sen-no-sen a écrit :Du verbiage sans fin très peu pour moi!
Ça fait longtemps que j'ai compris la perte de temps à lire Janic.
sen-no-sen a écrit :Du verbiage sans fin très peu pour moi!
C'est très bien, continue comme ça! tu es comme Sen no sen, seul ton point de vue n'a de valeur pour toi, alors évite les forums!Ça fait longtemps que j'ai compris la perte de temps à lire Janic.
janic a écrit :C'est très bien, continue comme ça! tu es comme Sen no sen, seul ton point de vue n'a de valeur pour toi, alors évite les forums!Ça fait longtemps que j'ai compris la perte de temps à lire Janic.
tu boycottes surtout ce que tu ne comprends pas et que tu ne cherche surtout pas à le faire!Je boycotte les creationistes. Point.
127 – Une monnaie au service du bien commun
23 septembre 2018
François Roddier
Il est assez rare de voir un entrepreneur défendre la notion de bien commun. C’est pourtant ce que fait Philippe Derudder dans son dernier livre intitulé « Une monnaie au service du Bien commun (éditions Yves Michel). Il est intéressant de voir que l’auteur y propose une économie à double monnaie, comme je l’ai fait moi-même à l’école des mines de Paris (billet 120).
Philippe Derudder est connu pour son soutien aux monnaies locales complémentaires à travers son association AISES. Le lecteur trouvera dans son livre une description très pédagogique des propriétés de la monnaie. C’est ainsi que, dans une petite histoire, un billet de banque reconnu faux est déchiré après avoir permis à un certain nombre de personnes de payer leurs dettes. Tout ceci n’étonnera pas un scientifique qui sait que la monnaie a les propriétés formelles d’un catalyseur en chimie. De même qu’un catalyseur est régénéré à la fin d’une réaction, toute monnaie empruntée est rendue une fois que l’investissement a porté ses fruits.
Mélangez un volume d’oxygène à deux volumes d’hydrogène: rien ne se passe. Ajoutez au mélange un petit morceau de platine: le mélange explose. Il n’est donc pas surprenant que certains auteurs parlent de « violence de la monnaie » (1). De même, on peut donc s’attendre à ce qu’une monnaie au service du bien commun ait des effets très importants: le souhait, clairement exprimé par l’auteur, est qu’une monnaie au service du bien commun favorise la coopération, ce qui est très louable.
Malheureusement, l’auteur semble ne s’intéresser qu’aux monnaies locales. À une époque où l’économie devient mondialisée, ne faudrait-il pas mieux réintroduire des monnaies communes aux échelles nationales? C’est en effet à cette échelle que s’est développée la coopération. Après mon intervention à l’école des mines, l’économiste Jacques Sapir a parlé longuement de souveraineté nationale. Dans son livre, Derudder parle d’espace économique dédié au bien commun (EEBC), mais ne parle pas de nation. Les entrepreneurs craindraient-ils toute souveraineté nationale?
Un des lois les plus fondamentales de la biologie, entièrement vérifiée quantitativement, est la loi dite de sélection de parentèle. Elle nous dit que le degré de coopération entre deux êtres vivants est proportionnel au nombre de leurs gènes communs. Elle explique la coopération entre deux fourmis d’une même fourmilière ou entre deux abeilles du même essaim.
Chez l’homme, où les échanges sont devenus culturels, la coopération est proportionnelle au degré de culture commune. Celle-ci s’observe principalement à l’échelle nationale parce que les individus d’une même nation ont une histoire commune. Celle-ci se traduit généralement par une langue commune. On doit donc s’attendre à un maximum de coopération à l’échelle nationale. Un des effets de la mondialisation est le mélange des cultures. Cela implique une dégradation de la coopération. Si une monnaie complémentaire devient nécessaire pour renforcer la coopération, n’est-ce pas à l’échelle nationale qu’il faudrait l’introduire pour avoir le plus de chance de succès?
Manifestement, l’auteur a une certaine réticence vis à vis de toute action de l’État. Il est vrai que la création de monnaie par l’État a toujours eu mauvaise presse. Ceci est dû au fait qu’historiquement les États ont payé leurs dettes en créant de la monnaie, ce qui lui faisait perdre de la valeur. Ce ne serait plus le cas pour une monnaie d’État en concurrence avec une monnaie internationale. Nos dirigeants n’ont pas d’autres mots à la bouche que ceux de « concurrence libre et non faussée », mais lorsqu’il s’agit de monnaie, il n’est plus question de concurrence, sauf à l’échelle locale où elle reste inoffensive!
