Bonjour, ici François, le papa des écoquilles, qui va tenter de répondre aux quelques questions posées sur ce forum. Je ne sais pas bien me servir d'un forum, j'espère que ça va aller...
J'invite tout le monde à aller sur mon site,
www.pierre.verte.com, pour mieux découvrir les écoquilles et y lire les réponses aux questions que vous vous posez et que j'y reporterai.
Bon, je vais éclaircir certains points. D'abord les personnes et leurs rôles respectifs. La société Efdé Innovations, qui fabrique et commercialise les écoquilles, a été fondée par moi-même (voir CV sur mon site) et compte deux associés, Martine, ma compagne dans la vie qui s'occupe du relationnel commercial, et Pierre-Elie qui m'aide à mettre mes idées en pratique. Pierre-Elie a un peu moins de trente ans, il est convaincu d'écologie et formé à la conception de constructions bois. Il a créé un cabinet de conseil en éco-construction, en nom propre, qui consacre la quasi totalité de son activité à l'Ecoquille. Pierre-Elie participe donc à la conception sur le plan technique essentiellement, mais pas que, en pratique aussi, la main dans la pâte. Il est tellement passionné par le sujet qu'il met deux heures à s'endormir tous les soirs, à remuer toutes les idées que nous avons, à tirer les conclusions que nos prototypes nous inspirent, à imaginer des développements pour notre concept. Et quand il se réveille le matin, c'est déjà avec l'Ecoquille dans la tête, prêt à bosser et à faire tourner ses méninges. Il a sérieusement attrapé le virus ! Il est surmotivé et prêt à tout mettre sur le tapis pour que les Ecoquilles puissent grandir. Ce n'est plus un boulot pour lui, c'est un sacerdoce, comme pour moi.
Martine, elle, a d'autres activités professionnelles, en particulier pour mes éditions de La Pierre Verte. Mais elle est forcément très impliquée dans le projet Ecoquille et se fait habituellement le relais des réflexions de nos futurs clients. Elle se charge donc de définir leur souhaits, de les orienter, de les conseiller. L'achat d'une maison est une affaire délicate et importante pour chacun et Martine rassure, explique, démontre la cohérence globale de notre habitat innovant, tout en nous permettant de tenir compte des suggestions exprimées par les personnes intéressées. Il faut aussi citer Laurence, la secrétaire de rédaction de La Pierre Verte, qui met un peu d'ordre dans notre paperasses et m'aide sur différents points de gestion.
En juillet 2007, nous avons embauché deux jeunes salariés, Clément et Hugues, pour fabriquer et monter nos prototypes. Clément a trouvé le boulot trop dur, trop éloigné de ses études. P'têt' qu'il était un peu jeune pour un tel premier job. Hugues, bientôt trente ans lui aussi, a reçu une formation sur le bâtiment et l'écologie. Il aime bien l'ambiance dans notre entreprise et c'est ce qui l'a d'abord motivé. Mais lui aussi a fini par tomber raide dingue de l'Ecoquille et il se défonce sur nos chantiers pour concrétiser notre rêve commun. Il a attrapé le virus, gravement, et c'est encore un passionné de plus dans notre équipe, vraiment passionné. Pierre-Elie et Hugues sont heureux de bosser sur l'Ecoquille car elle développe leur créativité et leurs compétences. Elle met aussi leur travail, leur vie, en accord avec leurs convictions. Ils y voient une situation d'avenir à long terme, une vocation. Croisons les doigts pour que tout ceci se concrétise rapidement.
