François Roddier, thermodynamique et société

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Ahmed
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Re: François Roddier, thermodynamique et société




par Ahmed » 12/01/19, 22:04

Effectivement, c'est bien le sens de ma remarque: le "repli " ne peut être une stratégie volontaire alors qu'il sera simplement une conséquence de l'effondrement et, de plus, rien n'indique que ce soit spécifiquement dans un cadre national, seulement d'unités territoriales plus restreintes.
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Re: François Roddier, thermodynamique et société




par sen-no-sen » 20/01/19, 13:48

Effondrement et éducation
19 janvier 2019 François Roddier

Comme je le montre dans ce blog et je l’explique dans mon nouveau livre « De la thermodynamique à l’économie », un effondrement économique est un processus naturel. Toute économie traverse nécessairement des phases de crise. L’amplitude des crises est inversement proportionnelle à leur fréquence. La question est de savoir quelle va être l’amplitude de la prochaine crise.

Dans mon précédent billet, j’ai expliqué que l’effondrement est un phénomène culturel. Comme toute structure dissipative, une société mémorise de l’information. En dissipant l’énergie, elle fait évoluer son environnement. Lorsque l’information qu’elle mémorise n’est plus adaptée à son nouvel environnement, sa culture est devenue inadaptée et la société s’effondre. Une société mémorise l’information à travers l’éducation de ses enfants. Il n’est donc pas surprenant que l’effondrement d’une société soit lié à l’effondrement de son système éducatif (billet 125). Il est intéressant de voir comment ce système évolue le long d’un cycle séculaire, tel qu’il est décrit sur la figure du billet 117.

Une société se réorganise durant sa phase de dépression. Notre société a traversé une telle phase entre 1918 et 1939, c’est-à-dire entre les deux guerres mondiales. On y a multiplié les écoles normales d’instituteurs où l’éducation était excellente. Les instituteurs ainsi formés ont éduqué la génération qui a suivi et dont je fais partie. J’ai sur mon bureau un livre, intitulé leçons de sciences, datant de cette époque. Il décrit les matières enseignées pour le certificat d’études. Je souhaiterais que tous les jeunes qui passent aujourd’hui le baccalauréat aient ce minimum de connaissances!

La phase qui a suivi porte le nom de phase de croissance. On la désigne souvent sous le nom de « baby boom ». Nos enseignants ont été pris de court. Ils n’étaient plus assez nombreux. Vingt ans plus tard, les jeunes de cette époque sont arrivés à l’université. Il a fallu créer d’urgence des universités nouvelles, comme l’université de Nice à laquelle j’ai été nommé. On m’a demandé de pourvoir des postes d’assistants. J’ai eu beaucoup de difficultés à trouver des candidats!

Les amphithéâtres étaient pleins et les étudiants pas très satisfaits. Ils le manifestèrent en mai 68. On les a formés comme on a pu. Quelques années plus tard, cette marée d’étudiants s’est retrouvée demandeuse d’emploi. Inutile de dire que les sources d’emploi se sont rapidement taries. La société est alors entrée dans sa phase de stagflation. C’est ainsi que des étudiants, formés à la hâte, se sont retrouvés dans une société de chômeurs, une situation pas très enviable.

Vers la fin des années 70, cherchant à améliorer l’emploi, l’état français a décidé qu’il fallait adapter le programme des enseignements aux besoins des employeurs. L’école a alors subi ne transformation en profondeur. Avec l’abandon du latin, puis de la géométrie dans les classes des CES, l’enseignement d’un raisonnement logique a été reporté en terminale. Le remplacement des maths classiques par les « maths modernes » s’est traduit par l’apprentissage d’un vocabulaire nouveau et ésotérique. Le cursus scolaire de toutes les matières a été allégé.

Parents et professeurs ont été pris par surprise. Il a fallu attendre les années 80 pour que des livres aux titres évocateurs apparaissent. J’en donne une liste en note. Pour une analyse très complète du problème de l’école en Europe, je conseille les publications de Nico Hirt. En 1999, un film documentaire « Le cartable de big brother » de F. Gillery montre clairement le lien entre l’école et les grands patrons (https://www.liberation.fr/medias/1999/0 ... que_262578).

Comme on pouvait s’y attendre, le résultat des réformes n’a pas été à la hauteur des espérances. En nombre croissant les étudiants se sont tournés vers les écoles de commerce et la finance, tandis que la qualité de nos ingénieurs était en chute libre. Plus personne ne voulant enseigner, la qualité de nos enseignements a continué de se dégrader. On est entré dans la phase de crise.

