La campagne propresticides

Le lobby des pesticides accusé de campagne mensongère

Sur l’affiche, un homme, batteur à oeufs en main, l’air résolu à en découdre dans sa cuisine, ou une femme en pleine dégustation devant son piano. En haut à droite, une question : «Et vous, que savez-vous des pesticides ?» Ils n’ont pas l’air d’en savoir grand-chose et c’est pour les informer que l’Union des industries de la protection des plantes (UIPP) s’est lancée dans une vaste «action de communication» depuis le 10 février et pour six mois. «Nous voulons expliquer au grand public ce que sont les pesticides, explique Jean-Charles Bocquet, directeur général de l’UIPP. C’est une démarche de transparence.»

Trouble. Cette transparence n’est pas du goût des associations de défense de l’environnement, qui ont assigné l’UIPP en référé vendredi devant le tribunal de Rennes au motif que la publicité causait un «trouble». «Nous voulons que cette campagne mensongère soit suspendue» précise François Veillerette, du Mouvement pour les droits et le respect des générations futures (MDRGF). «L’objectif de l’UIPP est de rendre les pesticides socialement acceptables, en faisant croire à un public non averti qu’ils ne sont pas dangereux pour la santé et l’environnement, que leur emploi est totalement indispensable et que de toute façon, les aliments biologiques ne sont pas meilleurs pour la santé !» Le juge des référés se prononcera le 9 mars.

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Les associations mènent également une cyberaction contre les magazines ­ principalement des féminins ­ qui ont publié la pub incriminée. Mais la partie la plus intéressante se jouera devant les tribunaux quand le MDRGF, soutenu par un collectif d’associations contre la campagne de l’UIPP, portera plainte au pénal avec constitution de partie civile pour «publicité mensongère» et «publicité comparative illicite», après le référé. Cette plainte permettra d’aborder le problème au fond, à savoir l’impact des produits phytosanitaires sur la santé et l’environnement. A charge pour les industriels de prouver l’innocuité de leurs pesticides.

«Inoffensifs». «Nos produits font l’objet d’une évaluation très précise et seuls ceux qui sont inoffensifs sont homologués» rappelle Jean-Charles Bocquet. La campagne de l’UIPP veut redorer le blason des produits phytosanitaires, dont l’image est ternie, notamment après les démêlés judiciaires du Regent et du Gaucho, deux pesticides accusés par les apiculteurs de décimer leurs ruches. Par ailleurs, le consommateur devient plus soucieux du contenu de son assiette et achète plus de produits issus de l’agriculture biologique.

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Les écologistes ont décidé de frapper en plein Salon de l’agriculture, vitrine d’un modèle intensif avide de produits phytosanitaires. «Le pesticide n’est pas obligatoire», estime la Fédération nationale de l’agriculture biologique. «Notre agriculture ressemble à un vaste hôpital où les plantes sont mises sous perfusion continuellement avec des engrais, des pesticides et des insecticides», accuse Philippe Desbrosses, coordinateur du réseau Objectif bio 2007, qui milite pour 100 % d’agriculture biologique en France.

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