L'agriculture de conservation

Agriculture et sols. Pollution, contrôles, dépollution des sols, humus et nouvelles techniques agricoles.
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Did67
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Re: L'agriculture de conservation




par Did67 » 04/04/19, 17:39

Je n'ai pas eu le temps de regarder, mais il est clair que les carences en S de nos sols sont beaucoup plus fréquentes qu'on ne le pense et que des apports peuvent être bénéfiques... Cela passe souvent inaperçu. J'en ai parlé quelque part, il y a déjà deux ou trois ans, à propos de l'utilisation de S pour lutter contre l'Oïdium (il a cet avantage en plus ; même s'il a aussi l'inconvénient de nuire à certains auxiliaires).
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Re: L'agriculture de conservation




par Moindreffor » 04/04/19, 20:21

Did67 a écrit :Je n'ai pas eu le temps de regarder, mais il est clair que les carences en S de nos sols sont beaucoup plus fréquentes qu'on ne le pense et que des apports peuvent être bénéfiques... Cela passe souvent inaperçu. J'en ai parlé quelque part, il y a déjà deux ou trois ans, à propos de l'utilisation de S pour lutter contre l'Oïdium (il a cet avantage en plus ; même s'il a aussi l'inconvénient de nuire à certains auxiliaires).

pourquoi as-t-on enlevé le souffre de notre essence, on avait un apport gratos :mrgreen:
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Re: L'agriculture de conservation




par izentrop » 05/04/19, 00:36

Moindreffor a écrit :pourquoi as-t-on enlevé le souffre de notre essence, on avait un apport gratos :mrgreen:
Venant de toi, c'est une boutade :D , mais bon ! ça a permis de résoudre en partie le problème des pluies acides https://www.futura-sciences.com/planete ... ides-1128/
Le CO2 est aussi responsable et comme son taux ne fait qu'augmenter, on n'est pas sauvé :|

Si tu mets suffisamment de matières organique pour compenser les exports des cultures, normalement, tu n'en a pas besoin
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Re: L'agriculture de conservation




par Moindreffor » 05/04/19, 07:12

izentrop a écrit :
Moindreffor a écrit :pourquoi as-t-on enlevé le souffre de notre essence, on avait un apport gratos :mrgreen:
Venant de toi, c'est une boutade :D , mais bon ! ça a permis de résoudre en partie le problème des pluies acides

j'ai étudié cette problématique avec mes élèves il y a quelques années en effet
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Re: L'agriculture de conservation




par VetusLignum » 27/06/19, 12:14

janic a écrit :
L’agriculture biologique (voire "plus que bio") sans travail du sol, c’est le "nec plus ultra" de l’agriculture; et pour l’atteindre, le bon chemin est de commencer par réduire le travail du sol et utiliser les couverts végétaux, afin d’augmenter la fertilité du sol, puis dans un deuxième temps, de supprimer tous les produits chimiques (y-compris les engrais). Si on veut y aller en commençant par la suppression des produits chimiques tout en conservant, voire en amplifiant, le travail du sol, on va dans le mur, car la terre s’érode et s’appauvrit d’année en année.


Même chose ! Cette vision de l’AB est une vision déformante et déformée puisque les critères pris en compte entre l’agriculture de conservation et de l’AB (la vraie) c’est que l’AB est d’abord et avant toute autre considération une prise de conscience que la santé (la vraie) des populations dépend du produit final obtenu par l’agriculteur et que cela passe par l’arrêt, en priorité, des intrants chimiques de synthèse de toutes sortes : herbicides, fongicides, pesticides, tous les cides possibles. Ce qui nécessite un changement fondamental des modes culturaux qui peuvent passer par des « soins » naturels de la plante sans devenir dommageables pour l’agriculteur, sa famille et les futurs consommateurs.
Tu saisis la nuance dans la démarche ? La finalité, à terme, doit être la même, mais les priorités sont différentes.