Et puis, nous avons des supporters, parfois fervents. Chacun a sa façon d'agir et je pense à Michel Marchand, de l'oasis de Bellecombe dans la Drôme qui remue ciel et terre pour l'habitat alternatif, je pense à l'équipe de l'AES et François Plassard, qui aimeraient des écohameaux d'écoquilles, à Stanislas qui nous a donné un sacré coup de main, à Brigitte et Evelyne, premières écoquiliennes qui ont rendu la réalisation du rêve possible en l'adoptant totalement, à Jean-Michel, président de l'association Ecorce qui nous présente partout à l'occasion, sans parler de nos fournisseurs, coups de mains et soutiens (Aliécor, Aquabrasion, Ecolopole, Ecologie et Patrimoine, Gino Zanin, etc) et maintenant à Frédéric Thanron qui s'est proposé pour lancer un réseau ou une association des écoquiliens. Je ne l'ai pas rencontré encore mais il s'active et le présent post dans ce forum en est la conséquence.
Voilà pour les acteurs et leurs rôles, pour éviter les confusions et pour les remercier de ce qu'ils sont et font. Passons maintenant aux questions posées messages après messages.
D'abord l'inertie. Effectivement, l'écoquille n'a aucune inertie, et c'est voulu. L'inertie cela représente du poids de matériaux, par nature, et nous cherchons à alléger l'écoquille le plus possible. De plus, ceux qui ont longtemps vécu dans de vieilles demeures en terre ou pierre (j'en suis) savent que l'inertie c'est bien en été parce qu'on peut capter la fraicheur nocturne mais qu'en général l'effet s'atténue après quelques jours, ou deux ou trois semaines, car vient toujours le moment où l'inertie de la maison est rattrapée par le climat alentour. En hiver l'inertie d'un habitation permet de lisser les écarts de température dus au chauffage de tel ou tel type, mais elle demande beaucoup d'énergie pour être efficace. Exemple, un poêle à bois à accumulation (j'en ai un) a tellement d'inertie qu'il commence à chauffer deux ou trois heures après que l'on soit rentré du travail et il apporte son confort essentiellement durant la nuit, quand on en a moins besoin. Dans une maison à forte inertie, il faut chauffer constamment, modéremment et avec beaucoup de rayonnement infrarouge. C'est pourquoi les cheminées anciennes étaient si grandes. Les braises rayonnaient sur une surface maximale pour pouvoir suffisamment charger les murs. Dans les écoquilles, c'est l'isolation qui joue un rôle primordial. Les besoins en chauffage sont très réduits pour trois raisons : un faible volume d'air à chauffer, aucun pont thermique avec la température externe, des parois qui ne consomment pas l'énergie intérieure, sans aucune inertie donc. Par contre nous proposons un type de chauffage très réactif, les miroirs chauffants rayonnants, qui apportent tout le confort nécessaire. Ils seront si peu sollicités que nous espérons pouvoir chauffer nos habitations avec très peu d'électricité, si peu que nos maisons pourront bientôt être les premières à être chauffées au photovoltaïque. Nous avons privilégié l'isolation car c'est la seule voie efficace, écologique, économique et durable.
Autre question : Louphil s'inquiétait de la renouvelabilité des matériaux employés dans l'écoquille et de l'utilisation "à outrance" de ressources renouvelables issues de l'agriculture comme le bois. Alors là, j'invite les personnes intéressées à lire mon livre "J'attends une maison" qui détaille les conséquences environnementales pour chacune des options de construction envisageables. Concernant les écoquilles, le liège que nous employons provient exclusivement du recyclage de bouchons. Il faut également savoir que les suberaies (plantations de chêne-liège) sont actuellement sous exploitées dans le monde, pratiquement abandonnées en France, au Maroc, en Grêce, en Espagne, en Algérie, suite à une politique hégémoniste du Portugal en la matière. Pour les autres bois, sachant que la France gagne 30.000 hectares de forêt chaque année, il faudrait des dizaines de milliers d'écoquilles chaque année pour stopper cette expansion de la forêt nationale. C'est d'autant moins improbable que la moitié du bois des écoquilles provient aussi du recyclage des copeaux de l'industrie du meuble. Il faudrait donc que 100% des constructions nouvelles dans le monde se fasse selon nos critères pour que cela commence à poser problème pour l'environnement. Pour la laine de chanvre, on sait que la culture de cette plante est rapide et sans engrais ni pesticide. Face à tout cela, ce sont bien les plastiques et autres produits dérivés du pétrole qui sont en cours d'épuisement et, justement, l'écoquille est une alternative pour éviter la crise vers laquelle nous avançons à trop grands pas.
