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Chronique

Le déclin de la recherche médicale

Publié le 10 avr. 2017 à 01:01

Les faits et les chiffres sont têtus : la recherche médicale française va mal, comme le montrent les données chiffrées disponibles sur Internet. En 2016, la France (67,6 millions d'habitants) a publié 50.000 articles (source PubMed pour publications médicales); elle est passée de la 5e à la 8e place en nombre de publications totales en quinze ans. La Chine (84.450 articles), l'Italie (52.819 articles) et le Canada (51.175 articles) la dépassent à présent. A titre de comparaison, les Pays-Bas (17 millions d'habitants seulement) en publiait 33.900 et la Suisse (8.3 millions) 23.701. C'est une question d'efficacité, pas de moyens, car la France est la 9e nation en investissement dans la recherche médicale, loin devant ces pays. Les institutions françaises cachent ce phénomène, car elles labellisent les unités à plusieurs, et chacune ensuite revendique la totalité de la production de toutes celles auxquelles elles sont associées. Dans mon unité qui, étudiants compris, accueille près de 300 personnes, la contribution de l'Inserm est, salaires compris, de 3 %. Mais l'Inserm compte les 544 publications de 2016 que nous avons faites (4 % de ses 13.600 publications) au lieu des 21 qu'elle a subventionnées réellement ! Ainsi, l'addition des publications des instituts de recherches (CNRS, Inserm, IRD, Institut Pasteur, CEA, agences de lutte contre le sida), des fondations (dont les IHU comme celui que je dirige), des universités et des hôpitaux doit représenter près de trois fois le nombre total réel des publications médicales. Ce qui permet à chaque institution d'afficher des chiffres mirobolants. Les décisions récentes de l'Inserm montrant qu'elle veut en revenir au modèle de son ancien directeur général (1982-1996) Philippe Lazar, qui ne considérait pas les universitaires (dont moi, à qui il l'a dit !) comme de « vrais » chercheurs, vont éloigner à nouveau l'Inserm des hôpitaux, où est pourtant sa place. Et continuer la lutte avec le CNRS, pour occuper le territoire des sciences biologiques. Tant que le même candidat à un poste de chercheur se présentera à la fois au CNRS et à l'Inserm, le paysage ne sera pas clarifié. Et la recherche médicale continuera à décliner, comme les chiffres, hélas, le démontrent.

Didier Raoult

Didier Raoult

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