P(otager) du P(aresseux) P(artagé) en Champagne
Publié : 06/07/18, 11:50
Bonjour à tous,
J'aurais voulu appeler ce topic "PPP en Champagne" mais ai eu grande crainte d'imaginer la réaction de ceux qui auraient immédiatement traduit cet acronyme en "Partenariat public-privé", ce que le jardin dont je m'apprête à parler n'est pas exactement (!).
En fait, au sens strict, il est un peu de ce genre de partenariat, puisqu'il est un projet mené de front commun entre la mairie de Saint-Martin-sur-le-Pré (village de 800 habitants limitrophe de Châlons-en-Champagne, Marne) et votre serviteur ainsi que quelques uns de ses amis qui veulent bien donner un coup de main de temps en temps.
Me disant qu’une première publication pouvait justifier un tel bavardage, je me suis permis d’expliciter mon sujet un peu dans le détail et espère que vous me le pardonnerez.
Pour le contexte, je me permets de livrer quelques informations à mon propre sujet. Je m'appelle Quentin Dida, j'ai 19 ans, suis né à Châlons-en-Champagne et suis pour le moment des études d'allemand et de littérature à Nancy. Je m'intéresse beaucoup à la biologie végétale depuis un an, d'abord en étant tombé sur des vidéos de permaculture, puis très vite sur celles de Didier Helmstetter qui m'ont davantage intéressées en ce qu'elles relevaient d'une certaine rigueur et d'une sorte d'humilité qui ne m'apparait que sous une forme plus trouble et plus hypocrites chez les tenants des nouvelles religions agronomiques (faiseurs de buttes et enterreurs de biomasse). Peu à peu, j'essaie de me former à la physiologie végétale et la botanique, non pas à cause d'un objectif particulier mais parce que j'y trouve du plaisir et que cela m'amuse assez.
Pour ce qui est du jardin dont je parle (le "PPP"), sa genèse remonte au milieu du printemps dernier (2018) où quelques amis en moi-même donc, avons contacté ladite mairie de St-Martin pour soumettre le suivant projet : celui de créer un jardin sur un terrain prêté par la commune et sur lequel seraient cultivés des légumes, des fruits et des herbes aromatiques. Exempt de toute logique commerciale, ce jardin est en libre accès (il jouxte la voie publique et n'est fermé par aucune clôture) et chacun a la possibilité de venir participer à son développement, sans avoir besoin d'adhérer à une association quelconque, sans obligation de présence, de cotisation ou autre.
Relativement au financement des opérations, la mairie joue un rôle clef puisque c'est elle qui prend en charge l'ensemble des dépenses liées à nos projets et nos envies. Je précise que j'emploie un temps du pluriel mais que, dans les faits, c'est quasi exclusivement moi qui fait tous ces projets et qui tâche de les réaliser puisqu'à ce jour aucun "inconnu" n'est encore venu "nous" rejoindre et que les quelques amis qui viennent assidûment au jardin le font surtout pour y passer du bon temps que par intérêt particulier pour la chose. Toutefois, la chose est récente (moins d'un mois et seulement quelques semaines pour la création d'une page Facebook et la parution de premiers articles dans les journaux) et je suis largement disposé à m'entendre avec d'autres personnes qui voudraient s'emparer du jardin ...
Passons maintenant au vif du sujet :
Situation de départ : 450m² de friche (depuis plusieurs années, mais les activités antérieures sur le terrain restent floues) ; évidemment le sol est très crayeux, très caillouteux comme partout dans la Champagne crayeuse je présume.
(Le terrain va jusqu'à la fin du mur en craie à gauche (la parcelle qu'il reste entre le jardin et la halle sera habitée par des poules et des oies, selon les derniers dires du maire)
Après que le terrain a été tondu au plus ras, nous avons déroulé 4 bandes de foin en arc-de-cercle et repiqué à travers (fin mai), sans aucun travail préalable du sol et sans amendement. L’épaisseur au départ était partout de 20 cm environ ; après une grosse séquence d’orages début juin, certains endroits sont passés à 10 voire 5 cm seulement.
(les bandes de foin, avant lesdits orages et avant que le foin n'ait été réparti plus également)
(détail du virage, avant lesdits orages)
D’abord des plants achetés chez un maraicher local (quasi tous hybrides F1, le but était, à défaut de pouvoir commencer à faire nos semences, d’avoir des « beaux » plants dès cette année, et il y a là aussi un côté « com’ » pour que les gens puissent voir que ça marche ».
