied de cuve, vient ensuite la décantation qui peut durer de 1 à 20 jours suivant la matière première et ses caractéristiques, puis la filtration,
b) Le tourteau qui est un tourteau gras car extrait sans solvant, nécessaire à l’alimentation des animaux.

A ce stade, l’huile végétale brute peut être utilisée directement comme huile alimentaire ou comme carburant.

Les tourteaux gras

La production de tourteaux gras, en circuit court, permet une source de protéines tracées et sûres. Cette démarche permet à l’éleveur la reprise de responsabilité et la maîtrise totale de l’alimentation de son bétail. Les événements de ces dernières années prouvent que l’on fait peser sur notre ali-mentation des risques contre nature par l’utilisation de protéines d’origine inconnue.

Utilisation de l’huile végétale brute (HVB) comme carburant

Une voiture diesel à injection indirecte peut fonctionner de façon simple à l’huile végétale brute comme carburant.

L’incorporation de 30 % d’huile végétale brute est possible sans aucune modification. L’utilisation à 100 % ou dans les périodes froides nécessitera plus de soins ou d’adaptation.

Dans une voiture diesel à injection directe (HDI, Command Rail, ect…), le passage à l’huile végétale brute nécessite des adaptations, toutefois, 5 à 10% d’huile végétale brute dans ces véhicules ne posent pas de problème particulier.

Plus surprenant encore, si votre voiture diesel « fume noire », l’incorporation de 30 % d’huile élimine cette pollution.

Ne pas confondre Ester Méthylique d’Huile Végétale et Huile Végétale Brute

Issus des mêmes plantes oléagineuses de base, l’un est un produit industriel, l’autre peut être artisanal et local.

L’huile se compose d’une molécule de glycérine qui lie trois chaînes d’acide gras. C’est cette glycérine qui fait de l’huile un carburant moins banal à utiliser que le gazole.

Pour contourner cet aspect, l’industrie procède à l’estérification de l’huile qui demande environ vingt cinq opérations pour obtenir ce l’on appelle le Diester, le Biogazole, le Dieselbi, autant de marques commerciales qui recouvrent un seul et même produit : l’ester méthylique d’huile végétale (EMHV), « biocarburant officiel » en parti détaxé.

Quelle différence entre ester méthylique d’huile végétale et huile végétale brute, produits dits biocarburants renouvelables :
– l’un est industriel, banalisé, distribué dans les stations services, issu de l’agriculture intensive, fruit de la liaison entre les agriculteurs et les pétroliers,
– l’autre est local, sans transport et ne rentre pas dans le circuit de distribution des carburants, elle vise des circuit de distribution locaux.

La législation des carburants

Depuis 1997 et selon la directive de mai 2003 applicable au plus tard le 31 décembre 2004, la Commission Européenne demande aux états membres d’harmoniser leurs textes en matière d’utilisation de l’huile végétale brute.

La France n’a pas retranscrit cette directive dans ses textes et refuse de considérer l’HVB comme un carburant, tout produit n’entrant pas dans la liste des produits autorisés est interdit ou doit être incorporé sous contrôle douanier dans une raffinerie.

Le législateur n’a pas défini qu’elle est la nature fiscale de l’huile, elle peut être une huile alimentaire, un adjuvant pétrolier, un carburant, c’est son usage qui en défini la nature.

En plein débat sur les biocarburants, deux possibilités se font jour, une contrôlée par les industriels marque l’alliance et l’allégeance des paysans aux pétroliers, l’autre qui affirme que l’énergie renouvelable est l’affaire de chacun.

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La France va prendre position cet automne en matière de biocarburant et sa position en matière de TVA et de TIPP, TIC, Taxes Intérieures de Consommation depuis le 1er janvier 2004, va montrer sa volonté dans ce domaine. A chacun de questionner ses responsables locaux, politiques ou professionnels, sur leur position et de contrôler leurs actes.

Faute de position claire, le 1er janvier 2005, les directives européennes s‘appliqueront d’office, l’utilisation de l’HVB comme carburant sera donc autorisée.

Impact environnemental

Par opposition aux rejets massifs de CO² des énergies d’origine fossile, les végétaux consomment le carbone pendant leur phase de végétation avant de le libérer lors de leur combustion.

Selon le principe des permis négociables en matière de rejets de CO2 négocié à Kyoto, la valeur par hectare économisée est un atout dans les négociations internationales.
La taille réduite des unités de production limite les risques de toutes natures, explosion, incendie, pollution…

Ce sont des produits peu polluants. Pendant les périodes de récolte, de stockage, de livraison, d’utilisation, les risques de pollution sont limités.

