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Agriculture de conservation : certains sont conservateurs, d'autres plus ouverts

 L'agriculture de conservation « enrichit, à défaut des traders, le sol en matières organiques et reliquat azoté et permet des économies d'intrants sur le long terme », estime Luzerne. (©François Mandin // Création Terre-net Média)
L'agriculture de conservation « enrichit, à défaut des traders, le sol en matières organiques et reliquat azoté et permet des économies d'intrants sur le long terme », estime Luzerne. (©François Mandin // Création Terre-net Média)

francois mandin agriculteur en agriculture de conservation
L'agriculture de conservation « enrichit, à défaut des traders, le sol en matières organiques et reliquat azoté et permet des économies d'intrants sur le long terme », estime Luzerne. (©François Mandin // Création Terre-net Média)

LeNéant : « Tout un article pour quoi ? Affirmer que c'est formidable, que tout le monde doit faire ça. Franchement, cachez-vous Terre-net. Si vous aviez spécifié qu'au bout de X années, l'agriculteur avait fait doublé ses marges brutes, mais comme ce n'est pas le cas...

Master : « Votre réaction est à la hauteur de votre pseudonyme. Terre-net n’affirme rien, c’est une tribune ! La rédaction laisse juste la parole à un agriculteur. Pourquoi tant de haine ? »

LeNéant : « Une tribune, qui affirme que c'est formidable, basée sur quoi ? Sur le néant. En dehors de la satisfaction personnelle du producteur, très idéologiquement orienté dans le vent actuel... »

Master : « Explique-nous pourquoi il n'aurait pas le droit de cultiver autrement ? Il y a un mode d’emploi précis à respecter pour faire de l'agriculture ? Tant de gens ne retirent plus aucune satisfaction de leur travail ! On peut quand même nous laisser la liberté de choisir notre façon de cultiver ! Au pire, François Mandin (l'exploitant agricole qui a écrit la tribune, NDLR) se plante et après? Je ne comprends pas en quoi ça te dérange. »

LeNéant : « On nous sert la même soupe depuis six ans. La sauce Le Foll semble avoir pris ! »

« L'agriculture de conservation réduit les charges... mais aussi les rendements »

Agridemain : « Il faut laisser les agriculteurs conventionnels à leurs pratiques, ils sont si bien ! Quand ils en auront marre de manger de l'argent chaque année avec les prix des céréales qui baissent et les intrants qui augmentent, cela ne durera plus longtemps. L'ACS est le seul moyen d'améliorer la fertilité des sols et de réduire les charges, il n'y a pas d'autres solutions ! Ah si, l'agrandissement, la fameuse "économie d'échelle" qui n'en est pas une : plus tu t'agrandis, plus tu as d'intrants à acheter, plus le matériel est gros donc cher, c'est mathématique... Et puis, quand le moyen aura repris ou détruit le petit voisin, il deviendra moyen-gros et se fera racheter par un plus gros, qui se fera racheter par un fond d'investissement, chinois si possible ! »

LeNéant : « Prétendre que parce que vous êtes en AC vous allez vendre vos productions plus cher, c'est vous mentir à vous-mêmes... Vous réduisez vos charges... formidable ! Mais vous réduisez vos rendements par la même occasion (sans compter que vous allongez vos rotations ou rajoutez des cultures à faible "chiffre d'affaires".) Le cercle vicieux marche dans tous les sens, vous ne devriez pas l'oublier. »

Agridemain : « Et tu crois que tu vas aller loin avec ta rotation blé-orge-colza ! Je ne prétends pas vendre plus cher mais réduire considérablement mes charges, ce n'est pas la même chose et les cultures à faible CA, comme tu dis, ne génèrent aucune charge et sont vendues en circuits courts et bien vendues. Pense et fais ce que tu veux mais arrête de te plaindre, c'est pénible ! Certains agris devraient faire un bon décompactage du cerveau pour aérer tout ça ! »

LeNéant : «  C'est pénible aussi les gens qui ne savent pas compter, ni ce que c'est que gagner vraiment sa vie et pas vivoter en réduisant des charges qui économisent de l'argent mais n'en font pas gagner ! Sans compter la surcharge de travail. Par ailleurs vous supposez connaître ma rotation... et vous vous plantez. J'ai sept cultures différentes, je vous laisse méditer. Ensuite, en AC, le décompactage du sol n'est pas conseillé, ça le déstructure et apparemment, il y a un effet secondaire, ça déstructure le cerveau, empêche de faire ses comptes et annihile les ambitions de gagner de l'argent ! »