Autre question : les écoquilles sont des constructions trop individuelles écrivait un autre contributeur, Gregconstruct. Je vous invite alors très fort à lire la petite nouvelle que j'ai pondue, façon fiction, et dont l'URL est
http://www.pierreverte.com/index.php?op ... Itemid=105. Elle explique en termes romanesques ce que je pense du procès que l'on fait aux habitants de maisons individuelles, procès absurde et mal intentionné, mené par des citadins frustrés et jaloux (!...), victimes et complices d'une propagande éhontée des gros industriels (pas moins). Et puis l'écologie ne doit pas être un prétexte à l'étranglement de nos libertés. Comme il est écrit dans ce forum, tout le monde rêve d'une habitation à soi. Les grands ensemble, les cages à lapins, ça ne convient à personne, même pas aux lapins. Pour compléter, voici quelques ordres de grandeur : si l'on prend la population mondiale et que l'on met deux personnes par mètre carré, debout, vous pensez que cela prend quelle place ? Calculons : ça fait un demi département français, à peine. Et si l'on compte un peu moins de 2 milliards de foyers humains dans le monde, à raison de 300 mètres carrés de terrain pour chaque, ce qui est déjà assez confortable, on arrive à une superficie de 550 milliards de m2, soit 550.000 kilomètres carrés, soit la superficie de la France en tout et pour tout, ceci pour loger décemment tous les habitants de la planète, chacun avec son espace pour faire pousser quelques légumes, pour composter, pour stocker l'eau de pluie, pour poser des capteurs photovoltaïques, etc. Chers amis écolos, attention : l'idée selon laquelle les habitants des campagnes sont de gros consommateurs d'énergie est une pure propagande. Tous les calculs et indices sérieux et historiques prouvent le contraire. Ne nous laissons pas abuser. Et pour nous, l'écoquille est justement la meilleure solution, vu son faible poids, pour résoudre les questions d'urbanisme du futur. Regroupées en hameau, elles sont le seul habitat possible pour le bien-être à la fois des populations et de la planète (bien-être que nous ne voulons pas opposer l'un à l'autre).
Autre question : l'habiltabilité. Décidemment, cher Gregconstruct, il faudrait que vous veniez voir le résultat de notre travail avant de faire vos commentaires trop théoriques et conventionnels. Car, en effet, nous y avons tellement travaillé que nous pouvons affirmer qu'une écoquille présente systématiquement 30 à 50% d'habitabilité en plus, comparativement à une maison ordinaire. Nous mettons des portes coulissantes entre les pièces, nos radiateurs agrandissent l'espace au lieu d'en consommer (mioirs), pas de couloir inutile, pas d'espace chaufferie, pas de cuve combustible, pas de local pour le cumulus, des éclairages étudiés spécialement pour optimiser les espaces intérieurs, etc... Nous nous sommes concentrés sur la question de l'habitabilité pour proposer une habitation hors-normes et beaucoup plus spacieuse qu'une autre. De plus, tous les espace sous 1,8 m ne sont pas comptés fiscalement, ce qui la rend encore plus économique. Nous croyons aussi qu'il est inutile de chauffer les coins d'une maison, les volumes sous plafond, etc.
