Collapsologie ... kézako ?

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Re: Collapsologie ... kézako ?




par Obamot » 17/09/24, 20:15

Quelques modestes pistes de réflexions… Colapsologie VS BRICS
J’étais un peu en Asie, et j’ai vu des pratiques ébouriffantes qu’on ne voit pas chez nous… Des pratiques un peu plus vertueuses aussi. Il y a par exemples plusieurs, réseaux économiques qui fonctionnent simultanément… certains de ces réseaux fonctionnent hors toute logique rationnelle connectée au super profits de l’économie optimisée à outrance. Il y a plusieurs exemples. Certaines ethnies font volontiers plus facilement commerce entre leurs membres, même s’il n’y a pas lieu ni l’intention ou même l’ambition d’exclure d’autres groupes. J’ai vu des “préférences” axées sur la couleur de la peau, sans qu’il n’y ait de racisme là derrière. Certaines femmes se préservent du Soleil pour ne pas bronzer et préfèrent avoir des bébés avec une peau plus blanche que les lignées antérieures… et dans la même famille il y en a qui s’en foutent complètement et qui s’exposent au Soleil…

Il y’a d’autres réseaux basés sur l’entraide locale, les mairies, etc… d’autres encore avec des ramifications dans les temples, les cultures locales qui régissent cet enchevêtrement sont très suivies et respectées. La systémique approximative semble solide dans son ensemble et un autre élément fait que comme les gens n’ont pas beaucoup d’argent, il est presque instantanément dépensé ce qui fait qu’il circule très très vite… j’ai l’intuition que cela peut être un paramètre aidant le survivalisme, sans en être sûr.

il y a des grandes chaînes de magasins bien implantées sur tout le territoire qu’ils quadrillent presque militairement avec une machine de guerre marketing bien rodées, mais les locaux continuent à aller dans les quincailleries et entreprises de matériaux locaux, même s’ils n’ont pas beaucoup d’argent et qu’ils vont payer bien plus cher… Et les gens jouent le jeu… L’assoc a ainsi déboursé près de 30% de plus en achetant “local” (cela permettait aussi de réduire les émissions de Co2) et nous étions ainsi “bien intégrés” en tant que “bons éléments sociaux”…

J’ai par exemple été surpris que quasiment toute l’agriculture était “bio” (lorsque j’ai demandé aux locaux s’ils utilisaient de la chimie pour augmenter les rendements) on m’a dit que non, tout était bio, d’une part parce que les paysans vendaient qu’une partie de leur production, le reste allant pour la consommation familiale et échanges inter-familiaux, et ils ne voulaient pas s’intoxiquer parmi, et d’autres part, ces produits coûtant cher, ils n’avaient pas les moyens de se les payer, préférant le système D des traitements ancestraux et combines de grand-mère… et là aussi les réseaux parallèles sont à l’œuvre. De toute façon, ce ne sont pas des voleurs et ils ne se volent pas entre-eux, donc leurs marges son modestes et laissent aux chalands des prix abordables. Il n’y a pas non plus de pertes (ou peu), ce qui pourrait être perdu plus tard est cuisiné sur place et vendu en tant que “repas à l’emporté” avec même une marge supplémentaire!

Seules les grandes surfaces presque au même prix, ne fournissent pas des fruits et légumes aussi phytosanitairement sûrs.
Mais même là, le poids énorme de la culture fait que même les businessmans qui sont obligés de composer avec l’économie de marché, sont qu’ils le veuillent ou non, conduits par le modèle qu’on leur a inculqué dans leur enfance. Et il en reste toujours quelque chose.

Bref, je peux me tromper mais je vois que l’émergence des BRICS, va dans le sens de cette autonomie laissée aux pays, puis aux régions et aux locaux (peut-être que j’idéalise, mais c’est une piste que j’entrevois). Si la financiarisation du monde conduisant à l’optimisation à outrance (du modèle occidental) a permis de faire baisser les coûts de production, ces financiers qui voulaient bouffer à tous les râteliers en ont probablement oublié les économies locales, qui doivent bien vivre (enfin plus chez nous où l’ubérisation de tout est en marche, avec des restaurants et commerces locaux désespérément vides).

Je ne prétends pas que ce modèle théorique approximatif et local a de l’avenir, mais en tout cas, force est de constater que chez nous on est arrivé au bout du système. Avec des collaborateurs d’entreprises qui n’arrivent même plus à se payer le plein d’essence pour aller au boulot…

Quid de la colapsologie là-bas, je vais y réfléchir, va falloir que je rumine cette question longtemps… Les locaux feront en tout cas tout ce qu’ils peuvent dans leur génie de l’adaptation pour que cela n’arrive jamais. Sinon c’est la famille et toutes les familles qui s’effondreraient. Et cela n’est franchement ni concevable là-bas, ni possible (ou devrais-je dire « admissible »)
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“Le “mal” porte en lui-même sa propre condamnation”

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Re: Collapsologie ... kézako ?




par NCSH » 23/09/24, 11:11

Remundo a écrit :Le débatteur porte 3 scénarios
"arrêt cardiaque" : un rouage se casse et toute l'horloge mondiale complexe se fige
" absence de ressource" : le pétrole disparaît et tout s'arrête
"cocote minute climat" : le réchauffement climatique enraye progressivement la machine

Le scénario 1 n'aura pas lieu durablement, le monde est multipolaire et se rétablit inéluctablement. Un autre exemple est la redondance du réseau internet, par ex, qui s'accommode fort bien que quelques serveurs pètent en "reroutant" les flux de données.

