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« Près de 300 000 » manifestants dans deux cents villes, selon la CGT, pour le premier « mardi de l’urgence sociale »

Le syndicat propose de réitérer chaque semaine, pour réclamer « sur le bitume » des revendications que partagent les « gilets jaunes ».

Le Monde avec AFP

Publié le 05 février 2019 à 08h24, modifié le 05 février 2019 à 19h30

Temps de Lecture 6 min.

Le secrétaire général de la Confédération générale du travail (CGT), Philippe Martinez, le 31 janvier 2019, à Paris.

Des grèves, des manifestations et des barrages filtrants se déroulent, mardi 5 février, partout en France à l’appel de la Confédération générale du travail (CGT), Solidaires et des organisations de jeunesse, mais aussi, pour la première fois, des représentants des « gilets jaunes » qui, jusqu’à présent, avaient regardé les syndicats avec méfiance.

Il s’agit là d’un premier « mardi de l’urgence sociale », que la CGT propose de réitérer chaque semaine, en parallèle au grand débat national organisé par l’exécutif, qu’elle boycotte. La centrale syndicale dit préférer réclamer « sur le bitume » des revendications que partagent les « gilets jaunes » : augmentation du smic, réforme de la fiscalité, rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), développement des services publics, liberté de manifester…

La CGT prône une « convergence des luttes » avec les « gilets jaunes ». Une partie d’entre eux, dont certaines figures de proue, comme Eric Drouet, s’y sont ralliées, appelant ces derniers jours à se mobiliser massivement pour bloquer l’économie. Des préavis de grève ont été déposés, notamment dans la fonction publique, à la RATP ou à la SNCF. Des manifestations étaient organisées partout en France.

  • Des manifestations partout en France

« Près de 300 000 personnes » ont manifesté dans deux cents villes pour réclamer une augmentation des salaires et plus de justice fiscale à l’appel de la CGT, Solidaires, de la FSU, et en présence de nombreux « gilets jaunes », selon la centrale de Montreuil. Dans un communiqué, la CGT qualifie cette journée de « réussite » et souligne être d’ores et déjà « dans plusieurs départements à l’initiative de réunions intersyndicales afin de prolonger la mobilisation ».

Sur son site Internet, la CGT détaille tous les mouvements prévus dans l’Hexagone. A Paris, le cortège est parti à 14 heures de l’Hôtel de Ville en direction de la place de la Concorde. Il a rassemblé 30 000 manifestants selon la CGT, 18 000 pour la préfecture de police, 14 000 selon le cabinet Occurence pour un collectif de médias dont fait partie Le Monde.

A Marseille, 5 200 personnes, selon la préfecture de police, ont manifesté entre le Vieux-Port et la gare Saint-Charles. Si la CGT dominait très largement, plusieurs centaines de « gilets jaunes » étaient présents en milieu de cortège. « Nos revendications sont identiques. Il faut être tous ensemble », témoigne Brigitte, retraitée qui perçoit une pension de 680 euros. Elle a rejoint les « gilets jaunes » à Fos-sur-mer. « Il arrive un moment où toutes les luttes se rejoignent. Sans convergence avec les partis et les syndicats, on n’arrivera à rien », estime-t-elle.

A Lyon, parmi les 4 300 manifestants selon la préfecture, environ 500 « gilets jaunes ». « Cela fait trois mois qu’on est dehors et il faut aller plus loin alors on fait un pas : les syndicats ont appelé, on est là, maintenant on verra quand on appellera s’ils répondent », constate l’un d’eux, Fabrice.

A Strasbourg, 1 500 personnes selon la CGT, 1 300 selon la police, ont défilé dans le centre-ville. Le cortège était ouvert par plusieurs dizaines de « gilets jaunes » scandant « gilets jaunes dans la rue et samedi on continue ! ». Ils étaient suivis par des militants CGT brandissant une banderole réclamant une « augmentation du pouvoir d’achat, pour la défense du service public, pour l’emploi public ».

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Parmi les autres cortèges en régions, on recensait selon la police environ 2 500 personnes à Caen, 2 200 au Havre, 2 300 à Clermont-Ferrand, 1 300 à Tours, 500 à Rennes, plusieurs centaines à Sète et Boulogne-sur-mer, etc.

Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, a annoncé des défilés unitaires dans « une trentaine de départements ». En novembre pourtant, il avait refusé tout lien avec ce mouvement qui avait « démarré contre la hausse de la taxe pour les produits pétroliers, c’était soutenu par le Medef [Mouvement des entreprises de France] », a-t-il affirmé au micro d’Europe 1 mardi matin. Il a révisé, dit-il, son discours lorsque les revendications des « gilets jaunes » se sont élargies. « Je suis intéressé par le mouvement des “gilets jaunes” quand il porte des revendications que nous portons depuis longtemps, des revendications sociales. Je suis moins fasciné par une minorité qui porte autre chose », a-t-il résumé.

