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Analyser la terre de son jardin : c’est possible

Une petite fille qui jardine montre ses mains pleines de terre.

© Getty Images

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Par Luc Noël

Les légumes sont maigrichons ? Les tomates de la serre vous désespèrent ? Des semis ne se développent pas ? Le sol du potager peut être déséquilibré. Comme le médecin qui effectue une prise de sang, le jardinier peut faire analyser son sol pour identifier les carences ou les excès.

 

En Belgique, l’analyse de terre pour les agriculteurs et les jardiniers est un service public de compétence provinciale, avec un laboratoire par province. En France, il faut d’abord rechercher si un laboratoire départemental peut effectuer l’analyse. À défaut, des laboratoires privés sont compétents.

La technologie mise en œuvre dans les laboratoires d’analyse de terres est impressionnante. Le personnel scientifique emploie des appareils électroniques de mesure partiellement robotisés.
La technologie mise en œuvre dans les laboratoires d’analyse de terres est impressionnante. Le personnel scientifique emploie des appareils électroniques de mesure partiellement robotisés. © Getty Images

Un préalable essentiel : un bon échantillon

Première étape : la préparation de l’échantillon. Il doit être représentatif de l’ensemble de la parcelle. Avec une bêche, une motte de terre est excavée. Puis, avec le tranchant de l’outil, on prélève sur le flanc du trou une fine tranche de sol sur toute la hauteur du fer. En se déplaçant sur toute la parcelle, une quinzaine de prélèvements sont effectués, puis intimement mélangés dans un seau.

Cinq cents grammes de ce sol, placés dans un sac en plastique, sont déposés ou envoyés au laboratoire d’analyse.

Pour une prise d’échantillon plus aisée, des laboratoires mettent à la disposition des agriculteurs et des jardiniers une gouge de prélèvement, prêtée moyennant le dépôt d’une caution. Il est aussi possible de demander la venue d’un technicien.
Pour une prise d’échantillon plus aisée, des laboratoires mettent à la disposition des agriculteurs et des jardiniers une gouge de prélèvement, prêtée moyennant le dépôt d’une caution. Il est aussi possible de demander la venue d’un technicien. © Getty Images

Un long processus

Chaque échantillon, débarrassé par tamisage des racines et cailloux éventuellement présents, est placé dans une boîte avec le numéro de référence qui assurera sa traçabilité tout au long du processus. Direction : l’étuve pour un séchage complet à 40 °C.

Une fois séché, l’échantillon de terre est broyé dans une machine afin d’obtenir des particules de deux millimètres. C’est sous cette forme pulvérisée qu’il va poursuivre son parcours.

La culture du chou-fleur demande un sol particulièrement fertile et une humidité constante, deux facteurs que l’analyse de terre peut permettre d’améliorer moyennant des apports déterminés par les résultats.
La culture du chou-fleur demande un sol particulièrement fertile et une humidité constante, deux facteurs que l’analyse de terre peut permettre d’améliorer moyennant des apports déterminés par les résultats. © Getty Images

Mieux connaître la nature de sa terre

Le sol est-il argileux, limoneux, sableux ? Un appareil permet d’analyser la granulométrie, définissant les différentes classes de particules du sol. Les plus fines sont les argiles, les moyennes sont les limons et les plus grossières sont les sables. L’ensemble de ces éléments détermine la texture et donc le comportement du sol. Est-il lent à se réchauffer ? Est-il drainant ? Reste-t-il gorgé d’eau ?

La texture d’une terre argileuse, gorgée d’eau en hiver, dure et se craquelant durant les sécheresses de l’été, peut être améliorée via des apports de sable et de matière organique. Le laboratoire calculera les quantités par mètre carré.
La texture d’une terre argileuse, gorgée d’eau en hiver, dure et se craquelant durant les sécheresses de l’été, peut être améliorée via des apports de sable et de matière organique. Le laboratoire calculera les quantités par mètre carré. © Getty Images

L’humus, essentiel pour la vie du sol et la rétention de l’humidité

L’humus est la partie organique du sol qui est décomposée par les micro-organismes en minéraux, absorbés ensuite par les racines. Cet humus se lie à l’argile pour retenir l’humidité et les éléments fertilisants.

Pour mesurer le taux d’humus, un creuset reçoit un échantillon de terre pesé par une balance de précision. Le creuset est introduit dans un four à 1300 °C dont les émanations gazeuses sont analysées. A la sortie du creuset, le taux d’humus est affiché par l’appareil.