Le scénario 2 va avoir lieu, mais lentement, la question "tout s'arrête" est délicate, je vois plutôt pour ma part un mélange de technologies modernes et de vieilles recettes/sobriété

Le scénario 3 va certes rendre des terres incultivables, voire inhabitables, mais va aussi en ouvrir d'autres, et je pense particulièrement aux zones du grand Nord, que ce soit en Russie, Scandinavie, Canada, Alaska, où les humains se replieront, comme ils sont actuellement massivement dans les zones favorables sans occuper la Sibérie... pour bouffer et n'avoir ni trop chaud ni trop froid !

A mon avis on pourrait maintenir un très haut niveau de vie si on organisait mondialement une production massive d'électricité (principalement photovoltaïque) avec un réseau faisant le tour du monde ; électricité sur laquelle on pourrait adosser la production de carburants (soit par recyclage des déchets organiques, soit par synthèse CO2+H2O).

Mais cette organisation mondiale n'aura probablement pas lieu du fait de la mésentente, pour ne pas dire la discorde entre les pays.

En fait le principal frein viendrait techniquement de la pression sur les métaux, car eux, on ne peut pas les produire (on peut au mieux les extraire, et l'importation de métaux extraterrestre me paraît une douce utopie). Il faut donc les recycler le plus possible. Cela dit la mutualisation des machines devrait être un levier puissant pour maintenir du service tout en divisant les besoins par au moins 10. Pensez simplement à l'exemple de la "voiture individuelle" qui passe 95% de son temps à dormir, mais on pourrait prolonger le raisonnement pour plein d'objets, comme les outils.

pas mal de conneries superflues également pourront être supprimées, de bon gré ou de force...

En effet, cela été le problème qui a fait capoter Désertec, il y a maintenant plus de dix ans. C'est beaucoup trop gros.

Au contraire, les projets de produire à moindre coût de l'Hydrogène sous le soleil des tropiques, mais surtout suivi directement après et sur place, de dérivés de l'Hydrogène tels que engrais azotés, acier primaire, du verre et d'autres process industriels, des vecteurs énergétiques carbonés non fossiles sont autant de projets qui peuvent être lancés plus ou moins indépendamment les uns des autres, sans la nécessité d'inter-connections fortes ...
La plupart des infrastructures pour importer ces produits finis ou semi-finis ( pour employer une terminologie ancienne ) existent déjà.
La plupart des bateaux de transport existent déjà ...
Il n'y a donc essentiellement qu'à organiser la production et l'infrastructure portuaire dans les emplacements d'exportation adéquat, à proximité de zones désertiques.
Cela créera des emplois, pas forcement beaucoup car il s'agit de process industriels très modernes, très automatisés.


Le minerai de fer, la bauxite, ... sont des matières premières surabondantes à la surface de la Terre, les filières de recyclage déjà bien développées ( 30% de l'acier mondial est déjà issu du recyclage ), il n'y a donc pas lieu de s'inquiéter : on a plusieurs siècles de ressources disponibles, même si la consommation annuelle devait augmentée pour 10 Mds d'habitants ( actuellement 1 700 Mt annuelle d'acier, soit plus de 200 kg/hab ).

Ce ne sont pas les outils, les voitures qui ne sont pas utilisées ... à "flux tendus" qui sont rédhibitoire : la plupart sont en alliages d'acier.

Au contraire, l'abondance n'est pas ce qui caractérise le cas des matériaux nécessaires pour l'électrification systématique des usages, qui est le dogme actuellement en cours pour tenter de résoudre notre gros problème énergético-climatique.
Cuivre, Lithium, Cobalt, Nickel, Manganèse,terres rares, ...

Lancer l'idée que les terres rares pourraient provenir de l'espace est juste une idée démagogique à la mode : quid du bilan énergétique, de la durée des trajets dans le système solaire, ...
Cela détourne surtout les regards d'une autre source de ces minerais : l'exploitation sous-marine, qui est beaucoup plus réaliste, mais surtout beaucoup plus sale pour l'environnement.

