Agriculture: semi sous couverts, semi direct et TCS

Agriculture et sols. Pollution, contrôles, dépollution des sols, humus et nouvelles techniques agricoles.
Ahmed
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par Ahmed » 24/08/08, 09:57

Concernant les TCS et le semis direct, je dois ajouter quelques précisions.

Ces techniques sont encore très minoritaires en France, mais se pratiquent à grande échelle dans pas mal de pays, et spécialement en Amérique du sud.
Pourquoi là-bas? Pas du tout pour des préoccupations environnementales, hélas, mais parce que l'agriculture de type européen s'est avérée catastrophique et inapplicable sous ce type de climat et dans ces sols.
A mon sens l'agriculture classique est également foncièrement défavorable sous nos climats, mais à long terme, c'est ce qui explique que les nouvelles techniques mettent plus de temps à se répandre ici.

Bien que très favorable globalement à cette évolution, il me faut faire quelques remarques.

- Dans ces pays d'Amérique du sud, l'essor de cette technique à permis de cultiver des sols prélevé sur la forêt, contribuant de ce fait à la déforestation; D'autre part, le recours aux désherbants à base de glyphosate a pris une grande ampleur afin d'éliminer le couvert avant semis. C'est également dans ce cadre que se sont développée les cultures de plantes OGM.

- Même remarque en France en ce qui concerne l'emploi de ce désherbant, même si, dans l'ensemble, comme cela a déjà été souligné, la quantité de produits phytocides est beaucoup plus faible qu'en culture conventionnelle.

- L'association BASE, qui est à l'origine de cette vidéo n'est pas seulement préoccupée par la diminution des charges des exploitations, mais prend pleinement en compte la responsabilité environnementale des agriculteurs et œuvre pour une diminution des intrants chimiques. Il faut saluer leur souci de répandre ces techniques.

@ minguinhirigue:
J'ai déjà eu l'occasion de montrer ce petit film à des agriculteurs qui sont assez étonnés, mais trop habitués à leur pratique habituelle pour envisager de changer (proches de la retraite).

Plus généralement, les obstacles, autres que psychologiques, sont de deux ordres, matériel et intellectuel.

- Si les TCS n'impliquent que la mise en œuvre d'un matériel classique, le semis direct suppose un semoir spécial représentant un investissement important.

- Le labour représente une solution de facilité, permettant de rattraper bien de erreurs. Avec les méthodes sans labours, la gestion est bien plus pointue et exigeante. Cela demande une technicité accrue, ce que je ne considère pas comme un inconvénient, bien au contraire, puisque cela revalorise le métier d'agriculteur.

Il faut bien comprendre que si pour beaucoup de citadins, agriculture rime avec liberté, la réalité est tout autre. Il y a pas de profession "indépendante" soumise à autant de contraintes: encadré par les exigences administratives conditionnant les primes, par les coopératives et leurs techniciens qui leur disent quoi semer, comment le faire, quels traitements appliquer et à quel moment, quel prix recevoir, il ne leur reste plus beaucoup d'espace pour l'initiative personnelle. On comprend mieux ainsi les réticences devant ces innovations.

@ C moa:
@ Ahmed :
...je comprends mieux certaines remarques sur d'autres posts.


J'en suis très satisfait: Il est vrai que la cohérence d'une partie doit s'apprécier par rapport à un ensemble plus vaste. C'est l'inverse qui provoque d'ordinaire mes critiques: ne considérer que des petites suites de raisonnement, apparemment rigoureusement logiques, mais qui, rapportées à la globalité du problème ne conduisent qu'à des absurdités.
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par C moa » 25/08/08, 08:27

Une question pour ceux qui connaissent mieux le sujet.
Je me rappelle que lorsque mon cousin a voulu reprendre la ferme de ses parents, il a fallu qu'il passe des diplômes (un BTS si mes souvenirs sont bons).
Savez-vous si ces techniques sont enseignées ??

