Potager du paresseux dans le Lot-et-Garonne - terre argileuse, vie à restaurer-

Agriculture et sols. Pollution, contrôles, dépollution des sols, humus et nouvelles techniques agricoles.
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Thouvenel
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Potager du paresseux dans le Lot-et-Garonne - terre argileuse, vie à restaurer-




par Thouvenel » 20/02/18, 21:50

Bonjour à toutes et à tous !

J'ouvre un fil pour échanger autour des expériences et problématiques avec mon modeste jardin en Lot-et-Garonne où jardiner est difficile : sol d'anciennes serres horticoles et terre argileuse.

Mes attentes, ma vision du potager

Autant le dire de suite, je partais de très loin au niveau de mes connaissances sur les plantes, les sols et les techniques maraichères.
Ainsi, pour faire mon potager "bio", je me disais que je n'allais rien ajouter à mon sol : pas de traitements, pas d'engrais etc. Juste de l'eau et la fertilité naturelle de la terre.
Mon sol était argileux ? Tant mieux car il était réputé "fertile", j'allai donc avoir un "stock" important de fertilité dans lequel iraient puiser mes plantes.
Les résultats attendus ? Je pensais qu'ils seraient moyens car n'ayant pas recours à la chimie qui forcément donne des résultats plus "beaux".
Pas grave pensais-je, mes légumes seront sains...
Pour ne pas trop "épuiser" mon stock de fertilité, j'envisager de seulement cultiver dès le printemps et laisser la terre "se reposer". Elle pourrait alors se recharger par des mécanismes mystérieux qui m'échappaient un peu (et dont je me fichais un peu puisque je n'avais pas à intervenir).

Aujourd'hui je mesure l'étendue de mon ignorance ! Je mesure toutefois qu'elle était fondée sur des idées fausses très répandues et qu'il a fallu peu à peu remettre en question, ce qui m'a beaucoup enrichi intellectuellement.


Mes objectifs aujourd’hui sont de restaurer la vie, la fertilité et une structure favorable à mon sol, afin d’obtenir de belles et saines récoltes en ayant recours à mes ressources locales et en grande partie gratuites.
Tout comme il est gratifiant d’aller « de la graine à la graine », c'est-à-dire du semis à la récolte de semences, j’essaie de faire aussi mon terreau et un peu de compost.
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Re: Potager du paresseux dans le Lot-et-Garonne - terre argileuse, vie à restaurer-




par Thouvenel » 20/02/18, 22:13

Mon jardin à l’origine : d’où je partais

… à peu près d’aussi loin que mes connaissances agronomiques, c'est-à-dire zéro !
Le lieu choisit pour mon potager était une pelouse depuis quelques années. Auparavant, c’était un lieu occupé par des serres horticoles. Une petite partie dans un coin de mon potager est d’ailleurs pourvue de nombreux cailloux calcaires (peut être une ancienne allée).
2011-02 hiver 13.jpg
1

A notre arrivée en hiver 2011, morne plaine...

Je dois avouer que l’idée qu’il demeure des résidus de pesticides, fongicides ou autre me chagrine un peu, je n’ai pas fait de test pensant que depuis la fin de cette activité maraichère (2005 ?), le temps a fait son œuvre… Qu'en pensez-vous ?

Sur cette pelouse : « gazon », luzerne d’Arabie et trèfle blanc, Véronique de Perse, chiendent, liseron, plantain, rumex…
Côté Nord une mare d’une vingtaine de m², profonde d’une mètre cinquante (à sec l’été).
2011-06 été 10.jpg
2

Première tentatives de cultures : vue la compacité du sol et débutant un potager, il nous a semblé évident de faire des carrés remplis de terreau. (ils sont toujours en place aujourd'hui mais les bordures pourrissent, elles hébergent encore quelques aromatiques mais bientôt n'accueilleront plus que des fleurs à couper (pour madame)


Climat : océanique dégradé. Les étés sont chauds et secs, les hivers plus ou moins doux, sans neige, avec des gelées ponctuelles, rarement sous les -5°C. Les dernières petites gelées blanches peuvent se produire jusqu'à mi-mai (c’est arrivé 3 fois depuis 2008), les premières arrivent généralement à partir de mi à fin octobre.
Autour, peu d’arbres. Quelques maisons avec jardin et haies. Le tout cerné de champs (prairies, agriculture conventionnelle (blé/tournesol/maïs). Le champ le plus proche (Nord) est à 40m.