Luzerne : « Il ne faut pas oublier qu'il y a des cultures à faible chiffre d'affaires qui enrichissent, à défaut des traders, le sol en matières organiques et reliquat azoté et font faire des économies d'intrants sur le long terme. Quand on est un bon cultivateur, il n'y a pas que le fric qui compte, il y a aussi l'environnement ! »

« Ce qui compte, c'est la marge et l'EBE/ha... et surtout les prix de vente des produits ! »

Paysannature :  « En agriculture de conservation des sols depuis 20 ans, je n'en ai rien à faire des rendements. Ce qui compte pour moi, c'est la marge. Le reste, c'est du pipeau. Mais ne restez pas dans le néant quand votre sol se met à répondre et reprendre de la vigueur parce que vous le respectez. Les marges surprennent très agréablement en ACS. »

LeNéant : « On ne doit pas avoir la même notion, ou la même ambition, sur ce qu'est gagner de l'argent. Si ça vous va de vous casser le c... pour gagner 1 ou 2 Smic, moi pas ! Je préfère crever. Chez moi, vous ne ferez pas d'ACS, question de climat local et de sol, à moins que vous ne dégagiez de la marge avec 30 q de blé... »

Tfepadbille : « Raison de plus pour réduire les charges de mécanisation. Et si tu gagnes vraiment pas assez, je te conseille de changer de métier car en agriculture, personne ne devient riche. Au temps des seigneurs, les paysans étaient les serfs et depuis, rien n'a changé depuis, hormis les 30 glorieuses qui ont sorti de la précarité le monde agricole, qui y replonge depuis Sarkozy à vitesse grand V. »

LeNéant : « "Réduire les charges de mécanisation". MDR. Je dois être le paysan qui en a le moins de tout le département. Mon tracteur le plus récent est de 1979. Je gagne pas assez, c'est le moins qu'on puisse dire vu que je ne suis pas au Smic ! Regardez nos prix de vente, ça ne peut pas aller ! Vous pouvez réduire vos charges tant que vous voulez, tant qu'ils seront aussi bas, cela ne sert à rien. »

Agripicardie : « Le bio ou l'AC crachent au minimum 1 000 euro/ha d'EBE. Dans ce cas, je suis prêt à changer mes pratiques. Qui peut donner des chiffres concrets : charges d'engrais/ha, coûts herbicides et fongicides/ha, rendements/ha, charges de structures/ha ? »

Agridemain : « Tu n'auras pas 1 000 € d'EBE/ha en AC avec du blé à 140 €/t, sauf en Picardie avec des rendements supérieurs à 100 q/ha, l'AC réduit tes charges de mécanisation : un tracteur, un semoir, un pulvé et une moiss-batt (en ETA) suffisent. On ne peut pas faire un "devis" des avantages et des contraintes, tout dépend de la région, des terres et de leur potentiel. Les premiers bénéfices de l'AC arrivent au bout de trois-quatre ans. Pour le bio, avec des prix largement plus hauts et relativement stables depuis 10 ans, pas ou peu d'intrants, c'est possible, puisque le blé est à 400 €/t, le colza à 800 €/t, le maïs à 320 €/t, l'orge de mouture à 260 €/t (cotations récolte 2017)... L'idéal est ce combiner l'agriculture de conservation et le bio, c'est faisable mais très technique. C'est surtout une question de volonté et d'ouverture d'esprit. »

Pipo : « Ce qui est marrant avec les ACistes, c'est qu'ils ne parlent jamais de leurs baisses de rendement, qui en aucun cas ne sont compensées par les prix et les réductions de charges. Quel que soit le système de production, tout passe par les prix de vente. Prenons l'exemple de mon exploitation. Je fais en moyenne 70 q/ha en blé conventionnel. Si demain, je passe en bio, je ferai entre 10 et 30 q maximum les bonnes années. Mon rendement est divisé par trois au moins. Il faudrait donc du blé à 200-250€/t en conventionnel et à 600-700 €/t pour gagner l'équivalent en bio vu les rendements. Tout ça pour démontrer que tout passe par les prix qui, en conventionnel comme en bio, sont beaucoup trop bas ! »

Maxens : « Il faut aussi intégrer les substantielles économies de phytos et de fertilisant minéral. Les engrais organiques coûtent un peu moins cher et la diminution des phytos est conséquente... Mais je suis d'accord que de toute façon, bio ou pas, tout est fait pour que l'agriculteur ne s'enrichisse pas. »

Les consommateurs seront-ils prêts à payer plus cher ? Et les GMS ?

