La détection automatique du port du masque testée dans le métro parisien

Une technologie de reconnaissance faciale a été déployée depuis mercredi dans la station Châtelet-Les Halles. Objectif : produire des données pour orienter les décisions politiques.

 Le flux des caméras de vidéosurveillance  va être analysé par l’intelligence artificielle pour comptabiliser les porteurs de masques dans la station Châtelet-Les Halles.
Le flux des caméras de vidéosurveillance va être analysé par l’intelligence artificielle pour comptabiliser les porteurs de masques dans la station Châtelet-Les Halles. LP/Olivier Corsan

    « Souriez, vous êtes comptés ». La RATP a installé depuis mercredi un système de détection des porteurs de masques qui passent devant plusieurs caméras de vidéosurveillance de la station de métro Châtelet-Les Halles.

    Toujours en phase de calibrage ce vendredi, le dispositif va servir, à partir du 11 mai et pour trois mois, à mesurer en temps réel le taux d'adoption de la protection faciale dans cette station centrale et donc riche en enseignements.

    « Un tableau de bord électronique va nous informer, jour après jour, de l'évolution du taux de port du masque dans les espaces concernés et ainsi assurer la sécurité de tous dans les transports dans le cadre du déconfinement », explique la RATP. Pour rappel, le port du masque est obligatoire pour les usagers des transports en commun à partir de lundi

    L'Intelligence artificielle en renfort

    Châtelet-Les Halles, station géante au cœur du laboratoire d'Intelligence artificielle de la RATP, disposait déjà des 6 premières caméras HD nécessaires pour quantifier les passagers masqués à intervalles réguliers.

    Elles sont éparpillées à des endroits bien éclairés, comme des couloirs ou des escalators, où l'autorité de transports a informé les voyageurs de l'expérimentation en cours.

    Le sous-traitant, la start-up DatakaLab, n'a eu qu'à brancher ses six boîtiers dans une salle de contrôle. Ils contiennent un puissant processeur doté d'un algorithme qui analyse en continu le flux vidéo et comptabilise les porteurs.

    « Notre logiciel détecte différents points du visage en temps réel et l'intelligence artificielle les compare avec un modèle qu'elle connaît qui est sans masque. Cela donne ensuite un score de 0 à 1 sur l'étendue de la couverture du visage », détaille Xavier Fischer, patron de la start-up parisienne.

    « Toute la détection se passe dans la machine et ne génère que des jeux de données et des moyennes statistiques qui ne permettent pas de remonter à un groupe de gens », démine le jeune entrepreneur en anticipant les critiques sur la protection de la vie privée.

    Respect a priori de la législation

    Garante du respect des données personnelles, dont l'identification d'un individu fait partie, la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) « a été informé à titre indicatif mais la législation notamment européenne n'impose pas d'autorisation préalable pour ce dispositif car nous ne stockons pas d'images ou de données » nous précise la RATP.

    Cette même technologie est déjà utilisée avec deux gros boîtiers blancs sur des marchés à Cannes. L'outil a servi à la mairie à lancer une campagne de distribution de masques et des opérations de sensibilisation.

    Dans le métro parisien, le dispositif pourrait aussi déboucher sur des actions de prévention mais en aucun cas, selon la RATP, sur une campagne de verbalisation des contrevenants.

    L'expérimentation va monter en puissance en faisant appel d'ici le mois d'août à six caméras supplémentaires, toujours à Châtelet-Les-Halles. Le logiciel de détection sera aussi bientôt capable de mesurer le respect de la distanciation sociale, autre problème majeur des transports en commun.