La constatation la plus importante est que nous nous en sommes rendu compte. Depuis quelques années l’école a de nouveau évolué. Les savoirs fondamentaux commencent à être réhabilités. De même que lorsque l’hiver va être très froid les animaux mettent à l’avance un pelage d’hiver adapté à la saison future, l’école actuelle préfigure celle de demain.

J’en veux pour preuve le livre de Pierre Léna, un ami de longue date avec lequel j’ai fait mes études: «Enseigner, c’est espérer, plaidoyer pour l’école de demain» (2012) où il décrit son projet «la main à la pâte», une façon plus concrète d’enseigner les matières scientifiques. Dans «Faire l’expérience des mathématiques» (2010) M. Maurel et C. Sackur présentent leur analyse des difficultés qu’éprouvent les élèves devant l’enseignement des mathématiques.

J’en veux aussi pour preuve l’opinion d’une universitaire et journaliste américaine bien connue Diana Johnstone (http://www.unz.com/article/french-democ ... -or-alive/) que l’on peut traduire ainsi: « Quoiqu’on se lamente du déclin du système scolaire, le peuple français est aussi raisonnable et bien éduqué qu’on peut l’espérer. S’il est incapable de démocratie, alors aucune démocratie n’est possible. »

Pour ma part, j’ai enseigné pendant 18 ans à l’université de Nice avant de me consacrer plus complètement à la recherche. Depuis que je suis à la retraite, j’ai publié trois livres, tous chez le même éditeur et dans la même collection. Elle a pour titre: « le temps d’apprendre ».

L’Histoire nous apprend que l’éducation s’est effondrée après la chute de Rome, pas avant. Il est courant aujourd’hui de parler d’effondrement de la société. Le fait même qu’on en parle montre que nous sommes conscients du danger. L’effondrement d’une société n’est pas une fatalité: tout dépendra de la manière dont nous réagissons, et cela dépend de notre éducation.

Bibliographie:

« Le poisson rouge dans le Perrier » de J.P. Despin et M.C. Bartholy (1983),
« Voulez vous vraiment des enfants idiots? » de M. Maschino (1984),
« L’enseignement de l’ignorance et ses conditions modernes » de J.C. Michéa (1999),
« Les nouveaux maîtres de l’école, l’enseignement européen sous la coupe des marchés » de N. Hirt (2002),
« La fabrique du crétin, la mort programmée de l’école » de J.P. Brighelli (2005),
« La débâcle de l’école, une tragédie incomprise » de L. Lafforgue et L. Lurçat (2009),
« Faire l’expérience des mathématiques, entre enseignement et recherche » de M. Maurel et C. Sackur (2010),
« Enseigner, c’est espérer, plaidoyer pour l’école de demain » de P. Léna (2012).


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Re: François Roddier, thermodynamique et société




par sen-no-sen » 28/01/19, 23:47

135 – Effondrement et mécanique statistique
François Roddier

J’aimerais revenir ici au véritable sujet de ce blog à savoir le lien entre l’évolution des sociétés et les lois de la mécanique statistique.

Comme toute structure dissipative, nos sociétés décrivent des cycles, que l’historien Giovanni Arrighi (2) qualifie de « longs siècles », séparés par des effondrements brutaux. Les analyses statistiques de Thomas Piketty (3) montrent qu’en Europe, le dernier effondrement a eu lieu entre 1910 et 1918. Commence alors un long XXème siècle que l’on peut diviser en 4 phases de 30 ans chacune.

Si l’on garde la nomenclature de Turchin et Nefedov, la première phase est une phase de dépression. Elle s’étend de 1918 à 1948 et comprend la grande dépression de 1929. La seconde phase est une phase d’expansion. Qualifiée de « 30 glorieuses », elle s’étend de 1948 à 1978. La troisième phase est une phase de stagflation. Elle s’étend de 1978 à 2008. La dernière phase est une phase de crises. Elle a commencé avec la crise bancaire de 2008.

Il est intéressant d’analyser l’évolution de l’école en fonction de la phase du cycle que la société traverse. L’histoire nous apprend que c’est en 1932, c’est-à-dire durant une phase de dépression, qui est aussi une phase de réorganisation de la société, que l’expression « instruction publique » a été remplacée par l’expression « éducation nationale ». L’histoire nous apprend aussi que c’est vers la fin d’une phase de croissance très rapide que l’éducation est entrée en crise avec les événements de mai 1968.