En effet, si on présente à un jeune que ce qu'il faut faire c'est avoir une belle terre toute propre, le message sera toujours aussi difficile à passer.
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par minguinhirigue » 09/12/09, 13:19

@ C moa :

Je ne pense pas que ces techniques soit enseignées autrement que par la formation continue. Les lycées agricoles mettent du temps à ce mettre à niveaux, l'INRA jusqu'il y à peu éloignait les agronomes qui évoquaient l'appauvrissement des sols (tels que Claude Bourguignon)...

Par contre, plusieurs associations, telles que Kokopelli, les Amanins, BASE et bien d'autres proposent des stages et des échanges, accessibles à tous, aussi bien des étudiants en cours de formation que des grands débutants ou des professionnels...

Je me permet de vous rajouter ce document complémentaire très intéressant sur l'agriculture paysannes, et sa capacité à nourrir le monde : http://www.dailymotion.com/video/x7pxv7 ... anete_news
_ _

Autrement, Ahmed, je suis d'accord avec toi, les évolutions du monde agricole sont lentes, les investissements importants, les gestions pointues (quoique, c'est surtout un question d'habitude à mon avis...), et les freins sont autant psychologiques que physiques.

Bon courage à tous ceux qui se battent dans ces directions.
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par Did67 » 09/12/09, 14:12

minguinhirigue a écrit :@ C moa :

Je ne pense pas que ces techniques soit enseignées autrement que par la formation continue. Les lycées agricoles mettent du temps à ce mettre à niveaux, l'INRA jusqu'il y à peu éloignait les agronomes qui évoquaient l'appauvrissement des sols (tels que Claude Bourguignon)...

.


Détrompez-vous les gars !

Non seulement les lycées agricoles en parlent, mais il y a des essais en cours pour objectiver les résultats.

Chez nous, déjà quelques années de résultats. Faut que je vois avec le directeur de l'exploitation, je ne me souviens plus combien : comparaison semis direct, TCS et travail classique sur une rotation habituelle chez nous...

Savez-vous qu'on a fêté les 20 ans d'une formation (adulte, il est vrai) en agriculture bidoynamique ???

Bourguignon a fait une conf il y a bien 7 ou 8 ans (de mémoire toujours)...

Les idées reçues ont la vie dure ! Ou les généralisations abusives...
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par renaud67 » 09/12/09, 14:30

Bonjour,
j'ai déjà du citer cette référence mais faire une petit piqure de rappel (en ces temps de grippe A) ne fait pas de mal :
La révolution d'un seul brin de paille : Une introduction à l'agriculture sauvage de Masanobu Fukuoka
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Les absurdités d'hier sont les vérités d'aujourd'hui et les banalités de demain.
(Alessandro Marandotti)
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par minguinhirigue » 09/12/09, 17:23

Autant pour moi Did67... Je n'avais pas eu vent de ce genre de travaux en lycées, et je sors d'une formation supérieure ou je reste vraiment sur ma faim au regard des méthodes low-cost...

tu as des échos de cours pour adultes en Alsace sur ce sujet ?

@ renaud67, merci pour la piqure de rappel, Fukuoka reste une vrai référence pour beaucoup et je n'ai toujours pas pris le temps de lire, il faut je me rattrape. :cheesy:
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par minguinhirigue » 13/01/10, 14:00

rattrapage effectué...

La révolution d'un seul brin de paille est plaisante... Très instructive... Seule la partie spirituelle est... dérangeante.

La vision de la grande unité... la relation du rien au tout... qui plus est issues d'une double traduction (japonais vers anglais vers français), font de la philosophie zen revue par Fukuoka quelque chose d'un peu bizarre pour un européen...

Mais cette question centrale qu'il pose à toutes les activités humaines est essentielle :
"comment faire nos travaux quotidiens en laissant la nature faire la plus grosse partie de l'effort ?" Comme elle l'a toujours fait pendant des siècles semble-t-il nous rappeler...
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