Oui, le consommateur voit qu'il y a des produits chimiques potentiellement néfastes pour sa santé dans la nourriture qu'il achète, et sa priorité est que ces produits sont supprimés.

De là, la réponse du producteur est de dire que sans ces produits chimiques, les plantes meurent, il n'y a pas de production.
Ces produits chimiques (et je pense aux pesticides et fongicides) sont nécessaires parce que le sol est en mauvaise santé.
Et que, donc, la solution consiste non pas à cesser ces produits chimiques immédiatement, mais à commencer par aggrader le sol, à le rendre plus fertile et plus vivant, afin que les plantes puissent pousser sans besoin d'action correctives (qu’elles soient par des phytos ou des produits naturels).

En gros, il faut que le consommateur ne se comporte pas en simple consommateur aveugle, mais qu'il soit à l'écoute des contraintes du producteur, qui sont à la base liées au fonctionnement de la nature.

D’autre bénéfices de l’agriculture de conservation, et qui sont peut-être encore plus importants que tout le reste, sont (pour les principaux) la réduction de l’érosion des sols, la réduction de la lixiviation des nitrates, la fixation du carbone de l’air dans le sol.
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Re: L'agriculture de conservation




par janic » 27/06/19, 14:01

Oui, le consommateur voit qu'il y a des produits chimiques potentiellement néfastes pour sa santé dans la nourriture qu'il achète, et sa priorité est que ces produits sont supprimés.

D’où l’AB !
De là, la réponse du producteur est de dire que sans ces produits chimiques, les plantes meurent, il n'y a pas de production.

Inévitablement il y a deux visions du problème avec le consommateur (quand cet aspect a pour lui de l’importance, d’autres s’en fichent complètement !) Avant l’agriculture intensive il y avait mise en jachère pour le repos du sol et des rotations de culture, des haies nombreuses autour des champs de petite dimension avec une faune importante, point de ces immenses tracteurs tassant les sols, etc… nous avons adopté le modèle américain il faut donc aussi en assumer les inconvénients
Ces produits chimiques (et je pense aux pesticides et fongicides) sont nécessaires parce que le sol est en mauvaise santé.
ce n'est pas seulement une question de sol, mais aussi de semences malades et pourtant en elles la stérilité sans ces produits chimiques (comme le vaccins!)
Or omme en santé humaine, les deux étant liés intimement, d’où l’explosion de nos maladies de civilisation occidentale et où les solutions à adopter sont les mêmes: Arrêter l’empoisonnement par la chimie dans tous les secteurs en rapport avec la santé des populations. Or, en santé humaine comme animale, les produits chimiques de synthèse n’ont jamais amélioré l’état global des populations, au contraire, et persévérer dans cette voie, ne peut que faire reculer et aggraver des situations déjà dramatiques (vois les courbes de maladies et de mortalité)
L’AB, la vraie, a démontré que cette transition était possible pour autant que l’agriculteur comprenne qu’il ne peut avoir en même temps le beurre et l’argent du beurre et que cette transition (aidée et soutenue par des AB compétents et expérimentés) reste un moment difficile, mais nécessaire et tous y sont passés.
Et que, donc, la solution consiste non pas à cesser ces produits chimiques immédiatement, mais à commencer par aggrader le sol, à le rendre plus fertile et plus vivant, afin que les plantes puissent pousser sans besoin d'action correctives (qu’elles soient par des phytos ou des produits naturels).

Sauf à avoir un sol réellement et COMPLETEMENT STERILE, la transition est rapide. D’une certaine façon c’est comme l’abandon de l’alcool ou du tabac : on peut y aller progressivement en diminuant ces produits sur une longue période(généralement avec un très gros pourcentage d’échecs), ou bien arrêter immédiatement accompagné par des moyens physiologiques adéquats pour éviter le stress de cet abandon que peuvent ressentir aussi bien les « drogués » que les sols eux-mêmes intoxiqués depuis des décennies.

