Ce qu’il faut savoir sur la colchicine

Dans quels cas est indiquée la colchicine?

La colchicine est indiquée dans le traitement et la prévention des crises de goutte, la maladie de Behçet, la maladie périodique et d’autres accès aigus microcristallins.

La goutte est due à la formation de cristaux d’acide urique dans une articulation, provoquant une inflammation douloureuse.

La crise de goutte touche en général une seule articulation, le plus souvent à la base du gros orteil. L’articulation gonfle et devient rapidement rouge, chaude et très douloureuse. En l’absence de traitement, la crise de goutte guérit en 3 à 10 jours

Comment agit la colchicine?

La colchicine est un alcaloïde extrait d’une plante, le colchique et appartient à la famille des « poisons du fuseau ».

Elle agit en diminuant l’inflammation et en freinant la production d’acide lactique en maintenant le pH local normal. En effet, l’acidité favorise la précipitation des cristaux d’urate, point de départ de la crise de goutte. La colchicine agit également en bloquant la division cellulaire ce qui explique notamment sa toxicité digestive et hématologique, les cellules gastriques et de la moelle osseuse étant à forte division cellulaire.

La colchicine est un médicament à marge thérapeutique étroite, ce qui signifie que toute variation de sa concentration dans votre organisme, même légère, peut éventuellement entraîner des effets indésirables, potentiellement graves. En d’autres termes, la dose thérapeutique est proche de la dose toxique.

Il n’existe pas d’antidote disponible de la colchicine.

Quelles sont les spécialités disponibles à base de colchicine  ?

En France, la colchicine est disponible :

  • seule dans la spécialité Colchicine Opocalcium®
  • en association à la poudre d’opium et au tiémonium dans la spécialité Colchimax®.

Comment prendre la colchicine?

La colchicine est prise par voie orale et de préférence au moment des repas afin de limiter l’intolérance digestive.

Posologies

  • La posologie maximale par unité de prise est de 1 mg.
  • La posologie quotidienne à ne jamais dépasser est de 3 mg. Elle doit être réservée à la prise en charge tardive d’un accès aigu de goutte et uniquement au cours du 1er jour de traitement.

Que faire en cas d’oubli ?

Prenez la prise oubliée dès que vous y pensez, mais si vous êtes proche de l’heure de la prise suivante, sautez la prise oubliée.

Ne doublez jamais la dose pour compenser la prise oubliée !

Quels sont les effets indésirables de la colchicine et que doit-on faire ?

La colchicine peut entraîner des troubles digestifs notamment une diarrhée, des nausées et des vomissements.

  • La diarrhée est un signe précoce de toxicité de la colchicine, une « alerte » avant l’apparition d’effets indésirables potentiellement graves.
  • Si vous constatez l’apparition d’une diarrhée importante (selles liquides plus de 3 fois par jour) pendant le traitement, prenez rapidement contact avec votre médecin.
  • Une diminution de la dose ou l’arrêt immédiat du traitement peut être nécessaire.

Ainsi, soyez attentif aux premiers signes d’un surdosage : nausées, vomissements, diarrhée profuse. La survenue de troubles digestifs n’est pas un effet indésirable banal, c’est un signe de possible surdosage : ne le négligez pas et contactez rapidement votre médecin!

La colchicine peut également être responsable de troubles sanguins avec une diminution du nombre de globules blancs, de plaquettes, voire de l’ensemble des cellules sanguines. Lors d’un traitement au long cours, il est important de respecter la surveillance régulière de la formule sanguine en effectuant les bilans sanguins prescrits par votre médecin

Enfin, des troubles musculaires, habituellement réversibles à l’arrêt du traitement, ainsi que des troubles cutanés (urticaire, éruption) peuvent également apparaître. Consultez votre médecin.

Précautions d’emploi 

Il ne faut pas:

  • prendre de médicaments anti-diarrhéiques tels qu’IMODIUM (Lopéramide) ou SMECTA (Diosmectite) car ils risquent de masquer une diarrhée, premier signe d’un surdosage en colchicine.
  • prendre la colchicine si vous avez une maladie grave du rein ou du foie (pensez à bien le signaler au médecin)
  • prendre de la colchicine en même temps qu’un traitement par des antibiotiques comme la pristinamycine ou un antibiotique de la famille des macrolides (excepté la spiramycine)

La colchicine a de nombreuses interactions avec d’autres médicaments 

Il est important de signaler systématiquement à votre médecin et à votre pharmacien si vous prenez de la colchicine!

Pour connaitres les principales interactions actuellement connues, consultez le tableau des interactions avec la  colchicine

Associations contre-indiquées
Macrolides   Télithromycine, Azithromycine, Clarithromycine Erythromycine, Josamycine, Roxithromycine MidécamycineRisque d’augmentation des effets indésirables   Risque de surdosage potentiellement fatal
PristinamycineRisque d’augmentation des effets indésirables de la colchicine   Risque de surdosage potentiellement fatal
Associations déconseillées
CiclosporineRisque d’addition des effets indésirables des 2 médicaments (myopathie, rhabdomyolyse)
VérapamilRisque de majoration des effets indésirables de la colchicine
Inhibiteur de la protéase boosté par le ritonavir   Lopinavir, Atazanavir, DarunavirRisque de majoration des effets indésirables de la colchicine
Inhibiteur puissant du cytochrome 3A4   Kétoconazole, Itraconazole, Voriconazole, Posaconazole, FluconazoleRisque de majoration des effets indésirables de la colchicine
Associations nécessitant des précautions d’emploi
Anti-vitamines K   Warfarine, Fluindione, AcénocoumarolRisque d’augmentation de l’effet des antivitamines K (AVK) et du risque hémorragique.   Vous devez contrôler plus fréquemment votre INR Une adaptation de la posologie de l’AVK peut être nécessaire pendant le traitement par colchicine et 8 jours après son arrêt.
 Inhibiteur de la HMG-CoA réductase (statine) et fibrates   Atorvastatine, Simvastatine Pravastatine, Rosuvastatine, FluvastatineRisque de majoration de la toxicité musculaire des statines (rhabdomyolyse)   Une surveillance clinique et biologique est recommandée surtout en début de traitement

Cet article a été rédigé par les CRPV de Lyon et de Limoges

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Copyright © 2024 - RFCRPV

Site conçu par Perceptiom

Retour en haut