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Solidarité du capital : des rémunérations équitables en équations

Quand les maths peuvent chambouler les rapports sociaux, par Rémi Guillet (avril 2021)

Dans mon ouvrage « Pour plus de solidarité entre le capital et le travail » (éd. L’Harmattan 2004 et de nombreux titres qui lui ont suivi) j’ai mis l’accent sur l’importance à introduire plus d’équité dans le partage équitable de la valeur ajoutée produite par l’activité économique d’une nation. Ce livre a pu montrer également comment, formellement, des rémunérations « hybrides » croisant les intérêts des partenaires modifient la donne

rémi guillet

 

Ainsi nous avons établi que si le clivage conflictuel traditionnel se fait entre les partenaires A et B (typiquement par exemple actionnaires et salariés dans le cas de l’ entreprise) et imaginant que les négociations aient abouti avant l’exercice à ce que le ratio des rémunérations Ra/Rb = 0,25 (soit Rb/Ra=4), alors pour assurer l’équité quels que soient les résultats de en toutes circonstances de résultats de l’exercice on écrira :

Ra = Ras + 0.25xRbs
Rb = 4xRas + Rbs 

Et il sera aussi très simple de vérifier que Ra/Rb sera toujours égal à 0,25 quelles que soient les valeurs prises par Ras et Rbs. (Exemple Ras=1, Rbs=5 et Ra/Rb =2,25/9=0,25 etc.). Cela, même en cas d’évolution de Rbs (salaires) pendant l’exercice ou de pertes (Ras négatif) à son issue !

Quant au comptable il sait vérifier que dans tous les cas et quel que soit le nombre des partenaires, la somme des rémunérations de tous les partenaires ne peut être que la valeur ajoutée Va réalisée pendant l’exercice. Ainsi pour notre exemple à deux partenaires Va vérifiera nécessairement la somme 1+0,25×5+4+5=11,25. Soit encore et nécessairement Ras=0,0899Va et Rbs=0,4444Va.

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Autrement dit, ce qui a été négocié avant est toujours vérifié après !

Imaginant maintenant avoir identifiés quatre type de partenaires avec leur revenus spécifiques, on écrira à l’instar de ce nous avons fait pour A et B les rémunérations de A B, C, D sous la forme d’un un « mixte » entre ce que nous appelons la part spécifique du partenaire considéré et les parts complémentaires indexées sur la part spécifique de chacun des autres partenaires.

Si on suppose que les négociations préalables entre partenaires pris deux à deux ont abouti à ce que les ratios de rémunérations effectives à l’issue d’un exercice soient respectivement Ra/Rb = 0.25 (soit Rb/Ra = 4); Ra/Rc = 1.25 (soit Rc/Ra = 0.8) et Ra/Rd = 2.5 (soit Rd/Ra = 0.4), ce qui implique Rb/Rc=5, Rb/Rd=10, Rc/Rd=2, la construction des rémunérations des partenaires est qualifiée d’idéale lorsque les ratios effectivement constatés en fin d’exercice (calculés post) ne dépendent plus des résultats de l’exercice mais répondent toujours aux vœux négociés et exprimés ante !

En d’autres termes si on appelle les parts dites spécifiques (ou propres des rémunérations de chaque partenaire donc de type salarial ou celles par nature issue des résultats comme le sont les bénéfices ou dividendes), respectivement Ras, Rbs, Rcs, Rds , les rémunérations à l’issue de chaque exercice, soit respectivement Ra, Rb, Rc, Rd doivent être établies comme suit pour obtenir l’idéal d’équité revendiqué :

Ra = Ras + 0.25xRbs  + 1.25xRcs + 2.5xRds
Rb = 4xRas + Rbs  + 5xRcs + 10xRds
Rc = 0.8xRas + 0.2xRbs  + Rcs + 2xRds
Rd = 0.4xRas + 0.1xRbs  + 0.5xRcs + Rds

Ici les valeurs post étant par exemple Ras=1; Rbs=5; Rcs=4; Rds=20 on pourra constater que les ratios négociés (Ra/Rb=57,25/229=0,25; Ra/Rc=57,25/45,8=1,25; Ra/Rd=57,25/22,9=2,5; Rd/Ra=22,9/57,25=0,4) sont respectées et ne dépendent pas des valeurs Ras, Rbs, Rcs, Rds !