Une façon d’interpréter ces résultats est de consider une société humaine comme un ensemble d’individus échangeant de l’information, c’est-à-dire un réseau neuronal. L’écrivain américain Howard Bloom parle de cerveau global (global brain). Une société humaine serait un gigantesque cerveau dont les individus seraient les neurones.

Cela permet de comparer le cycle séculaire d’une société au cycle diurne de notre propre cerveau. La phase de dépression d’une société correspondrait à la phase de sommeil paradoxal du cerveau. C’est durant cette phase, bien analysée par Keynes, que la société « rêve » de ce qu’elle va faire mais n’agit pas. Il faut pour cela que la demande s’organise en vue du nouveau cycle qu’elle va traverser. Une incitation gouvernementale peut être nécessaire. Pour motiver la demande, l’instruction publique ne suffit pas, il vaut une véritable éducation nationale. C’est la transformation qu’on observe en 1932. Cela ne suffit toujours pas. La société préfère les congés payés instaurés en 1936.

La phase suivante, dite phase d’expansion, est la phase durant laquelle la société, comme tout être vivant, passe à l’action. La seconde guerre mondiale semble avoir été l’élément déclencheur, le choc qui a incité la société à produire. Il devenait en effet nécessaire de tout reconstruire. On parle aujourd’hui des trente glorieuses. La guerre ayant été mondiale, un phénomène analogue se produit aux États-Unis. Pour faire face à la concurrence des États-Unis, l’Europe doit s’organiser. Apparait l’Union Européenne.

Comme tout organisme vivant, une société humaine se fatigue vite. En mai 1968, les jeunes s’insurgent contre la société sans pouvoir la changer. La production dépend de nos ressources pétrolières et il apparait de plus en plus clairement que celles-ci s’épuisent. En 1973, le prix du pétrole fait un bon en avant. La croissance ralentit et tout le monde s’interroge sur la politique à suivre. En 1978, les pays arabes signent un traité avec Israël. Ce sont les accords de Camp David. Ils marquent la fin de la phase d’expansion.

Ayant épuisé une grande partie de leurs ressources, les pays développés doivent prendre une décision: ralentir leur activité ou continuer à produire coûte que coûte. Ronald Reagan aux États-Unis et Margaret Thatcher en Angleterre apportent leur réponse: continuer coûte que coûte. Il n’y a pas d’alternative (TINA: there is no alternative). L’Europe continentale s’est sentie obligée de suivre. C’est alors que, faute de ressources suffisantes, nos sociétés avancées entrent dans une phase de stagflation.

Épuisé, le cerveau global de la société peine devant l’effort. Il aimerait prendre du repos et s’endormir, mais il est condamné à rester éveillé. Formatées par les anciennes cellules, les jeunes doivent rester actives. Elles se rebellent: c’est la crise de l’éducation. On sait comment une insomnie se termine. Épuisé, le cerveau fini par s’endormir. Dans le cas d’une société on parle d’effondrement économique. C’est ce qui nous attend.

(1) Peter Turchin and Sergey A. Nefedov. Secular cycles, Princeton (2009).
(2) Giovanni Arrighi, The Long Twentieth Century, Verso (2010).
(3) Thomas Piketty. Le capital au XXIème siècle, Seuil (2013). Graphique I.2. (p. 54).
(4) François Roddier, De la thermodynamique à l’économie, Parole (2018).


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Re: François Roddier, thermodynamique et société




par Ahmed » 29/01/19, 18:48

Peut-être Roddier est-il un peu optimiste quant à sa perception de l'excellente éducation de l'entre-deux guerres car il existe forcément un décalage entre le contenu de l'enseignement, adapté à la période antérieure et son usage ultérieurement... En clair, l'information n'est plus forcément très pertinente une fois (laborieusement) acquise...
On le voit, l'éducation est une conformation à un contexte socioculturel donné, ce que montre bien ses tentatives de réformes successives.

Il écrit:
La seconde guerre mondiale semble avoir été l’élément déclencheur, le choc qui a incité la société à produire. Il devenait en effet nécessaire de tout reconstruire.

