Le pétrole, gisement de richesse pour Genève

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Le pétrole, gisement de richesse pour Genève




par freddau » 03/11/06, 16:13

Un tiers des échanges de pétrole brut se fait à Genève. Plusieurs grandes compagnies pétrolières y ont recentré leurs activités. Les banques y ont installé leurs centres de financement des matières premières. Des milliers de personnes en vivent.


MARC LECOANET se penche sur son ordinateur : devant ses yeux défile la liste des pétroliers qui font route à travers la mer Baltique, la mer Noire ou la Méditerranée. Certains ont chargé leur cargaison dans les ports de Vitino ou d'Arkhangelsk en Russie septentrionale, traversant les zones de glace pour ramener le brut vers le Sud. Régulièrement, les commandants des tankers indiquent leurs positions, font le point sur les conditions de voyage. À Genève, dans les bureaux de Riverlake, la société de transport maritime dirigée par Marc Lecoanet, une trentaine de personnes suivent de près ces déplacements. Pour certains de leurs clients, comme Total, ils jouent le rôle d'intermédiaire entre le propriétaire de la cargaison de pétrole et l'armateur. Comme une myriade de sociétés présentes aux différents échelons de la chaîne du commerce pétrolier, Riverlake s'est installée à Genève. Il y a d'abord de nombreuses institutions financières qui consacrent de larges pans de leurs activités au pétrole. Sur les deux rives du Rhône, les bâtiments de BNP Paribas font face à ceux du Crédit agricole. C'est ici que les banques ont placé leur centre de financement des matières premières, pétrole en tête. BNP Paribas, leader mondial du domaine, y emploie trois cents personnes. Le Credit suisse, l'Union de banques suisses (UBS) sont d'autres acteurs clés de la place.

15 milliards de dollars échangés chaque année


À quelques encablures, Total, l'une des cinq majors (les plus grosses entreprises pétrolières), a placé le quartier général de ses activités commerciales. Après sa fusion avec Elf, le groupe a choisi de faire venir à Genève la majorité de son personnel. La russe Lukoil, numéro deux de la distribution en France après Total, est également présente au centre-ville, et c'est de Genève que sont réalisées ses opérations commerciales via sa filiale Litasco. Rosneft et la hollandaise Vitol disposent aussi d'enseignes dans la cité. Sont aussi présentes les plus grosses sociétés de trading, parmi lesquelles Sempra Trading et Mercuria. Deux des plus importantes entreprises d'inspection, la Société générale de surveillance (SGS) et la Cotecna, ont choisi Genève pour établir leurs sièges. Enfin, des spécialistes en géologie, des sociétés d'exploration, plusieurs entreprises maritimes et une pléthore d'avocats d'affaires complètent le tableau.

Sur les 180 000 habitants de Genève, entre 3 000 et 5 000 travaillent dans le négoce de pétrole. Désormais, on estime qu'un tiers des échanges de brut transite par la ville du bout du lac Léman ; environ 15 milliards de dollars y seraient échangés chaque année. Si Londres se maintient à la tête du trading (achat et vente), Genève, qui la suit de près, s'est fait une spécialité du financement des activités pétrolières, c'est-à-dire la couverture des risques liés à ce commerce.

Trois atouts : la discrétion, la fiscalité et les organisations internationales


Pour expliquer cet engouement pour la place genevoise, Conrad Gerber, président de la société de conseil Petro-Logistics, cite la réputation des institutions financières, l'inimitable discrétion suisse, son secret bancaire et la bonne qualité des infrastructures. Par ailleurs, l'existence à Genève de nombreuses organisations internationales et notamment celles liées au commerce (Organisation mondiale du commerce-OMC, Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement-Cnuced) draine dans la ville une multitude de spécialistes et d'interlocuteurs potentiels. La petite taille de la ville facilite en outre les rencontres informelles : il suffit parfois de franchir quelques mètres pour entrer en contact de visu avec un partenaire d'affaires.


Gati al-Jebouri est directeur de Litasco. À Genève, il apprécie « les arrangements fiscaux particulièrement avantageux que la Suisse pratique sur les sociétés étrangères et la possibilité de négocier avec les autorités ». Ainsi, d'après les estimations d'un spécialiste, le taux d'imposition des sociétés est d'environ 10 % à Genève, alors qu'il atteint près de 25 % à Londres. C'est aussi au savoir-faire et à la flexibilité suisses que les acteurs font référence pour expliquer leur choix : pour Jacques-Olivier Thomann, responsable mondial du financement du commerce des matières premières chez BNP Paribas, la longue tradition de la Suisse romande dans le commerce des matières premières, qui remonte au début du XX e siècle, donne aujourd'hui aux spécialistes la maîtrise de cet environnement. Des instruments financiers nouveaux ont suivi l'évolution de ce marché.


Enfin, il y a quelques années, le programme des Nations unies « Pétrole contre nourriture » à destination de l'Irak a fait fleurir de nouveaux intermédiaires qui ont choisi Genève comme résidence.


Le 28 septembre, 17 entreprises actives à Genève dans le commerce des matières premières ont décidé de se regrouper au sein de l'Association du négoce et de l'affrètement. Présidée par Jacques-Olivier Thomann, la nouvelle organisation - à laquelle Litasco, l'UBS, la SGS, BNP Paribas Suisse ou Cargill
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par freddau » 03/11/06, 16:14

Du gisement à l'automobiliste, le pétrole suit un parcours complexe et nourrit une longue chaîne économique et financière, qui passe à plusieurs reprises par la Suisse.


