L’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) a estimé ce mardi 2 mai que le glyphosate n’est pas cancérigène. https://www.atlantico.fr/decryptage/357 ... rcel-kuntz
Du coups, tout ces procès en vue de toucher le gros lot ...Avec Marcel Kuntz
Atlantico : Alors que l'Agence américaine pour l'environnement vient de rendre un rapport qui dédouanait le glyphosate de toute nature cancérigène, la France continue de porter le combat contre le désherbant, et de nombreux titres d'articles montrent un fort pessimisme sur les conclusions scientifiques de l'agence américaine. Ne peut-on pas dire que le glyphosate est aujourd'hui devenu une obsession française ?
Marcel Kuntz : Il y a d’abord une obsession européenne des risques, qui amène souvent à sacrifier les bénéfices des technologies. En ce qui concerne les pesticides, près de 1000 molécules étaient autorisées dans l’Union Européenne au début des années 2000 et moins de 300 en 2011. Ce n’est pas forcément injustifié dans tous les cas, encore faut-il l’expliquer et ne pas laisser des fake news sur les méfaits des pesticides devenir pensée unique, alors que l’on baigne dans le précautionnisme.
La France a de plus un problème spécifique : la sur-réglementation, sous forme d’arrêté ministériel sur les modalités d’utilisation des produits phytosanitaires, de plan interministériel de réduction des risques phytosanitaires, de Grenelle de l’environnement, de plans Ecophyto….
Encore une fois, tout n’est pas à jeter, mais l’excès nuit gravement : Il y a désormais plusieurs centaines de besoins agricoles non pourvus ou mal pourvus en protection phytosanitaire. Dans certains cas, la production devient impossible et la durabilité des exploitations est en jeu. C’est le cas par exemple pour le diméthoate sur les cerises, interdit en France alors qu’il n’y a pas réellement de risque pour les consommateurs, mais qui reste autorisé au niveau européen, d’où un handicap des producteurs de cerises français.
En ce qui concerne le glyphosate, on peut déplorer les fausses informations, surtout en prime time de la télévision publique, ce qui est en soi un scandale démocratique. De plus, cet herbicide a quitté l’analyse technique raisonnée pour devenir un enjeu politicien pour le gouvernement. Il s’agit de séduire une partie de l’électorat « écolo ». Le gouvernement a donc fait sien l’interdiction du glyphosate, pour aller dans le sens du vent. ...