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Climat

Les plantes absorbent toujours plus de CO2

La photosynthèse des plantes a augmenté de 30% au cours du XXe siècle. C’est la première fois que l’on évalue à grande échelle la réponse du couvert végétal à l’augmentation de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.

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Plus il y a de CO2, plus les plantes croissent.

Plus il y a de CO2, plus les plantes croissent.

© Sipa

PUITS. Le couvert végétal constitue avec les océans les deux puits de carbone qui absorbent environ la moitié des émissions humaines de CO2. Sans eux, le réchauffement climatique serait une réalité depuis longtemps et la planète ne serait peut-être plus habitable. Les plantes terrestres présentent ainsi un bilan net de captation d’environ 10 milliards de tonnes de CO2 tandis que la déforestation et les incendies en relarguent environ 4 milliards de tonnes stockés dans la cellulose du bois selon les calculs du Global Carbon Project (GCP). En toute logique, plus de carbone dans l’atmosphère implique une photosynthèse facilitée pour des plantes qui poussent alors plus vite tandis que les espèces grimpent vers les pôles avec le réchauffement des températures. La question est vivement débattue chez les biologistes et les climatologues. L’étude menée sous la direction d’Elliott Campbell de l’université de Californie, à Merced (États-Unis) qui vient de paraître dans Nature apporte un premier résultat. Au cours du siècle dernier, les plantes ont effectivement absorbé 30% de CO2 supplémentaires.

Pour quantifier cette évolution, les chercheurs sont passés par la mesure d’un composé soufré, l’oxysulfure de carbone (OCS) dont la présence dans l’atmosphère est étudiée depuis une quarantaine d’années. “Sa source principale est océanique et sa durée de vie dans l’air peut atteindre trois ans, ce qui fait que ce composé présent à des teneurs très faibles de l'ordre de 0,00000005% du réservoir atmosphérique est cependant détectable partout, détaille Sauveur Belviso, chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE) et coauteur de l’étude. Sa deuxième source, ce sont les émissions humaines via notamment la combustion du charbon et la fabrication d’aluminium et de viscose.” Les spécialistes de l’atmosphère ont longtemps pensé que l’OCS rejoignait les hautes couches de la stratosphère où les composés soufrés filtrent le rayonnement solaire. Mais il y a une dizaine d’années, Stephen Montzka, chercheur à la NOAA, l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique, et cosignataire de l’étude prouvait que l’OCS était aussi absorbé par les plantes via les stomates des feuilles comme le CO2, où il constitue une source supplémentaire de soufre pour la synthèse de protéines. Les chercheurs ont donc eu l’idée de suivre cet indicateur.

Un gaz rare trahit l'évolution de la photosynthèse du couvert végétal de toute la planète

STIMULATION. En étudiant la teneur de ce gaz dans l’atmosphère depuis le XIXe siècle grâce à des carottes de glace de l’Antarctique et en y ajoutant les données réelles enregistrées dans l’atmosphère actuelle du pôle Sud, les chercheurs ont obtenu une évolution de ce gaz depuis le XIXe siècle. “Ce que l’on constate, c’est une augmentation des teneurs tout au long du siècle dernier en corrélation avec la hausse des émissions humaines, puis à partir des années 1990 à une baisse alors que la combustion d’énergie fossile n’a pas faibli”, poursuit Laurent Bopp, climatologue au LSCE et coauteur de l’étude. Comment expliquer cette inversion de tendance ? Les chercheurs ont recherché la meilleure combinaison possible de puits et de sources d’OCS qui explique le phénomène observé. Ils ont ainsi montré qu’il fallait associer aux émissions industrielles une forte augmentation du puits d’OCS lié à la photosynthèse des plantes terrestres. C’est à partir de cette simulation qu’a été obtenu le résultat de 30% de production primaire brute des végétaux supplémentaires. Cette stimulation explique en grande partie le fait que les plantes soient capables de capter un quart des 36 milliards de tonnes émises actuellement par l’humanité. Ce résultat va permettre aux climatologues d’affiner leurs modèles en y introduisant une évaluation plus fine de la réponse des végétaux au changement climatique.

La nouvelle réjouira certainement les climato-sceptiques qui argumentent que la hausse du CO2 et des températures va permettre d’augmenter la productivité agricole. Outre qu’une meilleure efficacité de la photosynthèse est bien insuffisante pour absorber le CO2 anthropique en excès, le réchauffement climatique va aussi provoquer des effets négatifs comme la durée des sécheresses ou la multiplication des vagues de chaleur néfaste aux plantes. De nombreux effets contraires sont également déjà constatés. Ainsi, du Canada à la Sibérie, la montée vers le nord d’espèces d’arbustes réduit les surfaces des pâturages de lichens qui constituent la nourriture hivernale des rennes domestiques et sauvages. Lesquels voient leur population diminuer rapidement.

 

Les catastrophes naturelles coûtent 9 milliards d’euros aux vignobles
Les effets des catastrophes naturelles et le changement climatique sur la vigne coûtent tous les ans plus de 9 milliards d’euros dans les vignobles du monde entier, estime une équipe interdisciplinaire composés de chercheurs australiens et européens. Les orages de grêle, les vagues de gel, les sécheresses peuvent en un seul événement mettre à bas toute une récolte, affirment les chercheurs qui ont étudié 7500 régions viticoles dans 131 pays. Le changement climatique aura des effets antagonistes. La hausse des températures devrait profiter aux vignobles les plus éloignés de la zone intertropicale. Cependant, les terroirs les plus réputés — dont ceux de France — devront planter de nouvelles variétés plus résistantes à la sécheresse et aux maladies et moins productrices en degrés d’alcool. La plus grande précocité des cépages devrait également les rendre plus sensibles aux coups de gel tardifs, comme cela s’est produit fin avril en France.

 

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