Manuel de savoir-vivre pour les discussions sur internet

Agriculture et sols. Pollution, contrôles, dépollution des sols, humus et nouvelles techniques agricoles.
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Manuel de savoir-vivre pour les discussions sur internet




par Did67 » 02/02/17, 10:46

Je tombe sur cet article, sur le site Internet du journal Le Monde. J'ai copié / collé et mis un peu en forme :


Réflexion, empathie et recul anti-troll… l’art d’une conversation réussie sur Internet

Voici quelques conseils et astuces pour comprendre les mécanismes d’un dérapage en ligne, et, si possible, le contrôler. Pour vous permettre, peut-être, d’avoir un jour une discussion civilisée sans majuscules et points d’exclamations.

LE MONDE | 02.02.2017 à 07h41 | Par Violaine Morin

A l’approche de l’élection présidentielle, et avec tous ce qui s’accumule sur vos pages et vos comptes (affaires politiques en temps réel, Donald J. Trump, la primaire socialiste, Cyril Hanouna vs Arthur), vos réseaux sociaux ressemblent à des champs de bataille.

Un camarade du lycée que vous ne voyez plus depuis 10 ans est venu faire dérailler votre argumentaire en faveur du revenu universel. Votre cousin éloigné poste des photos de la manif anti-avortement. Votre ancien prof de ping pong qui-en-a-vu-d’autres-et-qui-connaît-la-vie vous rappelle en majuscules que Mélenchon est le seul capable de tous les faire dégager. Comment échanger avec tous ce monde en gardant son calme et exposer posément ses opinions, quand tout conspire à vous faire sortir de vos gonds ?

On vous propose un art de la conversation sur Internet, forcément incomplet, forcément donneur de leçons : en somme, des techniques pour s’entraîner à garder son calme en ligne et arriver à avoir une discussion qui, par miracle, pourrait être intéressante. Pour réaliser ce texte, nous avons demandé l’aide de Thomas Gaon, psychanalyste et fondateur de l’Observatoire des mondes numériques en sciences humaines (OMNSH).

Rappelons d’abord une triste réalité : dans la vraie vie comme en ligne, nul n’est réellement formé à pratiquer le vrai débat, au sens le plus pur du terme, celui dans lequel triomphe la raison. Ce n’est pas une question d’intelligence, mais d’éducation. Nous ne sommes pas formés au débat et nous sommes entourés de mauvais exemples : les politiques et les héros de films « gagnent » les débats qu’ils mènent dans un combat de personne, pas dans un combat pour faire gagner la vérité.

« Un espace de débat où chacun expose ses arguments pour faire triompher la raison, qui suivrait des règles définies à l’avance et où l’on pourrait arbitrer la fin de la conversation dès lors que quelqu’un transgresse la règle, cela n’existe pas », précise Thomas Gaon. A part peut-être dans les revues scientifiques. Si vous voulez convaincre votre copain entrepreneur de voter Hamon ou votre copine dépolitisée de ne pas croire les médias sur Fillon, sans vous énerver et sans utiliser d’arguments fallacieux, l’affaire est mal engagée. Mieux vaut le savoir d’emblée.

1. Méfiez-vous de « l’effet de désinhibition »

Quoi que vous en pensiez, vous n’êtes pas tout à fait vous-même lorsque vous discutez en ligne. Sur internet, vous êtes un pur esprit. Dans la vie « physique », la conversation est marquée par un rapport de force, lui-même structuré par l’histoire des corps et de leurs représentations. Les attitudes que nous avons dans une conversation dépendent de la manière dont on se sent dans notre propre peau et par rapport à l’autre. Sauf exceptions, si l’autre est plus grand, plus fort, mieux habillé, vous avez de fortes chances de ressentir une inhibition qui changera votre façon d’argumenter.

C’est très injuste, et Internet est là pour offrir une autre chance de s’exprimer à ceux qui sont socialement inhibés. Tant mieux. Mais attention : la menace que représente le corps de l’autre disparaît. C’est l’un des facteurs de « l’effet de désinhibition sur Internet », un concept défini par le psychologue américain John Suler. L’absence du corps des autres crée un sentiment de protection proche de celui que l’on ressent au volant, où l’on ne perçoit pas les conséquences de ce qu’on fait.