D'où une autre question : la ventilation. Là encore, attention à la propagande. Les recommandations actuelles sont données dans le cadre d'un habitat dont l'air intérieur est dangereux. Evidemment qu'il faut aérer si vous habitez dans une boîte en polystyréne (le styrène est un neurotoxique violent) où si votre chauffage a besoin d'oxygène. Mais dans une écoquille les besoins de renouvellement d'air se limitent à la respiration des habitants, c'est-à-dire à très peu. Nous avons, en plus, décidé de dissocier les fonctions d'aération de celle d'éclairage et nous ne voulons pas qu'on aére en ouvrant les fenêtres. Les fenêtres donnent de la lumière et ce sont des ouvertures réglables qui permettent la ventilation. Nous prenons l'air frais au nord, dessous l'écoquille, et l'air vicié s'échappe en haut, au milieu de l'écoquille, par thermosyphon, c'est à dire sans assistance mécanique. L'avantage de cette méthode est sa sobriété énergétique, son réglage fin, sa facilité à coupler avec un puits canadien.
Bon, j'arrête là. Pourtant, il y aurait encore plein de choses à écrire et on le fera. Bien amicologiquement, François
Ps : Je lis, suite à un débat interne à ce forum : "Les comportements extremistes pour la défense d'une cause (quelqu'elle soit) n'ont malheureusement que rarement fait bouger les choses dans le bon sens. Bien au contraire...." Permettez-moi de dire ce que j'en pense : je suis totalement en désaccord avec cette phrase et j'affirme au contraire que seuls les plus radicaux d'entre nous sont capables de faire bouger les choses. Descartes a fait des ravages dans nos cerveaux comme cette volonté de tout renvoyer dos à dos et de ne plus se permettre de jugement de valeur sous prétexte du respect des autres. Aujourd'hui, on fait un article sur les éoliennes pour vanter leurs mérites, et on laisse la parole à EDF (via l'association Vent de Colère) pour faire un pendant, totalement inutile et malhonnête. On affirme que les bergers ont des raisons sérieuses de ne pas vouloir d'ours à proximité, alors qu'il gagnent dix fois plus à perdre une brebis entre ses griffes qu'à la vendre en boucherie. Au total, on voudrait tout mettre sur un plan d'égalité, et la valeur, l'éthique, disparaît. On affirme que le nazisme et le communisme se valent bien, etc... On mesure l'utilité d'un projet à son poids en euros, tandis qu'investir dans un hopital ou dans un porte-avions n'a rien à voir. Désolé mais je n'adhère pas à cette fausse modération et j'affirme, comme Goethe, que "Rien de grand ne s'est fait sur cette terre sans passion". Je pense que si Gandhi avait été intellectuellement français, il n'aurait jamais existé. Bref, je tiens à défendre mes idées, et mes actes, avec les dents s'il le faut. Je sais, cette réflexion ne me grandira pas aux yeux de beaucoup. Et bien tant pis. Je ne suis pas prêt à mettre de l'eau dans mon vin en matière de défense de l'environnement. Je préfère ceux qui s'enchaînent devant les buldozzers dans la Vallée d'Aspe à ceux qui dissertent sur le ton de tel ou tel commentaire. La modération dont on voudrait faire preuve, purement intellectuelle, fait le lit de la tromperie généralisée, des manipulations, des mensonges. Et c'est bien à cause de cette hésitation dans nos convictions que le monde va de plus en plus mal. Alors courage et luttons. Oui, luttons... Y'a pas le choix. C'est une lutte. Pour faire passer l'écoquille, le combat me demandera encore beaucoup plus que le bout de pouce que j'ai perdu il y a deux mois sur une scie et les dizaines de milliers d'euros que j'ai dû sortir de mes poches, sans aucune certitude de retour et au risque de faire couler mes autres activités professionnelles. Faire de l'écologie aujourd'hui, de l'écologie sérieuse et sincère, c'est une sacrée paire de manche. N'imaginons pas que ce soit passé dans les mœurs. Ce ne sont pas les nouvelles pubs démagos pour les bagnoles et le retour nuisible des pompes à chaleur qui peuvent convaincre d'un changement de notre société. Non, je pense qu'au contraire, le poisson est en train d'être noyé comme jamais. Là encore, je vous renvoie à "Phase 2", ma petite nouvelle romancée qui en dit long sur le sujet.