Les températures vont remonter ce dimanche 17 juillet avec un pic attendu dans les prochains jours et près de 40°C prévus notamment à Paris. La capitale est fortement impactée par l'effet des îlots de chaleur qui rendent la vie de plus en plus inconfortable dans les logements, les transports en commun et les rues parisiennes en raison des matériaux minéraux, de la densité des habitations et de l’activité humaine. Une mission d'information et d'évaluation sur les méga-canicules vient d'être lancée pour accélérer l'adaptation de Paris au changement climatique.

C’est le troisième épisode de fortes chaleurs et canicule de l’année, après ceux de mi-mai et mi-juin. Et ce n’est sans doute pas le dernier. Ce dimanche, les températures vont repartir à la hausse et atteindre un pic mardi 19 juillet avec 40°C attendus à Paris notamment. La capitale s’est déjà réchauffée de +2,3°C depuis l’ère préindustrielle. La température moyenne pourrait augmenter de 2,7°C d’ici 2050 et de 3,8°C d’ici la fin du siècle, par rapport à 1885, avec une projection de + 6°C dans le scénario du pire.
Selon l’étude "Paris face aux changements climatiques", publiée l’année dernière par la Ville, il y aura près de 20 jours caniculaires (au-dessus de 30°C) par an en 2030 et plus de 34 en 2085, contre 14 en 2010. Le nombre de nuits tropicales (où la température ne baisse pas sous les 20 degrés) pourrait être multiplié par trois d’ici à 2030. Les projections climatiques indiquent également que les nappes phréatiques et les débits d’eau devraient baisser d’ici à la fin du siècle. Des tensions d’usage de l’eau seraient ainsi possibles à partir de 2050.

Une mission d’information sur les méga-canicules lancée


Pour faire face à ces enjeux, le conseil de Paris a voté début juillet le lancement d’une mission d’information et d’évaluation de six mois, réunissant 15 élus de tous les groupes politiques, qui vont travailler sur "Paris 50°C : préparer la ville aux méga-canicules". L’initiative est portée par Alexandre Florentin, conseiller Génération écologie de Paris, directeur de la Carbone 4 Académie et co-auteur d’une fiction sur Twitter (@Paris50degres) qui nous embarque dans un Paris à 50 degrés en 2026.
"Le groupe écologiste avait envoyé une première lettre à la maire en janvier 2021. Le projet était bien embarqué et devait être voté en octobre 2022, mais la canicule précoce de juin, qui a sidéré tout le monde, a permis d’accélérer le processus. En 24h nous avions les dernières signatures nécessaires" détaille l’élu.  
"L’objectif est d’abord d’augmenter le niveau de compréhension de la crise climatique avec une première phase où on parlera de climatologie. Il s’agit aussi de créer du consensus pour accélérer les prises de décisions. Et sur les arbitrages les plus difficiles, il faut réussir à poser le débat sur ce qu’on veut sauver et sur ce qu’il faudra du coup abandonner, et donc aborder le changement de modèle" explique Alexandre Florentin. Des préconisations et des contributions seront remises à la maire à l’issue de ce travail.

Plus de 70 cours "Oasis" à Paris


Des auditions vont être menées avec les acteurs des secteurs impactés par les fortes chaleurs et canicules à l’instar des écoles, des hôpitaux, des transports, de la voirie, du bâti et des réseaux. Les réseaux énergétiques pourraient ainsi être fortement impactés. Certains exercices menés par la Préfecture de Police envisagent ainsi la privation d’électricité pour 1,5 million d’utilisateurs à cause des aléas climatiques. Les transports en commun sont aussi sensibles aux canicules avec une déformation des rails.
Des projets d’adaptation sont déjà menés de façon sporadique dans la capitale pour s’adapter au changement climatique. Quatre miroirs d’eau brumisant ont été par exemple installés dans le forum des Halles de Châtelet, la dalle Beaugrenelle a été végétalisée, plus de 70 cours "Oasis" sont recensées. Elles consistent à transformer les cours de récréation des écoles et collèges parisiens en îlots de fraîcheur. À terme, tous les établissements seront concernés. Ces espaces ont en outre vocation à être ouverts au public.
"Il y a quelques avancées car Paris s’est souciée tôt du problème, mais on n’est pas à la bonne échelle, ni au bon rythme. Le problème, c’est que sur cette trajectoire, si on ne fait pas le boulot, c’est l’habitabilité de la ville qui est en jeu. Les riches vont pouvoir fuir une partie ou toute l’année, tandis que les plus pauvres resteront coincés et subiront les conséquences du changement climatique. C’est aussi une question d’injustice." Pour avoir une idée de ce qui nous attend, il n’y a qu’à se plonger dans @Paris50°C. C’est… effrayant !
Concepcion Alvarez @conce1

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