Le niveau de vie des pays développés ( OCDE ) est estimé à seulement 8 à 10 fois plus élevé qu'avant 1850 : le reste serait passé dans l'inflation ...
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Pour découvrir l'univers parallèle des vecteurs d'énergies carbonées non-fossile, prenez le temps de parcourir ( 15 min ) le site internet NCSH : http://www.ncsh.eu/language/fr/energie-et-matiere/
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Re: Collapsologie ... kézako ?




par sicetaitsimple » 23/09/24, 17:40

NCSH a écrit :Au contraire, les projets de produire à moindre coût de l'Hydrogène sous le soleil des tropiques, mais surtout suivi directement après et sur place, de dérivés de l'Hydrogène tels que engrais azotés, acier primaire, du verre et d'autres process industriels, des vecteurs énergétiques carbonés non fossiles sont autant de projets qui peuvent être lancés plus ou moins indépendamment les uns des autres, sans la nécessité d'inter-connections fortes ...
La plupart des infrastructures pour importer ces produits finis ou semi-finis ( pour employer une terminologie ancienne ) existent déjà.
La plupart des bateaux de transport existent déjà ...
Il n'y a donc essentiellement qu'à organiser la production et l'infrastructure portuaire dans les emplacements d'exportation adéquat, à proximité de zones désertiques.
Cela créera des emplois, pas forcement beaucoup car il s'agit de process industriels très modernes, très automatisés.


.......


Au contraire, l'abondance n'est pas ce qui caractérise le cas des matériaux nécessaires pour l'électrification systématique des usages, qui est le dogme actuellement en cours pour tenter de résoudre notre gros problème énergético-climatique.
Cuivre, Lithium, Cobalt, Nickel, Manganèse,terres rares, ...



Peut-être, mais je ne vois pas en quoi les deux approches seraient incompatibles, de manière différenciée en fonction de l'endroit, du moment, des ressources?
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Re: Collapsologie ... kézako ?




par NCSH » 23/09/24, 18:24

Obamot a écrit :Quelques modestes pistes de réflexions… Colapsologie VS BRICS
J’étais un peu en Asie, et j’ai vu des pratiques ébouriffantes qu’on ne voit pas chez nous… Des pratiques un peu plus vertueuses aussi. Il y a par exemples plusieurs, réseaux économiques qui fonctionnent simultanément…certains de ces réseaux fonctionnent hors toute logique rationnelle connectée au super profits de l’économie optimisée à outrance. Il y a plusieurs exemples. Certaines ethnies font volontiers plus facilement commerce entre leurs membres, même s’il n’y a pas lieu ni l’intention ou même l’ambition d’exclure d’autres groupes. J’ai vu des “préférences” axées sur la couleur de la peau, sans qu’il n’y ait de racisme là derrière. Certaines femmes se préservent du Soleil pour ne pas bronzer et préfèrent avoir des bébés avec une peau plus blanche que les lignées antérieures… et dans la même famille il y en a qui s’en foutent complètement et qui s’exposent au Soleil…

Il y’a d’autres réseaux basés sur l’entraide locale, les mairies, etc… d’autres encore avec des ramifications dans les temples, les cultures locales qui régissent cet enchevêtrement sont très suivies et respectées. La systémique approximative semble solide dans son ensemble et un autre élément fait que comme les gens n’ont pas beaucoup d’argent, il est presque instantanément dépensé ce qui fait qu’il circule très très vite… j’ai l’intuition que cela peut être un paramètre aidant le survivalisme, sans en être sûr.

il y a des grandes chaînes de magasins bien implantées sur tout le territoire qu’ils quadrillent presque militairement avec une machine de guerre marketing bien rodées, mais les locaux continuent à aller dans les quincailleries et entreprises de matériaux locaux, même s’ils n’ont pas beaucoup d’argent et qu’ils vont payer bien plus cher… Et les gens jouent le jeu… L’assoc a ainsi déboursé près de 30% de plus en achetant “local” (cela permettait aussi de réduire les émissions de Co2) et nous étions ainsi “bien intégrés” en tant que “bons éléments sociaux”…

J’ai par exemple été surpris que quasiment toute l’agriculture était “bio” (lorsque j’ai demandé aux locaux s’ils utilisaient de la chimie pour augmenter les rendements) on m’a dit que non, tout était bio, d’une part parce que les paysans vendaient qu’une partie de leur production, le reste allant pour la consommation familiale et échanges inter-familiaux, et ils ne voulaient pas s’intoxiquer parmi, et d’autres part, ces produits coûtant cher, ils n’avaient pas les moyens de se les payer, préférant le système D des traitements ancestraux et combines de grand-mère… et là aussi les réseaux parallèles sont à l’œuvre. De toute façon, ce ne sont pas des voleurs et ils ne se volent pas entre-eux, donc leurs marges son modestes et laissent aux chalands des prix abordables. Il n’y a pas non plus de pertes (ou peu), ce qui pourrait être perdu plus tard est cuisiné sur place et vendu en tant que “repas à l’emporté” avec même une marge supplémentaire!

Seules les grandes surfaces presque au même prix, ne fournissent pas des fruits et légumes aussi phytosanitairement sûrs.
Mais même là, le poids énorme de la culture fait que même les businessmans qui sont obligés de composer avec l’économie de marché, sont qu’ils le veuillent ou non, conduits par le modèle qu’on leur a inculqué dans leur enfance. Et il en reste toujours quelque chose.

