Moins complexe, comportant moins de pièces et de composants, et nécessitant moins de maintenance que son équivalent thermique, la voiture électrique se passera d’une partie de la main d’œuvre automobile actuelle. C’est ce qui ressort d’un rapport publié début septembre par l’ACEA, l’Association des constructeurs automobiles européens, qui appelle à une transformation de la mobilité à un rythme soutenable et non brutal.

Alors que les eurodéputés proposent que d’ici 2030, 40 % des voitures neuves vendues en Europe soient à faibles émissions de CO2, les constructeurs automobiles européens agitent le spectre de la destruction d’emplois. Dans un rapport (1) publié début septembre par l’ACEA, l’association des constructeurs automobiles européens, ils estiment que les impacts d’un déploiement trop brutal de la voiture électrique seront néfastes pour l’emploi, en particulier pour les petits sous-traitants.
Selon les calculs du FTI Consulting, qui a réalisé l’étude, les fournisseurs et constructeurs européens devraient produire respectivement 38 % et 17 % de pièces en moins. En cause, le fait que la voiture électrique est plus simple que son équivalent thermique. Elle nécessite six fois moins de pièces et compte 60 % de composants en moins. Qui plus est, elle tombe plus rarement en panne, ce qui n’arrangera pas les affaires des garagistes.
Relocaliser la production des batteries
"La totalité de la chaîne de production européenne devra se transformer à un rythme soutenable, protégeant ainsi l’emploi et la viabilité à long terme du secteur", plaide ainsi Erik Jonnaert, secrétaire général de l’ACEA. "Les constructeurs automobiles sont impatients d’aller aussi vite que possible vers des véhicules sans émissions. Cependant, ce rapport montre clairement que des objectifs de CO2 trop stricts, ainsi qu’un quota de vente irréaliste pour les véhicules électriques pourraient entraîner de graves problèmes structurels dans l’UE."
Autre argument invoqué par les constructeurs, le manque à gagner dû aux batteries qui, selon leurs estimations, représenteront 35 à 50 % du coût des voitures électriques. Or celles-ci sont aujourd’hui produites à l’autre bout du monde. Pour pallier cet obstacle, les eurodéputés préconisent également un soutien à la fabrication de batteries en Europe. "C’est l’occasion de donner une nouvelle vie au secteur manufacturier de l’UE, d’investir dans l’innovation et de stimuler la croissance économique”, estime ainsi la député européenne Miriam Dalli.
Mais selon le rapport de l’ACEA, même des batteries produites dans l’UE auraient un faible impact sur l’emploi. Si les émissions de CO2 étaient réduites de 30 %, cela permettrait la création de 51 000 emplois dans le secteur des batteries, mais seulement 2 000 emplois seraient générés dans un scénario de réduction des émissions de 40 %. Aujourd’hui, 13 millions d’Européens travaillent dans le secteur automobile, c’est 6 % de la population active.  
Concepcion Alvarez @conce1
(1) Voir le rapport

Découvrir gratuitement l'univers Novethic
  • 2 newsletters hebdomadaires
  • Alertes quotidiennes
  • Etudes