Fix78 a écrit :Toutefois je suis preneur d'opinions sur le pourquoi du nanisme de tout ce qui a été planté sous foin/paille : déficit monstre en azote ?
Bonjour,
Quand on utilise une litière à fort taux de carbone, les microorganismes sur le sol en mangent et meurent en bouillie noire. Cette bouillie noire est ensuite mangée par les organismes qui vivent dans le sol. Elle est transformée en carbone stocké et azote minéralisable, ce qu'on appelle l'humus. La moitié est stockée et l'autre moitié est disponible pour les plantes.
Dans un sol dans lequel les macroorganismes du sol sont moins nombreux ce n'est pas la même chose. Toute cette bouillie noire est directement consommée par les microorganismes dans le sol, et eux, ce n'est pas la même histoire, ils respirent, produisent du CO2 et évaporent donc le carbone, consomment dans le processus une bonne partie de l'azote qui aurait normalement dû pouvoir être accessible aux plantes.
En déposant du foin et ensuite de la paille vous avez déversé une quantité non négligeable d'azote sur le sol. Une tonne de paillage quel qu'il soit, paille, foin, BRF, etc. c'est 16 unités d'azote. Cependant la proportion d'azote directement assimilable par les plantes, celui qui provient de la récupération dans l'air par les fixateurs libres, varie selon le type de paillage.
Pour la paille on récupère 13 unités d'azote dans l'air. Pour le foin 9 unités. Pour un engrais vert avec un C/N de 1, on ne récupère qu'1 unité. Tout cet azote de l'engrais vert s'évapore en peu de temps sans vraiment bénéficier à la plante qui y est destinée.
Tout cet azote contenu dans la paille et le foin, ou récupéré dans l'air par les bactéries occupées à digérer les 400kg de carbone / tonne de litière n'a pas bénéficié aux plantes. Ce sont les microbes qui l'ont "mangé". Mais vous avez aggradé le sol. Car des macroorganismes ont été invités quand même :
Des vers anéciques ont consommé un peu de bouillie noire et fait des réserves de paille bien lignifiée dans leurs galeries pour y cultiver les champignons qu'ils adorent. Leurs galeries sont autant de puits dans lesquels s'engouffre l'eau qui normalement rencontre la croûte de battance et participe à l'érosion. Dans ces puits aérant bien la profondeur du sol, pourront courir pendant trente ans les racines des futurs plants, guidés par la présence sur leur paroi de veines de mucus lombricien favorable aux bactéries. Leurs turricules sont un pur concentré de complexe argilo-humique, riche en azote directement minéralisable, dans une structure durable, stable dans l'eau.
Des limaces sont venues chercher des acides aminés dans les jeunes plants fragiles. Elles ont nourrit ainsi la germination des spores des champignons qui s'étaient laisser manger à ce seul dessein. Chaque traînée de bave contient un mélange colloïdal fertile pour la germination des spores. Certes les salades en ont bavé, mais c'est pour plus de vie mycélienne dans le sol. Qui dit semis de champignon dit affaiblissement de l'appétit des limaces envers les plants en février et en août prochain. Personne ne désire semer de la salade aux grosses pluies d'avril et aux premières pluies d'automne, saisons de super activités des limaces.
Des champignons ont consommé la lignine de la paille et du foin. Leur présence assure une nourriture aux limaces qui abaissera peut être la pression sur les plantules.
L'activité biologique sur et dans le sol s'est mise en route. Mais c'est long pour que tous ces vers, toutes ces limaces et tous ces champignons recolonisent le sol travaillé.
Il existe des solutions pour éviter de patienter encore cinq ans à dix ans pour obtenir un sol vraiment vivant.
On pourrait planter dans la faim d'azote les légumineuses, elles y sont insensibles puisqu'elles le font produire dans les nodosités par les rhizobia. Pour lancer le système sur litière et non travail du sol c'est la tête d'assolement idéale. Couchée plutôt que broyée ou fauchée, elle apporte progressivement 30 unités d'azote directement minéralisable plus que bio, par tonne de matière sèche.
Pour affaiblir le liseron quelques pistes https://youtu.be/aNK4sXLS0tc?t=36m56s
Pour résumer l'idée en une phrase : Les macroorganismes du sol n'ont peut être pas encore suffisamment colonisé le jardin pour convertir assez de bouillie noire en azote minéralisable disponible pour les plantes. C'est peut être un problème de sol pauvre en microfaune.