Bref, je peux me tromper mais je vois que l’émergence des BRICS, va dans le sens de cette autonomie laissée aux pays, puis aux régions et aux locaux(peut-être que j’idéalise, mais c’est une piste que j’entrevois). Si la financiarisation du monde conduisant à l’optimisation à outrance (du modèle occidental) a permis de faire baisser les coûts de production, ces financiers qui voulaient bouffer à tous les râteliers en ont probablement oublié les économies locales, qui doivent bien vivre (enfin plus chez nous où l’ubérisation de tout est en marche, avec des restaurants et commerces locaux désespérément vides).

Je ne prétends pas que ce modèle théorique approximatif et local a de l’avenir, mais en tout cas, force est de constater que chez nous on est arrivé au bout du système. Avec des collaborateurs d’entreprises qui n’arrivent même plus à se payer le plein d’essence pour aller au boulot…

Quid de la colapsologie là-bas, je vais y réfléchir, va falloir que je rumine cette question longtemps… Les locaux feront en tout cas tout ce qu’ils peuvent dans leur génie de l’adaptation pour que cela n’arrive jamais. Sinon c’est la famille et toutes les familles qui s’effondreraient. Et cela n’est franchement ni concevable là-bas, ni possible (ou devrais-je dire « admissible »)

L'existence de plusieurs strates, en dessous des structures de commercialisation des biens de consommations a aussi de l'importance dans nos pays développés de l'OCDE.
Certains produits désormais très couteux en neuf font l'objet d'un intense marché de seconde main : il s'échange en Europe 3 fois plus de voitures d'occasions que de véhicules particuliers neufs ; d'où un vieillissement du parc.

Le développement de l'agriculture biologique, au moins pour le maraîchage, a pris une grande ampleur : elle correspond aussi à une volonté de ré-encastrer une partie des activité humaines dans le cadre des contraintes et des cycles de la nature.
Mais cela n'est pas possible pour tout : pour assurer les 300 kg/hab/an de céréales, moyenne des besoins mondiaux, stable depuis 80 ans, on ne peut pas se passer d'engrais azotés, car il faut nourrir 8 à 10 Mds d'habitants.
La possibilité de produire ces engrais azoté en se passant de gaz naturel offre de nouvelles possibilités ; ce sont déjà des projets en cours, notamment en Australie, en Espagne, ...

Les BRICS profiteront aussi de ces mutations, pour le moment, il faut déjà maîtriser ces technologies d'origine occidentale.
Plutôt qu'un chacun chez soi et/ou chacun pour soi, il pourrait s'agir dans quelques décennies de nouvelles formes de multéralismes.



Concernant ces habitants de pays émergents, je devine ici qu'il s'agit du Sri Lanka ( agriculture biologique ), qu'en est-il des évolutions de la consommation d'énergies, à part le début de déploiement de véhicules électriques, très visible, peut constater un voyageur/touriste dans ce(s) pays ?

En effet, on constate un véritable raz de marée de containers remplis de panneaux solaires fabriqués en Chine qui se déversent partout.
On annonce près de 600 GWc produit cette année, après plus de 350 l'année dernière !
Partout, les marchés sont déjà saturés, donc, cela devrait apparaître aussi dans ces pays.

Quels sont, à part le bois de feu, les moyens utilisés pour la cuisson des aliments ?
On a pu constaté depuis 30 à 40 années se répandre l'usage par les classes moyennes urbanisées des pays émergents de bouteilles de butane/propane, solution qui évite la formation de particules fines dans les espaces fermés, cause de la mortalité de plusieurs millions de personnes chaque année dans les campagnes reculées ; cela s'appelle " dirty cooking", désolé je ne connais pas de mot français pour cela.
Or, le propane fait parti des vecteurs énergétiques carbonés non fossiles possible, donc à pérenniser.
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Re: Collapsologie ... kézako ?




par NCSH » 23/09/24, 18:48

sicetaitsimple a écrit :
NCSH a écrit :Au contraire, les projets de produire à moindre coût de l'Hydrogène sous le soleil des tropiques, mais surtout suivi directement après et sur place, de dérivés de l'Hydrogène tels que engrais azotés, acier primaire, du verre et d'autres process industriels, des vecteurs énergétiques carbonés non fossiles sont autant de projets qui peuvent être lancés plus ou moins indépendamment les uns des autres, sans la nécessité d'inter-connections fortes ...
La plupart des infrastructures pour importer ces produits finis ou semi-finis ( pour employer une terminologie ancienne ) existent déjà.
La plupart des bateaux de transport existent déjà ...
Il n'y a donc essentiellement qu'à organiser la production et l'infrastructure portuaire dans les emplacements d'exportation adéquat, à proximité de zones désertiques.
Cela créera des emplois, pas forcement beaucoup car il s'agit de process industriels très modernes, très automatisés.


.......


Au contraire, l'abondance n'est pas ce qui caractérise le cas des matériaux nécessaires pour l'électrification systématique des usages, qui est le dogme actuellement en cours pour tenter de résoudre notre gros problème énergético-climatique.
Cuivre, Lithium, Cobalt, Nickel, Manganèse,terres rares, ...



Peut-être, mais je ne vois pas en quoi les deux approches seraient incompatibles, de manière différenciée en fonction de l'endroit, du moment, des ressources?

