Capitalisme durable, une autre croissance en vue?

Economie actuelle et développement durable sont-ils compatibles? PIB, croissance (à tout prix), développement économique, inflation...Comment concillier l'économie actuelle avec l'environnement et le développement durable.
Christophe
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Capitalisme durable, une autre croissance en vue?




par Christophe » 15/05/09, 10:08

Capitalisme durable. A quoi la croissance peut-elle servir ?, Ecolife, 04/05/09 Jean-Michel Lebouvier, banquier d'affaires

Apres avoir ete "morts de trouille" pour l'effondrement du systeme financier mondial, puis inquiets de la decroissance economique mondiale, nous sommes maintenant, nous disent nos amis economistes et medias, tres preoccupes a chercher qui va finalement payer les plans de relance engages par tous les gouvernements.

Le sujet est important mais, a passer ainsi d'un theme a l'autre, on en oublierait presque le seul veritable point positif de cette fameuse crise : l'obligation viscerale, immediate, de se remettre en cause, de repasser au filtre des veritables besoins toutes nos petites envies. Peu de journaux economiques en parlent et il faut aller dans les grands quotidiens populaires pour comprendre a quel point cette remise en cause a ete, en quelque mois, profonde et, sur le long terme, salutaire. Il est vrai que ce sujet depasse le seul champ economique et qu'il faut aussi pouvoir se projeter au dela de l'annee 2010 !

L'exercice est difficile aujourd'hui pour un journaliste comme un decideur economique ou politique mais il est imperatif pour pouvoir tenter de comprendre et donc anticiper. Socialement, affectivement, culturellement, les six derniers mois ont bouleverse les lignes qui dessinaient notre environnement depuis des decennies. Nous sommes alles, avec tous ses exces, au bout d'un monde avec ses codes, ses modes de vies et il nous faut maintenant reinventer un nouveau monde. Le changement le plus majeur, peut-etre, est que nous sommes tous ou presque (note de christophe: c'est bien de le préciser...) desormais conscients de vivre dans un village planetaire et qu'une vie agreable dans ce village ne resultera que de nos decisions et ne pourra exclure un pays ou une classe sociale. Le virus de la grippe porcine au Mexique n'est a ce titre qu'un petit rappel pour ceux qui voulaient deja oublier cette nouvelle regle de vie.

Dans ce nouveau monde, les adeptes de la decroissance semblent avoir perdu de l'audience, tant les consequences d'un ralentissement economique sur quelques mois semblent deja difficiles a gerer pour une population toujours croissante.

La question est alors : quelle croissance ?

Tous les plans de relance ne se valent pas et le seul critere de la taille ne signifie rien ! Comment comparer sur le long terme un investissement dans un nouveau plan de transport public pour Paris et le soutien a l'industrie automobile, pour rester dans le seul domaine des transports ? Ces decisions, ces choix qui doivent etre faits dans l'annee qui vient vont influencer profondement notre vie et celle de nos enfants. L'investissement que nous allons tous faire dans un plan de relance, et donc de depenses publiques, doit etre fait en connaissance de cause.

Oublions donc un instant la crise et les peurs qui l'entourent et tentons de reflechir ensemble a ce nouveau monde. Une election europeenne se presente prochainement. C'est le moment de demander a nos representants politiques de nous dessiner les grandes lignes de ces choix futurs.


http://www.eco-life.fr/a_quoi_la_croiss ... servir.php
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par Christophe » 15/05/09, 10:23

Point de vue. Il faut que la France adopte le "capitalisme naturel", par Amory Lovins et Lionel Bony, Le Monde, 09/05/09

La crise economique actuelle montre les limites d'une approche centree sur les gains financiers a court terme au detriment de la prosperite a long terme. Le capitalisme traditionnel n'attribue de valeur qu'a deux sortes de capital, l'argent et les biens produits, mais ignore la valeur de deux autres formes de capital, les hommes et la nature. Or utiliser et faire fructifier les quatre types de capital (l'argent, les biens produits, les hommes et la nature) permet aux entreprises de gagner plus d'argent tout en contribuant au bien-etre general, present et futur.

