Sauver la planète

ll y a quelques années, les premiers à lancer l’alerte sur le réchauffement climatique ne récoltaient que des sarcasmes ou, au mieux, une indifférence polie. Aujourd’hui, en France, un organisme public, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), diffuse des spots pour appeler la population à contribuer à la lutte contre le réchauffement.
Il faut espérer qu’une évolution similaire se produira, et le plus vite possible, à propos de la préservation des ressources naturelles (d’ailleurs liée à la lutte contre le réchauffement) : l’écologie est encore trop souvent considérée, en particulier dans les milieux économiques ultralibéraux, comme une affaire de zozos chevelus, par rapport aux impératifs économiques et à la « profitabilité » des entreprises.
Combien faudra-t-il encore de rapports catastrophiques comme celui rédigé par plus de 1 300 experts internationaux et publié mercredi 30 mars par l’ONU pour faire comprendre qu’il y a urgence ?
L’expression « pillage de la planète » prend en effet tout son sens à la lecture de ce travail, le plus important jamais réalisé sur le sujet. « L’activité humaine, y lit-on, exerce une telle pression sur les fonctions naturelles de la Terre que la capacité des écosystèmes de la planète à entretenir les générations futures ne peut plus être considérée comme certaine. » Comme d’habitude, les pauvres sont les premiers touchés, en particulier par le manque d’accès à une eau saine.
La sagesse conseillerait de tenir le plus grand compte des changements profonds, en matière de consommation, de technologies ou d’exploitation des écosystèmes, que conseillent les experts. Mais le président de la principale puissance mondiale, les Etats-Unis, qui devrait avoir un rôle d’entraînement majeur, n’a manifesté, jusqu’à maintenant, aucun intérêt pour ce sujet. George Bush ne vient-il pas d’autoriser des recherches pétrolières dans un sanctuaire naturel de l’Alaska, à l’exact opposé des préconisations du rapport ?
Face à une attitude qui relève de la préhistoire de la conscience, l’Europe, tout comme les pays en développement, a sa part de responsabilité et semble hésiter sur l’attitude à adopter. Elle est, de toute façon, en avance par rapport aux Etats-Unis, qui ont refusé de se joindre au protocole de Kyoto.
En France, le président de la République a compris l’importance de l’enjeu. Au moins en principe. Car Jacques Chirac est tiraillé entre sa prise de conscience écologique et les intérêts strictement économiques de son électorat. La timidité du projet de loi sur l’eau, récemment adopté par le conseil des ministres, l’a une nouvelle fois montré.
Les dirigeants politiques européens s’honoreraient en prenant la tête de ce combat. Dans le match entre l’Europe et les Etats-Unis, voilà une belle occasion de se montrer à la hauteur des responsabilités historiques. Puisque la modernité, aujourd’hui, c’est tout simplement de comprendre qu’il faut sauver la planète.

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Source : LeMonde.fr

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