Raoult - Les zombies de la maladie de Lyme

Certaines pathologies aux causes inconnues sont source de dérives médicales, ce qui augmente le désarroi des malades. L'analyse du professeur Didier Raoult.

Par

Une tique, dont la morsure serait responsable de la maladie de Lyme, photographiée à l'Institut national de la recherche agronomique (Inra). © BERTRAND GUAY / AFP

Temps de lecture : 2 min

Il existe des malades dont personne ne connaît la cause du tourment. Ces malades sont irrités par notre ignorance. Parfois, ils réclament à tout prix une cause et sont indignés par ce qu'ils croient être de l'incompétence, voire un complot. Certaines de ces maladies sont évidentes comme la sclérose en plaques et (en partie) l'autisme.

Il n'y a guère d'année sans qu'un « scandale » surgisse, censé expliquer ces maladies d'origine inconnue. Cela va des vaccins (contre l'hépatite ou la rougeole) jusqu'aux pesticides ou aux ondes. Le temps fait son affaire de ces « scandales », mais ces maladies restent inexpliquées. Certaines de ces maladies n'ont pas de tableau clinique évident. Comme la spasmophilie, traitée sans preuve par le magnésium, ou le coup du lapin qui a disparu quand il n'a plus été indemnisé… Apparaissent maintenant la fibromyalgie et la fatigue chronique. Pour les expliquer, les infections bactériennes difficiles à diagnostiquer, dont je suis spécialiste, ont souvent été incriminées. La dernière en date est la maladie de Lyme dont les malades errent comme des zombies, à la recherche de médecins qui finissent par se laisser convaincre qu'ils ont une maladie de Lyme.

La newsletter débats et opinions

Tous les vendredis à 7h30

Recevez notre sélection d’articles tirée de notre rubrique Débats, pour comprendre les vrais enjeux du monde d’aujourd’hui et de notre société

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription à bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Ce qui est réel, c'est l'épidémie d'informations non vérifiées qui s'oppose à la médecine basée sur des données vérifiables y compris sur Internet. Certains laboratoires facturent des examens fantasques, confirmant des doutes déraisonnables. La France n'échappe pas à ce phénomène, alors que dans de nombreux pays, les professeurs de médecine spécialistes en maladies infectieuses ne cautionnent pas ces dérives. Notre spécificité est que nous avons au Conseil national des universités et au Haut Comité de santé publique, un confrère qui a pris une position de leader du Lyme, sans bagage scientifique spécifique dans ce domaine, autre que ses croyances et le support de ses disciples. Il n'a pas de production scientifique lisible. Il a embrasé les théories alternatives et a même convaincu un grand hebdomadaire qu'il existait un complot tendant à dissimuler (pour quelle raison ?) l'ampleur du désastre. Heureusement, la société française de pathologie infectieuse vient de se démarquer de ce faux scandale. Je fus le premier en Europe à réaliser des examens de confirmation sur la maladie de Lyme, et les commentaires sur les faux négatifs me sidèrent. Toutefois, la plainte déposée par des patients pourrait bien, même à l'opposé de toute connaissance scientifique, trancher en faveur de l'irrationnel comme dans les procès contre le vaccin de l'hépatite B ! L'aveuglement des acteurs institutionnels, la validation par une référence médicale (pour le vaccin contre l'hépatite B ou pour la maladie de Lyme) et la naïveté ou le cynisme des journalistes laissent pantois.

Il faudra bien un jour mettre un frein à l'annonce d'un scandale sanitaire par jour ! Il faudra vérifier les sources, hiérarchiser les risques, afin de revenir dans le vrai monde, peut-être sous la pression d'une population lasse de tant d'informations erronées. À commencer par les malades !

À ne pas manquer

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation

Commentaires (8)

  • Le barde

    L'autisme n'est pas une maladie, mais une spécificité que partage certains êtres humains et pas les autres...
    C'est peut-être un détail pour la plupart des lecteurs, mais pour ceux qui sont concernés ça veut dire beaucoup.

  • JLL

    Mon confrère spécialiste, comme moi, de maladies tropicales et d'infectiologie n'insulte pas les malades, ou alors vous avez un trouble de la vision. Mais je pense qu'il a lu, comme vous et moi, Knock.
    Il y a donc encore et toujours des Knock en France qui profitent de leurs statuts, comme ce collègue dont parle DidierRaoult, pour propager des rumeurs malodorantes.
    Cela me fait penser à un certain Pr Triste, ou l'inverse, qui sous prétexte d'être "Professeur" critiquait les vaccins, alors que sa spécialité était la chirurgie, imaginez un peu Didier Raoul critiquant le trop grand nombre d'appendicectomies en France ! (ceci dit il n'aurait pas tort !).

  • Arkhan

    Molière avait du talent lorsqu'il traitait des malades imaginaires, vous, docteur vous insultez des malades. Ce n'est pas bien, cher docteur.

Abonnement Le Point