  • Des perturbations dans les transports

Le trafic SNCF est perturbé mardi, la CGT-Cheminots ayant déposé un préavis de grève allant de lundi 4 février à 20 heures à mercredi 6 février à 7 h 55. Certains trains Intercités sont supprimés. Le trafic devrait en revanche rester normal sur les TGV, Thalys et Eurostar. Le détail des perturbations est disponible sur le site de la SNCF.

Un préavis a aussi été déposé du côté d’Aéroports de Paris. Il court de mardi 11 heures jusqu’à mercredi 7 heures du matin. Mais, pour l’heure, tous les vols programmés, que ce soit à l’aéroport d’Orly ou à Roissy-Charles-de-Gaulle, sont maintenus.

Par ailleurs, plusieurs centaines de conducteurs VTC (véhicules de tourisme avec chauffeur) manifestent à Paris et dans plusieurs villes de France à l’appel de FO-CAPA-VTC et de la Confédération française démocratique du travail (CFDT). Les chauffeurs demandent en particulier le renforcement de la lutte contre les plates-formes illégales et les fausses cartes VTC, la fixation d’un tarif minimal, un numerus clausus de leur profession et la détaxation des carburants.

  • Dans l’éducation, appel à la grève

SUD-Education a appelé les personnels « de la maternelle à l’université » à participer à la grève générale « contre les réformes Blanquer, contre les suppressions de postes, et plus largement pour les revendications de progrès social portées avec les “gilets jaunes” ». Cet appel concerne les enseignants, mais aussi les personnels des cantines et les animateurs chargés des activités périscolaires. La Fédération syndicale unitaire (FSU), principale fédération de l’éducation, s’inscrit aussi dans cette journée de mobilisation interprofessionnelle et annonce qu’un préavis de grève a été déposé jusqu’au 6 avril. Selon le ministère de l’éducation nationale, 5 % des enseignants étaient en grève mardi.

Des organisations de jeunesse – comme l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), l’Union nationale lycéenne (UNL) ou la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL) – appellent les lycéens et les étudiants à se joindre au mouvement. Elles rappellent leur opposition à la réforme du lycée, qui « renforce plus que jamais les inégalités scolaires sur le territoire », et à l’augmentation des frais d’inscription à l’université des étudiants étrangers extracommunautaires.

L’université de Bordeaux-Montaigne était bloquée par des étudiants.

  • Les autres secteurs touchés

Des préavis de grève ont été déposés dans la fonction publique. L’Union syndicale Solidaires a déposé un préavis qui court jusqu’au 28 février. Un préavis de grève national a aussi été déposé par la CGT-Santé action sociale qui appelle les personnels des collectivités territoriales, de la fonction publique hospitalière et des établissements médico-sociaux à se mettre en grève. La Poste pourrait également être touchée à la suite de l’appel conjoint à se mobiliser de SUD-PTT et de la CGT-FAPT.

Le site de Radio France signale que ses radios ne diffuseront pas mardi l’intégralité de leurs programmes habituels, « en raison d’un appel à la grève par plusieurs organisations syndicales portant sur les difficultés budgétaires et la défense de l’emploi à Radio France ».

Certains sites culturels et touristiques sont « perturbés », comme la Bibliothèque nationale de France ou la tour Eiffel.

  • Rungis bloqué durant la nuit

Le mouvement a débuté dans la nuit de lundi à mardi au marché international de Rungis, en région parisienne. Quelque 200 à 300 « gilets jaunes » et manifestants munis de drapeaux de la CGT ont bloqué dans le calme l’une des quatre entrées du marché, a fait savoir la préfecture du Val-de-Marne.

  • Des barrages filtrants sur les routes

La convergence entre « gilets jaunes » et syndicats était visible dès mardi matin en Normandie, où la circulation était perturbée par plusieurs manifestations CGT et « gilets jaunes » sur des ronds-points ou sur des routes à Saint-Etienne-du-Rouvray, Rouen, au Havre, à Gonfreville-l’Orcher ou Neuville-lès-Dieppe, selon la police. Des barrages sur des ronds-points occasionnant des difficultés de circulation ont repris dans le Gard, et plus particulièrement dans les secteurs d’Alès et de Nîmes, fortement mobilisés depuis le début du mouvement des « gilets jaunes », en novembre.

Hasard du calendrier, mardi doit être votée la loi « anticasseurs », donnant la possibilité aux préfets de prononcer des interdictions de manifester, un dispositif vivement critiqué par les syndicats. La CGT prévoit d’ores et déjà une nouvelle journée nationale à la mi-mars.

Le Monde avec AFP

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