En gros, il faut que le consommateur ne se comporte pas en simple consommateur aveugle, mais qu'il soit à l'écoute des contraintes du producteur, qui sont à la base liées au fonctionnement de la nature.
Consommateurs aveugles ou agriculteurs aveugles?
Les consommateurs, mais lesquels, qui absorbent chaque jour les poisons chimiques de l’agriculture, de sa transformation, conservation et en plus ceux des médicaments de toutes sortes, peuvent effectivement se sentir mieux d’être moins intoxiqués et c’est une grande partie de la population que l’on retrouve dans les supermarchés distributeurs de ces produits empoisonnés, donc c’est mieux que plus mal et les supermarchés l’ont compris en essayant de récupérer les clients du bio et du bio en conversion, tant qu’il y a du busines à faire qui ne demande pas pour autant des convictions.
D’autre bénéfices de l’agriculture de conservation, et qui sont peut-être encore plus importants que tout le reste, sont (pour les principaux) la réduction de l’érosion des sols, la réduction de la lixiviation des nitrates, la fixation du carbone de l’air dans le sol.

Bien sur mais elle n’en a pas l’exclusivité puisque c’est un des points forts aussi de l’AB, la vraie ! et dont ils se sont inspirés.(même si les anciens paysans les pratiquaient naturellement)
Attention, je ne dénigre pas cette forme d’agriculture qui a, bien entendu, des points importants et qui donc peut représenter une étape, un passage vers du plus que bio, mais il ne faut pas s’illusionner big pharma phytosanitaire n’est pas prêt de les lâcher et trouvera bien (ou a déjà trouvé ) le produit qui continuera de provoquer une dépendance envers leurs produits qui représentent des milliards en jeu.
Rappelles toi, si tu es assez âgé, du lobby du tabac qui avait introduit dans les cigarettes un produit spécifique destiné à provoquer et maintenir une dépendance des fumeurs et qui fut condamné, par le congrès américain, pour avoir menti sur ce sujet.

agriculture/les-pressions-legales-des-semenciers-sur-l-agriculture-t14962.html

NB: j'ai travaillé sur une machine destiné à découper les sacs de semence et les semenciers nous avaient recommandé de ne pas toucher à mains nues les semences de toutes les couleurs et de porter un masque...juste pour faire joli?
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Re: L'agriculture de conservation




par VetusLignum » 27/06/19, 16:22

janic a écrit :Inévitablement il y a deux visions du problème avec le consommateur (quand cet aspect a pour lui de l’importance, d’autres s’en fichent complètement !) Avant l’agriculture intensive il y avait mise en jachère pour le repos du sol et des rotations de culture, des haies nombreuses autour des champs de petite dimension avec une faune importante, point de ces immenses tracteurs tassant les sols, etc… nous avons adopté le modèle américain il faut donc aussi en assumer les inconvénients



La mise en jachère ne permet pas le repos du sol ; au contraire, il lui permet de revivre et de se reconstituer. C’est ce que les agriculteurs de conservation essaient de faire aujourd’hui avec les couverts végétaux.
Quant aux haies et aux arbres, on en comprend de nouveau les intérêts, et cela se developpe de plus en plus, sous le nom d’agroforesterie.


janic a écrit :L’AB, la vraie, a démontré que cette transition était possible pour autant que l’agriculteur comprenne qu’il ne peut avoir en même temps le beurre et l’argent du beurre et que cette transition (aidée et soutenue par des AB compétents et expérimentés) reste un moment difficile, mais nécessaire et tous y sont passés.
Sauf à avoir un sol réellement et COMPLETEMENT STERILE, la transition est rapide. D’une certaine façon c’est comme l’abandon de l’alcool ou du tabac : on peut y aller progressivement en diminuant ces produits sur une longue période(généralement avec un très gros pourcentage d’échecs), ou bien arrêter immédiatement accompagné par des moyens physiologiques adéquats pour éviter le stress de cet abandon que peuvent ressentir aussi bien les « drogués » que les sols eux-mêmes intoxiqués depuis des décennies.