Pour des gens sensés, il n'y a pas d'incompatibilité mais complémentarité.

Or, actuellement, dans le rouleau compresseur de la propagande médiatique omniprésente, par tous les canaux, il n'est question qu'exclusivement de l'électrification systématique des usages, solution prétendument universelle à notre "gros problème" énergético-climatique.

Aucun gouvernement n'a pris de position plus nuancée, sinon quelques pays européens emmenés par l'Allemagne, qui rament à contre courant : c'est la conséquence de la caution morale de l'Europe ( décision du Parlement Européen à l'été 2022, des bureaucrates de Bruxelles, ... ), mais aussi du GIEC, il faut avoir lu la partie III du 7ième rapport du GIEC ( concernant les solutions ), écrite par de purs monomaniaques, parue en Avril 2022 ...

Ne parlons même pas des médias écolos, des "hyènes dactylographes" sur les réseaux sociaux, pour reprendre la formule de Philippe Sollers.
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Re: Collapsologie ... kézako ?




par Ahmed » 23/09/24, 19:21

Il convient d'être prudent quant à la persistance d'économies d'échange à vocation purement vivrière (au sens large) évoquées plus haut. Il s'agit d'abord d'une nécessité pratique dans les pays peu développés car l'économie strictement marchande ne répond pas à tous les besoins, loin de là. D'autre part, les locaux ne sont pas compétitifs face aux grands groupes internationaux et se rabattent sur des modèles substitutifs. Il ne faut pas oublier que l'effondrement n'est pas qu'un vague concept abstrait, mais qu'il est déjà vécu à plus ou moins grande intensité dans de nombreux pays.
Dans les pays développés, les anciens comme certains nouveaux, les difficultés grandissantes à appliquer une modèle auto-accumulatif trouve ses limites et le repli sur des "valeurs" nationalistes et xénophobes traduit ce revers.
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Re: Collapsologie ... kézako ?




par sicetaitsimple » 23/09/24, 19:57

NCSH a écrit :quote="sicetaitsimple"]

Peut-être, mais je ne vois pas en quoi les deux approches seraient incompatibles, de manière différenciée en fonction de l'endroit, du moment, des ressources?

Pour des gens sensés, il n'y a pas d'incompatibilité mais complémentarité.

[/quote]

Très bien, nous sommes donc d'accord.
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Re: Collapsologie ... kézako ?




par Obamot » 23/09/24, 21:33

NCSH a écrit :
Obamot a écrit :Quelques modestes pistes de réflexions… Colapsologie VS BRICS
J’étais un peu en Asie, et j’ai vu des pratiques ébouriffantes qu’on ne voit pas chez nous… Des pratiques un peu plus vertueuses aussi. Il y a par exemples plusieurs, réseaux économiques qui fonctionnent simultanément…certains de ces réseaux fonctionnent hors toute logique rationnelle connectée au super profits de l’économie optimisée à outrance. Il y a plusieurs exemples. Certaines ethnies font volontiers plus facilement commerce entre leurs membres, même s’il n’y a pas lieu ni l’intention ou même l’ambition d’exclure d’autres groupes. J’ai vu des “préférences” axées sur la couleur de la peau, sans qu’il n’y ait de racisme là derrière. Certaines femmes se préservent du Soleil pour ne pas bronzer et préfèrent avoir des bébés avec une peau plus blanche que les lignées antérieures… et dans la même famille il y en a qui s’en foutent complètement et qui s’exposent au Soleil…

Il y’a d’autres réseaux basés sur l’entraide locale, les mairies, etc… d’autres encore avec des ramifications dans les temples, les cultures locales qui régissent cet enchevêtrement sont très suivies et respectées. La systémique approximative semble solide dans son ensemble et un autre élément fait que comme les gens n’ont pas beaucoup d’argent, il est presque instantanément dépensé ce qui fait qu’il circule très très vite… j’ai l’intuition que cela peut être un paramètre aidant le survivalisme, sans en être sûr.

il y a des grandes chaînes de magasins bien implantées sur tout le territoire qu’ils quadrillent presque militairement avec une machine de guerre marketing bien rodées, mais les locaux continuent à aller dans les quincailleries et entreprises de matériaux locaux, même s’ils n’ont pas beaucoup d’argent et qu’ils vont payer bien plus cher… Et les gens jouent le jeu… L’assoc a ainsi déboursé près de 30% de plus en achetant “local” (cela permettait aussi de réduire les émissions de Co2) et nous étions ainsi “bien intégrés” en tant que “bons éléments sociaux”…

J’ai par exemple été surpris que quasiment toute l’agriculture était “bio” (lorsque j’ai demandé aux locaux s’ils utilisaient de la chimie pour augmenter les rendements) on m’a dit que non, tout était bio, d’une part parce que les paysans vendaient qu’une partie de leur production, le reste allant pour la consommation familiale et échanges inter-familiaux, et ils ne voulaient pas s’intoxiquer parmi, et d’autres part, ces produits coûtant cher, ils n’avaient pas les moyens de se les payer, préférant le système D des traitements ancestraux et combines de grand-mère… et là aussi les réseaux parallèles sont à l’œuvre. De toute façon, ce ne sont pas des voleurs et ils ne se volent pas entre-eux, donc leurs marges son modestes et laissent aux chalands des prix abordables. Il n’y a pas non plus de pertes (ou peu), ce qui pourrait être perdu plus tard est cuisiné sur place et vendu en tant que “repas à l’emporté” avec même une marge supplémentaire!