Le sol : argiles profondes et homogènes. Couleur beige, du béton si cela sèche. Fissures de rétractation l'été. (On l'observe sur la photo plus haut). Pauvres framboisiers plantés là-dedans ! (rassurez-vous ils vont bien mieux depuis).
Dernière édition par Thouvenel le 20/02/18, 22:38, édité 1 fois.
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Re: Potager du paresseux dans le Lot-et-Garonne - terre argileuse, vie à restaurer-




par olivier75 » 20/02/18, 22:27

Bienvenue!
A chaque potager du paresseux un nouveau contexte personnel et environnemental.
Il y aura de quoi voir pour le tour de Didier!
Olivier.
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Re: Potager du paresseux dans le Lot-et-Garonne - terre argileuse, vie à restaurer-




par denis17 » 21/02/18, 18:48

Bienvenu au pays des potagers différents :wink:
Denis
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Re: Potager du paresseux dans le Lot-et-Garonne - terre argileuse, vie à restaurer-




par Did67 » 21/02/18, 18:50

olivier75 a écrit :Il y aura de quoi voir pour le tour de Didier!
Olivier.


Ah, il y en a à qui cela dit ! Bonne nouvelle... Pour l'instant, je laisse le livre faire son chemin, pour soumettre l'un ou l'autre projet à ma maison d'édition...
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Re: Potager du paresseux dans le Lot-et-Garonne - terre argileuse, vie à restaurer-




par Did67 » 21/02/18, 19:02

Thouvenel a écrit :
Mes objectifs aujourd’hui sont de restaurer la vie, la fertilité et une structure favorable à mon sol, afin d’obtenir de belles et saines récoltes en ayant recours à mes ressources locales et en grande partie gratuites.
Tout comme il est gratifiant d’aller « de la graine à la graine », c'est-à-dire du semis à la récolte de semences, j’essaie de faire aussi mon terreau et un peu de compost.


1° Ton sol est argileux : donc potentiellement fertile. Très exactement, il a les "glus" (les colloïdes) pour stocker et beaucoup d'eau et beaucoup d'éléments minéraux (à condition qu'ils y parviennent !

2° Désolé, mais du coup, quand le frigo est énorme, il faut "remplir" - donc apporter encore plus qu'ailleurs, pour que les plantes en voit la couleur ; sinon, ce sont les glus qui adsorbent l’essentiel dans un premier temps !

3° Il sera aussi beaucoup plus difficile à "aggrader" (il n'y a pas que les hommes qui ont du mal à le travailler ! les organismes aussi)

4° Il faudra donc les nourrir 3 fois plus !!! Et donc composter est particulièrement à contre-sens !

5°Soigner les apports fibreux (cellulose - vieux foin ; voire paille + tontes ou BRF) pour produire un max de substances humiques, qui, sur le long terme (compter en dizaines - au pluriel - d'années !) vont corriger les défauts de cet excès d'argile (compacité, tendance à former des sols compacts).

Si tu ne cultives pas tout d'emblée, là où tu prévois des extensions dans deux ou trois ans : faire le contraire de ce que je dis d'habitude = surcharger de matériaux pauvres (bois broyé, paille), installer des légumineuses (trèfle, luzernes, féveroles). Dans ce sol souffrant alors gravement de "faim d'azote", elles vont fixer un maximum d'N de l'air. Et ce sont ces matériaux qui vont produire un max de substances humiques. 2 ou 3 ans après, quand tu vas installer des cultures, le sol sera déjà transformé. Mais si tu commences comme ça, tu auras des légumes chétifs, qui crient famine !

