Elsevier

Archives de Pédiatrie

Volume 13, Issue 2, February 2006, Pages 175-180
Archives de Pédiatrie

Mise au point
Pharmacovigilance des vaccinsPharmacovigilance of vaccines

https://doi.org/10.1016/j.arcped.2005.10.020Get rights and content

Résumé

La tolérance des vaccins doit être excellente pour faire accepter la stratégie vaccinale car un vaccin a le plus souvent un bénéfice individuel différé mais des risques immédiats. La pharmacovigilance des vaccins est indispensable après l'autorisation de mise sur le marché (AMM) car les effectifs des essais antérieurs à l'AMM sont insuffisants pour identifier des effets rares ou retardés. La pharmacovigilance est fondée sur la « notification spontanée » des effets indésirables au centre régional de pharmacovigilance (CRPV) qui établit l'importance de la relation entre chaque médicament pris par le patient et la survenue de l'effet indésirable (imputabilité). La notification spontanée est une méthode passive, fondamentale pour générer des alertes mais trop peu exhaustive (1 à 10 % des effets indésirables graves sont notifiés) rendant nécessaire des études pharmacoépidémiologiques qui visent à confirmer ou infirmer les alertes identifiées par notification spontanée. Les effets indésirables peuvent être spécifiques, liés à l'antigène des vaccins vivants atténués (méningites lymphocytaires après vaccination anti-ourlienne) ou non spécifiques, liés aux composants autres que l'antigène (hydroxyde d'aluminium incriminé à l'origine de « myofasciite à macrophages », réactions allergiques à la néomycine, latex, œuf, gélatine). Des exemples de l'importance de la pharmacovigilance des vaccins sont donnés. L'évolution des informations, en particulier des études cas témoins, concernant les atteintes démyélinisantes et le vaccin contre l'hépatite B est résumée, de même que celles concernant l'association entre maladie de Crohn ou autisme et vaccination ROR. Les vaccins étant utilisés chez des sujets sains, ils doivent avoir un excellent profil de tolérance pour être acceptés. Seule leur surveillance post-AMM permet de détecter d'éventuels effets rares. Cette surveillance passe par la déclaration des effets indésirables aux centres régionaux de pharmacovigilance. Une surveillance active des effets indésirables graves telle que celle mise en place dès la mise sur le marché du vaccin Prévenar® devrait être systématique.

Abstract

Safety of vaccines must be excellent to make vaccine's strategy acceptable, since it usually has a deferred individual benefit but immediate adverse drug reactions (ADRs). Pharmacovigilance of vaccines after their marketing is crucial because, prior to its availability on the market, the size of clinical trials is insufficient to identify rare or deferred adverse effects. The Pharmacovigilance is based on "spontaneous reporting" of ADRs to the Pharmacovigilance Regional Centre (PVRC) which establishes a relationship between each drug taken by the patient and the ADRs occurrence (imputability). This method is crucial to generate alerts, but under-estimates the real frequency of ADRs (1 to 10% of severe ADRs are reported). Thus pharmacoepidemiology studies are necessary to confirm the alerts identified by spontaneous reporting. ADRs can be specific, related to the antigen of an attenuated alive virus vaccine (lymphocyte meningitis after anti-mumps vaccine) or non-specific, related to a component different from the antigen (aluminium hydroxide involved in the "macrophagic myofasciitis", allergic reactions to neomycin, latex, egg or gelatine). Importance of Pharmacovigilance of vaccines is illustrated. Data, especially case-control studies, about the relationship between multiple sclerosis and hepatitis B vaccine are summarised. Data about the relationship between Crohn's disease or autism and MMR vaccine are analysed. As vaccines are used in healthy people, their safety must be excellent to be accepted. To monitor them after their marketing is the unique way to detect rare ADRs. This surveillance is made through reporting of ADRs to the PVRC. However, an active and intensive surveillance of ADRs as the one set up from the marketing of Prevenar® should be systematic.