Avec vos raccourcis du type "c’est difficile, mais c’est comme pour arrêter la cigarette, avec un peu de volonté, on y arrive", vous esquivez les détails techniques et la difficulté de l’exercice.

Pour faire simple, les agriculteurs biologiques sont obligés, pour lutter contre les adventices, d’avoir recours au travail du sol. Mais cela a toutes les conséquences négatives que le travail du sol peut avoir, à savoir augmentation de l’érosion, diminution de la fertilité du sol, etc… Et donc, à terme, leur sol ne produit plus.

Alors, certains agriculteurs biologiques sont bien conscients de ce problème, et ils essaient de semer des couverts et de réduire le travail du sol. Mais c’est extrêmement compliqué pour eux (en particulier du fait de la pression des adventices, et parce que leur sol est tres dégradé), si ce n’est impossible.

Pourtant, le labour n’est pas sans risque et peut contribuer à des préjudices importants comme le phénomène du Dust Bowl observé dans les années 1930 aux Etats-Unis. Cette érosion éolienne a obligé les paysans américains à aborder leur production agricole de façon systémique, à imaginer et mettre en place des pratiques simplifiées pour protéger le sol et le « fixer » aux racines des plantes. Chez nous, dans le Gers, cette érosion des sols est frappante à l’échelle d’une demi-carrière agricole. « Petit à petit, en sommet de coteaux, on perd de la terre, les roches apparaissent ». 20 ans. Quand on sait qu’il faut un siècle pour former un centimètre de terre. Le constater est une première étape. Enrayer ce phénomène est de notre responsabilité. Il y a enfin la question de la matière organique : à force de labourer, de déchaumer, de biner, pour notamment lutter contre les adventices, on ne peut que « brûler », aussi vite que d’autres, notre volant de fertilité et augmenter encore la dépendance aux intrants. Nous connaissons tous dans nos diverses régions des agriculteurs bio restés depuis une dizaine d’année dans ce schéma sécurisant et qui connaissent des baisses de rendement.

Pour gérer la pression des adventices et faciliter l’implantation des cultures, les sols sont fréquemment plus travaillés par rapport à un système classique (labour, déchaumages, faux-semis, etc), avec pour conséquences la dilution de la matière organique dans la couche arable, l’érosion et le tassement des sols, etc. (RmtDevAB, 2009)

Cette thématique innovante répond à des enjeux importants mais son application n’est pas sans risques d’un point de vue agronomique (compactage du sol les premières années de la mise en place du travail du sol réduit, augmentation de la pression des adventices, etc.) (Peigné et al., Ademe, 2011).
A l’heure actuelle, nous ne pouvons pas affirmer si les systèmes de grandes cultures biologiques avec un travail du sol réduit sont une piste d’évolution pertinente pour tous les polyculteurs et polyculteurs-éleveurs biologiques.

https://www.produire-bio.fr/wp-content/ ... -light.pdf



janic a écrit :
VetusLignum a écrit :D’autre bénéfices de l’agriculture de conservation, et qui sont peut-être encore plus importants que tout le reste, sont (pour les principaux) la réduction de l’érosion des sols, la réduction de la lixiviation des nitrates, la fixation du carbone de l’air dans le sol.

Bien sur mais elle n’en a pas l’exclusivité puisque c’est un des points forts aussi de l’AB, la vraie ! et dont ils se sont inspirés.(même si les anciens paysans les pratiquaient naturellement)