DANS une station-service de Haute-Savoie, une femme vient de faire le plein d'essence pour la semaine. Elle pose trente euros sur le comptoir. En ce mois d'octobre, il faut compter en France une moyenne de 1 à 1,20 euro pour un litre de carburant. La géopolitique, le climat, la raréfaction des gisements et surtout la spéculation déterminant le prix très volatile de l'essence. Dans cet univers fluctuant, d'innombrables acteurs se sont spécialisés dans un commerce particulièrement lucratif. Des gisements à l'automobiliste-consommateur, le chemin de l'or noir est sinueux. Déroulons-en le fil.

Exploration et contrôle

La société suédoise Lundin s'est installée à Genève il y a quarante ans. Elle se concentre sur l'exploration et la production et fait ainsi partie des premiers maillons de la chaîne. Elle est dans l' upstream, en amont de l'activité pétrolière. Par opposition, le downstream intègre le stockage, le raffinage puis la distribution. C'est au Venezuela, au Soudan, en Norvège, au Nigeria ou en Grande-Bretagne que Lundin envoie ses géologues observer les roches.

Une fois les gisements découverts, puis le brut extrait, il faut organiser sa vente. C'est là qu'interviennent les traders, depuis Londres ou Genève. Filiales de grands groupes pétroliers ou sociétés indépendantes, ils achètent des cargaisons et les revendent au meilleur moment et au meilleur prix pour approvisionner les raffineries.

Destination inconnue

Le transport se fait soit par voie terrestre à travers les oléoducs, soit par voie maritime. Au moment du chargement, entrent en scène les sociétés d'inspection et de contrôle de la marchandise. La Société générale de surveillance (SGS), qui a son siège à Genève, étant la plus réputée du genre.

Comme d'autres matières premières au prix volatil, la destination finale d'une cargaison de brut n'est pas toujours connue au début du voyage. La vente de la cargaison est fixée le plus tard possible et les contrats sont souvent conclus alors que le pétrolier est déjà en mer. Ainsi, les traders, notamment ceux des compagnies maritimes, telles que Mediterranean Shipping ou Riverlake, tentent de maximiser leurs gains en vendant au dernier moment les cargaisons sous leur responsabilité. Parfois, pour alimenter une raffinerie à court de matière première, un pétrolier change de cap en route, voire de propriétaire. Le brut parvient enfin aux raffineries où il sera transformé en essence, kérosène ou autre fioul. Après stockage, la vente des produits finis sera là encore négociée par des traders en fonction des besoins des marchés.

Dans le prix du brut, les traders et leur perception du marché jouent un rôle central : la spéculation, soit l'anticipation de la hausse de la valeur du brut, conduisant souvent à une hausse réelle. Ainsi, au cours des deux derniers mois, le pétrole a perdu quelque 10 % de sa valeur, sans que des critères objectifs (géopolitique ou climatique) n'aient varié.

C'est la libéralisation des prix du brut après le choc pétrolier de 1973 qui a fait fleurir quantité de sociétés de négoce. Même les grandes compagnies pétrolières - notamment les cinq majors (BP, Chevron Texaco, Total, Shell, Exxon Mobil) qui disposent de spécialistes à tous les niveaux de la chaîne, de l'extraction à la vente finale - font régulièrement appel à des traders extérieurs qui ont développé des compétences particulières ou traitent avec des pays restés hors de leur portée.

100 millions de dollars la cargaison

Du gisement à la pompe, il faut financer le pétrole, ce qu'une société peut difficilement faire seule. Les banques entrent alors en piste. « Une cargaison peut coûter près de 100 millions de dollars, y compris le fret et les assurances », indique Jacques-Olivier Thomann de BNP Paribas. « Par conséquent, nous devons la plupart du temps sécuriser nos financements avec le pétrole lui-même et entrer dans ce que nous appelons des financements transactionnels, autoliquidatifs », explique le spécialiste, le remboursement des facilités s'effectuant alors par la revente des biens financés.

La place de Genève a fait du financement transactionnel sa spécialité et en assure 80 % au niveau mondial. C'est d'ici que le Crédit agricole s'est également engagé sur le marché, plaçant dans la cité son centre de financement des matières premières. Directeur général de la banque commerciale, Pierre Glauser signale que les privatisations en Russie et l'arrivée des pays émergents ont développé de nouveaux besoins de financement.

Dès lors, BNP Paribas ou le Crédit agricole se sont lancés dans de nouveaux types de crédits à moyen terme. « Au départ, les pays émergents souhaitaient une aide financière pour leurs exportations dans le court terme. Désormais, nous sommes présents aux différents stades de la production, il nous arrive même de financer la construction de terminaux pétroliers ou des réserves de pétrole avant leur extraction », raconte Jacques-Olivier Thomann.

Le prix actuellement élevé du pétrole n'a pas fondamentalement modifié le travail de ces acteurs, mais a favorisé les grosses banques, capables de réagir très vite. Du côté des traders, on regrette ainsi que la flambée des prix « permette aux banques de dicter leurs conditions, réduise notre flexibilité et tende à faire disparaître les petites structures », comme le constate un négociant.
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par Christophe » 03/11/06, 17:21

SOURCE :?: :?: :?:
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