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En effet, au cours des deux dernières décennies, la croissance des rendements du blé s’est ralentie au point de s’annuler : les rendements de blé stagnent non seulement en France, mais aussi dans de nombreux pays européens.
Les scientifiques de l’Inra et d’Arvalis-Institut du végétal ont testé trois facteurs possibles d’impact : l’amélioration génétique, les pratiques agronomiques et le climat.
L'impact négatif du climat renforcés par l'évolution des pratiques culturales
Leurs travaux montrent que les effets négatifs du climat se font sentir depuis 1990 et qu’ils ont été renforcés par l’impact négatif des évolutions des pratiques agronomiques, notamment par l’effet de la culture précédente, à partir de 1999. Heureusement, le rôle du progrès génétique reste prépondérant et permet de maintenir les rendements à un niveau stable.
Les rendements du blé ont enregistré une hausse continue en Europe au cours de la seconde moitié du 20e siècle, du fait des progrès de la génétique et de l’utilisation d’engrais et de produits de traitement des cultures. Entre 1950 et 1996, la croissance annuelle moyenne des rendements du blé atteignait en France 1,2 quintal par hectare. Depuis, la stagnation est très nette et se retrouve dans d’autres pays européens.
Effet dépressif du colza sur le rendement du blé
Les essais depuis 1970 montrent que le progrès génétique, quant au rendement des variétés cultivées de blé, n’a pas faibli. Il permet, encore aujourd’hui, de gagner environ 1 q/ha/an. Concernant les facteurs agronomiques possibles - l’utilisation d’azote, la protection contre les maladies, la culture précédente et la matière organique du sol - un élément explicatif important apparaît avec l’étude des cultures précédentes à l’échelle nationale.
« Après 1999, les légumineuses ont été remplacées par le colza à hauteur d’environ 10 %, alors que l’effet dépressif du colza comme culture précédente sur le rendement du blé peut atteindre 10 quintaux par hectare. » Après 1999, selon les chercheurs, ce facteur a participé à la baisse des rendements à hauteur de 0,35 q/ha/an.
Baisse de la fertilisation depuis dix ans
Les maladies hors de cause Les données issues de réseaux d’essais nationaux d’Arvalis montrent, d’une part, que la fréquence des traitements n’a pas diminué et, d’autre part, ne mettent pas en évidence de relation univoque entre dommages et rendements à l’échelle nationale. Trois situations, qui coexistent, ont été observées : peu de maladies et des rendements faibles, beaucoup de maladies et des rendements faibles, beaucoup de maladies et des rendements élevés. Ainsi l’hypothèse qui pourrait attribuer la stagnation des rendements à une éventuelle diminution de l’utilisation de fongicides est à rejeter. |
« Ainsi, dans la région Est, la quantité de matière organique des sols diminue plutôt ou reste stable, tandis qu’elle augmente dans le Bassin parisien. Il est donc très difficile d’en déduire un impact sur les rendements. » Au total, les facteurs agronomiques seraient donc responsables d’une baisse des rendements de l’ordre de 0,5 q/ha/an.
L’agriculture intensive plus sensible aux effets du climat
Les deux modèles, Inra et Arvalis, utilisés pour évaluer l’effet du climat sur les rendements, révèlent un impact à partir des années 1990. L’agriculture intensive s’avère plus sensible aux effets du climat. L’impact du climat serait dû aux températures plus élevées dans les zones tempérées, qui affectent le remplissage des grains, et à l’augmentation du déficit en eau pendant la croissance des tiges et des grains. Les chercheurs estiment l’impact de cet effet climatique entre 0,2 et 0,5 q/ha/an.