Seules les grandes surfaces presque au même prix, ne fournissent pas des fruits et légumes aussi phytosanitairement sûrs.
Mais même là, le poids énorme de la culture fait que même les businessmans qui sont obligés de composer avec l’économie de marché, sont qu’ils le veuillent ou non, conduits par le modèle qu’on leur a inculqué dans leur enfance. Et il en reste toujours quelque chose.

Bref, je peux me tromper mais je vois que l’émergence des BRICS, va dans le sens de cette autonomie laissée aux pays, puis aux régions et aux locaux(peut-être que j’idéalise, mais c’est une piste que j’entrevois). Si la financiarisation du monde conduisant à l’optimisation à outrance (du modèle occidental) a permis de faire baisser les coûts de production, ces financiers qui voulaient bouffer à tous les râteliers en ont probablement oublié les économies locales, qui doivent bien vivre (enfin plus chez nous où l’ubérisation de tout est en marche, avec des restaurants et commerces locaux désespérément vides).

Je ne prétends pas que ce modèle théorique approximatif et local a de l’avenir, mais en tout cas, force est de constater que chez nous on est arrivé au bout du système. Avec des collaborateurs d’entreprises qui n’arrivent même plus à se payer le plein d’essence pour aller au boulot…

Quid de la colapsologie là-bas, je vais y réfléchir, va falloir que je rumine cette question longtemps… Les locaux feront en tout cas tout ce qu’ils peuvent dans leur génie de l’adaptation pour que cela n’arrive jamais. Sinon c’est la famille et toutes les familles qui s’effondreraient. Et cela n’est franchement ni concevable là-bas, ni possible (ou devrais-je dire « admissible »)

L'existence de plusieurs strates, en dessous des structures de commercialisation des biens de consommations a aussi de l'importance dans nos pays développés de l'OCDE.
Certains produits désormais très couteux en neuf font l'objet d'un intense marché de seconde main : il s'échange en Europe 3 fois plus de voitures d'occasions que de véhicules particuliers neufs ; d'où un vieillissement du parc.[…]

Concernant ces habitants de pays émergents, je devine ici qu'il s'agit du Sri Lanka ( agriculture biologique ), qu'en est-il des évolutions de la consommation d'énergies, à part le début de déploiement de véhicules électriques, très visible, peut constater un voyageur/touriste dans ce(s) pays ?
WoW très fort, comment as-tu deviné. En effet il y a un des chantiers de l’assoc qui est au Sri Lanka. Mais pas que, en Asie du Sud-Est c’est très répandu.

NCSH a écrit : Le développement de l'agriculture biologique, au moins pour le maraîchage, a pris une grande ampleur : elle correspond aussi à une volonté de ré-encastrer une partie des activité humaines dans le cadre des contraintes et des cycles de la nature.
Mais cela n'est pas possible pour tout : pour assurer les 300 kg/hab/an de céréales, moyenne des besoins mondiaux, stable depuis 80 ans, on ne peut pas se passer d'engrais azotés, car il faut nourrir 8 à 10 Mds d'habitants.
La possibilité de produire ces engrais azoté en se passant de gaz naturel offre de nouvelles possibilités ; ce sont déjà des projets en cours, notamment en Australie, en Espagne, ...
Je ne remet pas en cause tes chiffres qui me semblent juste, mais petite remarque au passage, les 300 kg font presque 800gr de céréales par jour, ce qui me semble beaucoup, je suppose que sont incluses ici les céréales qui servent à engraisser les animaux d’élevage (qui sont consommés ensuite). Et il faut distinguer les céréales panifiées / transformėes, de celles qui sont consommées crues. Pour ma part, je consomme des crues fraîchement moulues à raison de 20 à 50 gr / jour. Je ne saurais expliquer pourquoi si peu de céréales crues suffisent par jour, je suppose parce que les hydrates de carbones ainsi digérés, le sont beaucoup plus lentement. Cela me fait donc 20 kg / an au lieu de 300… Mais ce sont des cas “à part” qui nous édifient sur une marge de progrès pour l’humanité…

NCSH a écrit : Les BRICS profiteront aussi de ces mutations, pour le moment, il faut déjà maîtriser ces technologies d'origine occidentale.
Plutôt qu'un chacun chez soi et/ou chacun pour soi, il pourrait s'agir dans quelques décennies de nouvelles formes de multéralismes.

En effet, on constate un véritable raz de marée de containers remplis de panneaux solaires fabriqués en Chine qui se déversent partout.
On annonce près de 600 GWc produit cette année, après plus de 350 l'année dernière !
Partout, les marchés sont déjà saturés, donc, cela devrait apparaître aussi dans ces pays.
En effet, et pourquoi pas? Pourquoi ne pas les payer au “juste prix” (au sens biblique)?