Deux éléments sont à prendre en compte:
1 - une forte demande du fait des destructions des biens physiques (= gros potentiel de ce que j'appelle "travail de consommation" qui est la contrepartie nécessaire du travail productif.
2 - abondance initiale de liquidités grâce au plan Marshall qui ont permis aux besoins matériels d'être solvables.
Donc la conjonction d'une source chaude et d'une source froide bien proportionnée.
La grande vague d'innovations et de gains productivistes ont ensuite entretenu le phénomène jusque dans les années 70. Depuis, des innovations moins massives et une décroissance continue de la force de travail mise en mouvement inverse la tendance précédente.

Ceci montre qu'un grand "potlatch" correspondant aux destructions massives d'une guerre constitue l'idéal de fonctionnement d'un système aussi absurde que le capitalisme et que l'enrichissement réél et abstrait se présentent, au contraire comme des obstacles majeurs.
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Re: François Roddier, thermodynamique et société




par sen-no-sen » 29/01/19, 20:52

Ahmed a écrit :Deux éléments sont à prendre en compte:
1 - une forte demande du fait des destructions des biens physiques (= gros potentiel de ce que j'appelle "travail de consommation" qui est la contrepartie nécessaire du travail productif.
2 - abondance initiale de liquidités grâce au plan Marshall qui ont permis aux besoins matériels d'être solvables.
Donc la conjonction d'une source chaude et d'une source froide bien proportionnée.
La grande vague d'innovations et de gains productivistes ont ensuite entretenu le phénomène jusque dans les années 70. Depuis, des innovations moins massives et une décroissance continue de la force de travail mise en mouvement inverse la tendance précédente.


On peut ajouter à cela que la vague d'innovations résulte en grande partie du "génie" mis en œuvre pendant la guerre (fusée V2,Armes nucléaire,aviation etc...).
L’avènement des arsenaux nucléaires et la course aux armements qui en résultat permis d'éviter un troisième conflit mondial (remplacer par une guerre froide) favorisant l'essor de l'économisme à travers le monde.

A noter que selon les travaux de Turchin et Nefedov un cycle à 4 temps (dépression/expansion/stagflation/crise) doté de phases de 30 ans serait à l’œuvre depuis le début du 20ème siècle.
F.Roddier note que la période de crise aurait commencé dés 2008,ce qui ne présage rien de bon car nous serions alors parti pour quasiment 60 ans de galère!
Je pense qu'au vu de l'effet de la reine rouge les cycles sur la période récentes devrait logiquement être raccourcis.
Ainsi ont pourrait supputer un cycle de crise sur la période 2008/2028,ce qui collerait bien avec le pic tout pétrole,la phase de dépression sur la période 2028/2040 suivit d'une phase d'expansion peut être lié à l’avènement de la fusion thermonucléaire. Bien entendu il s'agit de spéculation de ma part ,mais disons que les événements semble bien aller dans se sens.
Qu'en pense tu?
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Re: François Roddier, thermodynamique et société




par Ahmed » 29/01/19, 23:40

Oui, tu as raison d'insister sur le rôle prééminent des guerres*, puisque, comme je l'ai suggéré (mais peut-être d'une façon par trop discrète), elles représentent l'acmé du capitalisme. Du fait des innovations (résultats des investissements), mais aussi de la nécessité de recycler les capacités productives une fois le conflit terminé, en des fins civiles (si AZF a sauté, ce n'est pas totalement par hasard!).

Concernant un cycle de crises plus rapprochées, je n'ai pas d'éléments de réponse précis. Cependant, comme tu le soulignes, le dopage à l'énergie fossile et particulièrement sous sa forme pétrolière,la plus adaptée aux caractéristiques présentes de notre mode de fonctionnement, va devenir de plus en plus difficile, alors que dans le même temps le "dose" nécessaire tendra à s'accroître. La fusion nucléaire serait une manière de satisfaire cette soif croissante, en cas de succès de cette filière dans des temps compatibles avec l'affaiblissement des autres sources, mais cela reste une hypothèse et, d'autre part, au cas où elle se vérifierait, ne ferait que porter les contradictions systémiques à un degré jamais atteint, ce qui ferait percevoir que le problème n'est pas de nature technique et ne peut donc espérer être résolu par un "tour de force". Il n'en reste pas moins vrai que la maîtrise de la fusion, aussi illusoire soit-elle, se présente comme le seul échappatoire technologique dans le contexte de la fuite en avant actuelle.
Il faudrait espérer qu'une heureuse bifurcation (?) nous évite cette impasse qui en séduit tant, inconscients qu'ils sont de l'équivalence entre énergie et destruction... :frown:
E= :evil:

* Il s'agit juste d'un constat et nullement d'un jugement de valeur valant approbation, voire encouragement!
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Re: François Roddier, thermodynamique et société




par janic » 30/01/19, 08:29

La fusion nucléaire serait une manière de satisfaire cette soif croissante, en cas de succès de cette filière dans des temps compatibles avec l'affaiblissement des autres sources, mais cela reste une hypothèse et, d'autre part, au cas où elle se vérifierait, ne ferait que porter les contradictions systémiques à un degré jamais atteint, ce qui ferait percevoir que le problème n'est pas de nature technique et ne peut donc espérer être résolu par un "tour de force". Il n'en reste pas moins vrai que la maîtrise de la fusion, aussi illusoire soit-elle, se présente comme le seul échappatoire technologique dans le contexte de la fuite en avant actuelle.
effectivement il ne s'agit que d'une fuite en avant. Un dicton populaire affirme que "l'on ne peut avoir le beurre et l'argent du beurre en même temps" et qu'à toute face d'une pièce, il y a automatiquement un coté pile que personne ne veut voir car trop désagréable à reconnaitre et empêchant la machine de tourner en rond. Or plus on veut fuir une réalité et plus elle revient avec violence dans la tronche de celui qui n'a pas voulu la voir.
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Re: François Roddier, thermodynamique et société




par phil12 » 30/01/19, 10:51

Ahmed a écrit :Oui, tu as raison d'insister sur le rôle prééminent des guerres*,

.. :frown:
E= :evil:

*

Bonjour ,

Imaginez notre planète si il n’y avait pas eu la bombe atomique ?

Les Russes seraient à Gibraltar , les Chinois à Tokyo , les américains à Ushuia :roll:
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Re: François Roddier, thermodynamique et société




par sen-no-sen » 30/01/19, 11:17

Ahmed a écrit :. Cependant, comme tu le soulignes, le dopage à l'énergie fossile et particulièrement sous sa forme pétrolière,la plus adaptée aux caractéristiques présentes de notre mode de fonctionnement, va devenir de plus en plus difficile, alors que dans le même temps le "dose" nécessaire tendra à s'accroître.


Oui cela génère une boucle retro-active négative.
Dans l'hindouisme le temps est séquencé en plusieurs ages(Yuga),le dernier d'entre eux le Kali Yuga (age de fer)se caractérise par une phase de dégénérescence .Chaque age se caractérise par un rétrécissement du temps par rapport à l'autre,non pas qu'une seconde ne dure plus une seconde mais que les événements s'enchaine de plus en plus vite*.
Image
La kali Yuga ressemble assez bien à la notion de phase crisique développé par Turchin et Nefedov
On ne peut s’empêcher le parallèle avec la période actuelle:l'augmentation de la dissipation d'énergie a généré des boucles retro-actives accélérant de plus en plus le cours des événements,c'est encore une fois un bel exemple d'effet de la reine rouge.



*Les années des Yugas ne sont pas à considérer comme les années du calendrier Grégorien,mais plutôt fondées sur un temps culturel/psychologique,d’où des chiffres annoncées extrêmement grand,il en est vraisemblablement de même avec les temps biblique.
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Re: François Roddier, thermodynamique et société




par Ahmed » 30/01/19, 13:01

Le temps de l'hindouisme est cyclique (comme l'illustre ton graphe), contrairement à la perception occidentale moderne pour laquelle le temps se présente comme une continuité augmentative ou positive; ces différences d'appréciation induisent d'importants biais de raisonnement, ainsi, dans le second cas, le "progrès" est postulé, il est légitimé par une analyse rétrospective qui explique le passé à la lueur du présent* et introduit ce faisant une continuité qui n'existe pas dans la réalité**. Ceci contribue à nous conforter dans un modèle de fonctionnement qui ne peut être remis en cause du fait de cette croyance indissociable de la technoscience; seuls des palliatifs trouvés à l'intérieur de ce mode de pensée réducteur semblent acceptables***.

* Cela produit un évolutionnisme civilisationnel encore plus contestable que certaines conclusions anthropocentristes du darwinisme...
** C'est particulièrement manifeste dans le discours de notre ami Exnihiloest.
*** Mais, comme le dit fort bien Einstein: "On ne peut résoudre les problèmes à l'intérieur du cadre qui les a engendré".
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