Pour maintenir un bon taux d’humus au potager, on peut incorporer superficiellement au printemps 10 à 30 kg de compost par 10 mètres carrés. La quantité dépend des exigences des cultures qui vont être menées.
Pour maintenir un bon taux d’humus au potager, on peut incorporer superficiellement au printemps 10 à 30 kg de compost par 10 mètres carrés. La quantité dépend des exigences des cultures qui vont être menées. © Getty Images

Acide, neutre ou basique ?

Le sol est-il acide, neutre ou basique ? Une quantité de terre est diluée pour déterminer le potentiel hydrogène, le pH. La mesure est effectuée grâce à une électrode. Sur une échelle de 1 à 14, les mesures inférieures à 7 sont acides, les mesures supérieures à 7 sont basiques. L’optimum se trouve entre 6 et 7 pour une bonne activité des micro-organismes et la disponibilité des éléments nutritifs pour les racines.

Connaître le pH de son sol permet de ne pas travailler de manière aveugle. L’apport de chaux, une pratique héritée du passé, est toujours pratiqué. La chaux neutralisant l’acidité, on peut aboutir à un pH trop basique aux conséquences négatives.

La présence de mousse dans le gazon peut être due à une acidité excessive. Seule la mesure du pH permet de le vérifier. Si c’est le cas, la quantité de chaux à apporter pour corriger cet excès sera précisément calculée pour revenir à un pH optimal.
La présence de mousse dans le gazon peut être due à une acidité excessive. Seule la mesure du pH permet de le vérifier. Si c’est le cas, la quantité de chaux à apporter pour corriger cet excès sera précisément calculée pour revenir à un pH optimal. © Getty Images

Évaluer les éléments nutritifs

Un volume de liquide dosé par une pompe vient diluer une quantité de terre soigneusement pesée et déposée dans une bouteille. Le flacon est longuement agité. Le liquide extrait les minéraux présents dans le sol. Il sera ainsi possible de mesurer le taux de phosphore, un élément important pour le développement de la plante et de ses racines.

L’analyse suivante est impressionnante. L’échantillon est injecté dans une flamme. Un spectromètre à absorption atomique effectue alors le dosage des minéraux. On peut ainsi connaître le taux de calcium, de sodium, de potassium, de magnésium.

En cas de carence en potasse, le laboratoire peut préconiser l’apport de patentkali, un engrais minéral d’origine naturelle, selon le dosage qu’il calcule. La production des légumes fruits comme les cucurbitacées s’en trouve améliorée.
En cas de carence en potasse, le laboratoire peut préconiser l’apport de patentkali, un engrais minéral d’origine naturelle, selon le dosage qu’il calcule. La production des légumes fruits comme les cucurbitacées s’en trouve améliorée. © Getty Images

Le bulletin d’analyse et son interprétation

La dernière étape est essentielle. Les résultats sont interprétés par un·e agronome et des conseils sont rédigés. Si le taux d’humus est insuffisant, un apport de compost devra être effectué. Les résultats de l’analyse chimique permettront des propositions pour la correction de la fertilité, avec des matières autorisées en jardinage biologique. Des indications peuvent également être formulées en ce qui concerne la texture du sol, par des incopporations de matière organique ou de sable.

L’analyse de terre est un outil utile pour des récoltes plantureuses.

Une analyse de terre est primordiale lorsqu’on investit un terrain pour y créer un nouveau potager, des parterres ornementaux ou une pelouse. Le travail ne sera pas effectué en aveugle. Les cultures seront directement menées dans les meilleures conditions
Une analyse de terre est primordiale lorsqu’on investit un terrain pour y créer un nouveau potager, des parterres ornementaux ou une pelouse. Le travail ne sera pas effectué en aveugle. Les cultures seront directement menées dans les meilleures conditions © Getty Images

Les laboratoires d’analyse de terre

Province de Liège
Station provinciale d’analyses agricoles

CPL-PROMOGEST ASBL
Rue de Dinant, 110
4557 Tinlot-Scry
04 279 38 00

site internet

 

Province de Namur
Laboratoire de l’Office Agricole de la Province de Namur
OPA-Qualité Ciney ASBL

Chemin d’Haljoux, 4
5590 Ciney
081 77 68 16
site internet

 

Province de Hainaut
Hainaut Analyses – Site d’Ath
Ruer Paul Pastur, 11
7800 Ath
068 28 49 90
site internet

 

Province de Brabant wallon
Centre provincial de l’Agriculture et de la Ruralité
Brabant wallon Agro-Qualité ASBL
Rue Saint-Nicolas, 17
1310 La Hulpe
02 656 09 70
site internet

 

Province de Luxembourg
Centre de Michamps ASBL

Horritine 1
6600 Michamps
061 21 08 20

site internet

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