par Did67 » 20/05/18, 22:06
Encore un exemple d'idée "tarte à la crème" et d'une absence totale de cohérence, de mon point de vue :
1) je n'arrive pas à être autosuffisant dans mon potager certes pas champion de la productivité (comme me le rappellerait sicétaitsimple dont je n'ai pas de nouvelles et qui nous manque), mais tout de même...
a) parce que faire pousser des bananes, c'est difficile ; j'ai aussi du mal avec les ananas, les goyaves, les oranges et mandarines (même si j'ai 2 ou 3 citrons d'Alsace !)
b) parce qu'avoir des salades, que j'aime bien, en hiver, j'ai du mal
2) Et cela servirait à quoi, si par ailleurs, j'achète mes pâtes, mon riz, mon boulgour, ma quinoa, le tofu de soja, etc... J'ai oublié le sucre, le beurre, les filets de truite fumée que j'aime bien rajouter à ma salade... ET aussi les Rollmops (filets de harengs crus conservés dans le vinaigre) Et ainsi de suite. Bref, si par ailleurs, 90 % de mes calories proviennent d'ailleurs. C'est juste de la myopie. Ou de la frime ! Choisissez !
3) Plus philosophiquement, la "mode" de l’autosuffisance est pour moi un des multiples signes du replis sur soi, de régression. Si les premières cyanobactéries, il y a 3,4 ou 3,7 milliards d'années avaient décidé d'être autosuffisantes (ce qu'elles étaient par nécessité au départ), avaient donc décidé de le rester, jamais ne se seraient développé des pluricellulaires, jamais ne seraient apparus des organismes plus complexes et au bout, jamais ne serait apparu l'homme. Tout dans le vivant, va dans le sens de la coopération, y compris les mycorhizes, les rhizosphères... Et pas du tout dans le sens de l'autosuffisance !
Pour moi, c'est donc une "erreur conceptuelle". Une régression mentale.
4) L'autosuffisance est confondue avec l'indépendance (alimentaire en l’occurrence), qui est le fait de ne pas dépendre ! Mais il y a deux façons de ne pas être dépendant : être dans un réseau d'échanges sincères et équitables, ou être autosuffisant. Bref, c'est les réseaux ou "into the wild" !
On retrouve toujours les mêmes effets de balanciers qu'on a déjà évoqué pour le "bio" : en réaction à un constat négatif réel (pour le bio, les dérives de l'agriculture productiviste conventionnelle et ses effets négatifs sur la santé, l'environnement, le goût et le plaisir ; pour l’autosuffisance, l'agrobusiness et la "malbouffe", nourriture marchandisées a outrance et objet de spéculations capitalistiques), on pense que la solution est dans "les contraires", dans "l'opposé".
Le "bio", défini comme l'usage de produits naturels à la place des intrants de synthèse. Et on zappe l'essentiel : travail du sol destructif, effets délétères de certains produits naturels (sulfate de cuivre par exemple), des traitements thermiques du sol, etc...
Ou "autosuffisance" alimentaire, extrêmement partielle donc nécessairement d'affichage au point d’en être, dans une approche globale des calories consommées dans un ménage, ridicule ! Je rentre crevé d'une conférence, après avoir accueilli des gens pendant 3 jours successifs, mais relacez-moi quand ce sera calme, on fera un calcul "macro" en regardant le nombre de calories d'une alimentation d'un ménage sur un an, et le potentiel de calories de la biomasse produite dans un "carré" en connaissant l'énergie incidente et le rendement de la photosynthèse X la part de la biomasse produite qu'on consomme. D'ici là, on peut ouvrir les paris : 1 %, 5 %, 10, 20 %, 50 % [j'avoue ne pas savoir, pour cela je ferai le calcul !]
Reste quoi ? Les caricatures ! "Mange, c'est du bio" et autres bobologies. Ou "autosuffisance" de façade, sans aucun impact réel sur le bilan alimentaire.
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