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Le Miscanthus en Alsace, pellets et photovoltaïque!

Publié : 23/01/08, 09:10
par freddau
Le permis de construire a été signé lundi soir à Weinbourg : d'ici au mois de septembre, cinq hangars de 360 mètres de long et 22 de large abriteront une unité de fabrication de pellets à partir de biomasse et supporteront 35 000 m² de panneaux photovoltaïques, de quoi alimenter en électricité la ville voisine d'Ingwiller.

Quand Jean-Luc Westphal a envoyé en juillet dernier sa lettre de demande de raccordement à l'Électricité de Strasbourg pour son projet photovoltaïque d'une puissance de 4,5 mégawatt, l'ÉS a rappelé dès réception du courrier pour « rectifier l'erreur. Car vous vouliez sans doute écrire 4,5 kilowatt, n'est-ce pas ? »

Et bien non, il n'y a avait pas eu de confusion : le projet sur le point de se réaliser au pied des Vosges du Nord, entre Weinbourg et la zone industrielle d'Ingwiller, porte bien sur une production d'électricité photovoltaïque qui se mesure en MW.

Il prévoit 35 000 m² de panneaux de silicium en toiture ce qui en ferait la plus grande installation photovoltaïque intégrée de France voire d'Europe [actuellement, la plus grande surface intégrée de France métropolitaine se situerait sur la toiture du stade de football Geoffroy-Guichard à Saint-Etienne avec 2 600 m²].

Au départ de ce pari fou, un projet typiquement agricole. Jean-Luc Westphal qui gère avec son frère Daniel une exploitation essentiellement céréalière de 200 ha voulait se diversifier et produire une énergie à partir de son activité.

Valoriser les résidus de récolte et déchets de coupe

Passionné d'énergies renouvelables (les frères Westphal avaient été les premiers en 2003 à mettre en place une chaudière à céréales), l'agriculteur-entrepreneur a imaginé de compacter la canne de maïs et la paille de blé, ainsi que les déchets de bois forestier des exploitations alentours.

Cette biomasse transformée en pellets et briquettes, sera ensuite vendue comme combustible « pour un rendement énergétique bien supérieur au bois ». Il entend également développer des cultures réputées pour être énergétiques : le miscanthus par exemple, également appelé herbe à éléphant, venu d'Asie, de culture simple et au rendement de 15 t par hectare (contre six pour la paille de céréale) ou encore le saule, bois de courte rotation (12 t/ha).

Dans l'esprit de Jean-Luc Westphal, cette biomasse remplacera avantageusement le fioul : « Une fois transformés, 2,2 kg de paille de blé équivaut à un litre de fioul, pour moitié moins cher ». Mais la transformation à moindre coût suppose un séchage naturel et donc des capacités de stockage importantes, à l'abri des intempéries.
« C'est là que le projet s'est combiné avec le photovoltaïque, explique l'agriculteur. Puisque je devais construire de très grands halls de stockage, autant les orienter au sud et y prévoir des panneaux de silicium en toiture ».

L'investissement amorti sur onze ans

D'un investissement initial de 2 millions d'euros, le projet est soudainement passé à 22 millions, le surcoût correspondant aux 35 000 m² de cellules photovoltaïques pour une unité de production électrique d'une puissance de 4,5 MW. Avec le prix de rachat imposé pour le photovoltaïque intégré, le retour sur investissement est attendu onze ans après le début de la production.
Son dossier sous le bras, Jean-Luc Westphal s'est lancé dans un véritable marathon, notamment auprès des administrations pour réaliser son entreprise. « Fallait voir la tête des gens quand ils prenaient la mesure du projet, rapporte Pierre Froeliger qui en tant qu'avocat a assisté son ami dans toutes les démarches, demandes d'autorisation, déclaration d'exploitation, demandes de raccordement, négociation de fournitures, etc. On peut dire qu'on a essuyé des plâtres partout mais on s'est accroché ».
Sauf auprès de la banque rapidement séduite, il a fallu convaincre encore et encore qu'un tel projet, innovant mais conçu sans cabinet d'études et porté par un actionnaire unique, était viable.
Finalement, toutes les autorisations ont été obtenues ou sont en passe d'être notifiées et le permis de construire a été signé lundi soir par le maire de Weinbourg. Les cinq bâtiments sortiront bientôt de terre sur les terrains de la SAS Hanau-Energie et d'ici septembre, la nouvelle unité devrait démarrer sa double production avec au minimum cinq emplois directs à la clé.

Simone Wehrung


http://www.dna.fr/local/region/20080123_DNA008813.html

Publié : 23/01/08, 09:37
par bham
CHAPEAU !!!

Re: Le Miscanthus en Alsace, pellets et photovoltaïque!

Publié : 23/01/08, 10:00
par Christophe
Joli projet mais je vois pas bien la raison de 35 000 m² (20 Millions € rien qu'en PV???) faite sur le PV...

La rentabilité du projet est donc lié au bon vouloir d'Edf de racheter leur électricité...(autrement dit: ils peuvent couler le projet)...

venu d'Asie, de culture simple et au rendement de 15 t par hectare (contre six pour la paille de céréale) ou encore le saule, bois de courte rotation (12 t/ha).


