Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue

Agriculture et sols. Pollution, contrôles, dépollution des sols, humus et nouvelles techniques agricoles.
négentrope
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par négentrope » 10/09/17, 23:48

Fix78 a écrit :Toutefois je suis preneur d'opinions sur le pourquoi du nanisme de tout ce qui a été planté sous foin/paille : déficit monstre en azote ?


Bonjour,

Quand on utilise une litière à fort taux de carbone, les microorganismes sur le sol en mangent et meurent en bouillie noire. Cette bouillie noire est ensuite mangée par les organismes qui vivent dans le sol. Elle est transformée en carbone stocké et azote minéralisable, ce qu'on appelle l'humus. La moitié est stockée et l'autre moitié est disponible pour les plantes.

Dans un sol dans lequel les macroorganismes du sol sont moins nombreux ce n'est pas la même chose. Toute cette bouillie noire est directement consommée par les microorganismes dans le sol, et eux, ce n'est pas la même histoire, ils respirent, produisent du CO2 et évaporent donc le carbone, consomment dans le processus une bonne partie de l'azote qui aurait normalement dû pouvoir être accessible aux plantes.

En déposant du foin et ensuite de la paille vous avez déversé une quantité non négligeable d'azote sur le sol. Une tonne de paillage quel qu'il soit, paille, foin, BRF, etc. c'est 16 unités d'azote. Cependant la proportion d'azote directement assimilable par les plantes, celui qui provient de la récupération dans l'air par les fixateurs libres, varie selon le type de paillage.

Pour la paille on récupère 13 unités d'azote dans l'air. Pour le foin 9 unités. Pour un engrais vert avec un C/N de 1, on ne récupère qu'1 unité. Tout cet azote de l'engrais vert s'évapore en peu de temps sans vraiment bénéficier à la plante qui y est destinée.

Tout cet azote contenu dans la paille et le foin, ou récupéré dans l'air par les bactéries occupées à digérer les 400kg de carbone / tonne de litière n'a pas bénéficié aux plantes. Ce sont les microbes qui l'ont "mangé". Mais vous avez aggradé le sol. Car des macroorganismes ont été invités quand même :

Des vers anéciques ont consommé un peu de bouillie noire et fait des réserves de paille bien lignifiée dans leurs galeries pour y cultiver les champignons qu'ils adorent. Leurs galeries sont autant de puits dans lesquels s'engouffre l'eau qui normalement rencontre la croûte de battance et participe à l'érosion. Dans ces puits aérant bien la profondeur du sol, pourront courir pendant trente ans les racines des futurs plants, guidés par la présence sur leur paroi de veines de mucus lombricien favorable aux bactéries. Leurs turricules sont un pur concentré de complexe argilo-humique, riche en azote directement minéralisable, dans une structure durable, stable dans l'eau.

Des limaces sont venues chercher des acides aminés dans les jeunes plants fragiles. Elles ont nourrit ainsi la germination des spores des champignons qui s'étaient laisser manger à ce seul dessein. Chaque traînée de bave contient un mélange colloïdal fertile pour la germination des spores. Certes les salades en ont bavé, mais c'est pour plus de vie mycélienne dans le sol. Qui dit semis de champignon dit affaiblissement de l'appétit des limaces envers les plants en février et en août prochain. Personne ne désire semer de la salade aux grosses pluies d'avril et aux premières pluies d'automne, saisons de super activités des limaces.

Des champignons ont consommé la lignine de la paille et du foin. Leur présence assure une nourriture aux limaces qui abaissera peut être la pression sur les plantules.

L'activité biologique sur et dans le sol s'est mise en route. Mais c'est long pour que tous ces vers, toutes ces limaces et tous ces champignons recolonisent le sol travaillé.

Il existe des solutions pour éviter de patienter encore cinq ans à dix ans pour obtenir un sol vraiment vivant.

On pourrait planter dans la faim d'azote les légumineuses, elles y sont insensibles puisqu'elles le font produire dans les nodosités par les rhizobia. Pour lancer le système sur litière et non travail du sol c'est la tête d'assolement idéale. Couchée plutôt que broyée ou fauchée, elle apporte progressivement 30 unités d'azote directement minéralisable plus que bio, par tonne de matière sèche.

Pour affaiblir le liseron quelques pistes https://youtu.be/aNK4sXLS0tc?t=36m56s

Pour résumer l'idée en une phrase : Les macroorganismes du sol n'ont peut être pas encore suffisamment colonisé le jardin pour convertir assez de bouillie noire en azote minéralisable disponible pour les plantes. C'est peut être un problème de sol pauvre en microfaune.
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Adrien (ex-nico239)
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Adrien (ex-nico239) » 11/09/17, 01:08

négentrope a écrit :On pourrait planter dans la faim d'azote les légumineuses


Lesquelles conseilles-tu?
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négentrope
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par négentrope » 11/09/17, 01:41

Dans l'agriculture bio on utilise les couverts de féverole, qui a une tige creuse, donc facile à détruire en la couchant.