2. Ne vous dites pas « Internet n’est pas la vraie vie »

Un autre facteur désinhibant dans cette vie de pur esprit est l’absence de tous les signes de la communication dite « infraverbale » : les expressions du visage et les gestes, d’où une tendance à « déshumaniser » l’autre. C’est ce qui se produit quand vous répondez méchamment à quelqu’un sur Facebook, même avec quelques smileys. Si cette même personne était en face de vous, vous auriez sans doute eu plus de scrupules.

Dans les cas où vous discutez en ligne avec de parfaits inconnus, vous bénéficiez aussi de l’anonymat ou d’un pseudonymat : les autres ne savent pas qui vous êtes. Vous lâchez plus spontanément votre agressivité ou votre affection. La vie numérique est émotionnellement intense, parfois plus que la vie réelle. Mais au risque de rappeler des évidences, souvenez-vous que rien ne se perd dans notre monde numérique, mais aussi que, si vous franchissez la limite, vous pouvez être poursuivi et condamné, exactement comme dans la « vraie vie ».

L’absence d’interaction physique génère aussi des fantasmes. Dans un espace de discussion, vous avez souvent peu d’informations sur l’autre : son sexe, sa couleur de peau, sa nationalité, ses maladies. Or, lorsqu’il manque d’information, le cerveau complète comme il le peut, mais surtout comme il le veut, avec des fantasmes positifs ou négatifs. Cela empêche d’avoir une vision nuancée de son interlocuteur.

3. Internet vous donne du temps. Profitez-en

John Suler décrit un autre facteur de desinhibition : « l’asynchronie ». Sur Internet, le temps n’est pas celui d’une conversation en face à face. L’internaute peut réfléchir et organiser ses arguments avant de les énoncer. Ce temps manque cruellement lorsque l’on a quelqu’un en face de soi et que l’on rêverait de trouver immédiatement la repartie idéale. Internet efface la frustration qu’il peut y avoir à manquer d’habileté, pour ceux dont les compétences relationnelles sont moins développées.

D’où les « pavés », les réponses très longues et parfaites que l’on publie sur Facebook ou dans les forums, où les suites de messages numérotés sur Twitter. Si vous êtes meilleur à l’écrit qu’à l’oral, Internet est votre allié. Ne gâchez pas cette chance d’énoncer clairement vos arguments en répondant à chaud en lettres capitales.

4. Méfiez-vous des effets de groupe

C’est un point qui n’est pas spécifique à Internet, mais qui caractérise la psychologie des groupes en général : « l’engagement ». Quand vous commencez à argumenter face à votre copain qui est dans une position de troll assumé, vous êtes en quelque sorte engagé par rapport à vos spectateurs (vos amis Facebook ou vos followers Twitter, par exemple), ce qui vous pousse à aller « jusqu’au bout », pour ne pas avoir l’air de reculer, quitte à aller trop loin.

Un autre effet notoire des groupes : la tendance à « hurler avec les loups ». C’est ce qui se produit par exemple dans les situations de harcèlement. Si un groupe d’internaute s’en prend à un seul individu, tout le monde a tendance à suivre le mouvement.

Le phénomène augmente à l’adolescence où la « pression des pairs » est plus importante : un ado est plus sensible à son entourage et aura tendance à vouloir se faire valoir par rapport au groupe. L’expérience classique, rappelle Thomas Gaon, est celle de la conduite automobile : un ado tout seul aura un comportement plus responsable en voiture que s’il est avec deux amis.

5. Pensez pour et par vous-mêmes


Paradoxalement, un groupe prend aussi en charge les affects d’une personne : sa culpabilité, d’abord, qui s’en trouve comme « diluée » dans celle du groupe. Plus on est nombreux, moins on a le sentiment de faire quelque chose de répréhensible, y compris parce que le groupe protège les individus et évite de « balancer » un camarade.

Sur Internet comme dans la vie physique, le groupe peut aussi assouvir les fantasmes d’un individu. C’est ce qui se passe quand un grand timide rejoint un groupe très agressif, ou sexiste, ou homophobe, dans lequel il ne dit rien et se contente d’assister au spectacle : le groupe exorcise son agressivité pour lui et devient une caisse de résonance de ses propres problèmes. Quand vous vous joignez à une conversation en ligne où l’on prévoit de harceler une militante féministe (ça arrive, et souvent), demandez-vous ce que vous faites là. Même si vous ne dites rien.