6° Plus que tout autre sol, il sera sensible au "mauvais traitement" (piétinement : circuler sur des planches ; n'intervenir que quand il est ressuyé - excès d'eau écoulé)

7° Dans ta zone climatique, sans doute sera-t-il difficile de se passer complètement d'irrigation (donc recueillir les eaux de pluie ?).
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Re: Potager du paresseux dans le Lot-et-Garonne - terre argileuse, vie à restaurer-




par Thouvenel » 21/02/18, 23:34

Merci de vos messages et de votre soutien bienveillant.
Je vais essayer ici de partager mes expériences et observations, en suivant l'évolution que j'espère positive de mon petit potager.

Merci pour tes remarques Did. Quelques éléments pour rebondir dessus :

1° Ton sol est argileux : donc potentiellement fertile. Très exactement, il a les "glus" (les colloïdes) pour stocker et beaucoup d'eau et beaucoup d'éléments minéraux (à condition qu'ils y parviennent !


Oui, je l'ai écrit mais dans ma tête c'était un gage de fertilité. Et le mot "potentiellement" que notamment tu m'as fait comprendre fait toute la différence !
Ce sol, pour moi, je pouvais m'y servir comme dans un frigo. D'où mes erreurs au départ : ameublir le sol, planter et arroser ça me semblait la seule chose nécessaire... Une nuance, cela "a marché" sur certaines cultures.

Par ailleurs, je me posais la question de l'utilité d'une connaissance plus fine de mon sol. Car "argile" c'est un constat mais ça reste assez vague. Peut être demander à l'agri qui cultive pas loin...
Après, je ne sais pas si je modifierais énormément mes pratiques selon l'analyse. Je commence à avoir une idée assez précise des "recettes" à appliquer chez moi.

2° Désolé, mais du coup, quand le frigo est énorme, il faut "remplir" - donc apporter encore plus qu'ailleurs, pour que les plantes en voit la couleur ; sinon, ce sont les glus qui adsorbent l’essentiel dans un premier temps !

3° Il sera aussi beaucoup plus difficile à "aggrader" (il n'y a pas que les hommes qui ont du mal à le travailler ! les organismes aussi)


C'est là que j'ai eu des doutes. J'avais posté plusieurs messages sur le fil du PP il y a quelques mois là-dessus ("pas d'aggradation" visible etc.) : d'abord car j'avais peur de "l'indigestion". En effet, je me représentais mon sol comme un socle dur et compact avec peu de vie et empiler dessus de la matière organique, c'était comme monter "une lasagne" et à la limite j'avais l'impression que j'allais cultiver "hors sol". De plus sous le foin, le sol me semblait inchangé, compact.
Je montrerai plus en détail avec des photos qu'en réalité en observant, cela bouge, vit, change, mais doucement.

4° Il faudra donc les nourrir 3 fois plus !!! Et donc composter est particulièrement à contre-sens !


Rassure-toi, mon compost, ne me sert que pour mes semis en caissette, le volume est devenu assez faible et ma matière organique va à mon sol (là aussi c'est un grand changement par rapport à avant où il ne recevait...rien !)
Ah si, j'avais fait d'onéreux apports de tourbe blanche. Il m'en reste d'ailleurs un sac et je sais pas trop quoi en faire maintenant car ça reste un matériau pauvre et l'épandre en surface me semble un peu inutile... Qu'en pensez-vous?

Mon compost actuel est fait à 80%... -âmes sensibles s'abstenir- ...... de chiendent !
Je me voyais mal le balancer en compostage de surface sur mon potager (!)
Et bien je peux dire que ça fait un compost tout a fait correct !

5°Soigner les apports fibreux (cellulose- vieux foin ; voire paille + tontes ou BRF) pour produire un max de substances humiques, qui, sur le long terme (compter en dizaines - au pluriel - d'années !) vont corriger les défauts de cet excès d'argile (compacité, tendance à former des sols compacts).


.Paille c'est niet car traitée souvent, pourtant, je peux la glaner en quantité phénoménal car il y a des ha de cultures de blé au tour de chez moi selon les années et les rotations. C'est un peu frustrant. Est-il justifié de m'en priver?

.Tonte, ça reste limité par la surface de mon terrain où l'herbe pousse peu entre juin et septembre.

.BRF limité aussi : ma jeune haie pousse tranquillement et ma seule ressource sont les saules et les repousses de peuplier, autour de ma mare, que l'on peut apercevoir sur les photos postées plus haut.

