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Mieux que la conservation, l'agriculture régénérative

Publié : 22/04/19, 10:21
par izentrop
L’Agriculture Régénérative – une Agriculture du Vivant et du ToujoursVert http://vernoux.org/ecodyn/agriculture-regenerative/
L’agriculture régénérative est un système agricole innovant qui augmente la biodiversité et enrichit la terre de vie et d’humus. En améliorant la fertilité et la productivité, elle stocke du carbone dans les sols et la végétation (plantes, haies, arbres, ….) tout en inversant les tendances actuelles de l’accumulation atmosphérique du CO2 et du réchauffement climatique. En même temps, cet approche agronomique offre de bon rendements et donne aux cultures une excellente résilience face aux maladies, ravageurs et aléas climatiques.
" L’aventure a commencé en 1954 sur la ferme de Manfred Wenz" Did en a souvent parlé. ;)

Un document récent d'Ulrich Schreier explique beaucoup de choses : http://vernoux.org/agronomie/Notre_agri ... ageurs.pdf

C'est un nouveau paradigme ou la science a toute sa place et ou "profit" doit être remplacé par "résilience".

Re: Mieux que la conservation, l'agriculture régénérative

Publié : 22/04/19, 11:07
par Did67
C'est tout de même un peu "l'escalade" dans les appellations !

Dès lors qu'on pratique un système respectueux du vivant, cela "régénère" (comparativement à un système dégradé, conventionnel...).

Reconnaissons cependant qu' "agriculture de conservation" était un peu modeste, comme affichage, car si on part d'une agriculture conventionnelle, cela fait bien mieux que conserver. Le terme, en réalité, doit s'entendre par rapport aux problèmes d'érosion des sols et de coulées de boues, qui était une des veines d'inspiration, plus que le coté "écolo", biodiversité, etc... Là, en effet, on conserve son sol...

Re: Mieux que la conservation, l'agriculture régénérative

Publié : 22/04/19, 14:41
par izentrop
Ça va plus loin que la simple conservation
... cette approche agronomique recherche l’autonomie et la durabilité des fermes et trouve sa place dans tous les secteurs agricoles : polyculture-élevage, grandes cultures, maraîchage, arboriculture, viticulture et autres cultures spécialisées, aussi bien en bio et biodynamie qu’en conventionnel où, en aidant à réduire les doses d’engrais chimiques et l’emploi d’herbicides et de pesticides, elle peut, à terme, servir de moyen pour s’en libérer totalement.
On peut inclure la phénoculture dans le paquet :wink:

Passage au crible de la méthode Wenz de « régénération des sols », qui s’adresse à tout type d’agriculture.
http://vernoux.org/agriculture_regenera ... 01-abc.pdf
Friedrich Wenz vise à favoriser le chemin du « carbone liquide »
(formation puis digestion des exsudats racinaires) pour accélérer
les processus d’humification des sols, grâce notamment aux sous-semis
de couverts végétaux. C’est la meilleure façon pour lui de valoriser
les 10 000 kW d’énergie solaire par ha et par heure qu’un sol reçoit
en été pour « régénérer » les sols…
… d’autant qu’un couvert qui produit
6 t de MS représente, selon Friedrich
Wenz, 30 t de matière fraîche,
ce qui constitue un potentiel de
20 t de sève par ha. Cette sève est
constituée entre 8 et 10 % de sucre,
soit une quantité non négligeable
de 1,5 à 2,5 t de sucre/ha, molécules
génératrices d’humus et source
d’énergie de la vie du sol.
Le "carbone liquide" serait la meilleure façon de stocker du carbone dans les sols http://vernoux.org/agriculture_regenera ... mement.pdf

Re: Mieux que la conservation, l'agriculture régénérative

Publié : 22/04/19, 15:35
par Did67
Le texte, c'est n'importe quoi !

Je ne sais qui raconte ces âneries ? Le fils Wenz ou celui qui a écrit l'article ???

Bien entendu que 30 t de matières fraiches ne sont pas 20 t de "sèves". Par définition d'une sève, celle-ci n'est quasiment que de l'eau !!! Dont l'essentiel ne fait que traverser la plante avant de s'évaporer par transpiration de la plante.

Restera à confirmer comment des sucres solubles - par définition, dans la sève, on a des sucres solubles - forment des "humus". Même si l'humification reste mystérieuse, cela tourne autour des transformations des fibres. Et par définition d'une fibre, il n'y en a pas dans la sève...

J'irais plutôt chercher ça dans les quantités de biomasses, en partie fibreuses, qui restent sur place et sont enfouies par les organismes.

Le système Wenz marche. Je l'ai vu (je n'ai que croisé le fils, Friedrich ; mais rencontré longuement le père, Manfred). Les explications, qu'elles soient du fils ou de celui qui a écrit l'article, me paraissent assez fumeuses !