(une courgette de chez le maraicher dont les deux premiers fruits sont désormais de taille "type commerce")
J’introduis peu à peu d’autres plants auto-produits, essentiellement des courges et des courgettes pour une raison tout à fait indépendante de ma volonté qui est que j’en avais semé beaucoup trop chez moi et qu’il m’en reste beaucoup…
Au bout d’un mois, 90% des plants ont survécu et se développent de façon relativement encourageante (quelques jaunissements çà et là et d’autres restés en stand-by pendant plusieurs semaines après le repiquage avant de reprendre leur croissance). Depuis le repiquage, aucun arrosage, aucun traitement etc. seulement arrachage des adventices qui percent la couche de foin.
(percée des différents adventices. Pour l'instant je ne me fais pas du tout une obsession de les arracher, je les arrache seulement là où je replante et quand ils poussent à côté de tel ou tel choux par exemple)
J’ai commencé à répertorier la végétation indigène pour ma connaissance générale, pour voir comment cette végétation évoluera en contact avec les cultures (concurrence, association etc.) et pour étudier les différentes caractéristiques des plantes présentes. Je peux citer déjà : chardons, coquelicots, mauves, armoises communes, érigerons, rumex, liseron, ronces.
A priori, je n’ai pas l’intention de faire la guerre à l’une ou l’autre de ces plantes. SAUF le chardon ; pour un motif parfaitement trivial qui est qu’on ne peut pas le laisser dans nos allées, sans quoi le passage y devient un enfer.
On a donc attaqué à la pioche les chardons … procédant de front allée par allée en semant ensuite un mélange de trèfle blanc, incarnat (le maire nous en a offert, c’était pour l’utiliser) et de fétuque. On espère qu’ils pousseront avec une partie de l’ancienne végétation, ce qui pourrait peut-être limiter l’impact des chardons… Du reste, la sécheresse des quelques dernières semaines rend la germination de tout ce beau monde timide et, avec quelques arrosages pour le coup (sur les allées, et donc a fortiori sur les cultures attenantes qui ont dû en profiter – pour relativiser mon « aucun arrosage depuis le repiquage » un peu ostentatoire), seuls les trèfles ont germé. Nous verrons ce que cela donne …
(avant le passage de la pioche)
(après...)
Voilà donc où on en est pour le moment :
Il nous reste à installer un petit coin d’ombre d’une façon ou d’une autre près d’un mur et tenter d’avancer sur ce plan qui est pour l’instant le nôtre :
1. Construction d’une cabane en bois avec déjà deux murs d’enceinte.
2. Installation d’une vigne au sud
3. Haie d’arbustes à l’est (seringat, néflier, bourdaine)
4. Plantation de fruitiers autour de la zone de culture
5. Zone herbes aromatiques et médicinales (pour les annuelles, et si l’on veut qu’elles se ressèment d’une année sur l’autre, faut-il les cultiver sur des carrés de terre nue ? Y-a-t-il d’autres options ?)
Voilà une projection (un peu grossière je le concède) de ce à quoi ça pourrait ressembler :
Avec un plan plus conventionnel, ça donnerait quelque chose comme ça :
(la première bande de foin serait supprimée pour agrandir la zone proche du muret, de sorte à avoir beaucoup d'aromatiques différentes, pouvoir aussi augmenter des possibilités de design, planter des rosiers, de la rhubarbe et que sais-je encore qui enivre les narines et flatte les pupilles des hommes comme des papillons, abeilles etc. qui navigueront par là)
Dans l'idée donc, il y aurait au milieu une zone potagère sous foin (j'aimerais essayer de cultiver sous couvert vivant avec le trèfle blanc, mais enfin j'attendrai d'être un poil plus rôdé pour m'aventurer là-dedans, peut-être l'année prochaine ) et de part et d'autres des zones plus ligneuses, avec couverture de BRF (pour les fraisiers à gauche et les arbustes à droite).
Je tâcherai d’alimenter ce fil au fur et à mesure des évènements, en même temps que je continue à lire çà et là ce qu’on trouve dans les différentes discussions où je découvre beaucoup de choses.
Comme je l’ai cité à l’entame de mon propos, je n’ai que 19 ans et n’ai donc qu’une minuscule expérience du vivant jusqu’ici (en dehors de mon propre vivant à moi, ce qui est déjà une expérience délicate) – ainsi, pour définitives qu’elles paraissent, les idées de projet que je formule n’ont rien de certaines et sont pour moi davantage des propositions que des décisions. Par la force des choses, si aucun évènement ne m’y fait renoncer, ces propositions, de fait, prendront la forme de décisions, mais je ne vois pas les choses se passer autrement.
