Le premier réacteur nucléaire 100% chinois porte les ambitions du pays en la matière
HUBERT MARY PUBLIÉ LE 08/09/2020
Le Chine a chargé le combustible du réacteur nucléaire troisième génération de la centrale de Fuqing (sud-est du pays). D'une puissance de 1 000 mégawatts, il s'agit de la première installation issue d'une technologie 100% nationale. Elle ne devrait pas être la dernière. La Chine entend ainsi s'affranchir des industriels occidentaux et leur discuter des parts de marché à l'international.
Cette photo aérienne prise le 31 août 2020 montre une vue panoramique du projet nucléaire Fuqing.
Le début d'une nouvelle ère pour le nucléaire de l'empire du Milieu ? Vendredi 4 septembre, pour la première fois, la Chine a chargé le combustible d'un réacteur troisième génération de conception 100% nationale, dans sa centrale de Fuqing (sud-est du pays). La technologie, baptisée Hualong One, a été développée par les deux mastodontes nationaux du nucléaire, CNNC (Compagnie nucléaire nationale chinoise) et CGNPC (China General Nuclear Power).
L'installation, d'une puissance de 1 000 mégawatts, doit être opérationnelle d'ici la fin de l'année, selon CNNC.
UN RÉACTEUR INSPIRÉ D'UNE TECHNOLOGIE FRANÇAISE
Si les réacteurs s'inspirent du principe des REP (réacteurs à eau pressurisée), mis au point par Areva (aujourd'hui Orano), la technologie développée par les ingénieurs chinois est complètement nouvelle, rapporte la presse chinoise. ll s'agit d'une amélioration des réacteurs CPR-1000, démarrés dans les années 2000 en Chine, mais dont les droits de propriété industrielle pour l'assemblage et certains composants appartenaient à Areva.
En 2011, CNNC et CGNPC décident de lancer un programme nucléaire indépendant à la demande de leur gouvernement et démarrent les travaux pour la conception du réacteur Hualong One (ou HPR-1000), un réacteur hybride mélangeant des composants des réacteurs AP 1000 américain et des EPR français.
SEPT AUTRES PROJETS EN COURS SUR LE TERRITOIRE NATIONAL
Selon le journal les Echos, "deux autres projets qui utiliseront cette technologie ont également été approuvés la semaine dernière" (mercredi 2 septembre) par Pékin. Ils viennent s'ajouter aux quatre autres décidés en 2019 par le gouvernement chinois. Dans un laps de temps plus court, en 2021, CNNC devrait achever le réacteur 6 de la centrale de Fuqing, basé sur la même technologie.
LA CHINE CREUSE L'ÉCART SUR LE NUCLÉAIRE NOUVELLE GÉNÉRATION...
Le Chine accélère sur son programme nucléaire nouvelle génération, impulsé dans les années 2000, et creuse l'écart sur ce segment avec la France et surtout les Etats-Unis. En 2018, Pékin avait démarré trois réacteurs AP 1000 (Sanmen 2 et Haiyang 1 et 2), issus de la technologie de l'américain Westinghouse, ainsi qu'une centrale EPR, en partenariat avec EDF. En 2019, deux nouveaux réacteurs étaient raccordés au réseau électrique national, un nouvel AP 1000 (par ailleurs le premier utilisant des assemblages combustibles fabriqués en Chine) et un EPR (Taishan-2).
Par ailleurs, la Chine travaille toujours sur le développement de mini-réacteurs modulaires polyvalents, baptisés Linglong One.
... ET MISE MAINTENANT SUR L'EXPORT DE SA TECHNOLOGIE
En 2015 puis en 2016, le Pakistan a fait le choix de s'équiper de réacteurs chinois Hualong One pour alimenter sa centrale de Karachi (unités deux et trois), dont la construction s'est achevée en 2019 et en 2020. Ils devraient entrer en service d'ici un ou deux ans.
Autre pays qui frappe à la porte, le Royaume-Uni. Depuis 2017, la Chine se tient en embuscade pour candidater à l'appel d'offres concernant la construction de deux réacteurs à Bradlwell, dans l'Essex, actuellement démantelés après 40 ans d'existence. Pékin espère recevoir l'homologation des autorités britanniques d'ici 2022.
Un nouvel entrant qui risque fort de remettre en cause le monopole des industriels occidentaux dans le secteur.
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