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Maladie de Lyme: un nouveau test disponible au Luxembourg

Depuis le mois de mai 2017, le test Elispot est pratiqué au Luxembourg alors que jusque-là, il n'était proposé qu'à l'étranger, en Allemagne notamment.

Grâce à ce nouvel automate, le Dr Ilham Moumna effectue le test Elispot: elle étudie la réponse des cellules du patient en contact avec la bactérie responsable de la maladie de Lyme
Grâce à ce nouvel automate, le Dr Ilham Moumna effectue le test Elispot: elle étudie la réponse des cellules du patient en contact avec la bactérie responsable de la maladie de Lyme © PHOTO: Lex Kleren

Depuis le mois de mai 2017, les Laboratoires réunis proposent le test Elispot au Luxembourg: une première, puisque jusque-là il n'était réalisé qu'à l'étranger, en Allemagne notamment, pays où la prise en charge de la maladie de Lyme chronique est très avancée.

L'Elispot peut mettre en évidence une borréliose de Lyme récente ou ancienne, aider au diagnostic et certaines études proposent aussi ce test pour suivre l'efficacité des traitements antibiotiques chez les patients traités.

C'est le docteur Ilham Moumna, médecin-biologiste responsable du Département de microbiologie au sein des Laboratoires réunis à Junglinster, qui a opté pour ce test après que son directeur lui a demandé de s'intéresser à la maladie de Lyme.

Une demande des médecins luxembourgeois

"Des médecins confrontés régulièrement aux difficultés du diagnostic ont contacté notre directeur pour enfin disposer d'un test fiable au Luxembourg pour la maladie de Lyme. Durant 8 mois, nous avons étudié les différentes possibilités, puis nous avons reçu deux laboratoires allemands qui développent des tests et les commercialisent, et enfin, nous avons choisi celui qui nous paraissait le plus efficace."

L'Elispot recherche la présence d'interleukines, des substances sécrétées par les cellules du patient face à la bactérie responsable de la maladie de Lyme, là où la sérologie recherche uniquement des anticorps.

C'est pourquoi cette méthode est désormais remise en cause dans certains pays, comme la France par exemple, où des patients et des médecins réclament l'abandon pur et simple de ce test dans le diagnostic de la maladie de Lyme.

"Le test Elisa peut être négatif alors qu'il y a infection"

Même au Luxembourg, des voix s'élèvent contre l'utilisation de ce test: le docteur en biochimie Marc Pauly estime ainsi que plus de la moitié des tests Elisa restent négatifs même en cas d'infection. Cela fut d'ailleurs le cas pour son propre diagnostic.

Au Luxembourg, pour le diagnostic de la borréliose de Lyme, on suit le protocole international: on utilise systématiquement le test Elisa, et s'il est positif, on effectue un second test, le Western Blot.

En cas d'agression par une bactérie, le corps se défend et sécrète des anticorps. Le test Elisa recherche la présence de ces anticorps prouvant l'infection ou le contact avec la bactérie borrelia responsable de la maladie de Lyme.

C'est là qu'il y a un hic: "La bactérie échappe parfois au système immunitaire... donc on ne trouve pas d'anticorps. Le test Elisa peut être négatif alors que le patient est bien infecté", explique le docteur Moumna.

Sans compter que "le diagnostic en Europe est plus compliqué qu'aux Etats-Unis car ici, plusieurs espèces bactériennes peuvent être responsables de la maladie de Lyme. Les réactifs utilisés dans le test Elisa devraient donc être adaptés à l’épidémiologie locale."

"La bactérie échappe parfois au système immunitaire donc l'Elisa peut être négatif alors que le patient est bien infecté", souligne le docteur Moumna
"La bactérie échappe parfois au système immunitaire donc l'Elisa peut être négatif alors que le patient est bien infecté", souligne le docteur Moumna © PHOTO: Lex Kleren

Une pathologie complexe qui divise

"Même si on ne peut pas nier l'existence de la maladie de Lyme chronique, c'est une pathologie qui fait toujours débat. Pour l'instant, il y a toujours des choses qui sont obscures. Je pense qu'on doit avoir ce débat scientifique mais qu'il devrait aussi être moins virulent et plus constructif."

"Le principe de l'Elispot est le même que celui du test qui a été utilisé il y a des années pour le diagnostic de la tuberculose et qui est aujourd'hui largement utilisé. Ce test a depuis montré son grand intérêt et son efficacité. La médecine est ainsi: elle a besoin de temps et de recul pour progresser."

Une douzaine de demandes par semaine

"Cette année, entre mai et fin octobre, période propice aux morsures de tiques, on a effectué 10 à 12 tests Elispot par semaine. Des demandes venues du Grand-Duché mais aussi de France ou de Suisse. Dès que la saison froide a démarré, logiquement les demandes ont chuté de moitié."

Alors qu'en France par exemple, l'Elispot coûte 170 euros et que seule une interleukine est recherchée, au Luxembourg, les Laboratoires réunis le facturent 120 euros pour deux interleukines recherchées.

Pour mieux comprendre

En mai dernier, le magazine d'information de la chaîne France 5, "Enquête de santé", s'est intéressé à la maladie de Lyme et au débat d'experts qu'elle suscite au niveau mondial.

Une enquête sérieuse et très documentée que nous vous recommandons si vous souhaitez mieux comprendre la problématique actuelle de la maladie de Lyme.

On y voit notamment le directeur du Centre national des borrélias à Strasbourg, Benoît Jaulhac, défendre l'efficacité du test Elisa dans la borréliose de Lyme. Il est aujourd'hui visé par une plainte pour conflit d'intérêts en raison de sa collaboration étroite avec les laboratoires BioMérieux qui commercialisent l'Elisa.

On y voit également le professeur Christian Perronne qui était venu alerter les autorités luxembourgeoises à la Chambre des députés en février 2016.

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