Non, ce n’est pas un point fort de l’AB, c’en est au contraire un point faible, puisque d’une manière générale (et à l’exception des agriculteurs innovateurs tels que ceux qui s’expriment dans le document cité ci-dessus), l’AB compense l’impossibilité d’utiliser des phytos par plus de travail du sol ; et donc, plus d’érosion et moins de fixation de carbone dans le sol.
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Re: L'agriculture de conservation




par janic » 27/06/19, 17:39

La mise en jachère ne permet pas le repos du sol ; au contraire, il lui permet de revivre et de se reconstituer. C’est ce que les agriculteurs de conservation essaient de faire aujourd’hui avec les couverts végétaux.
Ce qui est appelé repos du sol, ne signifie pas inactivité, bien au contraire, au même titre que lorsque nous nous reposons notre organisme , il en profite pour réparer nos petits problèmes et il en est de même pour la végétation où des plantes apparaissent de nulle part pour rééquilibrer ce sol justement et plus il se rééquilibre plus la végétation change.
Quant aux haies et aux arbres, on en comprend de nouveau les intérêts, et cela se developpe de plus en plus, sous le nom d’agroforesterie.
Mais il a fallu plus d’un demi siècle pour enfin s’en préoccuper alors que les premiers agriculteurs bio ont recommandé le maintient de ces haies et même d’en replanter.

Au début du XXe siècle, une première loi instaure le remembrement mais elle remporte peu de succès. La seconde, de 1941, n'est elle-même que lentement mise en œuvre. En 1946, il y avait 145 millions de parcelles en France, avec une taille moyenne de 0,33 hectare. La taille de ces exploitations rendait l'utilisation des tracteurs difficile et peu rentable. La somme allouée au remembrement par le ministère de l'agriculture passe de 62,9 millions de nouveaux francs en 1959 à 111,283 en 1960, soit environ le double.4. C'est entre les années 1960 et les années 1980 que le remembrement devient réellement intensif.
Avec vos raccourcis du type "c’est difficile, mais c’est comme pour arrêter la cigarette, avec un peu de volonté, on y arrive", vous esquivez les détails techniques et la difficulté de l’exercice.
La encore ce sont des a priori faux. J’ai co-animé de séances de désaccoutumance tabagique avec des centaines de fumeurs et ce n’est justement pas la volonté qui y est requise, au contraire, mais juste la motivation bien plus efficace. Donc j’ai utilisé ce parallèle afin que puisse être compris ces mécanismes biologiques universels.
Pour faire simple, les agriculteurs biologiques sont obligés, pour lutter contre les adventices, d’avoir recours au travail du sol.
Non ! L’AB a une histoire qui mérite d’être étudiée depuis ses origines et le travail du sol n’est pas un critère important, ne serait-ce qu’en fonction des conditions climatiques, de la teneur du sol et l’état de celui-ci. Un labour sans soc versoir, avec sous soleuse par exemple, qui permet de briser la semelle de labour qui s’est construite au fil des labours à socs versoirs toujours plus profonds. et qu'une simple couverture de sol ne détruira pas) Puis un passage à la canadienne pour briser les mottes et détruire les plantes adventistes qui se seront développées et, seulement après, peut intervenir une couverture de sol protectrice sans craindre ces adventistes qui gênent les agriculteurs bio ou pas. Mais cette technique n’est pas la seule et est donc conseillée par les vrais agriculteurs bio à ceux qui s’y mettent
Mais cela a toutes les conséquences négatives que le travail du sol peut avoir, à savoir augmentation de l’érosion, diminution de la fertilité du sol, etc… Et donc, à terme, leur sol ne produit plus.
Bien sur c’est pourquoi le labour n’est pas une solution continuelle en vrai bio. Etudies leur histoire et leurs méthodes diverses.
Alors, certains agriculteurs biologiques sont bien conscients de ce problème, et ils essaient de semer des couverts et de réduire le travail du sol. Mais c’est extrêmement compliqué pour eux (en particulier du fait de la pression des adventices, et parce que leur sol est tres dégradé), si ce n’est impossible.