Ce changement d'approche peut passer par l'adoption du "capitalisme naturel" (Natural Capitalism), un concept propose il y a dix ans par Hunter Lovins, Paul Hawken et l'auteur de ces lignes. La transition vers le capitalisme naturel implique quatre mutations dans nos pratiques industrielles et commerciales :

1. Une augmentation drastique de la productivite des ressources naturelles : reduire le gaspillage qui caracterise les flux de matieres premieres, depuis leur extraction ou leur recolte jusqu'a la fin de vie des biens de consommation represente une opportunite economique importante. Les entreprises qui repensent fondamentalement la maniere dont elles concoivent leur systeme d'approvisionnement et leur modele de production peuvent ameliorer la productivite des ressources naturelles qu'elles utilisent 5, 10, voire 100 fois, par rapport a leurs concurrents.
Un projet recent du Rocky Mountain Institute pour une entreprise gerant des centres de donnees illustre cette idee. Le nouveau centre de donnees que nous avons concu consomme 75 % d'electricite en moins, coute 10 % de moins a construire et bien sur beaucoup moins en fonctionnement ; il generera plus de revenus par serveur et par unite de surface qu'un centre de donnees classique. Inaugure en septembre prochain, ce centre permettra a l'entreprise de repondre a la demande de ses clients de maniere plus rentable ; il lui servira de modele pour la renovation de ses centres existants ; il lui permettra de reduire son empreinte carbone.

2. Une transition vers des modeles de production inspires par la nature : le capitalisme naturel ne vise pas simplement a reduire les dechets, il propose d'eliminer la notion meme de dechets. Cette ambition peut etre realisee par la mise en place des systemes de production "circulaires", calques sur ce qui se fait dans la nature, ou tout produit en fin de vie devient un element nutritif pour l'ecosysteme, ou pour la fabrication d'un autre produit.
Un bon exemple de ce concept est celui de Patagonia, un des leaders des vetements de montagne aux Etats-Unis. En 2005, la societe a lance en collaboration avec Teijin, un fabricant japonais de tissus et fibres, un programme qui permet la reprise et le recyclage de ses vetements en polyester. Ce programme invite les consommateurs a rapporter au magasin leurs vetements uses. Ceux-ci sont a leur tour tisses en vetements de qualite identique a ceux fabriques a partir de la matiere premiere initiale. Les vetements fabriques a partir de fibres recyclees economisent 76 % de l'energie et 71 % des gaz a effet de serre par rapport au cycle de production de vetements traditionnels.

3. La mise en place de modeles economiques bases sur les services : les modeles economiques traditionnels sont centres sur la production et la vente de marchandises. Avec le capitalisme naturel, la valeur provient plutot d'un flux constant de services allant de l'entreprise au consommateur. Un bon exemple de ce modele est la "servicization" des produits chimiques (chemical servicization), ou le fournisseur ne vend pas les produits chimiques eux-memes, mais le service qu'ils rendent.
La remuneration du prestataire est alors liee a la quantite et la qualite des services fournis, et non au volume de produits chimiques vendus. Lorsque Raytheon, un des principaux sous-traitants de la defense aux Etats-Unis, a decide d'adopter ce type de contrat avec le fabriquant de produits chimiques Haas TCM, l'entreprise a reduit ses achats et couts de gestion de produits chimiques de 30 % a 40 % ; elle a diminue ses dechets chimiques de 85 % ; elle a pratiquement elimine l'utilisation de solvants et de composes organiques volatils ; elle a economise 400 000 dollars en couts de fonctionnement annuels.