Consommateur : « Ceux qui pratiquent l'agriculture de conservation, ou ACistes, pleurent dès qu'une législation ou un cahier des charges leur est imposé. Ne changez rien surtout, mais prenez le temps tout de même de faire un saut en Ukraine ou en Russie pour comprendre contre qui vous vous battez. »

Tfépadbille : « Vous avez tous raison. En ACS, on réduit ses intrants et ses rendements mais on produit mieux. Après, il y a l'offre et la demande. Aujourd’hui, les pays de l'Est y répondent. Le bio et l'AC fournissent des produits de qualité, ce que les citoyens réclament de plus en plus. Il faut donc développer une filière sans attendre. »

LeNéant : « Parce que vous croyez que la majorité des consommateurs cherchent des produits "bio" ou respectant les critères de l'AC ?! Déjà, ils ne savent pas ce qu'est l'agriculture de conservation... Ensuite, ne dites pas de fakenews, la plupart des consommateurs ne veulent pas dépenser plus pour leur alimentation, c'est tout ce qui les intéresse. »

AOC : « Ce n'est pas vrai. Tous les gens de plus de 50 ans, qui ont des racines agricoles et qui ont connu les marchés fermiers d'autrefois, préfèrent acheter plus cher des denrées de très bonne qualité pour avoir moins de problèmes de santé. »

LeNéant : « C'est pour ça que 90 %, si ce n'est pas plus, vont dans les GMS. D'ailleurs, la course aux promotions existe depuis longtemps et n'est pas prête de s’arrêter. »

Petitchat : « De toute façon, l'ACS disparaîtra, comme le bio d'ailleurs, qui va se faire "déglinguer" par les grandes surfaces qui ont bien compris que le marché s'ouvre. Elles vont l'inonder de produits bio, onéreux dans un premier temps pour maximiser les profits, puis de bio plus bon marché et enfin de bio pas cher du tout, dont on peut être sûr en prime qu'il ne sera pas d'origine française. Nous aurons donc du bio européen à la sauce pays de l'Est ou même allemande, espagnole... Les Biocoop et leurs confrères seront obligés de laver plus bio que bio pour continuer d'exister ! Tout ce qu'a touché la grande distribution, elle l'a systématiquement fait exploser ! » 

La sempiternelle question du glyphosate

Agridemain :  « L'objectif de l'AC est de redonner de la fertilité et de la vie au sol via la matière organique. Pour remonter de 1 % un taux de MO sur 10 ans, il faut 2 500 unités d'azote au total, soit 250 u/an. Impossible financièrement, mais en faisant des apports de MO de temps en temps, des couverts d'interculture et des légumineuses, on y arrive petit à petit. Paris ne s'est pas fait un jour ! Quand je vois des sols aujourd'hui à 1-1,5 de MO, ça fait peur. Le décrochage de la culture est programmé au moindre accident climatique. »

Oui mé : « Très bien comme modèle... mais dépendant d'un produit cancérigène sur la sellette. Alors va falloir essayer de faire sans cette m... de Round up et là, je dirais chapeau ! »

Phil47 : « En ACS depuis aussi une vingtaine d'années, et depuis cinq à six ans sans glyphosate, j'ai failli regretter mais il faut passer un cap que je situe à six-sept ans. Ensuite, c'est nickel ! »

Steph18 : « Je pense que l'AC est un bon système mais qui ne peut pas s'appliquer partout. Il faut tout de même prendre en compte le climat, le sol et l'agriculteur... Et oui certains producteurs conventionnels gagnent bien leur vie et d'autres pas. Chacun est maître en son royaume. »

Petit invité : « De l'agriculture durable ? Avec du glyphosate ? Les problèmes émergent de partout et les dégâts en termes de santé publique sont énormes. Oui pour l'AC mais sans Round up ! »

Néonicotinoïdes : « Qui vous prouve que c'est vraiment le glyphosate le responsable de tous les problèmes de santé publique ? Il y a également les insecticides, ces perturbateurs endocriniens, qui sont épandus sur les cultures et perturbent le cerveau des insectes et peut-être à long terme le cerveau humain. Je n'ai jamais vu un lièvre mourir après un traitement au glyphosate. Par contre, après des applications insecticides sur colza, des blaireaux sont devenus aveugles . »

