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Santé

Vaccination obligatoire ou recommandée : comment font nos voisins européens ?

Obligation ou recommandation ? Chaque pays européen dispose de son propre calendrier vaccinal pour les enfants de 2 ans. Certains passent par l’obligation légale pour garantir une couverture vaccinale optimale, d’autres se contentent d’une recommandation.

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SANTÉ PUBLIQUE. Que ce soit sous la forme de recommandations ou d'obligations — ou les deux —, chacun des 28 États membres de l'Union européenne dispose d'un calendrier vaccinal incitant sa population à s'immuniser contre un certain nombre de maladies dites à prévention vaccinale. Selon les pays, entre 9 et 16 vaccins (voir l'encadré) sont ainsi inscrits au calendrier pour les enfants âgés de 2 ans. Depuis le 1er janvier 2018, la France est devenue l'un des seuls pays européens à rendre obligatoires l'ensemble des vaccins inscrits à son calendrier : 11 au total. Une décision qui vise notamment à "en finir avec le système distinguant vaccins obligatoires et recommandés, qui n'a pas de fondement scientifique", explique le Dr Daniel Lévy-Bruhl, responsable Infections respiratoires et vaccination à Santé publique France. Jusqu'alors, en France, trois vaccins étaient obligatoires (diphtérie, tétanos, poliomyélite) tandis que les huit autres étaient recommandés (coqueluche, haemophilius influenza B, hépatite B, rougeole, oreillons, rubéole, pneumocoque, méningocoque C). En principe, qu'ils soient obligatoires ou recommandés, l'idée est que tout le monde fasse vacciner ses enfants, à moins d'une contre-indication médicale particulière. "Mais en France, cette distinction a conduit certains à croire que les vaccins recommandés étaient moins importants que les vaccins obligatoires, et à s'en détourner", précise Jocelyn Raude, chercheur à l'École des hautes études en santé publique. Ce qui est rigoureusement faux. En réalité, ce serait même plutôt l'inverse : le vaccin contre la poliomyélite par exemple, obligatoire depuis 1964, et dont le virus ne circule plus que dans trois pays du monde, peut apparaître aujourd'hui moins important que celui contre la rougeole qui, elle, provoque encore des épidémies d'ampleur en Europe. C'est ce que défend par exemple le Pr Didier Raoult, expert en microbiologie et directeur de l'IHU Méditerranée Infection, dans son livre, La Vérité sur les vaccins (éd. Michel Lafon).

Obligation ou recommandation, une distinction qui n'a pas de sens

"La distinction entre vaccins obligatoires et recommandés n’est rien d’autre qu’un legs historique : au fil du temps en effet, les politiques de santé publique sont passées d'un principe coercitif à une logique plus douce, de recommandation et de persuasion, explique le sociologue. Et chaque pays a sa propre histoire en la matière." En témoigne la grande disparité des politiques vaccinales dans les différents pays européens. En Belgique, seule la poliomyélite est obligatoire, mais 11 autres vaccins sont recommandés. En Pologne, 12 sont obligatoires et 3 autres sont recommandés. En Allemagne, 13 vaccins sont inscrits au calendrier vaccinal ; et si aucun n'est strictement obligatoire, la législation allemande dispose depuis 2015 de la possibilité de sanctionner des parents qui refuseraient systématiquement la vaccination... Les choses sont donc loin d'être simples. Il ressort surtout que quel que soit le caractère des vaccinations, obligatoire ou non, les autorités de santé attendent de leur population qu'elle se conforme autant que faire se peut au calendrier vaccinal mis en place. 

En Europe, il existe ainsi 16 pays dans lesquels il n'existe aucune obligation stricto sensu. Dans l'immense majorité des cas, cela n'a aucune incidence, puisque le taux de couverture vaccinale pour ces vaccins recommandés est compris entre 90% et 99% (selon les maladies). La Suède est ainsi souvent prise en exemple : malgré l'absence totale d'obligation, 96% des enfants à 2 ans sont à jour des 9 vaccins recommandés. Idem au Luxembourg où 89% à 99% des enfants sont à jour des 13 vaccins recommandés. Le contre-exemple ? La Roumanie, elle aussi exempte d'obligation vaccinale. La vaccination recommandée contre 11 maladies y était plutôt bien respectée jusqu'en 2012. Cette année-là, un célèbre couple de télévision soutenu par certains groupes religieux se lance dans une campagne accusant la vaccin rougeole-oreillons-rubéole d'être à l'origine de l'autisme. Résultat : la couverture vaccinale contre la rougeole est passée de 94% en 2012 à moins de 80% en 2016, provoquant deux vagues épidémiques importantes. En 2017, 7977 cas de rougeole ont ainsi été enregistrés. Le même phénomène a été observé en Italie en 2017, ainsi qu'en France entre 2008 et 2012 avec 23 000 cas enregistrés. Pour les mêmes raisons, l'Ukraine est actuellement touchée par une épidémie ayant déjà fait 3 morts durant le mois de janvier 2018.

Liste des 16 vaccins pouvant être recommandés chez l'enfant à 2 ans selon les pays
Infections à rotavirus / Poliomyélite / Diphtérie / Tétanos / Coqueluche / Haemophilius influenza B / Hépatite B / Hépatite A / Rougeole / Oreillons / Rubéole / Pneumocoque / Varicelle / Tuberculose / Méningocoque C / Grippe saisonnière / Virus de la méningo-encéphalite à tiques
L'Autriche recommande les 16. Les pays les plus "économes" inscrivent 9 vaccins à leur calendrier vaccinal (obligatoires ou recommandés)

Sources : Organisation mondiale de la santé / European Centre for Disease Prevention and Control

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