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Séisme et nucléaire : quelle sécurité ? | 14/11/2019 | Désintox | ARTE

Publié : 15/11/19, 08:25
par izentrop
Le séisme qui a eu lieu en début de semaine en Ardèche a fait craindre le pire pour les centrales nucléaires de la région. Le réseau « Sortir du nucléaire » a d’ailleurs alerté dans une série de tweets sur «l’attitude désinvolte» d’EDF. Et met en avant que la centrale de Cruas a été construite pour résister à un «séisme de sécurité majoré» de 5,2 alors que le séisme a atteint 5,4 sur l’échelle de Richter.

Un message inquiétant, mais trompeur.

Le risque de séisme majoré d'une centrale est calculé à partir d'un séisme «de référence», c’est-à-dire le séisme le plus fort connu dans la région. Pour la centrale de Cruas, le séisme de référence a eu lieu en 1873. Il était de 4,7. Pour arriver à la valeur majorée, on rajoute 0,5. Dans le cas de Cruas, on arrive bien à 5,2.
Mais les choses sont plus compliquées que ça.
Premièrement, ce séisme majoré de sécurité est déterminé dans l’hypothèse où l’épicentre du séisme est placé exactement sous la centrale. Ce qui, heureusement, n’était pas le cas lundi 11 novembre.

Deuxièmement, et surtout, « Sortir du nucléaire » s’est mélangé les pinceaux dans les échelles de magnitude. Le séisme ardéchois a été annoncé entre 5,1 et 5,4 en magnitude locale. Le séisme majoré de sécurité, lui, est exprimé sur une autre échelle : en magnitude d’ondes de surface. Et ce n’est pas du tout la même chose.
«Si on suit cette échelle pour comparer les deux valeurs, le séisme du Teil était d’une magnitude en ondes de surface de 4,5 en son épicentre», explique un expert à Désintox.
Pour arriver au séisme de référence, il y a donc encore, heureusement, de la marge.

Re: Séisme et nucléaire : quelle sécurité ? | 14/11/2019 | Désintox | ARTE

Publié : 15/11/19, 11:01
par Christophe
En dessous de 7 on s'amuse pas! :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen:

Bon sans rire, puisque qu'elle ne concerne que l'énergie/puissance dégagée à l'épicentre, sans correction de distance vis à vis des 1ere installation humaines, j'avais compris l'arnaque de l’Échelle de Richter en 5ieme... :cheesy:

Re: Séisme et nucléaire : quelle sécurité ? | 14/11/2019 | Désintox | ARTE

Publié : 15/11/19, 11:47
par sen-no-sen
izentrop a écrit :Le risque de séisme majoré d'une centrale est calculé à partir d'un séisme «de référence», c’est-à-dire le séisme le plus fort connu dans la région


Petite remarque concernant le risque industrielle ou civile dans sa majorité:à chaque fois on considère un "séisme référence",une "inondation référence"(centennales etc...)comme si la nature devait par un bien curieux sortilège s'en tenir à une limite décidé par des "experts".
A Fukushima les ingénieurs avaient estimé que la vague ne dépasserait pas les 6m...et c'est une vague de 10-12m qui c'est présenté lors du tsunami.

Re: Séisme et nucléaire : quelle sécurité ? | 14/11/2019 | Désintox | ARTE

Publié : 15/11/19, 12:01
par Christophe
Christophe a écrit :Bon sans rire, puisque qu'elle ne concerne que l'énergie/puissance dégagée à l'épicentre, sans correction de distance vis à vis des 1ere installation humaines, j'avais compris l'arnaque de l’Échelle de Richter en 5ieme... :cheesy:


Rectification, comme il y a maintenant une Échelle de Richter de surface, ma remarque a moins de sens...j'ai répondu avant d'avoir tout lu :oops: :oops: :oops:

Re: Séisme et nucléaire : quelle sécurité ? | 14/11/2019 | Désintox | ARTE

Publié : 15/11/19, 20:03
par bardal
sen-no-sen a écrit :
izentrop a écrit :Le risque de séisme majoré d'une centrale est calculé à partir d'un séisme «de référence», c’est-à-dire le séisme le plus fort connu dans la région


Petite remarque concernant le risque industrielle ou civile dans sa majorité:à chaque fois on considère un "séisme référence",une "inondation référence"(centennales etc...)comme si la nature devait par un bien curieux sortilège s'en tenir à une limite décidé par des "experts".
A Fukushima les ingénieurs avaient estimé que la vague ne dépasserait pas les 6m...et c'est une vague de 10-12m qui c'est présenté lors du tsunami.


Pour ce qui concerne Fukushima, le risque de tsunami était connu depuis longtemps, très longtemps, et pour des hauteurs de 15 mètres régulièrement atteintes dans la région. A tel point que toutes les collines entourant la baie avaiet été jalonnées de bornes gravées, indiquant qu'en dessous de la limite indiquée il était fermement conseillé de ne pas s'installer à cause du danger de tsunami; les archives du lieu gardent en mémoire les tsunami connus, se répétant à intervalles assez réguliers toutes les quarantaines d'années (c'est à dire que la probabilité d'une catastrophe pendant la durée de vie de la centrale était très forte). Voir ici https://www.lemonde.fr/japon/article/20 ... 92975.html .

Conseil avait d'ailleurs été donné à la société Tepco de surélever la digue censée protéger ses centrales, conseil qu'elle a décliné pour raison économique, comme elle a refusé de suivre les conseils d'EDF d'installer un dispositif anti-hydrogène sur ces centrales, pour les mêmes raisons.

Ce n'est pas le respect d'un "séisme de référence" qui est à l'origine de Fukushima, c'est au contraire le non-respect des enseignements de l'histoire récente, et la rapacité des entreprises capitalistes…

Ces bornes de mise en garde existent toujours, si certains sceptiques veulent aller vérifier, et elles se situent effectivement à une quinzaine de mètres d'altitude.

Re: Séisme et nucléaire : quelle sécurité ? | 14/11/2019 | Désintox | ARTE

Publié : 15/11/19, 21:14
par sen-no-sen
bardal a écrit :Ce n'est pas le respect d'un "séisme de référence" qui est à l'origine de Fukushima, c'est au contraire le non-respect des enseignements de l'histoire récente, et la rapacité des entreprises capitalistes…


Je suis d'accord,mais un membre du réseau sortir du nucléaire pourra arguer le fait que la prise en compte du risque sur les centrales nucléaires françaises ne se base pas non plus,pour des raisons économiques, sur l'histoire récente (cas du 11/09/2001 ou d'une hypothétique rupture de barrage).
D'ailleurs l'ASN a prescrit le renforcement de la digue de protection de la centrale du Tricastin suite à l'incident de Fukushima,sous entendant le fait que toute les dispositions n'aurait pas été mise en œuvre contre une catastrophe à la construction.

EDF a réalisé en 2017 des renforcements de la portion de la digue concernée pour assurer la résistance au séisme majoré de sécurité[1]. Sur cette base, l’ASN avait donné son accord au redémarrage des réacteurs en décembre 2017.

EDF a prévu des travaux complémentaires sur cette digue afin qu’elle résiste au séisme extrême[2] défini après l’accident de Fukushima. La décision adoptée par l’ASN le 25 juin 2019 impose la réalisation de ce renforcement au plus tard fin 2022. Dans l’attente de ces travaux, elle encadre également certaines des actions à réaliser par EDF, en particulier :

https://www.asn.fr/Informer/Actualites/Tricastin-renforcement-de-la-digue-protegeant-la-centrale-nucleaire

Ici on parle de nucléaire mais la problématique touche également le secteur de la construction civile,notamment au regard du risque inondation.