6. Peu de risques de vous disputer avec votre famille : tant mieux !

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi Internet ne ressemble pas à vos dîners de famille, au potentiel pourtant tout aussi explosif ? En famille, on préserve ses liens.

Si vous n’avez pas les mêmes opinions politiques que votre conjoint, vous avez probablement cessé d’en parler, ou bien vous êtes sur le point de le faire. C’est à la fois une richesse et un risque : dans la vie « physique », les gens s’arrêtent d’eux-mêmes pour ne pas risquer d’aller trop loin et de mettre leurs liens en péril.

En ligne, le lien est plus faible. On prend moins de risques et on dit des choses que l’on ne dirait pas autrement. Cet espace nous permet de discuter avec des gens avec qui on ne discuterait jamais dans la vie, et d’aborder des sujets polémiques sans risquer les conséquences de la vie réelle. Ça peut être extrêmement enrichissant, et extrêmement énervant parfois simultanément.

C’est aussi pour cela que certains conservent dans leurs amis Facebook des personnes qui ne sont pas tout à fait d’accord avec eux, comme l’a observé le sociologue Dominique Cardon, spécialiste de la vie numérique. On veut avoir la possibilité du débat. Si tout le monde est d’accord, il n’y a plus rien à dire.

7. Établissez des règles et essayez de vous y tenir

Un conseil : armez vous avant de descendre dans l’arène numérique.

Comme il n’y a pas d’arbitre en ligne, il faut apprendre à en être un. Il n’y a pas de juge qui pointera un argument d’autorité, une tentative de déstabiliser l’adversaire, un argument rhétorique, une tentative de gagner le public, bref, toutes ces techniques pour gagner coûte que coûte une argumentation.

Dans une discussion, il faudrait arriver à imposer l’idée que la logique et la raison priment : si l’autre ne raisonne plus, il transgresse la règle et la discussion ne sert plus à rien. Vous pouvez alors passer votre chemin, puisque vous êtes désormais un internaute sage qui se soucie peu de faire triompher son ego (bravo !).

Encore une fois, souvenez-vous que les réseaux et les forums ne sont pas le lieu idéal pour avoir un débat d’idées, pas plus que la vie réelle, car aucun d’entre nous n’en respecte vraiment les règles. Par contre, c’est un lieu idéal pour avoir une tribune, ce qui présente bien des avantages : on a le temps de mettre ses idées en ordre, on peut vérifier ses sources et ses références, avoir accès à des opinions différentes. Si l’on a pour but non pas de gagner, mais de présenter ses idées clairement, l’Internet de 2017 offre une possibilité de construire un argumentaire de qualité qui, pour beaucoup d’entre nous, n’existe nulle part ailleurs.

Violaine Morin
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En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/big-browser/artic ... V5UVdMj.99
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Re: Manuel de savoir-vivre pour les discussions sur internet




par Did67 » 03/02/17, 14:14

Même si cela ne semble intéresser personne, je rajoute cette réflexion parue aujourd'hui.

« Internet, un libre marché des idées qui peut facilement dérailler »
Pour Benjamin Loveluck, chercheur au CERSA et à Télécom ParisTech, le succès des « fake-news » dérive des inspirations libérales du Web et de ses modes d’organisation.

Et si le succès récent des « fake news », ces articles mensongers qui ont proliféré durant la campagne présidentielle américaine, n’était que la lointaine conséquence des imaginaires politiques sur lesquels Internet s’est bâti ? C’est la thèse qu’a suggérée Benjamin Loveluck, lundi 16 janvier, lors d’un séminaire à l’école des hautes études en sciences sociales (EHESS) intitulé « Post-vérités : utopies et idéologies du numérique ».

Pour l’auteur de Réseaux, libertés et contrôle : Une généalogie politique d’Internet (Armand Collin, 2015), chercheur à Télécom ParisTech et au Centre d’études et de recherches de science administrative (CERSA), « la post-vérité est un symptôme de ce que nous avons vécu en 2016, mais le concept est à déconstruire ». Plutôt qu’une nouveauté, il décide d’y voir le dernier avatar de l’idéologie même d’Internet, celle qu’il baptise « libéralisme informationnel ».

