Jean-François Delfraissy a indiqué hier soir que l’émergence des nouveaux variants (anglais, sud-africain, brésilien, japonais, allemand et californien) « changent complétement la donne ». La mutation britannique pourrait même entraîner « l’équivalent d’une deuxième pandémie » selon le président du Conseil scientifique.
Variants : une situation critique
La semaine sera « critique » a déclaré le président du conseil Jean-François Delfraissy. « Si nous continuons sans rien faire de plus, nous serons dans une situation extrêmement difficile dès la mi-mars » prévient-il. Il souligne que « les variants sont en train de changer la donne depuis trois semaines. Ils apparaissent de façon multiple, ont des facteurs de transmission plus élevés, et accélèrent la transmission ». Alors que le variant anglais représente 7 à 9% en région parisienne, « il y aura 12 %, 14 %, 15 % de variant britannique dans les semaines qui viennent […] si on continue » affirme le président. Pour le variant sud-africain, il est « déjà peut-être autour de 1 % ». Le variant brésilien est également proche, puisqu’on « a un point d'entrée avec la Guyane ».
En terme de nombre de contaminations, la France se situe bien en dessous de celui avant le 2e confinement et semble convenable. Cependant, le Dr Delfraissy incite à « changer nos logiciels » car c'est « une fausse sécurité », qui « ne va pas pouvoir perdurer ». « C'est l'équivalent d'une deuxième pandémie, ce variant [britannique] ». Pour inverser cette tendance épidémique, il estime qu’il faut adapter les prochaines vacances de février, en regroupant les zones et en ajoutant une semaine.
Quel impact sur les vaccins ?
Ces variants pourraient entraîner une modification de la stratégie mise en place : « Est-ce que ces variants sont sensibles aux vaccins ? On a un élément de réponse pour le variant anglais, il semble, avec des données préliminaires, qu’il soit sensible aux deux vaccins ARN Messager ».
Concernant les mutations sud-africaines et brésiliennes, elles pourraient opposer une résistance plus forte aux immunisations : « Par contre, le variant sud-africain et le variant brésilien, ne sont que très peu neutralisés, à la fois par des anticorps monoclonaux, qui en général neutralisent le virus, et ne sont pas neutralisés par des anticorps issus de patients ayant déjà fait un Covid, donc il y a non-protection. Et enfin dans des premières données, une étude américaine montre que sur le variant Sud-africain, il y a une diminution de l’efficacité des vaccins d’environ 40% » révèle Jean-François Delfraissy.
Seul le vaccin Moderna serait efficace contre les nouveaux variants anglais et sud-africain, selon le groupe pharmaceutique Moderna Inc. Il « protège contre les variants détectés à cette date », en produisant des anticorps qui neutralisent ces mutations. Le laboratoire a toutefois indiqué qu’une étude concernant une dose additionnelle était en cours pour accroître la neutralisation.