Des éclairs lors d'un orage à Bordeaux, le 18 juillet 2017

Des éclairs lors d'un orage à Bordeaux, le 18 juillet 2017

afp.com/NICOLAS TUCAT

C'est un bruit quotidien ces derniers jours: le grondement du tonnerre sur la France. "Il n'y a quasiment eu aucune journée sans un impact de foudre", au mois de mai, selon Steven Testelin, prévisionniste à Météo France. Entre le 24 mai et le 4 juin, neuf journées ont été concernées par une vigilance orange aux orages. Dimanche soir, pas moins de 48 départements étaient ainsi touchés par cette alerte.

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Un mois de mai record

Le nombre d'impacts de foudre enregistré au mois de mai "est plutôt proche" de ceux enregistrés en été, "et encore, sur un été très actif", estime Steven Testelin. Rien que sur le mois de mai, près de 180 000 impacts ont été recensés sur tout le territoire, établissant un nouveau record depuis le début de l'enregistrement de cette statistique en 2000. Le précédent record date de 2009. Cette année-là, 85.000 impacts de foudre avaient touché le sol français.

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Pour comprendre pourquoi il y a eu autant d'orages et pendant si longtemps, il faut revenir aux bases de ce phénomène météorologique. Pour qu'un orage se forme, il faut un cumulonimbus, un nuage en forme d'enclume de plusieurs kilomètres de hauteur. Un cumulonimbus de 1 km de large sur 10 km de hauteur contient ainsi un million de litres d'eau, tandis qu'à l'intérieur, les vents peuvent atteindre jusqu'à 140 km/h.

Air froid en altitude et air chaud au sol

Ce nuage naît le plus souvent de la rencontre d'une masse d'air chaud humide avec une masse d'air froide. Naturellement, l'air froid a tendance à tomber au sol tandis que l'air chaud monte. De cette différence vont naître des frictions entre les molécules d'air, d'eau et de glace. En se frottant les unes aux autres, le nuage va se charger en électricité.

En bas du nuage, les charges négatives vont s'accumuler, créant une différence avec la charge positive du sol. Puisque les opposés s'attirent, lorsque le déséquilibre est trop grand, un arc électrique se crée, les charges négatives voulant rejoindre les charges positives.C'est l'éclair qui frappe le sol accompagné par le tonnerre.

L'intensité des orages est inédit pour la saison. Habituellement, ce sont les mois de juillet et d'août les plus touchés. Cette originalité s'explique par une configuration météorologique bien particulière. Depuis plusieurs semaines, "de vastes bulles d'air froid descendent par l'Atlantique et s'échouent sur la péninsule ibérique", explique Steven Testelin. Ce qu'on appelle "des gouttes froides", qui refroidissent l'air en altitude, sont très lentes à se déplacer du fait d'une situation de blocage engendré par un anticyclone au nord de l'Europe.

Un phénomène qui va durer

Dans le même temps, l'air au sol reste chaud. Sur le mois de mai, les températures en France "sont supérieures de 1,3 degré aux normales", rappelle le prévisionniste. Et dans la moitié nord du pays, elles ont même été supérieures de 5°C certains jours. Un cocktail explosif parfait pour donner naissance à des cumulonimbus et donc des orages.

Mauvaise nouvelle, selon Steven Testelin, ce phénomène orageux n'est pas près d'être fini. Il devrait se poursuivre toute la semaine, "jusqu'au week-end prochain", affirme-t-il. Lundi, seize puis dix-sept départements du nord-ouest et du nord-est ont notamment été placés en alerte orange aux orages.

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