L’Ocean Arctique a l’agonie

Louis Fortier est professeur d’oceanograhie a l’Universite Laval et
directeur de Quebec-Ocean. Chef de mission de l’expedition scientifique
CASES (Canadian Arctic Shelf Exchange Study), il a passe un an dans
l’arctique, a bord du brise glace Amundsen. Tout juste de retour, il tire la
sonnette d’alarme en annoncant la disparition du monde arctique dans un laps
de temps beaucoup plus rapide que prevu et ouvrant ainsi la voie a la
circulation maritime dans ces contrees eloignees, des 2030.
D’un point de vu geopolitique, l’ouverture du passage du nord ouest
soulevera un certain nombre de problemes, notamment celui de la possession
de cet espace aux ressources halieutiques encore mal connues. Sur le plan
economique, la route reliant l’Europe et l’Asie en passant par le cap Horn
et longue de 19.000 kilometres n’aurait plus lieu d’etre.
Par ailleurs, une telle fonte aura des consequences dramatiques sur
l’ecosysteme arctique. Selon le chercheur quebecois, il ne fait aucun doute
que les especes typiques, telle l’ours polaire, le phoque ou la morue
arctique vont s’eteindre. La disparition anticipee de la couche de glace
aura un effet benefique dans un premier temps puisque la productivite
biologique des mers arctiques augmente avec la quantite de lumiere qui
atteint la couche superficielle. en effet, cet apport lumineux stimule la
photosynthese qui est a la base de l’ensemble des reseaux trophiques. A long
terme, toutefois, lorsque le couvert de glace sera reduit aux parties plus
profondes de la mer arctique, les especes arctiques seront remplacees par
des especes atlantiques ou pacifiques.
De plus, cette fonte pourrait aussi avoir un impact direct sur l’effet de
serre. En effet, les chercheurs ont prouve la permeabilite de la banquise,
permettant ete comme hiver le passage du gaz carbonique vers l’ocean, a
raison de 20mg par metre carre. Toutefois, les oceans absorbant encore mieux
le CO2 que la glace, la fonte du couvert de glace de l’Arctique pourrait
ralentir le rechauffement de la planete. Mais, la possibilite que les oceans
renvoient une partie du CO2 qui n’aura pas ete pris en charge par la pompe
biologique reste aussi probable ; et cela pourrait etre d’autant plus grave
que les fonds oceaniques possedent deja une certaine quantite de methane
solide.
Face a l’ensemble de ces constatations, l’equipe de Louis Fortier ne peut
qu’inviter le Canada a se preparer aux repercussions ecologiques,
geopolitiques et socioeconomiques d’un rechauffement de l’Arctique.

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Sources : Le Devoir, 07/10/2004
Redacteur : Elodie Pinot OTTAWA, sciefran@ambafrance-ca.org

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