« Pourquoi vouloir imposer l'agriculture de conservation ? »

Gibero : « Les ACistes utilisent aussi des insecticides en plus du glyphosate qu'ils épandent systématiquement avant chaque semis pour détruire les couverts végétaux. Ils sont utilisateurs de phytos comme les conventionnels mais en plus, ils voudraient imposer leur mode de culture à tous les agris parce qu'ils s'imaginent que leurs pratiques préservent la fertilité de leurs sols. C'est leur choix, mais pas celui de tous. Ils feraient bien d'arrêter leur martelage qui fait croire aux politiques que ce sont eux les bons agris. Je ne suis pas un ACiste, mais je vous affirme que mes sols sont au moins aussi bien entretenus et qu'ils me le rendent bien. »

Maxens : « D'accord avec vous Gibero. Mais tout ceci est stérile. Il y a une multitude de qualité et de composition de sol en France qui ne répondent pas du tout de la même façon aux techniques culturales, aux engrais, ou aux produits phytosanitaires. Des terres avec un potentiel de 100 q rentabilisent évidemment mieux les engrais et les phytosanitaires que d'autres qui ne dépasseront pas 60 q, quoi que l'on fasse. C'est le problème des politiques qui s'acharnent à vouloir vendre une solution unique. »

Agridemain : « L'ACS utilise moins d'insecticides puisque le but est de maximiser la vie du sol, donc des insectes entre autres. Il faut arrêter de raconter n'importe quoi ! On impose rien à personne, chacun est maître chez soi, on dit seulement qu'il existe des solutions alternatives qui fonctionnent, les prend qui veut. Seulement, j'en ai plein le c... d'entendre les agriculteurs se plaindre et et réclamer des prix qu'ils n'auront pas ! Il faut travailler autrement, chacun sa méthode ! »

Gibero : « Je doute que les ACistes s'en sortent mieux que les autres. Au final, tant que les prix de nos produits sont honteusement bas, leurs charges sont doute moins élevées qu'en conventionnel mais les recettes aussi puisque les rendements sont plus faibles. Chez moi en Charente, sur de petites terres séchantes, les Acistes sont loin d'être des prophètes et leurs champs ne me font pas du tout rêver. Ce qui me dérange le plus, c'est que, malgré leurs expériences souvent ratées, les politiques fassent une généralité de leur soi-disant agriculture de conservation des sols ! »

JFK : « Ça démontre que vous n'avez rien compris à la démarche et qu'il faudra sans doute légiférer en dernier recours. »

Maxens : « Légiférer ? Quel autoritarisme ! Si cette technique vous convient, tant mieux pour vous. Je ne connais pas vos terres et vos contraintes, mais pourquoi vouloir l'imposer aux autres ? Cela décrédibilise tous vos efforts. »

Gibero : « C'est effectivement ce que j'essaie de faire comprendre. Ce mode de culture n'est pas celui de tout le monde. Chacun doit pouvoir cultiver comme il l'entend sans qu'une quelconque loi, émanant d'agris un peu écolos bobos, leur dicte quoi que ce soit. Moi, le passage en force par le martelage ou le matracage, ça m'horripile. »

Maxens : « Bobos écolos, je ne sais pas : ils utilisent aussi des phytosanitaires. Je ne leur jette pas la pierre. Qui sait, dans 10 ans, je ferai peut être pareil... Pour le moment, ils ne sont pas meilleurs que moi en rentabilité... Après, ils acceptent des champs plus sales que les miens. Je suis peut-être trop exigeant. Encore une fois, quel que soit le système de culture, le but est de gagner sa vie. »

L'important : « Ne pas rester sur ses acquis et laisser chacun cultiver comme il l'entend »

Agridemain : « Le monde change, en bien ou en mal, je ne sais pas mais il change et l'agriculture aussi. Si on veut rester sur ses acquis et ses modes de production vieux de 50 ans, pas de soucis, mais arrêtez de croire que rien d'autre n'est possible. La Russie reprend ses droits et ses capacités à produire perdues dans les années 80-90, avec des rendements et des productions en hausse constante. Chacun son tour, on a mangé notre pain blanc... À nous d'éduquer le consommateur à mieux choisir. Quand au bio, on ne produit pas assez en France et il y a beaucoup d'importations, à nous de prendre la place. Ça ne sert à rien de critiquer, il faut agir. »

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