NCSH a écrit : Quels sont, à part le bois de feu, les moyens utilisés pour la cuisson des aliments ?
On a pu constaté depuis 30 à 40 années se répandre l'usage par les classes moyennes urbanisées des pays émergents de bouteilles de butane/propane, solution qui évite la formation de particules fines dans les espaces fermés, cause de la mortalité de plusieurs millions de personnes chaque année dans les campagnes reculées ; cela s'appelle " dirty cooking", désolé je ne connais pas de mot français pour cela.
Or, le propane fait parti des vecteurs énergétiques carbonés non fossiles possible, donc à pérenniser.
et puis il y a ça, que je vais expérimenter l’an prochain… Les tubes de cuisson solaire :arrowd:

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Re: Collapsologie ... kézako ?




par GuyGadeboisLeRetour » 24/09/24, 22:18

Pourquoi le passage au bio a échoué au Sri Lanka

Le Sri Lanka a voulu devenir en 2021 le premier pays au monde à faire une agriculture 100 % biologique. Sans y être formés, les agriculteurs ont beaucoup perdu. Le pays a dû rétropédaler. Non sans conséquences, notamment sur la production de thé.


Aluthgama et Ella (Sri Lanka), reportage


« On ne peut pas laisser l’industrie du thé mourir. C’est un crime contre le Sri Lanka. » Dinusha est agricultrice indépendante dans le village d’Aluthgama, au Sri Lanka, pays insulaire situé au sud de l’Inde. Depuis un an, Dinusha a vu sa production de thé chuter, comme ses revenus. « Le thé représentait 50 % de mes revenus il y a encore quelque temps. Aujourd’hui, ils ont baissé de moitié », raconte-t-elle, inquiète, en cette journée d’août. Dinusha est loin d’être la seule. Depuis 2021, des millions d’agriculteurs sri-lankais, dont la production de thé est pourtant reconnue mondialement, ont du mal à remonter la pente.

Fin avril 2021, Gotabaya Rajapaksa, alors président [1], a en effet décidé d’opérer un virage inédit : faire du Sri Lanka le premier pays au monde à pratiquer une agriculture 100 % biologique. L’objectif derrière cette fausse décision écolo : économiser des devises étrangères en n’important plus d’engrais et pesticides chimiques, produits creusant alors la dette du pays. Ceux-ci ont donc été définitivement interdits.

Du jour au lendemain, les agriculteurs, qui représentent 28 % des actifs de ce pays de 22 millions d’habitants, ont été obligés de se passer d’eux. Sans même savoir comment se convertir au bio. Résultat : la production a chuté de près de 20 % dès les premiers mois. Face à la colère de nombreux paysans pris de court et au marché agricole en crise, le président a rétropédalé six mois plus tard. En octobre 2021, le tout bio a été arrêté, et les engrais chimiques ont fait leur retour. Mais pour les agriculteurs, le mal était fait.
Dinusha est une ouvrière indépendante, elle est libre de proposer sa récolte de thé à un intermédiaire qui vendra la récolte à une usine. Encore aujourd’hui, bien que l’interdiction de l’import d’engrais chimiques ait été annulée, les ruptures de stock et l’inflation représentent des coûts difficiles à assumer pour ces fermes privées. Ici, en août 2022.

Le tout bio « impossible » sans préparation


« La transformation au tout bio a été impossible pour beaucoup, explique Akshan, fermier indépendant dans le village d’Aluthgama. Sans pouvoir constituer de stocks, nous avons été pris à la gorge. » Le choc a été rude pour le quatrième pays exportateur mondial de thé. Sans être formés au tout bio, de nombreux agriculteurs se sont retrouvés avec des terres sur lesquelles plus rien ne poussait. Certains ont dû vendre leurs terres, faute de revenus suffisants. Et depuis la réautorisation des engrais chimiques, certains n’arrivent toujours pas à produire suffisamment.
En août 2022, la reprise de l’activité est encore difficile pour de nombreux agriculteurs.

« On doit désormais attendre plus longtemps pour que les arbustes à thé donnent des feuilles. L’usine ne travaille parfois qu’une seule journée par semaine », explique Suren, superviseur à la Bluefield Tea Factory dans le centre du pays. L’activité de cet établissement centenaire, qui emploie plus de 300 personnes, est primordiale pour les 175 familles du village voisin, qui comprend une école et un centre de soins.

