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Acte IX : 84 000 « gilets jaunes » dans toute la France, mobilisation en hausse

Le ministère de l’intérieur a comptabilisé 8 000 manifestants à Paris. Ils sont aussi 5 000 à Bourges, Bordeaux et Toulouse, selon les préfectures. Quatre-vingt mille policiers et gendarmes ont été déployés sur le territoire.

Le Monde avec AFP

Publié le 12 janvier 2019 à 08h52, modifié le 13 janvier 2019 à 14h22

Temps de Lecture 5 min.

L’acte IX de la mobilisation des « gilets jaunes » s’est poursuivi samedi 12 janvier, deux mois après la première journée d’action du 17 novembre, et trois jours avant le lancement du « grand débat national » voulu par Emmanuel Macron. En début de soirée, le ministère de l’intérieur comptabilisait 84 000 manifestants partout en France (dont 8 000 à Paris) soit près de 35 000 de plus que la semaine précédente.

Après une baisse de la mobilisation pendant les fêtes, la contestation avait déjà rebondi le 5 janvier, avec 50 000 manifestants (dont 3 500 dans la capitale). Pour ce neuvième samedi, plusieurs appels avaient été lancés par des figures du mouvement : à Paris, à Bourges et dans plusieurs autres grandes villes. Certains défilés ont été émaillés de violences en fin de journée, mais aucun débordement important n’est à déplorer.

  • 6 300 personnes à Bourges

Plus de 6 000 personnes ont défilé à Bourges (Cher), à l’extérieur du centre historique, alors que la préfecture a interdit tout rassemblement dans le centre-ville. Sur le parcours de la manifestation, les rues menant au centre-ville étaient fermées par des cordons de policiers.

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La manifestation a été précédée d’un discours de Maxime Nicolle, connu sous le pseudonyme de « Fly Rider », et de Priscillia Ludosky, deux figures des « gilets jaunes » qui avaient, pour la première fois, appelé au rassemblement à Bourges. La ville a été choisie en raison de sa position géographique centrale et le fait qu’elle soit « un peu moins connue des forces de l’ordre » pour éviter les « nassages » et les tensions avec la police, avait expliqué Maxime Nicolle.

Malgré l’interdiction, environ 500 « gilets jaunes » ont manifesté dans le centre historique. Selon notre journaliste sur place, des tensions avec les forces de l’ordre ont éclaté dans l’après-midi. A la tombée de la nuit, la manifestation se terminait dans l’affrontement, entre les canons à eau et les lacrymogènes. En marge de la mobilisation, dix-neuf personnes ont été interpellées et onze personnes ont été blessés, dont deux CRS, selon la préfecture, qui a constaté « peu de dégâts » dans le centre-ville.

  • A Paris, heurts dans le secteur des Champs-Elysées

A Paris, le cortège de « gilets jaunes » est parti vers 11 heures du ministère de l’économie et des finances, à Bercy (12e arrondissement). Il s’est arrêté aux alentours de midi place de la Bastille pour se terminer place de l’Etoile, en haut des Champs-Elysées. Sous le mot d’ordre « On va faire les soldes à Paris ! », l’appel a été relayé sur les réseaux sociaux notamment par Eric Drouet, l’une des figures du mouvement.

Parmi les slogans scandés par les manifestants : « Libérez Christophe », en référence à l’ex-boxeur Christophe Dettinger, filmé en train de frapper deux gendarmes samedi dernier, « Benalla en prison ! », « Macron démission ! », ou encore « Emmanuel Macron, tête de con, on vient te chercher chez toi ! ». En tête de cortège, un service d’ordre porteur de brassards blancs montrait le chemin à suivre.

Après une matinée sans incident, la manifestation parisienne a été le théâtre de heurts, jets de projectiles contre tirs de grenades lacrymogènes dans le secteur des Champs-Elysées et autour de l’arc de Triomphe. Pour repousser les manifestants, les forces de l’ordre ont aussi largement fait usage des canons à eau.

