stephgouv a écrit :En parlant d'études, je me pose une question (en toute objectivité!) pour comprendre mieux:
Comment se fait-il que tu aies dû attendre d'avoir de gros soucis de santé pour avoir cherché puis changé ta façon de cultiver alors que tu cultivais de façon traditionnelle avant?
Pourtant, je supposes qu'avec tes études poussées, on t'a (ou pas?) appris que travailler les 20-30 premiers cm de la terre était néfaste?
A mon avis, il ne doit pas y avoir des tonnes d'ingénieurs comme toi qui ont changé leur façon de cultiver pourtant si facile et si respectueuse de l'environnement.
Je remarque que ce que l'on enseigne à nos enfants aujourd'hui ne correspond plus du tout (ou du moins en partie) à la réalité et on continue à leur enseigner des choses d'il y a 50ans en arrière! Mais ça, les profs n'en peuvent rien... ils font ce qu'ils peuvent avec les moyens qu'on leur donne.
Question rude, s'il en est. Mais fondamentale. [edit : je n'avais pas lu moindreffor]
Il faudra que je revienne longuement dessus, un jour...
Juste une ou deux pistes de réflexion :
a) Le savoir (ou les connaissances) est. Il n'est pas "bien". Pas "mal". E=mc² est une fait.
b) Ce qu'on en fait, c'est autre chose. Et fait appel à l'éthique. E=mc² permet aux dictateurs d'espérer dominer le monde. Mais c'est parce qu'ils sont fada. Pas parce que E = mc². E = mc² permet de produire de l'électricité sans émettre de carbone - mais avec bien d'autres inconvénients. Disons, que cela se discute. E = mc² permet une radiothérapie. Je ne vous cache pas que si on m'en prescrivait une, je la suivrais. Et trouverais, en cas de succès, cela bien (comme un de mes amis passés par là).
c) Les "sachants" ont, comme tout le monde, dans leur tête, un système de valeur qui font qu'ils utilisent différemment leurs connaissances. Et même un système de croyances. Il n'y a pas plus croyants que les scientifiques !
d) Les "sachants", comme tout le monde, ont des oeillères !!! Ils sont des éléments d'un système (une société, une nation, l'INRA, le lycée untel...). Et, au quotidien, ils font des compromis. Ils ne veulent, ou ne peuvent, voir ceci ou cela, parce que cela les contraindraient à trop de remises en cause ! Alors ils ne voient pas...
Cela a été mon cas. Même si j'ai toujours "tiré" plus du côté écolo que du côté Monsanto. Même si j'ai été un spécialiste de l'agroforesterie (en Afrique) dès 1988... J'ai pris des coups, vous ne pouvez imaginer. Je peux vous dire que j'ai pleuré de multiples fois, quand on a essayé de me "descendre" pour non-conformisme. Pour ne pas être "mainstream" dans le système. Heureusement, toujours, ma femme était là. Et je me relevais.
Finalement, il a fallu que je me crois mort pour laisser tomber mes œillères et pour enfin penser, m'exprimer avec ce que j'appelle une "radicalité réaliste". C'est beaucoup plus facile quand on ne représente plus que soi-même (les institutions, que ce soit la "Coopération Française" ou "l'Enseignement Agricole" sont des systèmes complexes dans lesquels on est un pion - même les directeurs). J'ai décidé, vu que dans ma tête j'étais mort, de me foutre de ce que cela pourrait déclencher...
Radicalité car je ne reste pas au milieu du gué, comme les "bio". Qui remettent en cause l'agriculture "chimique", mais ne se posent pas beaucoup de question sur le cuivre (cela vient !), ou sur le travail du sol (cela ne vient guère !)... Être radical, c'est ne plus se contenter d'être au milieu du gué (et d’avoir les pieds tout le temps mouillés !). C'est choisir une berge. Car nous ne sommes pas des écrevisses.
Mais "réaliste" car ma vision est basé sur ce qui existe concrètement. Pas sur des croyances plus ou moins obscures, qui enferment dans d'autres "œillères". Parfois, mais pas toujours, pires ! Il ne suffit pas de remettre en cause !