Près de l’usine, le paysage verdoyant et la fraîche odeur du thé tranchent avec la morosité des employés. Du moins, pour ceux qui sont restés. « Sans engrais et sans perspective claire, de nombreux employés ont préféré partir à Colombo [capitale du pays] et trouver une occupation plus stable », explique Suren.
À 10 h 30, les ouvrières d’un champ de thé se rendent à l’usine de traitement pour faire peser leurs récoltes de la matinée. Chaque sac pèse entre 2 et 4 kilos. ©Joanik Bellalou / Reporterre

Pour d’autres, partir n’est même pas une option. Les yeux perdus dans les plantations, Anukshi, cueilleuse de thé pour la Bluefield Tea Factory, s’avoue désespérée : « Avec quoi je partirai ? Je travaille ici depuis plus de vingt ans. Je suis incapable de faire autre chose. Tout ce qui me reste, c’est attendre que la production reprenne son cours normal. »

L’attente pourrait durer, et les Sri-Lankais subissent encore les répercussions de cette crise. Le prix des autres commodités alimentaires comme le riz, dont la production a également chuté, n’est toujours pas revenu à son niveau normal. Pour la première fois depuis des décennies, le pays a été obligé d’en importer. « Tout est plus cher et il faut se restreindre, précise Dinusha. On ne cuisine plus au gaz, tout est cuit au feu de bois. Les coupures de courant sont fréquentes aussi. »

Une crise évitable ?


Dans le pays, les critiques restent nombreuses. « Le Sri Lanka était censé être une nation prospère. Maintenant, je n’en suis plus certaine », soupire Dinusha. Les médias internationaux, eux, parlent d’une « catastrophe sans précédent », ou de « l’effondrement du pays ».

Les avertissements ont pourtant été nombreux. Avant cette décision du tout bio, des universitaires sri-lankais prévoyaient déjà une baisse des rendements de 50 %, et des conditions de vie dégradées pour les agriculteurs. « Sans s’appuyer sur des preuves scientifiques concrètes, et en appliquant cette réforme dans des temporalités trop courtes, l’agriculture biologique va droit dans le mur », affirmait ainsi Buddhi Marambe en octobre 2021, un des quelques universitaires consultés sur la réforme en cours par le ministère de l’Agriculture. Une critique qui lui a valu d’être renvoyé de ce comité d’experts.
Les feuilles de thé sont récoltées à la main du lundi au vendredi. Récemment, la pénurie d’engrais chimiques (faute de stocks) a affecté la croissance des arbustes, ces derniers prennent plus de temps à se développer, réduisant de fait la main-d’oeuvre sollicitée.

Pour le gouvernement, cette réforme était censée permettre de limiter les dépenses en devises étrangères — une économie se mesurant entre 300 et 400 millions de dollars en 2021. Mais depuis, le cours des engrais chimiques a subi une hausse d’environ 25 %, ne facilitant pas le redémarrage d’une industrie déjà fragilisée, et l’expérience biologique représente 425 millions de dollars de pertes dans le secteur du thé.

« Un passage au bio graduel et étalé dans le temps »

Aujourd’hui, certains agriculteurs restent frileux à l’idée de devoir un jour repasser au bio, tant les obstacles à franchir sont nombreux. D’autres espèrent toutefois réussir cette transition, pour une question de santé : les engrais chimiques ont abîmé la santé de nombre d’entre eux. « Le passage à l’agriculture biologique est bienvenu par beaucoup d’agriculteurs, explique la chercheuse sri-lankaise Hemanthi Ranasinghe, dans une étude de 2016. Dans certaines régions, plus de 20 000 personnes ont été hospitalisées [pour des maladies rénales chroniques]. [...] Le biologique présente des avantages certains pour la santé des agriculteurs. » Comme d’autres experts, pour réussir le bio, elle préconisait « un passage au bio graduel et étalé dans le temps ».

Les initiatives voisines ne manquent d’ailleurs pas. En Inde, le gouvernement a financé en 2004 un projet similaire dans la région de Sikkim. En une dizaine d’années, l’agriculture biologique a été adoptée par la majorité des agriculteurs. L’interdiction des engrais chimiques s’est opérée en même temps que la formation des exploitants, le travail conjoint des différentes échelles administratives, et l’allocation de subventions pour faciliter la transition. Cette réforme à l’échelle d’une province s’est inscrite dans le temps, et les ouvrages fournis dans les écoles primaires et secondaires comportent aujourd’hui un volet sur l’agriculture biologique.

Dans le village d’Aluthgama, au Sri Lanka, Dinusha y croit encore. Dans sa maison, elle nous montre avec fierté les diplômes remportés par son fils aîné aux échecs dans différents tournois de la région. Il partira bientôt étudier les biotechnologies à l’université de Colombo.
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Re: Collapsologie ... kézako ?




par Remundo » 24/09/24, 23:19

le bio c'est bon pour la santé, c'est sûr

mais les rendements sont plus bas, c'est sûr aussi. Si le prix n'augmente pas, les revenus baissent.

Et encore... comme le disait récemment NCSH, sans les engrais, nous ne sommes pas en capacité de produire suffisamment de céréales pour les humains. Donc au-delà des finances, le tout bio c'est aussi des estomacs qui crieront famine.

Je pense pour ma part qu'il faut trouver une voix médiane ; autoriser bien sûr le bio, il y a un marché, surtout aisé bobo-citadins, pour ce créneau.

Mais aussi du non bio... l'engrais bien épandu n'est pas un poison, par contre les traitements chimiques (herbicides, pesticides), c'est délicat. Sauf que sans eux, les rendements sont médiocres.
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