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Au bout du compte l’équité souhaitée est toujours affaire et uniquement affaire de coefficients d’indexation !
Et de tels résultats sont observés quel que soit le nombre des partenaires depuis 2 jusqu’à N infini !

Le paradigme libéral qui a guidé l’activité économique tout au long des siècles passés pose aujourd’hui de nombreux problèmes…

On soulignera alors que la planète qui a dû répondre à nos exigences de performance (croissance non encadrée etc.), mérite aujourd’hui d’être considérée comme un partenaire à part entière de l’économie globale et donc de chaque entreprise. Alors le modèle de rémunération rappelé ici doit aussi intégrer ce partenaire qui n’a rien de virtuel avec en vue et impérativement sa protection. Nous n’avons qu’elle, sans alternative !
Plus généralement l’idée de croiser les revenus propres pour viser davantage d’équité est porteuse d’apaisement des conflits de tous niveaux et toujours en embuscade, disposés à enflammer le monde et cela bien après que la crise de la Covid se soit faite oublier !

Notre enjeu

Les travaux qui ont abouti à ce modèle de rémunération hybride datent du tout début des années 2000 à un moment où le néo-capitalisme pouvait montrer à certains et déjà de nombreuses limites…

Aujourd’hui d’autres problématiques sont nées. Avec la pandémie étendue à la planète et qui joue de nos stratégies de défense est apparue une nouvelle raison pour s’interroger sur l’importance et l’urgence à modifier les règles du jeu et de nombreux enjeux.

Partout prendre des mesures apaisantes, penser confiance à la place de défiance doit désormais s’imposer à tous. Rien à vrai dire de bien nouveau si ce n’est que nos défis concernent désormais notre milieu naturel considéré dans sa globalité.

Mais pour que confiance et sérénité s’installent, le moment est aussi venu de dépasser les analyses statistiques pour tenir davantage compte des réactions individuelles. Ce n’est pas simple certes et on pourra penser ici aux réactions face à la vaccination dans un contexte de pandémie où les vaccins ont leurs détracteurs. En effet, si la médecine moderne traite la maladie comme une affaire statistique, pour chaque individu la santé est la sienne donc d’abord sinon uniquement une affaire individuelle ! Pour l’emploi il en va de même, il a un travail ou il en est exclu !

Donc tout mettre en œuvre pour que l’individu soit amené à une vision positive des propositions qui lui son faites, lui donner confiance dans son futur constitue le seul défi qui vaille. Le modèle que nous venons de présenter va dans ce sens…

Négocier d’abord les termes de l’équité puis avoir confiance dans un futur qui respectera nécessairement les termes de cette équité !

6 commentaires sur “Solidarité du capital : des rémunérations équitables en équations”

  1. L’auteur dit (à Christophe et à ses futurs lecteurs):

    L’homme s’est construit un monde insupportable pour la plupart…
    Pour se sauver il lui faut maintenant et impérativement « évoluer »!

  2. l’auteur dit à ceux qui ont du mal à discerner le lien (d’incompatibilté) entre économie (libérale) et écologie que le défi du « toujours plus » exigé ou incontournable de la première ne peut être longtemps « compatible » avec le défi de la seconde pour ne pas dire plus simplement (et sans référence implicite à la seconde) durablement « assumable » dans un milieu fini (notre planète!).
    R.G.

  3. L’auteur signale à ceux qui sont curieux de connaître combien de négociations deux à deux pour « n » types de partenaires : cela est « n-1 ». Donc 1 quand n=2 , 3 quand n=4 etc.
    R.G.

  4. Compte-tenu de la problématique concernée, je me permets d’insister pour dire : ce qui a été négocié avant c’est-à-dire le ratio des rémunération prises deux à deux est toujours vérifié après, cela quelques que soient les résultats de l’entreprise !
    R.G.

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