Rien d’impossible au contraire. Les sols épuisés par des modes de culture inadaptés demandent du temps pour retrouver leur fonction naturelle, mais des agriculteurs qui se mettent au bio, n’ont pas tous cet esprit qui animait les pionniers et ils voient dans ce système un moyen de gagner plus d’argent ou de ne pas crever de faim, avec un revenu enfin raisonnable.
Il en va de même pour les organismes humains, on ne cherche pas à activer ceux-ci lorsqu'ils sont épuisés(même si une certaine médecine dites conventionnelle n'en tient plus guère compte.), il faut laisser au repos, le temps nécessaire pour que les forces vitales reviennent et les adventistes ne sont pas des ennemies mais des aides que ne comprennent plus guère les cultivateurs formés au rendement, à la rentabilité.
Pourtant, le labour n’est pas sans risque et peut contribuer à des préjudices importants comme le phénomène du Dust Bowl observé dans les années 1930 aux Etats-Unis. Cette érosion éolienne a obligé les paysans américains à aborder leur production agricole de façon systémique, à imaginer et mettre en place des pratiques simplifiées pour protéger le sol et le « fixer » aux racines des plantes. Chez nous, dans le Gers, cette érosion des sols est frappante à l’échelle d’une demi-carrière agricole. « Petit à petit, en sommet de coteaux, on perd de la terre, les roches apparaissent ». 20 ans. Quand on sait qu’il faut un siècle pour former un centimètre de terre. Le constater est une première étape. Enrayer ce phénomène est de notre responsabilité. Il y a enfin la question de la matière organique : à force de labourer, de déchaumer, de biner, pour notamment lutter contre les adventices, on ne peut que « brûler », aussi vite que d’autres, notre volant de fertilité et augmenter encore la dépendance aux intrants. Nous connaissons tous dans nos diverses régions des agriculteurs bio restés depuis une dizaine d’année dans ce schéma sécurisant et qui connaissent des baisses de rendement.
Evidemment, mais quel bio leur a-t-on donc enseigné ?

Pour gérer la pression des adventices et faciliter l’implantation des cultures, les sols sont fréquemment plus travaillés par rapport à un système classique (labour, déchaumages, faux-semis, etc), avec pour conséquences la dilution de la matière organique dans la couche arable, l’érosion et le tassement des sols, etc. (RmtDevAB, 2009)

Cette thématique innovante répond à des enjeux importants mais son application n’est pas sans risques d’un point de vue agronomique (compactage du sol les premières années de la mise en place du travail du sol réduit, augmentation de la pression des adventices, etc.) (Peigné et al., Ademe, 2011).
A l’heure actuelle, nous ne pouvons pas affirmer si les systèmes de grandes cultures biologiques avec un travail du sol réduit sont une piste d’évolution pertinente pour tous les polyculteurs et polyculteurs-éleveurs biologiques.

https://www.produire-bio.fr/wp-content/ ... -light.pdf


Tout à fait ! Mais cela remet en cause des comportements, autorisés ou pas par le label qui n’a qu’une valeur relative, même si cela permet des « conversions » même par intérêt, pour diminuer la pression de lobbies chimiques.
Non, ce n’est pas un point fort de l’AB, c’en est au contraire un point faible, puisque d’une manière générale (et à l’exception des agriculteurs innovateurs tels que ceux qui s’expriment dans le document cité ci-dessus), l’AB compense l’impossibilité d’utiliser des phytos par plus de travail du sol ; et donc, plus d’érosion et moins de fixation de carbone dans le sol.
Tu continues, malheureusement à confondre AB et label AB, le second n’étant qu’un succédané de la vraie bio définie par ses fondateurs et que les gouvernements ont pervertis, dénaturés, pour que les gens mal informés tiennent ton langage, distillé dès son origine, par big pharma. Depuis 50 ans que je suis l’aventure du bio, c’est une montagne de publicité négative, de mensonges, de dénigrements successifs qui n’est toujours pas calmée. Au contraire, plus le bio sera dénigré par des journalistes aux ordres (qui ne savent même pas ce qu’est l’AB ) plus big chimie sera content et cela fait des décennies que ça dure et ils ont de gros, d’énormes moyens à leur disposition pour y parvenir, en théorie, car s’ils peuvent manipuler les médias, ils ne peuvent, ni ne pourront jamais manipuler les consciences.… pour ceux qui en ont encore une !
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Re: L'agriculture de conservation