Mais ce n'est pas productif en légumineuse comestible pour un potager. Et si on plante une fève comestible il faut la coucher à floraison pour obtenir un maximum d'azote, donc ce serait gâché. Cependant comme c'est une plante pas trop gélive dans certains endroits cela vaut peut être le coup d'essayer car la biomasse obtenue malgré la pénurie de photon hivernale est abondante. Et il est conseillé de manger plus de légumineuse.

D'autres exemples de couverts non gélifs mais plus difficiles à détruire https://agriculture-de-conservation.com ... iaires.pdf
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olivier75
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par olivier75 » 11/09/17, 04:34

phil53,
Après vérification effectivement il y a très peu de potimarron, de 1 a 4 kg sur baumaux et très ressemblant. je croyais a tord pas mal de courges être des potimarrons.
olivier
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par négentrope » 11/09/17, 08:56

négentrope a écrit :D'autres exemples de couverts non gélifs mais plus difficiles à détruire https://agriculture-de-conservation.com ... iaires.pdf


Parmi ces couverts le critère d'élection de la féverole c'est qu'elle a une grosse graine capable de percer une litière épaisse. C'est le cas aussi de la fève.

En passant c'est le moment d'implanter la légumineuse pour pouvoir bénéficier de son azote au printemps.
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Did67 » 11/09/17, 09:30

olivier75 a écrit :Un peu comme les lasagnes, la phenoculture c'est juste des lasagnes d'une couche, c'est quand même plus simple.


Et le carton en moins - substance pauvre, qui "ralentit" le système et crée une faim d'azote, éventuellement compensée par le reste (des tontes de gazon par ex), et pas très "écologique*"...

* dans le sens où je pense que le carton, il faut le recycler pour éviter qu'on abatte davantage d'arbres pour faire du carton neuf ; donc "digérer" le carton ici dans ses lasagnes, c'est encourager la déforestation là-bas ;il faut parfois lever le nez de son potager !
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Did67 » 11/09/17, 09:32

Julienmos a écrit :si j'ai bien compris, il y a une "butte" à franchir pour passer de la première à la deuxième conférence de Didier...


Facétie des organisateurs, qui connaissent mon point de vue ? Ou hasard des "conférenciers disponibles" ? Je ne sais pas.

Je pense tout simplement que pour l'organisation, il vaut mieux attirer les fans de la phénoculture ET les fans de la permaculture en buttes !
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par olivier75 » 11/09/17, 09:44

Pour insister sur le recyclage, Il arrive que le carton (d'emballage, celui utilisé pour les lasagnes) soit acheté plus cher que la feraille, le besoin en Europe est réel.
Olivier.
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par Did67 » 11/09/17, 09:45

Ahmed a écrit :
N'en reste pas moins que l'idée de travailler un sol vivant constitue une contradiction sur le fond.


Et quand, en plus, on parle de "labourer" (de façon moderne, avec retournement), c'est mettre le monde vivant à l'envers ! Et cela devient absurde.
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Re: Le Potager du Paresseux : Jardiner plus que Bio sans fatigue




par mrik » 11/09/17, 11:58

sicetaitsimple a écrit :
mrik a écrit :
...Sur une petite zone j'ai enlevé du foin et semé à la volée de la coquille de Louviers et plus loin, des radis d'hiver, après je recouvre avec du compost fait maison.
C'est proche de la technique de D. Soltner avec son semis direct sur compost vert.
Est-ce que c'est toujours de la phénoculture ?????

Bien entendu une fois récolté je remets du foin pour nourrir le sol.



Il faudrait un concile de la phénoculture pour en décider!

Pour ma part, je me suis plusieurs fois auto-déclaré justiciable du bûcher pour pratiques déviantes, mais visiblement j'ai toujours été absout par défaut, les inquisiteurs devaient paresser.....

Dans ton cas, la prononciation du mot "compost" constitue quand même une provocation caractérisée, même si tu essaies maladroitement de te rattraper avec ton "Bien entendu une fois récolté je remets du foin pour nourrir le sol."!
:mrgreen:

Je n'ai pas passé le cap psychologique de balancer des épluchures dans mon beau jardin.
Je ne parle même pas de ceux qui réutiliseraient ce qu'il y a dans leurs toilettes sèchent pour épandre sur la zone cultivable ! (Ce serait utilisable après deux ans de compostage ... ?) là le cap psychologique il est très loin ...

Didier t'en penses quoi, je veux dire techniquement parlant ?
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