Un des biens communs fondamentaux est l’éducation. Imagine t’on payer les enseignants en monnaie locale? Ce serait revenir à une éducation à la carte, différente d’une région à une autre. Un État qui n’a plus d’éducation commune n’a plus de culture commune: ses membres cessent de coopérer. Favoriser les monnaies locales par rapport à une monnaie nationale, c’est favoriser la coopération à l’échelle régionale aux dépens de la coopération à l’échelle nationale.
Cette question d’échelle est très importante. On la retrouve en biologie sous le nom de différenciation cellulaire. Ce processus essentiel permet de distinguer les cellules du foie de celles du poumon ou du cœur. Mais lorsque la différenciation se fait à toute petite échelle, elle devient pathologique: on lui donne le nom de cancer. Pour une analogie entre nos sociétés actuelles et le cancer, voir mon billet 67.
En conclusion, ma réponse à Philippe Derudder est: oui pour une monnaie au service du bien commun, mais à l’échelle nationale pas à l’échelle locale.
(1) Michel Aglietta et André Orléan, La violence de la monnaie, PUF, 1982.
Un des effets de la mondialisation est le mélange des cultures. Cela implique une dégradation de la coopération.
Ahmed a écrit :Une affirmation de F. Roddier a retenu particulièrement mon attention:Un des effets de la mondialisation est le mélange des cultures. Cela implique une dégradation de la coopération.
Intrinsèquement, on pourrait soutenir le contraire: puisque c'est la proximité des mèmes qui renforce la coopération, la diffusion d'un substrat commun à l'ensemble des humains devrait faciliter la compréhension et l'unité; d'autre part et plus profondément, ne confond-t-il pas cause et conséquence?
La mondialisation.
Le lecteur de ce blog doit se demander pourquoi j’ai consacré deux billets successifs à parler de la culture française. La raison est que celle-ci tend à disparaître. Autrefois considérée comme étant la langue diplomatique, la langue française est de plus en plus remplacée par la langue anglaise. Lorsqu’on voyage, on retrouve partout les mêmes aéroports avec la même nourriture internationale, celle des États-Unis.
On parle de mondialisation, mais c’est la mondialisation du modèle américain ou plus précisément du modèle californien, c’est-à-dire celle de la partie des États-Unis qui a réussi (Hollywood, Google, Facebook). Les jeunes français semblent fascinés par cette culture. Ils ne sont pas les seuls: tous les pays développés s’uniformisent. À quoi est due cette uniformisation?
D’abord à l’explosion des moyens de transport. Mon premier voyage aux États-Unis date de 1950. À cette époque, on traversait l’Atlantique en paquebot. La traversée durait 5 jours. Le matin du dernier jour, j’ai vu apparaître dans la brume la statue de la liberté: un spectacle inoubliable. Vingt huit ans plus tard, j’ai traversé ce même océan en trois heures, à bord de l’avion supersonique Concorde. À l’arrivée, j’ai pris ma voiture pour m’endormir peu après, garé au bord au bord de la route. J’aurais sans doute mieux dormi si j’avais pris un avion ordinaire. Aujourd’hui, Concorde n’existe plus. Aurait-on découvert que la croissance a des limites?
Après l’explosion des moyens de transport est venue celle des moyens de communication. Dans les années 60, il fallait attendre 6 mois pour obtenir le téléphone chez soi. Aujourd’hui, tout le monde a l’internet et communique avec Facebook. Non seulement on a toujours son téléphone sur soi, mais on le remplace de plus en plus par ce qu’on appelle des « smartphones », de véritables ordinateurs de poche qui s’interconnectent les uns aux autres.
Or les biologistes nous disent que la robustesse d’un écosystème est liée à son interconnectivité. Plus son interconnectivité est grande, plus l’écosystème se développe, mais plus il devient fragile. il existe une interconnectivité optimale au delà de laquelle l’écosystème tend à s’effondrer. Nous avons vu qu’on peut aisément transposer ce résultat aux sociétés humaines (billet 116). Nos sociétés actuelles ont une très grande interconnectivité. Celle-ci maximise leur efficience, c’est-à-dire leur aptitude à produire des biens matériels. Elle favorise ce qu’on appelle la croissance économique. Mais plus une société est interconnectée, plus elle devient fragile et dès qu’un lien cède tout peut s’effondrer. C’est le cas d’une société mondialisée dont la culture devient unique. Il semble donc grand temps de démondialiser l’économie et de restaurer la diversité des cultures.
Je voudrais donner ici une lueur d’espoir. Une des caractéristiques de la culture française, qui la distingue de la culture anglaise ou allemande, est le sens de l’égalité. Emmanuel Todd lie cette caractéristique aux règles d’héritage (absence de droit d’ainesse). Le mouvement des gilets jaunes en faveur d’une plus grande égalité sociale semble en être l’expression. Il redonne de l’espoir: la culture française n’a pas encore totalement disparu.
...plus une société est interconnectée, plus elle devient fragile...
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