Introduction

Au moment de l'autorisation de mise sur le marché (AMM), les données issues des essais cliniques permettent de préciser l'efficacité d'un médicament. Les effets indésirables de survenue précoce et d'incidence relativement élevée (réactions locales ou fièvre postvaccinales) sont identifiés dans les essais du dossier d'AMM. En revanche, l'effectif de ces essais est insuffisant pour identifier les effets indésirables rares ou retardés. La surveillance des médicaments est donc indispensable après l'AMM et des structures adaptées ont été mises en place par les autorités de santé pour l'assurer. Ainsi, les événements indésirables susceptibles d'être dus à un médicament sont identifiés et analysés selon des procédures standardisées [1]. La pharmacovigilance est l'ensemble des techniques d'identification, d'évaluation et de prévention du risque d'effet indésirable résultant des médicaments. Elle inclut donc les vaccins [2]. Elle est fondée, comme pour tous les médicaments, sur la « notification spontanée », fondamentale pour déclencher des alertes qui seront confirmées ou non par des études pharmacoépidémiologiques.

Toutefois, le vaccin est un médicament particulier. Il s'adresse habituellement à des sujets jeunes en bonne santé, et doit être accepté des parents. Son bénéfice individuel est souvent différé et inconnu, alors que ses risques sont souvent immédiats. La tolérance des vaccins doit donc être excellente pour que la stratégie vaccinale soit suivie.

Section snippets

Approche des vaccins en pharmacovigilance

Deux sources d'informations permettent d'avoir connaissance des effets indésirables rares liés aux vaccinations : la notification spontanée qui émane des médecins pratiquant la vaccination et la pharmacoépidémiologie qui est organisée par les structures en charge de la pharmacovigilance.

Importance de la surveillance post-AMM

La connaissance sur la tolérance des vaccins continue de s'affiner pendant longtemps. Cela est illustré par les exemples suivants :

  • au moment de l'AMM du vaccin acellulaire contre la coqueluche, la réduction des effets locaux et systémiques bénins était démontrée par rapport au vaccin entier. En revanche, la réduction des effets graves et rares a été extrapolée de ces données mais n'était pas acquise malgré une méta-analyse des essais comparant le vaccin anticoqueluche acellulaire et

La pharmacovigilance permet-elle de tout élucider ?

L'imputabilité de certains effets indésirables observés au décours d'un vaccin reste obscure en dépit de l'application des techniques de pharmacovigilance. Ainsi, l'hydroxyde d'aluminium a été accusé d'être à l'origine d'un tableau clinique dénommé « myofasciite à macrophages » associant fatigue, myalgies et arthralgies [40], [41] à une infiltration macrophagique visible sur une biopsie musculaire deltoïdienne. Cependant, le lien entre les symptômes et les anomalies anatomopathologiques n'a pas

Conclusion

Les vaccins étant des médicaments à visée préventive, utilisés chez des sujets sains, ils doivent avoir, plus que tout autre médicament, une excellente tolérance pour être acceptés. Les effets indésirables fréquents et bénins sont bien identifiés au moment de la mise sur le marché des vaccins. Cependant, seule leur surveillance après AMM permet de détecter d'éventuels effets rares et graves. Cette surveillance doit être faite avec la même rigueur méthodologique que pour les autres médicaments.

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    • Low-dose Thimerosal in pediatric vaccines: Adverse effects in perspective

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      As noted by Besag (2011), drug trials can provide good data on adverse events but may not necessarily provide good data on adverse effects; this concept can be applied to vaccine trials. As pointed out by Autret-Leca et al. (2006) clinical trials with vaccine to identify rare or adverse events/effects following immunization are insufficient in size. Andrews (2012) proposed study designs suitable for vaccine safety that could include testing for preservatives and adjuvants.

    • Disease-specific adverse events following nonlive vaccines: A paradoxical placebo effect or a nocebo phenomenon?

      2011, Vaccine
      Citation Excerpt :

      The disease-specific AEFIs with nonlive vaccines reporting bias could have numerous consequences. It may further confound the individual case report causality assessment along with other factors such as under-reporting, biased reporting, incomplete reporting and incomplete information, duplicated reports, length of time since a drug has been marketed, publicity and media attention given to a drug as well as the adverse event reports, and statistical validity of an analysis; all of which may impact the quality of the data necessary for formal epidemiologic analyses [32–34]. Vaccine fears occur regularly [5,35,36].

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