De son côté, David Eray, ministre de l’Environnement, décrit une situation alarmante: «L’automne dernier, les hêtres ont perdu leurs feuilles avec deux mois d’avance. On a espéré que le feuillage reparte de plus belle ce printemps… Il n’en a rien été. De nombreux arbres, certains vieux de 150 ans, sont totalement secs. Beaucoup d’autres ont des taches noires sur l’écorce, signe qu’ils sont en train de se vider de leur sève…» En plein mois de juillet, les teintes des forêts jurassiennes demeurent désespérément brunes; représentant 36% de l’ensemble des arbres, le hêtre est la principale essence.
Le nord-ouest de la Suisse touché
La cause de cette catastrophe est clairement en lien avec l’extraordinaire sécheresse de l’année dernière. «En été 2018, il n’a quasiment pas plu durant trois mois dans l’Ajoie», rappelle David Eray. Reste que l’extrême rapidité du dépérissement a surpris les spécialistes et dépassé toutes les projections. En cas de répétition d’épisodes de sécheresse, le hêtre pourrait à terme disparaître en plaine. Si le Jura – et son district de l’Ajoie – reste le canton le plus marqué, le phénomène frappe l’ensemble du nord-ouest de la Suisse: Bâle-Campagne, Soleure, Argovie, Berne et Neuchâtel.
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Une séance de crise a été organisée en juin dans le canton du Jura. «La priorité est la sécurisation de l’espace public, assure le ministre David Eray. Une fois sec, le hêtre casse comme du verre.» Dans l’urgence, cet été, des mesures de sécurisation seront prises le long des routes et des sentiers, pour éviter tout accident lors de chutes de branches. Certaines zones de forêts seront même interdites d’accès. A plus long terme, dès cet automne, une stratégie sylvicole sera élaborée en vue de l’abattage des arbres.
Appel à la Confédération
Le Jura a lancé un appel au Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC), et à sa cheffe, la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, en vue de coordonner la crise au niveau suisse. Le canton a également pris contact avec l’Institut fédéral de recherches WSL, qui étudie entre autres la forêt. «Nous avons besoin d’un appui technique et scientifique, pour savoir ce que nous devons faire», conclut David Eray.