"se focaliser sur des choses simples", c'est justement ce vers quoi le consumérisme réussit à nous entraîner; il invite à une compréhension immédiate et sans efforts, ce qui est conforme à ses intérêts. Une illustration parfaite en est la "sélection du reader's digest", un condensé prémâché et inoffensif, devant suffire à satisfaire (donc à limiter) la curiosité du grand public.
Lilian07, ta grille de lecture est à l'exact opposé de la mienne!
L'économisme ambiant explique aisément que l'économie puisse paraître une donnée historique de base*; que la "beauté" théorique du système puisse être altérée par la faiblesse morale des hommes: n'est-ce pas la soupe que nous servent la fraction la plus critique de ceux qui parlent volontiers au nom de tous (comme les "économistes atterrés",
Mélanchon et bien d'autres)?
Une étude plus attentive de réalités difficiles à appréhender dans leurs subtiles complexités (les choses n'apparaissent pas telles qu'elles sont) montre que l'appellation "économie" recouvre des faits très différents et surtout, historiquement anachroniques; l'erreur réside dans notre propension à projeter dans le passé des mécanismes qui ne sont à l'œuvre que récemment au regard de de l'histoire, mais qui nous semblent avoir existés de toute éternité si on la rapporte à notre expérience personnelle, forcément limitée. Cette tendance assez naturelle est encouragée par les médias, puisqu'elle conforte la validité du système en le naturalisant: comment pourrait-on s'insurger contre ce qui serait partie prenante de notre essence?
En réalité, ceci est une fable et l'économie devient ce qu'elle est à partir du moment où elle ne sert plus qu'indirectement aux besoins des hommes, mais à la réalisation d'une finalité absurde qui est l'augmentation infinie de l'accumulation de la valeur abstraite. De ce simple point découle tout le reste et la soi-disant immoralité des hommes est tout à fait inutile pour expliquer les conséquences tragiques qui en découlent (
Adam Smith** était très clair sur ce dernier point (je cite de mémoire et sur le fond): "la prospérité des hommes ne dépend pas de la vertu individuelle, mais au contraire de l'égoïsme de chacun, qui en poursuivant son intérêt personnel contribue à satisfaire au mieux les besoins communs"). Naturellement, ce bel optimisme s'est trouvé invalidé dans la suite des événements...
Bien sûr ce sont les hommes qui sont
in fine responsables, mais tout ce passe comme si le "système" était doté d'une existence indépendante, en ce sens qu'il se présente comme un fétiche, ainsi que l'énonçait
Marx;la raison en est qu'individuellement il est impossible de s'en abstraire, seule subsiste l'option de s'y conformer, ainsi chacun est un agent du système et non un acteur; c'est en ce sens que l'on peut parler de déterminisme.
La différence de point de vue (et non d'opinion!) entre
Sen-no-sen et moi-même, est qu'il se place dans le cadre d'un déterminisme global plus général et que je préfère restreindre mon champ d'investigation à la période capitaliste, qui n'est qu'une phase particulière d'application et de fonctionnement de ces déterminismes.
*De même qu'à des époques antérieures les considérations théologiques s'imposaient avec la même l'évidence...
**Moraliste et économiste pionnier du libre marché...