4. Un reinvestissement dans le capital naturel : en fin de compte, les entreprises doivent contribuer a restaurer, maintenir, et developper les ecosystemes de la planete afin qu'ils puissent continuer a fournir leurs services essentiels et a maintenir le stock de ressources biologiques irremplacables. Cette mutation est susceptible de creer d'innombrables opportunites economiques. Par exemple, en 2002, la ville de New York a pu eviter de depenser 5 milliards de dollars en investissant dans un programme peu couteux de restauration ecologique du bassin versant des Catskills Mountains ou la ville s'approvisionne traditionnellement en eau, plutot que dans la construction d'une nouvelle station d'epuration.
En depit de ces succes ponctuels, on reste encore loin d'une transformation de notre modele economique. La plupart des entreprises se comportent toujours comme si les hommes constituaient le facteur de production rare et la nature le facteur de production abondant, a l'image de ce qui etait le cas lors de la premiere revolution industrielle. Or le facteur rare a change depuis le XVIIIe siecle : de nos jours, les hommes ne sont pas rares, mais la nature l'est devenue. Ce changement de paradigme s'observe en priorite dans les secteurs qui dependent directement de la bonne sante des ecosystemes.

On voit par exemple l'industrie de la peche contrainte desormais par le nombre de poissons plutot que par la capacite des bateaux, comme l'illustre actuellement la crise des quotas de peche. Contrairement a ce qui etait le cas pour les facteurs traditionnels de la production industrielle, le capital et la main-d'oeuvre, les facteurs ecologiques et biologiques limitatifs ne peuvent etre substitues l'un a l'autre. Ainsi, il n'existe pas de technologie ou d'investissements qui puissent se substituer a un climat stable ou a une biosphere productive.

Le capitalisme naturel s'attaque a ces problemes en reconciliant les objectifs economiques et ecologiques. La France a une occasion unique d'adopter ce nouveau modele. La capacite de ce pays a mettre sur le marche des innovations aussi interessantes que le Velib', couplee a certaines interventions intelligentes du gouvernement telles que le bonus-malus (un concept que nous avions invente au debut des annees 1970) montrent un esprit de projet et un pragmatisme certain dans sa mise en oeuvre.
En mariant sa longue tradition d'innovation et de prouesses techniques, avec son intention plus recente de concilier economie et environnement (dont avait semble-t-il temoigne le Grenelle de l'environnement), la France peut devenir le chef de file dans l'adoption du capitalisme naturel. Ainsi renforcerait-elle considerablement la competitivite de son economie, la prosperite de ses habitants et la securite de son appareil productif. Elle contribuerait de maniere decisive a la sauvegarde d'une planete vivable pour l'espece humaine.

Amory Lovins est cofondateur, president et directeur scientifique du Rocky Mountain Institute, centre de recherche americain sur l'energie. Lionel Bony est directeur au Rocky Mountain Institute.


http://www.lemonde.fr/archives/article/ ... 965_0.html
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par Remundo » 15/05/09, 13:40

Salut Christophe,

Pas mal de point de vue "capitalisme naturel"

Le capitalisme n'aura de sens que s'il se fonde sur le bon sens : à savoir:
1. Un recentrage sur la production de bien et de services
2. Le respect des salariés
3. Une approche environnementale durable
4. L'argent se limitant à être un moyen et non une fin en soi...

:idea:

@+
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par Christophe » 15/05/09, 13:45

Ben ce n'est plus du capitalisme alors :mrgreen:
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par Remundo » 15/05/09, 14:57

Ben si...

Le problème est que le capitalisme est assimilé constamment aux dérives du capitalisme et pour parler trivialement, à la moindre connerie où quelques billets sont en jeu. :?

Le capitalisme, c'est la propriété privée des moyens de production et de services avec le droit d'en disposer librement.

Paradoxalement, les traders ne sont pas capitalistes. Il se contente de spéculer sans rien produire ni rendre aucun service, si ce n'est à leur propre banque, ce qui n'a rien à voir avec le capitalisme :idea:

Par ailleurs, le capitalisme n'a de sens que si les Etats garantissent l'ordre, financent des infrastructures et surtout assurent une redistribution des richesses, sans pour autant confisquer les richesses (modèle soviétique).

Ainsi, capitalisme et étatisme sont 2 frères ennemis et seul un juste équilibre entre les deux garantit un niveau de vie maximum au plus grand nombre...
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par Christophe » 15/05/09, 14:58

Oui, c'était de l'ironie Raymond!
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par Remundo » 15/05/09, 15:30

:P Alors trinquonsImage
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