Dans un bilan définitif communiqué dimanche, la préfecture de police de Paris fait état d’un total de 167 interpellations samedi, notamment « pour participation à un groupement en vue de commettre des violences, port d’arme prohibée, violences à agents de la force publique ». Selon le parquet, ces arrestations ont donné lieu à 155 gardes à vue. Quinze majeurs et deux mineurs ont été déférés au parquet ; deux autres personnes vont faire l’objet d’une ordonnance pénale. Vingt-cinq procédures ont par ailleurs été classées sans suite. Les autres gardes à vue se poursuivaient dans la journée.

Le préfet redoutait vendredi « plus de radicalité », affirmant observer « semaine après semaine une dérive vers des comportements de plus en plus violents ». Cinq mille membres des forces de l’ordre étaient mobilisés dans la capitale, avec le renfort de quatorze véhicules blindés à roues de la gendarmerie.

  • Des manifestations dans plusieurs grandes villes

Environ 6 000 « gilets jaunes » manifestaient à Bordeaux, selon la préfecture, contre 4 600 samedi dernier. Une mobilisation qui consacre à nouveau la capitale de Nouvelle-Aquitaine comme l’un des bastions du mouvement en France.

Autre bastion : Toulouse. Ils étaient également 6 000 à défiler dans la Ville rose, selon la préfecture. Le cortège a commencé à défiler dans le calme à 14 heures dans le centre, avant d’opérer une jonction avec la cinquantaine de manifestants réunis à l’appel de la CGT en soutien de revendications de hausse du pouvoir d’achat. La manifestation a ensuite dégénéré sur la place centrale du Capitole, lorsque les policiers ont repoussé des groupes très mobiles qui leur lançaient des projectiles et les chargeaient. Les cafés et commerces alentour ont fermé leurs grilles pendant ces heurts, treize personnes ont été « légèrement » blessées et 33 interpellées pour des « dégradations et des violences ».

A Saint-Brieuc, 2 300 manifestants (selon la police) venus de toute la Bretagne ont défilé dans les rues de la ville, où des incidents ont éclaté lorsque les manifestants sont arrivés devant la préfecture en fin d’après-midi, où une trentaine de policiers avait pris position. Plusieurs manifestants ont été blessés, a constaté un journaliste de l’AFP, qui a pu voir l’un d’eux touché par un tir de lanceur de balle de défense.

A Lille, entre 1 500 et 1 800 personnes selon la préfecture, 3 000 voire plus selon les « gilets jaunes », ont manifesté dans le calme – un chiffre en nette hausse par rapport à la semaine passée.

Ils ont été aussi, selon les préfectures, quelque 2 600 manifestants à Nantes, 3 000 à Caen, 2 500 à Rouen, 1 500 à Strasbourg, 1 200 à Saint-Etienne, un millier à Lyon, 200 au Touquet (Pas-de-Calais), aux abords de la villa d’Emmanuel et Brigitte Macron. De 150 à 200 « gilets jaunes » bloquaient par ailleurs à la mi-journée la circulation sur le viaduc de Millau. Plusieurs manifestations ont été émaillées d’échauffourées entre « gilets jaunes » et forces de l’ordre.

Des incidents ont aussi éclaté à Bar-le-Duc, à Besançon et à Strasbourg, où respectivement huit, neuf et vingt personnes ont été interpellées après des heurts avec les forces de l’ordre. Trois policiers et quatre manifestants ont été blessés dans la ville alsacienne. Le calme est revenu en fin de journée dans les trois villes.

Au total, le ministère de l’intérieur a annoncé 244 interpellations ayant donné lieu à 201 gardes à vue sur tout le territoire. « La responsabilité l’a emporté sur la tentation de l’affrontement », a salué le ministre Christophe Castaner dans une déclaration transmise à l’AFP.

L’acte IX de la mobilisation intervenait au tout début des soldes d’hiver, un samedi crucial pour le chiffre d’affaires des commerçants, dont l’activité a été très perturbée par les manifestations de novembre et décembre.

Le Monde avec AFP

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