Euh petite rectification: pour le bois à courte rotation c'est 12 t/ha tous les 3 ans...Alors que miscanthus c'est 15 T/ha chaque année (pendant + de 20 ans) après la 2ieme année...J'ai plein de docs en attente de publication sur la biomasse et taillis à courte rotation.

Une chose est claire: il y a pas mieux que le Miscanthus au niveau Matiere seche et facilité de culture comme le montre ce document: Culture et propriétés du Miscanthus

Mais, chose invraissemblable, l'article ne parle même pas du tonnage de pellets envisagé par contre... qui est pourtant la base du projet...:shock:

Le solaire doit faire plus réver que la biomasse...

ps: MDR la réaction d'ES...

Publié : 23/01/08, 10:39
par Christine
de culture simple et au rendement de 15 t par hectare (contre six pour la paille de céréale)

Oui mais avec la paille de céréale, on a au moins des céréales:

- C'est une diversification des revenus - évite la dépendance du projet au seul coût de rachat par EDF- .

- Evite le problème des terres agricoles dédiées uniquement à l'energie au détriment de l'alimentation.

Je préfèrerais que nos agriculteurs continuent de nous nourrir avec en plus une valorisation de leur "déchets", plutôt que de devenir des industriels de l'energie.

Publié : 23/01/08, 10:52
par Christophe
Les 2 sont compatibles Christine à condition de faire des choix biologiques judicieux.

Le Miscanthus est une plante terrestre les plus productive sur la Matiere Seche donc l'énergie (de combustion)...contrairement à celles retenues actuellement pour les agrocarburant de 1ere génération comme le Maïs (rendement énergétique sur l'éthanol de maïs de 0.88 donc inférieur à 1 !!! ).

On essayera d'organiser une visite guidée quand ca tournera cette usine?

Publié : 23/01/08, 11:05
par Christine
Le problème n'est pas la productivité et le rendement du miscanthus : son rendement fait surement rêver les ingénieurs sur le papier mais ce n'est pas une raison pour remplacer les cultures alimentaires par du miscanthus. On est nombreux à préférer un bon pain frais à des fibres de miscanthus énergétique dans notre assiettes.

Publié : 23/01/08, 12:34
par Christophe
Personne ne parle de remplacer les cultures alimentaires...c'est peut être le cas du bioethanol de maïs mais pas celui du miscanthus...

Publié : 23/01/08, 13:07
par looping
Bonjour

Pour le projet photovoltaique , il serait judicieux de connaitre l'énergie grise nécessaire à leur fabrication jusqu'à leur fin de vie et retraitement ( si il en existe un ) :evil:

Il est très courant dans l'eprit du grand public , d'assimiler l'energie électrique produite par les cellules photovoltaiques , comme une énergie renouvelable , cela en oubliant de préciser l'intérêt écologique réel
Une fois de plus , les susbventions occasionnent une dérive anti écologique au final :evil:

J'imagine que les cellules ne sont pas produites en France
L'interêt des aides gouvernementales ne serait-il pas de favoriser les productions locales , et les moins gourmandes en énergie grise
Comme je l'avais dit dans un message surr un autre sujet , le photovoltaique sera écolo lorsque l'énergie qui sert à leur production , transport , installation , maintenance et recyclage , sera elle même photovoltaique . A mon avis , ce n'est pas pour demain :frown:

A+

Publié : 23/01/08, 13:52
par Did67
Christophe a écrit :Les 2 sont compatibles Christine à condition de faire des choix biologiques judicieux.

On essayera d'organiser une visite guidée quand ca tournera cette usine?


L'article manque de précision :

- s'agissant de la paille de blé transformée en pellets, je crains, à long terme, en tant qu'agronome, un déficit dans le bilan humique des parcelles ou de l'exploitation, avec comme conséquences possibles : baisse de la fertilité (compensée par des doses croissantes d'engrais ?), diminution de l'activité biologique des sols et érosion (si pentes, mêmes faibles).

- le miscanthus remplace quoi ? Des prairies ? Des céréales ? De la friche ? Dans chaque cas, il y aura des inconvénients... Ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas y aller ! Si c'est du développement durable, il faut qu'à long terme, le bilan soit positif !

Re: Le Miscanthus en Alsace, pellets et photovoltaïque!

Publié : 23/01/08, 14:00
par Did67
Christophe a écrit :
La rentabilité du projet est donc lié au bon vouloir d'Edf de racheter leur électricité...(autrement dit: ils peuvent couler le projet)...


NON ! Ils ne peuvent pas couler. La loi fait obligation à EdF de racheter au prix fort pendant 15 ans (de mémoire). Tout projet bien conçu est rentable avant. Sinon, jamais une banque ne suivra.

Mais cela pose d'autres questions.

C'est exactement la même chose pour les éoliennes : pourquoi ce sont des sociétés privées qui démarchent les mairies dans les sites favorables et "poussent" les projets ? Elles sont devenues écolo tout à coup ? Tu rêves ! C'est parce que cela est un marché juteux. Un des investissements les plus rentables et les plus sûrs du moment !!!! A part la cocaïne, bien sûr...

Question subsidiaire : qui paye ??? Pas l'Etat, comme beaucoup le croit. Mais le consommateur final !

PS : d'un coté, c'est bien vu que les gros consommateurs d'électricité payent le développement des productions à partir de ressources renouvelables !