Bonne journée !
J'aurais voulu appeler ce topic "PPP en Champagne" mais ai eu grande crainte d'imaginer la réaction de ceux qui auraient immédiatement traduit cet acronyme en "Partenariat public-privé", ce que le jardin dont je m'apprête à parler n'est pas exactement (!).
En fait, au sens strict, il est un peu de ce genre de partenariat, puisqu'il est un projet mené de front commun entre la mairie de Saint-Martin-sur-le-Pré (village de 800 habitants limitrophe de Châlons-en-Champagne, Marne) et votre serviteur ainsi que quelques uns de ses amis qui veulent bien donner un coup de main de temps en temps.
Me disant qu’une première publication pouvait justifier un tel bavardage, je me suis permis d’expliciter mon sujet un peu dans le détail et espère que vous me le pardonnerez.
Pour le contexte, je me permets de livrer quelques informations à mon propre sujet. Je m'appelle Quentin Dida, j'ai 19 ans, suis né à Châlons-en-Champagne et suis pour le moment des études d'allemand et de littérature à Nancy. Je m'intéresse beaucoup à la biologie végétale depuis un an, d'abord en étant tombé sur des vidéos de permaculture, puis très vite sur celles de Didier Helmstetter qui m'ont davantage intéressées en ce qu'elles relevaient d'une certaine rigueur et d'une sorte d'humilité qui ne m'apparait que sous une forme plus trouble et plus hypocrites chez les tenants des nouvelles religions agronomiques (faiseurs de buttes et enterreurs de biomasse). Peu à peu, j'essaie de me former à la physiologie végétale et la botanique, non pas à cause d'un objectif particulier mais parce que j'y trouve du plaisir et que cela m'amuse assez.
Pour ce qui est du jardin dont je parle (le "PPP"), sa genèse remonte au milieu du printemps dernier (2018) où quelques amis en moi-même donc, avons contacté ladite mairie de St-Martin pour soumettre le suivant projet : celui de créer un jardin sur un terrain prêté par la commune et sur lequel seraient cultivés des légumes, des fruits et des herbes aromatiques. Exempt de toute logique commerciale, ce jardin est en libre accès (il jouxte la voie publique et n'est fermé par aucune clôture) et chacun a la possibilité de venir participer à son développement, sans avoir besoin d'adhérer à une association quelconque, sans obligation de présence, de cotisation ou autre.
Relativement au financement des opérations, la mairie joue un rôle clef puisque c'est elle qui prend en charge l'ensemble des dépenses liées à nos projets et nos envies. Je précise que j'emploie un temps du pluriel mais que, dans les faits, c'est quasi exclusivement moi qui fait tous ces projets et qui tâche de les réaliser puisqu'à ce jour aucun "inconnu" n'est encore venu "nous" rejoindre et que les quelques amis qui viennent assidûment au jardin le font surtout pour y passer du bon temps que par intérêt particulier pour la chose. Toutefois, la chose est récente (moins d'un mois et seulement quelques semaines pour la création d'une page Facebook et la parution de premiers articles dans les journaux) et je suis largement disposé à m'entendre avec d'autres personnes qui voudraient s'emparer du jardin ...
Passons maintenant au vif du sujet :
Situation de départ : 450m² de friche (depuis plusieurs années, mais les activités antérieures sur le terrain restent floues) ; évidemment le sol est très crayeux, très caillouteux comme partout dans la Champagne crayeuse je présume.
(Le terrain va jusqu'à la fin du mur en craie à gauche (la parcelle qu'il reste entre le jardin et la halle sera habitée par des poules et des oies, selon les derniers dires du maire)
Après que le terrain a été tondu au plus ras, nous avons déroulé 4 bandes de foin en arc-de-cercle et repiqué à travers (fin mai), sans aucun travail préalable du sol et sans amendement. L’épaisseur au départ était partout de 20 cm environ ; après une grosse séquence d’orages début juin, certains endroits sont passés à 10 voire 5 cm seulement.
(les bandes de foin, avant lesdits orages et avant que le foin n'ait été réparti plus également)
(détail du virage, avant lesdits orages)
D’abord des plants achetés chez un maraicher local (quasi tous hybrides F1, le but était, à défaut de pouvoir commencer à faire nos semences, d’avoir des « beaux » plants dès cette année, et il y a là aussi un côté « com’ » pour que les gens puissent voir que ça marche ».
