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Pollution automobile : le Parlement européen sur une ligne dure

+ VIDEO - Les eurodéputés ont adopté mercredi un objectif de réduction de 40 % d'ici 2030 des émissions de CO2 des véhicules neufs. Une voiture neuve sur cinq doit être électrique dès 2025. L'industrie dénonce des objectifs irréalistes.

Grands boulevards en double sens entre la place de la Republique et la porte Saint Denis, embouteillage transport, circulation auto, trafic routier
Grands boulevards en double sens entre la place de la Republique et la porte Saint Denis, embouteillage transport, circulation auto, trafic routier (Photo Gilles Rolle/REA)

Par Derek Perrotte, Julien Dupont-Calbo

Publié le 3 oct. 2018 à 17:48Mis à jour le 3 oct. 2018 à 20:31

L'intense lobbying des constructeurs automobiles contre des objectifs qu'ils jugent « irréalistes » n'aura pas entamé la détermination des députés européens. Mercredi, en plénière à Strasbourg, ils ont adopté à une confortable majorité (349 pour, 239 contre, 41 abstentions) un objectif de réduction des émissions de CO2 des nouveaux véhicules légers, et des camionnettes, de 40 % à l'horizon 2030. Certes, c'est un peu moins que les 45 % proposés par la commission transport de l'hémicycle ou que les 50 % réclamés par les ONG et les écologistes.

Urgence climatique

Mais, trois ans après le dieselgate et sous la pression croissante de l'opinion, c'est bien plus que l'objectif de 30 % avancé par la Commission dans sa proposition initiale. « Ce vote démontre que les mentalités évoluent, au sein même d'un hémicycle dominé par les conservateurs : enfin, l'urgence climatique est prise en compte et la santé des Européens passe avant les préoccupations économiques de court terme ! », s'est félicitée la socialiste Christine Revault d'Allonnes au sortir du vote. Autre élément clé, les eurodéputés poussent les constructeurs à un effort rapide en confirmant le principe d'un objectif intermédiaire à atteindre dès 2025, avec une barre fixée à 20 %.

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Enfin, ultime pilule à avaler pour l'industrie, le Parlement européen trace la voie d'une électrification rapide du parc, avec des objectifs de 20 % de voitures à émission zéro dans les ventes d'ici 2025 et 35 % d'ici 2030, le tout assorti de pénalités financières qui faisaient défaut dans la proposition originale. L'eurodéputée PPE (droite) Françoise Grossetête regrette toutefois que le texte ne s'écarte pas plus de « l'écran de fumée » du tout électrique, pour favoriser aussi d'autres alternatives aux moteurs à combustion, comme l'hydrogène et les hybrides rechargeables. Selon elle, « il n'y a pas de solution miracle, seul un mélange d'alternatives peut favoriser la voie vers une mobilité plus propre. »

Le rôle clé de l'Allemagne

Au Mondial de Paris, les regards étaient tournés vers Strasbourg. « Si l'Union européenne veut baisser les émissions CO2, très bien. Mais l'électrique aujourd'hui, c'est comme le bio, c'est plus cher et c'est le monopole technologique de l'Asie. Il faut être honnête », affirme Carlos Tavares, le président du directoire de PSA. Surtout focalisée sur les objectifs de 2020-21 (95 grammes de CO2 par véhicule par kilomètre), la filière n'est pas étonnée par le vote des députés. Elle mise sur un lobbying auprès des Etats pour faire évoluer les choses.

Une prise d'otage

De fait, le dossier passe maintenant dans les mains du Conseil, où les ministres de l'Industrie de l'UE doivent arrêter leur position le 9 octobre, avant un trilogue final entre institutions européennes espéré d'ici la fin de l'année. Une large majorité d'Etats membres, dont la France, s'est positionnée en faveur d'un objectif de moins 40 % d'émissions en 2030. Mais l'Allemagne, après avoir déjà pesé sur la proposition initiale de la Commission, résiste, suivie par quelques pays de l'Est.

« L'Europe ne peut pas laisser l'Allemagne prendre tout le continent en otage pour lui faire payer l'échec de sa stratégie diesel », insiste l'ONG Transport & Environnement. « Dans tous les cas, il faut un compromis sur le sujet d'ici fin mars, avant la fin de la législature, souffle Erik Jonnaert, le secrétaire général de l'Acea, le lobby européen de l'automobile. Sinon, tout sera repoussé en 2020, et il ne restera que cinq ans avant 2025. C'est un délai trop court pour l'industrie ».

VIDEO. CO2, ozone et particules fines : vu du ballon de Paris, tout n'est pas si gris

Derek Perrotte

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