Re: Mieux que la conservation, l'agriculture régénérative

Publié : 22/04/19, 19:50
par izentrop
Je ne suis pas spécialiste, j'exprime seulement comment je comprend ce qui est écrit.
Did67 a écrit :Bien entendu que 30 t de matières fraiches ne sont pas 20 t de "sèves". Par définition d'une sève, celle-ci n'est quasiment que de l'eau !!! Dont l'essentiel ne fait que traverser la plante avant de s'évaporer par transpiration de la plante.
Il me semble qu'il est question de la sève élaborée dont une partie est relarguée par les exsudats racinaires. Ça rejoint ce que disait Claire Chenu
Le but est d’injecter ce
carburant dans le sol grâce aux
exsudats racinaires du couvert
ou des cultures. Il se base pour
cela sur les travaux de Christine Jones, agronome australienne qui définit ce processus
comme le «chemin du carbone
liquide ». « Le carbone sous
forme de sucre produit par les racines des plantes est digéré beaucoup plus vite par la vie du sol
que le carbone contenu dans les
résidus et dans la paille.
Document qui explique les résultats de recherche de Christine Jones http://vernoux.org/agriculture_regenera ... mement.pdf
Elle compare 2 prairies voisines
le
sol, la pente, les précipitations et la production agricole sont
les mêmes. Le niveau de carbone du sol au départ aussi.
LHS: profil de sol sur 0-50 cm d'une parcelle conduite en
vue d’améliorer sa capacité photosynthétique (pâturage
tournant, ”pasture cropping” {culture d’une céréale dans une
pâture en dormance}, thé de compost - voir photos à la fin).
RHS: profil de sol sur 0-50 cm de la parcelle voisine
(clôture à 10 mètres), conduite de manière
conventionnelle avec pâturage classique et une longue
histoire de fertilisation phosphatée.
La disponibilité de minéraux est davantage déterminée par les flux de
carbone venant des plantes que par le stock de carbone présent dans le sol. La
"clé" de la gestion des minéraux se trouve dans la bonne gestion de la couverture
végétale. Or, si la voie de séquestration plantes-sol fonctionne, il est possible de
nourrir plus de monde, avec moins de terres.
Le carbone stocké supplémentaire, surtout en profondeur est un carbone à chaîne longue et non-labile, très stable.

Résultats:

Re: Mieux que la conservation, l'agriculture régénérative

Publié : 23/04/19, 09:37
par izentrop
Ulrich Schreier parle beaucoup de Biodynamie et de Rudolph Steiner dans ses écrits, pas de référence scientifique et diffusé sur un site commercial, en fin de compte, sérieux s'abstenir. :mrgreen:

Re: Mieux que la conservation, l'agriculture régénérative

Publié : 23/04/19, 15:00
par Did67
Il faut que je fasse des recherches à partir du document originel... J'ai l'impression qu'il y a un peu de capharnaüm dans les traductions.

La "sève" qui m'avait déroutée ne doit pas être la "sève", mais des "exsudats" (racinaires)... Là, quoique élevés, les chiffres seraient sensés.

L'idée selon laquelle ce serait plus le processus de stockage, donc "la vie", qui serait à la base des augmentations des taux en divers éléments est loin d'être farfelue.

Le "vieux C" (celui des susbtances humiques) en se minéralisant que très peu, n'alimente que peu la vie du sol. Dès lors, les mécanismes susceptibles de mobiliser des éléments minéraux, notamment via l'action des mycorhizes, ne sont guère stimulés. Contrairement à ce qui se passe avec de la matière organique fraiche...

On en revient toujours au même.

J'espère que dans le document originel, il y a des éléments sur le "jus de compost" : combien ? Car il est évident que ce "percolat" de compost est une source d'éléments minéraux (puisque le compost est une matière organique en partie minéralisée)... Ne pas en tenir compte "piperait" un peu les dés.

Re: Mieux que la conservation, l'agriculture régénérative

Publié : 23/04/19, 23:15
par VetusLignum
Ce site utilise l'expression "agriculture régénérative", mais derrière, c'est surtout de la biodynamie.
Alors la biodynamie, c'est beaucoup de potions magiques, et des explications assez spécieuses. Pour moi, c'est un peu d'un autre temps. Je ne dis pas que cela ne marche pas, je dis surtout que ça a besoin d’être mieux étudié scientifiquement.

L'expression "agriculture régénérative" a selon moi été employée d'abord par Gabe Brown.



Écoutez la vidéo, cela en vaut vraiment la peine.

Je vois surtout l'"agriculture régénérative" comme une version plus ambitieuse et positive de l'agriculture de conservation.