par VetusLignum » 27/06/19, 18:02

janic a écrit :Tu continues, malheureusement à confondre AB et label AB, le second n’étant qu’un succédané de la vraie bio définie par ses fondateurs et que les gouvernements ont pervertis, dénaturés, pour que les gens mal informés tiennent ton langage, distillé dès son origine, par big pharma. Depuis 50 ans que je suis l’aventure du bio, c’est une montagne de publicité négative, de mensonges, de dénigrements successifs qui n’est toujours pas calmée. Au contraire, plus le bio sera dénigré par des journalistes aux ordres (qui ne savent même pas ce qu’est l’AB ) plus big chimie sera content et cela fait des décennies que ça dure et ils ont de gros, d’énormes moyens à leur disposition pour y parvenir, en théorie, car s’ils peuvent manipuler les médias, ils ne peuvent, ni ne pourront jamais manipuler les consciences.… pour ceux qui en ont encore une !



On ne peut pas se comprendre, car pendant que je parle de l'AB telle que je la vois pratiquée partout, vous voulez me parler de la "vraie bio définie par ses fondateurs".
Donc, merci SVP de donner des liens expliquant le type d'AB dont vous parlez.
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Re: L'agriculture de conservation




par janic » 27/06/19, 19:34

On ne peut pas se comprendre, car pendant que je parle de l'AB telle que je la vois pratiquée partout, vous voulez me parler de la "vraie bio définie par ses fondateurs".
Enfin, on y arrive et je vais prendre encore une comparaison. Mais ta réaction est compréhensible car c'est la bio reconnue officiellement et dont tous parlent et prennent pour référence. d'où le plus que bio de Did67
La diététique, contrairement à la gastronomie, est une science destinée à favoriser un meilleur équilibre (sic)alimentaire pour éviter certaines pathologies liées au mode alimentaire et quelques fois ça fonctionne. Cette diététique ne prend en compte que la composition des aliments, mais pas celui de tous les colorants, adjuvants de goût, conservateurs et que l’on peut donc comparer à l’agrochimie.(comme pour les vaccins d’ailleurs !)
Depuis peu de temps, certains diététiciens prennent en compte ces ajouts inutiles à la santé et voire même la dégradant d’où une recherche vers le moins possible de ces produits tout en reconnaissant que certains peuvent avoir un intérêt particulier comme pour des aliments cueillis avant maturité et donc sans goût à sa consommation et qu’un adjuvant peut améliorer ou un conservateur pour des produits frais à faible durée de conservation. Ca, comparativement, ce serait la diététique de conservation
La diététique bio serait le refus catégorique de ces produits puisque dommageables à la santé mais avec l’inconvénient des produits murs à faible durée de conservation et qui se résout par des circuits courts.
Quelle solution est la plus logique, raisonnable, sans danger ? Ni la une, ni la deux, seulement la trois. C'est une question de choix et de conscience.
car pendant que je parle de l'AB telle que je la vois pratiquée partout
parce qu’elle est moins exigeante que la vrai bio, c’est un peu comme un matériel de base sans aucune option améliorant son utilisation. Le prix final en tiendra compte et certains « ne peuvent pas se les payer » comme on le dit sur l’AB vraie qui serait un produit de luxe alors que les populations se sont habituées « au moins cher que » et voudraient qu’il en soit de même pour la bio alors que du produit de conservation et autres produits du même genre (comme la conversion en bio) le pourront d’où cette notion fausse de produits pour les riches car trop chers pour les pauvres (alors qu’il est aisé de démontrer le contraire chiffres en mains)
Donc, merci SVP de donner des liens expliquant le type d'AB dont vous parlez.
Par exemple Nature et Congrès ou les produits issus de la biodynamie Demeter.et les producteurs locaux où tu peux poser des questions sur leur mode de faire.
https://www.natureetprogres.org/telechargement-2/
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