Pendant la combustion :
a) limitation des fumées noires et des particules cancérigènes,
b) absence de composés aromatiques, ce sont ceux qui l’on sent autour d’une voiture,
c) absence de soufre qui permet d’éviter les rejets d’oxydes de soufre à la base de la pollution acide,
d) absence HAP, réputés cancérigènes,
e) la combustion d’huile végétale brute ne produit pas d’ozone.

Le fait de rapprocher les moyens de production de leur site de consommation ouvre un regard tout à fait diffèrent, plus rationnel et plus global sur les relations à l’énergie.

La production et l’utilisation locale d’énergie permettent de limiter le transport, qui, s’il a permis notre développement, commence à créer des difficultés sans réelles solutions par sa croissance exponentielle.

Elle induit une meilleure occupation de l’espace que les jachères nues.

Se chauffer avec des céréales agricoles

On peut chauffer 1 à 2 maisons avec un ha de céréales. Ces moyens de chauffage sont déjà très utilisés dans les pays d’Europe du nord et le recul d’utilisation en garantissent la fiabilité.

On compte parmi ceux ci des chaudières individuelles ou collectives, des poêles qui sont des poê-les à granules de bois adaptés, des brûleurs pour remplacer celui de votre chaudières. Toutes ces machines sont maintenant disponibles sur le marché. On aura aussi bientôt des équipements à monter sur les vieilles cuisinières à bois les rendant ainsi efficaces et faciles d ‘usage et des in-serts.

Quand l’électricité, le gaz, le fuel sont trop chers, mal odorant au sens propre comme au sens figuré, le bois trop lourd, difficile à manipuler et peu confortable à utiliser, il est possible de se chauffer directement avec des graines déclassées ou spécifiquement cultivées, dans un strict respect de l’environnement, récoltées par une moissonneuse batteuse, sans transport, sans énorme usine. 2 à 2,5 kg de céréales ont le même pouvoir calorifique qu’un litre de fuel. Les céréales consomment le CO² avant de le rejeter. Elles sont renouvelables, propres, sans risque d’incendie ou d’explosion, produites localement, porteuses de travail en milieu rural pour la livraison et le service.

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Dans cette démarche « le client » va avoir un regard direct sur la façon dont son « fournisseur » produit les graines qu’il livre, la liaison horizontale producteur utilisateur permet de renouer un lien direct entre l’agriculture et la population.

La production locale d’énergie représente une alternative significative en matière de production agricole, avec une possibilité de montée en puissance très rapide car les hommes, les structures et les outils de production sont en place.
Elle est le garant du maintien d’activités économiques en milieu rural, les plus-value restant locales, plus largement rurales, clés de la lutte contre la désertification.

Georges LOUIS, Président de ARE

Les céréales chauffage, en chiffres

En chaleur: 2 kg de céréales (0,24 € HT) = 1 l de fuel (0,46 €)

Un hectare de céréales peut chauffer 1 à 2 maisons. 1 ha de céréales produit 50 à 90 Qx/ha de céréales,

En 2003, la France comptait 1 600 000 ha de jachères, c’est l’équivalent de 2 500 à 4 500 l de fuel pour 1 ha.

Avec très peu de chimie, on peut facilement produire 50 Qx (5 000 kg)/ha, soit 2 500 l de fuel par an.

Des plantes comme le triticale (croisement de blé et de seigle) poussent avec très peu de chimie pour des rendements équivalent aux céréales actuelles.

Dans un poêle à céréales au milieu de la maison 2 500 à 3 500 kg diminuent la facture de chauffage de moitié. Dans une chaudière, il faut 4 000 à 8 000 kg de céréales pour chauffer un hiver.

On trouve :
– des poêles à céréales à partir de 3 300 €
– des brûleurs pour remplacer un brûleurs à fuel a partir de 2 300 €
– des chaudières domestiques à partir de 4 500 €

Les agriculteurs sont équipés, dès aujourd’hui, pour semer, cultiver, récolter, stocker et livrer ces céréales.

L’huile végétale brute en chiffre

On peut estimer qu’il faut un hectare par voiture et par an.

Il faut 3 kg de graines pour faire 1 l d’huile (30 à 45 %). On produit de 25 à 45 Qx de colza ou de tournesol/ha, cela fait de 750 à 2 050 l d’huile par ha.

Une voiture diesel parcoure de 12 000 à 17 000 km par an, elle consomme de 600 à 1 400 l de carburant par an.

En 2003, l’ester méthylique d’huile cultivé sur jachères représentait 360 000 Ha.

En France 340 000 agriculteurs reçoivent des primes PAC.

En savoir plus :
Fabriquer un brûleur à huile végétale
Agriculture et énergies
L’huile végétale brute biocarburant
Le plan biocarburant 2005
Vivre sans pétrole

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