.Foin : j'ai un bon fournisseur et il est quasi gratuit, j'ai pris deux rouleaux cette année, j'ai même paillé mes fruitiers.

Sur mes ressources, j'ai aussi du fumier de cheval pailleux, un peu galère à transporter mais je vais en rentrer plus dans l"avenir. Pareil pour les feuilles (chêne) que je peux me procurer facilement. Je pense me renseigner sur du compost issu de déchets vert. Un agri pas trop loin en propose à 10€ le mètre cube (non certifié AB), c'est correct ?

Voilà pour mes ressources. Sur les apports, je détaillerai mon plan de potager avec mes différents apports suivant mes planches et ma rotation.

En gros j'essaie de varier les apports en les accordant avec les cultures poussant dedans. Et surtout, je fais une rotation qui permettra au bout de quatre ans à toute mes planches d'avoir reçu l'ensemble de ces apports variés.

6° Plus que tout autre sol, il sera sensible au "mauvais traitement" (piétinement : circuler sur des planches ; n'intervenir que quand il est ressuyé - excès d'eau écoulé)

Oui, depuis cet automne ! Des allées de 55cm (largeur de ma tondeuse), des planches de 2,40m avec un passage au milieu avec des planches en bois. Là aussi, une erreur de plus corrigée !

7° Dans ta zone climatique, sans doute sera-t-il difficile de se passer complètement d'irrigation (donc recueillir les eaux de pluie ?).


Les eaux de pluie partent dans la mare. Mon potager n'étant que de 100m², mes besoins restent faibles.
L'an dernier, une expérience : attendre les signes de flétrissement de mes tomates. Résultat : un seul arrosage (à la plantation) sur toute la saison !
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Re: Potager du paresseux dans le Lot-et-Garonne - terre argileuse, vie à restaurer-




par anarchorete » 22/02/18, 09:41

Tiens, c'est (à trois vaches près) le même contexte que le mien. Même sol, même climat, mêmes adventices... On va pouvoir se refiler des tuyaux !
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Re: Potager du paresseux dans le Lot-et-Garonne - terre argileuse, vie à restaurer-




par Did67 » 22/02/18, 10:00

Vous ne savez pas ce que vous me faites plaisir, quand je vois à quelle vitesse vous comprenez. Et du coup, de mon point de vue, c'est parfait (dans l’approche). Les résultats ne devraient pas tarder ! [Avec toujours des "échecs" possibles, le vivant ne se laissant pas diriger aussi facilement que ça et ayant ses propres logiques qu'on ne comprend pas toujours]
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Re: Potager du paresseux dans le Lot-et-Garonne - terre argileuse, vie à restaurer-




par Did67 » 22/02/18, 10:07

Thouvenel a écrit :
Une nuance, cela "a marché" sur certaines cultures. !


L'image du frigo n'est pas bonne !

Il faut plutôt imaginer une "citerne" et les pantes qui "siphonnent" par le haut. Plus le niveau est bas, et plus elles ont du mal à siphonner...

Donc argile = citerne énorme. Sable = petite bouteille. TU verses quelques litres : dans le sol argileux, ce n'est âs assez pour que les plantes siphonnent. Dans le sable, cela déborde (va être lessivé).

[Tiens, il faut que je la garde si j'écris mon traité d'agronomie]

Se rajoute le fait que certains plantes sont beaucoup plus gourmandes que d'autres.

Et se rajoute encore le fait que pour des raisons historiques (apports) ou "géologiques" (roche-mère), ton sol peut être riche en un élément et pauvre en autre. Et telle espèce peut être sensible à cet élément (par ex potasse), telle autre pas.

Les résultats d'analyse de ton voisin agriculteurs nous seraient très utiles ! Surtout s'il avait des données sur une zone qu'il n'avait pas trop fertilisé (une prairie naturelle ? une nouvelle parcelle ?). On pourrait imaginer que chez toi, ce n'est pas si différent alors...

Tout en sachant qu'on ne suivrait pas du tout les "recommandations" que fait un labo "conventionnel", qui raisonne dans un cadre "cultures sous perfusions"
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