Did67 a écrit :VetusLignum a écrit :
La principale question sur laquelle j’aimerais que vous partagiez votre réflexion, c’est : pourquoi cet engouement pour le jardinage, ce désir de faire pousser des plantes comestibles, même sur son balcon en ville ?
S’agit-il juste d’une mode, ou y a-t-il quelque chose de plus profond ?
De façon plus construite que ma réponse sur C8 (elle m'a surpris, j'étais en impro après une arrivée un peu particulière, peu propice à la concentration - donc la profondeur) :
a) plus l'homme s'éloigne de la nature, et plus elle lui manque ; la place des animaux domestiques en ville est symptomatique ; la majorité de ces animaux sont malheureux ; ma fille a gardé des chiens à Paris, dont un malinois qui passait sa journée en appartement en attendant son maître ; c'est très malheureux pour les animaux et montre à quel point le besoin est maladif chez ceux qui vont tous affirmer qu'ils "aiment" les animaux (et dépensent des fortunes dans des futilités, y compris des "friandises" - bonjour les anthropomorphismes !)...
Le coté "apaisant" des plantes vertes est connu et documenté. Sans doute parce qu'elles renvoient des signaux positifs à notre cerveau reptilien : il y aura à manger...
b) si on prend jardinage au sens large (donc tant les potagers que le bac sur un balcon), il y a le besoin de se ré-approprier la production de sa nourriture, d'être certain de sa "qualité" ; les différents scandales alimentaires ont évidemment laissé leurs traces ; ceci est plus crédible dans un vrai potager que sur un balcon (même si la ville, hormis les particules, est plutôt "saine" - cf les abeilles !)
c) il y a une part de rejet de la mondialisation, de la nourriture industrielle, la défiance vis-à-vis de la qualité
d) il y a une conscience croissante des méfaits de l'agriculture industrielle... Donc un coté militant.
Dans tout ça, il y a du vrai, et c'estraisonnable.
Ce qui n'empêche que le cirque médiatique, le business (y compris "bio"), les jardineries, les magazines, en font autant de "modes". J'entends par là des pensées irrationnels, "formatées", avec une idée de consommation... Donc on se replonge dans une nouvelle consommation pour échapper à la consommation (car ce n'est que ça le petit pot de persil à cartouches et à LED ! L'impact pour solutionner les varies dépendances alimentaires est infinitésimal !!!).
Tout à coup, on voit fleurir les "carrés potagers" (parce que dans les jardineries, on s'interroge comment remplir les linéaires suite au retrait des pesticides de synthèse - 4 planches pour "seulement" 39,90 €, c'est juteux ! ; parce que des "écrivains" opportunistes tentent le coup et espèrent publier leur best-seller). On voit des livres promettre l'autosuffisance sur 100 m² !!! [ce qui, si on prend le bilan calorique d'un individu, même végan, est une farce]...
Attention : "besoin réel" et mode ne sont pas incompatibles, au contraire : on a besoin de se vêtir [pour des raisons météorologiques comme pour des raisons sociales, la nudité n'étant pas la norme], ce qui n'exclue nullement la "mode" (telle couleur telle année, les jupes longues l'année n et courte l'année n+1).
Il est intéressant que hier, une nouvelle vidéo a été postée sur la question :
J’ai aussi trouvé ces articles :
https://www.santemagazine.fr/medecines- ... ger-305887https://www.consoglobe.com/eco-anxiete- ... -siecle-cgPour ma part, je pense que l’origine de cet intérêt actuel pour le jardinage, c’est en grande partie que les gens sont anxieux parce que de plus en plus conscients que leur mode vie n’est pas bon pour eux ni pour l’environnement, et qu’il n’est pas durable.
Cela inclut
- les dommages causés à la santé par les aliments du commerce, du fait des produits phytosanitaires qu’ils contiennent ou de leur faible valeur nutritionnelle.
- le coût de notre alimentation, et de sa dépendance à différents intrants, comme le pétrole (pour le travail du sol et les engrais chimiques) ou le phosphore
- le gaspillage que nous commettons à tous niveaux, et la destruction de la nature
En prenant conscience du fait que ce modèle n’est pas durable, on comprend qu’il peut s’effondrer à tout moment, et cela peut être angoissant, surtout pour ceux qui vivent en ville.
De là, faire pousser des plantes pour se nourrir donne peut-être le sentiment de reprendre en main, au moins partiellement, sa sécurité alimentaire. C’est en tout cas un premier pas.
De là, même le business des "carrés potagers" , je vois cela comme une bonne chose ; parce que l’important, pour moi, c’est d’avancer, même si c’est à petits pas.
Ceci pour dire que, dans ce monde qui doit être réinventé vers plus de durabilité, je vous vois comme un contributeur, en ce sens que, par les connaissances que vous partagez et l’ exemple que vous montrez, vous pouvez avoir une influence positive autour de vous, et contribuer, à votre niveau, à l’établissement d’un mode de vie plus durable. Un contributeur parmi d’autres, qui touche des publics que d’autres ne touchent pas.
Parmi vos messages, les plus puissants sont sans doute "on peut cultiver sans engrais si phytos", "on peut cultiver sans se donner trop de mal (en particulier, sans travailler le sol)", et "on peut cultiver avec la nature (et non contre)". Ce sont des messages qui sont plein d’espoir, en particulier parce qu’ils permettent de se dire qu’une autre agriculture (une agriculture durable) est possible. Vous préparez le terrain pour que cette agriculture soit comprise des consommateurs.
Et dans cette perspective, il me semble préférable d’avoir pour philosophie de voir le positif en toute chose, d’avoir en tête que tout ce qui va dans le bon sens est bon à prendre, plutôt que de se focaliser sur ce qui ne va pas assez loin, pas assez vite, ou pas tout à fait dans la bonne direction. Et aussi ne pas le prendre mal si on vous fait comprendre que vous pourriez aller plus loin, parce que chacun fait ce qu’il peut, et vous faites déjà énormément.