Re: Séisme et nucléaire : quelle sécurité ? | 14/11/2019 | Désintox | ARTE

Publié : 15/11/19, 21:16
par GuyGadebois
bardal a écrit :Ce n'est pas le respect d'un "séisme de référence" qui est à l'origine de Fukushima, c'est au contraire le non-respect des enseignements de l'histoire récente, et la rapacité des entreprises capitalistes…

Exact. C'est la rentabilité, les économies et le profit à cours terme que nous avons vus à l’œuvre à Fukushima avec les résultats qu'on connait.
S'agissant d'EDF, d'Areva et consorts, les mêmes valeurs sont à l’œuvre, ce qui n'est guère rassurant, notamment avec le recours systématique à la sous-traitance inadaptée et incompétente.

Re: Séisme et nucléaire : quelle sécurité ? | 14/11/2019 | Désintox | ARTE

Publié : 15/11/19, 23:34
par izentrop
Pour info : historique connu des séismes sur la faille des Cévennes dans la même région .
Image http://www-dase.cea.fr/actu/dossiers_sc ... index.html

Re: Séisme et nucléaire : quelle sécurité ? | 14/11/2019 | Désintox | ARTE

Publié : 17/11/19, 12:55
par izentrop
Tout est dit https://www.irsn.fr/FR/Actualites_press ... 112019.pdf
La faille sur laquelle s’est produit le séisme du Teil n’était pas connue pour être active dans la période
récente, alors que des failles potentiellement actives sont identifiées à moins de 10 km de distances (par
exemple la faille de Marsanne). Ceci montre l’intérêt de l’étude des failles même dans un contexte à sismicité
modérée comme celui de la France métropolitaine.
Le séisme du Teil est un séisme très superficiel ayant créé une rupture en surface avec un décalage
centimétrique. La trace de cette rupture a pu être repérée rapidement grâce aux données satellitaires, ce qui
a guidé les géologues qui ont pu mesurer les déformations sur le terrain. Il s’agit d’une première en France
pour ce qui concerne ce type d’utilisation des données satellitaires. En effet le séisme d’Annecy en 1996 de
magnitude Mw de 4,6 a aussi créé une rupture centimétrique en surface, mais les techniques de l’époque ne
permettaient pas de disposer rapidement de ce type de données.

Impact sur les installations nucléaires
Trois sites nucléaires sont localisés dans un rayon de 50 km autour de l’épicentre. Le plus proche est celui de
la centrale nucléaire de Cruas. La distance à la zone de rupture la plus proche est d’environ 12 km. Compte
tenu de la magnitude et de la faible profondeur du séisme, l’atténuation du mouvement sismique est
importante. Ainsi à 20 km, les stations sismiques des réseaux d’observation nationaux ont enregistrés des
accélérations de quelques millièmes de g (valeur de l’accélération de la pesanteur), en particulier de 0,006 g
à proximité de la centrale du Tricastin. A Cruas, les instruments installés sur le site ont enregistrés une
accélération maximale de 0,045 g en champ libre (une autre mesure réalisée dans les locaux de la centrale a
entrainé une procédure d’arrêt et de vérification des installations).

Pour ce qui concerne la centrale nucléaire de Cruas, le « spectre de réponse » en vigueur est celui utilisé pour
le troisième réexamen de sûreté des réacteurs. Il est calé à 0,26 g. Ce spectre a été utilisé pour la
réévaluation du comportement sismique de l’ensemble de l’installation lors du troisième réexamen de sûreté.
Il convient de noter que pour la centrale nucléaire de Cruas des appuis parasismiques en élastomère ont été
interposés lors de la construction entre les fondations et les principaux bâtiments.
Pour ce qui concerne la centrale nucléaire du Tricastin, le « spectre de réponse » en vigueur est celui utilisé
pour le troisième réexamen de sûreté des réacteurs. Il est calé à 0,285 g. Ce spectre a été utilisé pour la
réévaluation du comportement sismique de l’ensemble de l’installation lors du troisième réexamen de sûreté....