Surprise! La sûreté nucléaire française n'est pas parfaite
Le parc français est peut-être le plus sûr du monde, il n'est pas à l'abri d'un accident et les préconisations de l'ASN font froid dans le dos.
ncroyable! Il manque un générateur diesel auprès de chaque réacteur des centrales nucléaires françaises! Et il en coûtera quelque 2 milliards d’euros à EDF pour les installer!
C’est ce que note André-Claude Lacoste, président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), dans son interview au Monde daté du 4 janvier 2012. Au total, l’application des mesures préconisées par le rapport de l’ASN remis le 3 janvier à François Fillon reviendrait à 10 milliards d’euros, selon EDF cité par l’AFP. Une facture conséquente, surtout si l’on se remémore les déclarations post-Fukushima de l’industrie nucléaire française.
Après le drame du 11 mars 2011, Nicolas Sarkozy vantait le nucléaire français, le considérant comme le plus sûr du monde. Il expliquait ainsi la perte de certains marchés de centrales à l’étranger par le surcoût engendré par cette sûreté face aux concurrents.
Les mesures préconisées par l'ASN
Aujourd’hui, c’est un parc français de 58 réacteurs nucléaires en activité qui est sur la sellette. Le rapport de l’ASN pointe plusieurs faiblesses face à l’éventualité de «situations extrêmes». Une salutaire prise de conscience au moment où les climatologues ne cessent de répéter que le réchauffement climatique va, justement, provoquer une multiplication des phénomènes métrologiques extrêmes (tempêtes, inondations, sécheresses…). Soudain, on peut lire dans ce rapport:
«Un accident ne peut jamais être exclu.»
La catastrophe de Fukushima apparaît avoir ainsi des conséquences directes sur la nouvelle conception de la sûreté nucléaire française. Après le 11 mars 2011, nos centrales semblaient à l’abri d’un drame similaire: pas de tremblement de terre de magnitude 9 prévu ni de vague de 15 mètres de haut en vue. Et, surtout, des installations capables, contrairement à celles des Japonais, de résister au pire…
Bien sûr, certains esprits chagrins ont fait le rapprochement entre Fukushima et Le Blayais… Le 27 décembre 1999, les trois réacteurs en activité de cette centrale construite en 1981 étaient mis en arrêt d’urgence à la suite de la montée des eaux de l’estuaire de la Gironde poussées par les vents de la tempête Martin et provoquant une inondation de la centrale.
Un événement classé comme incident (niveau 2 sur l’échelle Ines) qui en compte 7 (niveau d’un accident majeur tel que celui de Fukushima). On apprend pourtant, dans le rapport de l’ASN, que chaque réacteur des centrales françaises devra être équipé «d’un groupe électrogène et d’une alimentation en eau d’ultime secours». Cette mesure fait partie du «noyau dur» préconisé par l’ASN pour renforcer la «robustesse» des centrales qui comprend notamment:
* Des locaux et des moyens matériels de gestion de crise
* Des moyens de communication et d’alerte
* Une instrumentation technique et environnementale
* Des moyens de dosimétrie opérationnelle des travailleurs
Cette liste, outre qu’elle fait un peu frémir lorsque l’on considère que nous disposons aujourd’hui de 58 réacteurs qui ne sont pas tous conformes à ces préconisations, rappelle précisément ce qui a manqué à Fukushima.
Le 11 mars 2011, c’est bien la panne des groupes électrogènes de secours, noyés par la vague du tsunami, qui a provoqué la fusion des cœurs de réacteur non refroidis. C’est également l’impréparation du personnel de la centrale à une telle situation qui a ralenti considérablement les premières mesures, comme l’acheminement d’une nouvelle ligne électrique. Des témoignages ont fait état du manque de dosimètres individuels pour les travailleurs. La mise en place de la gestion de crise s’est également révélée défaillante avec un manque patent de main d’œuvre qualifiée sur le site pour faire face à la catastrophe.
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Suite et source: http://www.slate.fr/story/48343/nucleaire-surete-risque