Re: Mieux que la conservation, l'agriculture régénérative

Publié : 24/04/19, 08:21
par izentrop
VetusLignum a écrit :Écoutez la vidéo, cela en vaut vraiment la peine.
Même pas de sous-titre en français, ce serait bien de faire un résumé pour les non anglophones :wink:

Re: Mieux que la conservation, l'agriculture régénérative

Publié : 31/05/19, 15:44
par VetusLignum
izentrop a écrit :
VetusLignum a écrit :Écoutez la vidéo, cela en vaut vraiment la peine.
Même pas de sous-titre en français, ce serait bien de faire un résumé pour les non anglophones :wink:

Gabe Brown est un agriculteur américain installé dans le Dakota du nord, une région froide. Il était adepte de l’agriculture conventionnelle, avec travail du sol, engrais, phytos.
En 1991, il s’est rendu compte que son taux de matière organique était en dessous de 2%, alors qu’il aurai dû être vers les 7%.
En 1994, un de ses amis qui était passé au non-labour, lui a conseillé de le faire aussi. Il lui a conseillé de vendre tout son matériel, pour ne pas être tente de revenir en arrière. Et donc, depuis 1994, il est à 100% sans labour. Cette année-là, il a aussi commencé à mettre des pois, afin de profiter de la fixation symbiotique d’azote.
En 1995, il a perdu toutes ses récoltes à cause de la grêle.
Après, il a mis un mélange de triticale et vesce velue pendant l’hiver.
En 1996, il a mis essayé le maïs, mais il a une nouvelle fois tout perdu à cause de la grêle.
Financièrement, ça devenait difficile.
En 1997, il y a eu une sécheresse, et en 1998, encore de la grêle.
Apres, il a mis un mélange de cornille et de sorgho, pour nourrir son bétail. En fait, il a envoyé son bétail brouter ses cultures de couvert dans les champs.
De là, après 4 ans sans récoltes, il a constaté que la qualité de son sol s’améliorait.
Il considère que, pour réussir dans l’agriculture, il faut suivre la nature : pas de travail mécanique du sol, sol toujours couvert (par des plantes), recyclage des minéraux par la biologie.
Les exsudats racinaires nourrissent les microbes, et contribuent (après avoir été transformés en acide carbonique) à dégrader la roche mère.
Pour lui, la meilleure combinaison est : non-labour, diversité de plantes cultivées, intégration du bétail (pour brouter les champs, au moins en hiver), presque pas de synthétiques (de l’herbicide occasionnellement, mais pas de pesticides ni de fongicides, ni même d’engrais). L’important, c’est de voir son exploitation comme un écosystème.
Ses seuls inputs, ce sont les graines, et un peu de minéraux pour le bétail.
C’est donc le carbone du sol est donc la chose la plus importante, puisque c’est ce qui donne les nutriments aux plantes, et c’est ce qui permet au sol d’infiltrer et de conserver l’eau.
Une fois l’eau enlevée d’une plante, 97% de la matière se compose de carbone, oxygène, hydrogène, et azote ; et tout cela est disponible dans l’air, et gratuit.
Les nutriments sont présents dans le sol, et c’est la biologie du sol (nourrie par le carbone) qui les rend disponibles pour les plantes.
Dans sa région, le froid permet de détruire les cultures de couvert. Sinon, il faut choisir des espèces qui peuvent se détruire avec un rouleau.
Le travail du sol détruit la structure du sol, réduit l’infiltration de l’eau, la matière organique, et favorise les ordures. Il faut planter dans les résidus (de la culture de couvert) avec un semoir adapté.
il ne faut cesser les engrais synthétiques qu’une fois que le sol est devenu vivant. En cessant les engrais, les mycorhizes se développent, et le sol se structure en agrégats.
La plupart des variétés améliorées ne peuvent pas se mycorrhizer. Il est donc important de s’assurer que ce qu’on plante peut se mycorrhizer, et de conserver ses graines.
Il inocule son jardin en champignons mycorrhiziens à partir de sol issu de prairies sauvages (les inoculants du commerce ne contenant pas les meilleures espèces).
Une racine vivante toute l’année (et donc, une culture de couvert pendant l’hiver) aide à les maintenir actifs. Et bien sûr, éviter le travail du sol, les phytos, et les engrais synthétiques.
En 2005, son ratio F/B (champignons/bactéries) était de 67%, alors que celui du voisin était de 10%. Un ratio idéal serait de 100% (1/1).
Laisser des résidus sur le sol permet de réguler la température du sol. 21 degrés est la température idéale ; au-delà, l’eau s’évapore au lieu de servir aux plantes. Il y a plus de vers de terre. Avec un sol vivant, on peut étendre la saison de croissance
Appliquer un herbicide fait moins de tort au sol que le travail mécanique. Mais il évite le glyphosate car il tue trop de choses (cependant, il ne cite pas les herbicides qu’il utilise). Il s’estime très proche d’être en bio.
Concernant les cultures de couverture, il est préférable de multiplier les espèces ; cela accroit la résilience aux risques climatiques. Les plantes sont davantage en symbiose qu’en compétition. Il est important qu’il y ait toujours des plantes entrain de pousser, afin de capter un maximum d’énergie solaire.
Chaque espèce dans la culture de couvert a un objectif.
Certaines attirent les insectes utiles, qui luttent contre les ravageurs (donc, plus besoin de pesticides, d’autant plus que ceux-ci tuent les insectes utiles).
Les radis daïkon peuvent percer la couche compactée d’un sol, et ainsi améliorer l’infiltration de l’eau.
Les résidus des cultures de couvert empêchent les ordures de pousser.