Selon lui, la Toile a accompagné le basculement de l’idéal libéral classique de la liberté d’information vers un nouvel idéal plus radical, celui de la liberté de l’information elle-même. Toute information a le droit de circuler librement sur Internet, indifféremment à son contenu, et l’existence même des « fake-news » en est le produit. Résultat, pour compte d’ouverture et de libre-échange, « les idéologies du numérique peuvent contribuer au renforcement des idéologies ».


En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/pixels/article/20 ... BPBLSFx.99
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Re: Manuel de savoir-vivre pour les discussions sur internet




par dede2002 » 03/02/17, 16:43

Ce n'est pas parce-que personne ne répond que ça n'intéresse personne :wink:

Ici sur ce forum la majorité des "internautes" sont (ou font l'effort d'être) polis et respectueux entre eux.

Et quand une "fausse information" circule, on est nombreux à réagir et en débattre si nécéssaire.
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Re: Manuel de savoir-vivre pour les discussions sur internet




par Ahmed » 07/02/17, 11:54

Même si je souscris évidemment à l'essentiel des propos de l'article du "Monde", il y a cependant un point qui demande quelques commentaires.
En effet, il est affirmé que la raison devrait nous permettre d'avancer dans les discussions et de parvenir plus ou moins à un accord. Pour ma part, je trouve assez normal que les positions de chacun divergent. Bien sûr, je ne plaide pas pour une maximisation des arguments irrationnels!
En réalité, c'est la notion de "raison" qui est a explorer, car elle n'est certainement pas celle qu'elle prétend être, une raison intemporelle, mais au contraire une raison contrainte par son contexte historique, une raison qui fonctionne à l'intérieur d'un périmètre défini et qui exclut le reste...
Heureusement, la logique restant ce qu'elle est, différentes opinions peuvent se confronter fructueusement et aucune raison ne viendra les unifier inopportunément. Ce qui explique ces divergences de pensée vient justement du flou de la raison, ceci permet d'en user pour construire des argumentations solides et ce qui distingue et explique les visions diverses, ce sont les présupposés initiaux, rarement mis en avant (d'autant plus qu'ils sont souvent inconscients). Or ces présupposés sont peu réductibles à la raison et, de ce fait, relèvent plutôt d'une croyance ou, si l'on préfère, d'une conviction qui ne peut se démontrer (cela ne vous rappelle pas Gödel?
J'en conclus que quelque soit la rationalité dont on veut faire usage, il demeure un moment de choix inévitable que la raison ne saurait trancher et que les constructions ultérieures, aussi solides soient-elles, ne sauraient légitimer. Une autre conséquence, à mon sens très heureuse (en ce qu'elle nous préserve de l'enkystement doctrinal), en est que le dialogue est susceptible (et lui seul l'est) de faire évoluer les lignes, en ce qu'il questionne les postulats initiaux; encore faut-il évidemment que les échanges restent sereins! 8)
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Re: Manuel de savoir-vivre pour les discussions sur internet




par Did67 » 07/02/17, 12:23

N'y a-t-il pas un malentendu autour du mot-tirroir "raison" ???

Quand on écrit, il y a deux aspects :

- j'exprime des sentiments, des ressentis, des convictions... je suis poète, je suis romancier, etc... "L'autre" n'a rien à dire, en tant que tel. Il peut être charmé, il peut ressentir quelque chose d'équivalent, il peut aimer, ne pas aimer...

- je déroule un raisonnement ; j'essaye de convaincre ; parfois d'imposer mes arguments ; là, l'autre est en droit de contredire...

Je comprends ce que tu veux dire : le raisonnement que je déroule, tôt ou tard, si on creuse ses fondations, repose sur des convictions, des a priori... La "Vérité" absolue n'étant accessible à personne, on ne déroule que des "vérités relatives". Donc sujettes à caution... Autrement dit, tous nos raisonnements sont, tôt ou tard, si on les pousse au bout du bout, un peu bancals.

Et on n'aime pas ça !

On a besoin de "certitudes" pour avancer. Quitte à se les créer. Ou les emprunter à un gourou opportunément de passage...

La "raison" évoquée dans l'article n'est pas cette conscience, au sens "savoir garder raison" ?

