Partager
Primates

Découverte d'une troisième espèce d'orang-outan... déjà très menacée

Une équipe internationale a décrit la 7ème espèce de grand singe :  les orangs-outans Tapanuli présents dans le nord de l'île Sumatra. Une telle découverte n'avait pas eu lieu depuis 1929.

réagir
Pongo tapanuliensis

Cet orang-outan fait partie de l'espèce Pongo tapanuliensis.

© Andrew Walmsley

Les grands singes ne comptent plus 6 espèces mais 7 ! En effet, une nouvelle espèce d'orang-outan a été découverte sur l'île de Sumatra en Indonésie, a annoncé le 2 novembre 2017 une équipe internationale de scientifiques, soulignant que leur petit nombre en fait l'un des grands singes les plus menacés d’extinction sur la planète. Il s'agit de la première nouvelle espèce de grands singes confirmée par la science depuis 1929, précisent ces biologistes dont les travaux sont publiés dans la revue américaine Current Biology. "Ce n'est pas tous les jours qu'on trouve une nouvelle espèce de grands singes, ce qui rend cette découverte très excitante", se réjouit dans un communiqué Michael Krutzen, de l'université de Zurich en Suisse. "Les grands singes comptent pourtant parmi les espèces animales les plus étudiées au monde", pointe pour sa part Erik Meijaard de l'université nationale australienne.

Des espèces qui se sont séparées génétiquement il y a 3 millions d'années

Ce nouvel orang-outan, baptisé Tapanuli (Pongo tapanuliensis) vit dans la région de Batang Toru dans le nord de Sumatra, et sa population - isolée des autres - est estimée à 800 membres environ. Cette découverte porte à trois le nombre d'espèces d'orang-outan connues, avec ceux de Sumatra (Pongo abelii) et de Bornéo (Pongo pygmaeus). C'est en 1997 que des chercheurs de l'Université nationale australienne ont découvert la piste de cette population isolée à Batang Toru. Les premiers indices de la spécificité des Tapanuli ont été observés sur le squelette d'un mâle adulte tué en 2013 par un humain. Quand les scientifiques ont examiné le crâne et les dents, ils ont constaté certains traits uniques comparativement aux autres orangs-outans. "Nous avons été surpris de voir que les caractéristiques du crâne étaient vraiment différentes de ce que nous connaissions jusqu'alors de ces grands singes", explique Matt Nowak, un primatologue du Sumatran Orangutan Conservation Programme (SOCP).

Un crâne de Pongo tapanuliensis Crédit : Nater et al.

Avec cette nouvelle étude, une analyse du génome de 37 orangs-outans montre une véritable rupture dans l'histoire évolutive du genre Pongo. Cette séparation se serait produite il y a plus de 3 millions d'années entre la population de Batang Toru et celle des orangs-outans de Bornéo. Quant aux orangs-outans de Bornéo et ceux de Sumatra, la séparation aurait eu lieu bien plus tard, il y a moins de 700.000 ans. "Les orangs-outans de Batang Toru semblent être les descendants directs des premiers orangs-outans qui avaient migré d'Asie continentale et constituent de ce fait la plus ancienne lignée de ces singes", relève Alexander Nater, de l'université de Zurich, un des co-auteurs de la découverte.

Un habitat réduit comme peau de chagrin

Les orangs-outans Tapanuli, comme les autres espèces du genre Pongo, sont particulièrement menacés par la chasse et très prochainement par un projet de barrage hydroélectrique qui devrait conduire à l'inondation d'une grande partie de leur habitat. En outre, selon les chercheurs, même si le taux de mortalité de cette population reste inférieur à 1 % par an, cela serait assez pour conduire ces animaux à l'extinction. "Si 8 animaux sur les 800 sont tués par années ou s'ils sont retirés de la population d'une autre façon, l'espèce est perdue", préviennent les chercheurs.

Selon eux, le plus important désormais est d'organiser avec les ONG déjà présentes sur place et le gouvernement indonésien des mesures de protection concernant l'habitat des orangs-outans Tapanuli. "Sans des mesures rapides pour protéger leur habitat forestier qui se réduit rapidement, ces orangs-outans pourraient disparaître en quelques décennies", prévient Matt Nowak qui a supervisé l'étude au SOCP. Selon des estimations officielles, la superficie des forêts constituant le principal habitat de tous les orangs-outans de Sumatra a été réduite de 60 % entre 1985 et 2007 en raison de l'exploitation forestière, des concessions minières et des plantations agricoles. L'habitat forestier des orangs-outans Tapanuli se limite aujourd'hui à seulement 1.000 kilomètres carrés.

AST avec AFP

Commenter Commenter
à la une cette semaine
Nouveaux animaux de compagnie

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite recevoir toutes les alertes infos de la rédaction de Sciences et Avenir

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Santé
Nature
Archéo
Espace
Animaux
Je ne souhaite plus recevoir de notifications