(une courgette de chez le maraicher dont les deux premiers fruits sont désormais de taille "type commerce")
J’introduis peu à peu d’autres plants auto-produits, essentiellement des courges et des courgettes pour une raison tout à fait indépendante de ma volonté qui est que j’en avais semé beaucoup trop chez moi et qu’il m’en reste beaucoup…
Au bout d’un mois, 90% des plants ont survécu et se développent de façon relativement encourageante (quelques jaunissements çà et là et d’autres restés en stand-by pendant plusieurs semaines après le repiquage avant de reprendre leur croissance). Depuis le repiquage, aucun arrosage, aucun traitement etc. seulement arrachage des adventices qui percent la couche de foin.
(percée des différents adventices. Pour l'instant je ne me fais pas du tout une obsession de les arracher, je les arrache seulement là où je replante et quand ils poussent à côté de tel ou tel choux par exemple)
J’ai commencé à répertorier la végétation indigène pour ma connaissance générale, pour voir comment cette végétation évoluera en contact avec les cultures (concurrence, association etc.) et pour étudier les différentes caractéristiques des plantes présentes. Je peux citer déjà : chardons, coquelicots, mauves, armoises communes, érigerons, rumex, liseron, ronces.
A priori, je n’ai pas l’intention de faire la guerre à l’une ou l’autre de ces plantes. SAUF le chardon ; pour un motif parfaitement trivial qui est qu’on ne peut pas le laisser dans nos allées, sans quoi le passage y devient un enfer.
On a donc attaqué à la pioche les chardons … procédant de front allée par allée en semant ensuite un mélange de trèfle blanc, incarnat (le maire nous en a offert, c’était pour l’utiliser) et de fétuque. On espère qu’ils pousseront avec une partie de l’ancienne végétation, ce qui pourrait peut-être limiter l’impact des chardons… Du reste, la sécheresse des quelques dernières semaines rend la germination de tout ce beau monde timide et, avec quelques arrosages pour le coup (sur les allées, et donc a fortiori sur les cultures attenantes qui ont dû en profiter – pour relativiser mon « aucun arrosage depuis le repiquage » un peu ostentatoire), seuls les trèfles ont germé. Nous verrons ce que cela donne …
(avant le passage de la pioche)
(après...)
Voilà donc où on en est pour le moment :
Il nous reste à installer un petit coin d’ombre d’une façon ou d’une autre près d’un mur et tenter d’avancer sur ce plan qui est pour l’instant le nôtre :
1. Construction d’une cabane en bois avec déjà deux murs d’enceinte.
2. Installation d’une vigne au sud
3. Haie d’arbustes à l’est (seringat, néflier, bourdaine)
4. Plantation de fruitiers autour de la zone de culture
5. Zone herbes aromatiques et médicinales (pour les annuelles, et si l’on veut qu’elles se ressèment d’une année sur l’autre, faut-il les cultiver sur des carrés de terre nue ? Y-a-t-il d’autres options ?)
Voilà une projection (un peu grossière je le concède) de ce à quoi ça pourrait ressembler :
Avec un plan plus conventionnel, ça donnerait quelque chose comme ça :
(la première bande de foin serait supprimée pour agrandir la zone proche du muret, de sorte à avoir beaucoup d'aromatiques différentes, pouvoir aussi augmenter des possibilités de design, planter des rosiers, de la rhubarbe et que sais-je encore qui enivre les narines et flatte les pupilles des hommes comme des papillons, abeilles etc. qui navigueront par là)
Dans l'idée donc, il y aurait au milieu une zone potagère sous foin (j'aimerais essayer de cultiver sous couvert vivant avec le trèfle blanc, mais enfin j'attendrai d'être un poil plus rôdé pour m'aventurer là-dedans, peut-être l'année prochaine ) et de part et d'autres des zones plus ligneuses, avec couverture de BRF (pour les fraisiers à gauche et les arbustes à droite).
Je tâcherai d’alimenter ce fil au fur et à mesure des évènements, en même temps que je continue à lire çà et là ce qu’on trouve dans les différentes discussions où je découvre beaucoup de choses.
Comme je l’ai cité à l’entame de mon propos, je n’ai que 19 ans et n’ai donc qu’une minuscule expérience du vivant jusqu’ici (en dehors de mon propre vivant à moi, ce qui est déjà une expérience délicate) – ainsi, pour définitives qu’elles paraissent, les idées de projet que je formule n’ont rien de certaines et sont pour moi davantage des propositions que des décisions. Par la force des choses, si aucun évènement ne m’y fait renoncer, ces propositions, de fait, prendront la forme de décisions, mais je ne vois pas les choses se passer autrement.
Bonne journée !