PS : je suis bien placé pour savoir que ce n'est pas facile, ayant souvent "dérapé", avec mes convictions parfois trop fortes ! Mais qui me font avancer... Alors ???? Alors, je ne sais pas. Je sais que je ne sais pas !
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Re: Manuel de savoir-vivre pour les discussions sur internet




par Ahmed » 07/02/17, 12:47

Le souci, c'est que la raison a été réduite à son aspect opératoire et si tu veux une image, c'est un peu comme les devises apposées aux frontons des mairies: elles joue un rôle de diversion, instrumentalisées en un rôle circonscrit, sous une appellation généraliste.

En ce sens, comme tu le suggères, les aspects subjectifs qui font l'essentiel de nos vies respectives sont évacués de ce contenu indûment restrictif et l'usage de cette raison là, renvoie inexorablement aux seules catégories qu'elle est capable de traiter.

Les certitudes sont utiles tant qu'elles sont assorties de doute... Pas facile, pour beaucoup!
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Re: Manuel de savoir-vivre pour les discussions sur internet




par Did67 » 07/02/17, 13:03

Il y a : "j'ai raison !". Et "il faut toujours raison garder" (qu'on pourrait plus traduire par... "relativisons "!).
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Re: Manuel de savoir-vivre pour les discussions sur internet




par Ahmed » 07/02/17, 17:48

Le mot "relativisons" est intéressant si l'on entend par là faire la part des choses* entre avis divergents, mais il est dangereux s'il signifie une interchangeabilité de toutes les opinions possibles, auquel cas tout se vaut et donc plus rien ne vaut.
L'ego n'implique pas nécessairement de chercher à terrasser son adversaire, car c'est de ses arguments que peuvent se nourrir notre propre conception (même si c'est a contrario); il est donc de l'intérêt de chacun d'éprouver la résistance à l'autre. Là où l'ego prospère véritablement, c'est dans la seule circularité de sa contemplation, sourde à toute confrontation.

*Donc de tenir compte des postulats de base de son interlocuteur.
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Re: Manuel de savoir-vivre pour les discussions sur internet




par Did67 » 07/02/17, 18:39

Absolument d'accord :

1) Relativisons au sens soyons conscients que dans mes arguments, il y a aussi une part de convictions, tout n'est pas "vérité démontrée" ; que cela n'est vrai quand dans ce qu'en mathématiques on appelle bien le "domaine de définition". Et on a bien vu comment Einstein, par exemple, a explosé les vérités évidentes dès qu'il s'est affranchi de certaines hypothèses (la masse est constante). Et son corollaire : dans ce que dit celui avec qui je ne suis pas d'accord, il y a des parcelles de vérités (ou encore, dans son domaine de définition, c'est vrai).

2) Les deux aspects de l'égo, qui rejoint assez le "rien n'est jamais tout noir, rien n'est jamais tout blanc" qui m'est familier, dont on avait déjà discuté.
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Re: Manuel de savoir-vivre pour les discussions sur internet




par Ahmed » 07/02/17, 19:59

Je voudrais citer deux anecdotes pour illustrer un partie de ce j'ai dis plus haut:
- Au détour d'un fil Christophe a émis une timide réserve quant à une de mes affirmations en matière économique, il n'a pas insisté car ce n'est pas son domaine de prédilection, mais j'ai réfléchi que ce point était effectivement problématique, ceci m'a amener à mieux le cerner ensuite, même si je n'en ai jamais fais mention, du fait de son caractère passablement ardu (mais ça peut venir, méfiez-vous!). Donc ceci ne m'a pas amener à inverser un jugement, mais à le faire évoluer.
- Plus drôle, un voisin parlant d'élection m'explique sérieusement que celui qui vote blanc ou s'abstient n'a plus qu'à, je cite, "fermer sa gueule" si le résultat des élections ne lui conviennent pas (ce qui me semble pourtant inévitable dans ces deux cas). Je trouve qu'il est difficile d'expliquer plus clairement le vrai rôle de cette institution et son caractère de supercherie... sauf que les efforts de pédagogie de mon voisin ne lui ont pas ouvert les yeux, faute d'avoir été jusqu'au bout de sa démonstration!

À propos toujours de la raison, raisonnons par l'absurde, imaginons que son usage aboutisse à une vérité univoque, nécessaire et démontrable, bref un raison "mécanique": ne serais-ce pas la pire des choses?
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