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Arrêt de la centrale de Fessenheim : happening pro-nucléaire devant les locaux de Greenpeace

Une quarantaine de défenseurs de l’atome ont manifesté devant les locaux de l’ONG pour dénoncer le discours des associations antinucléaires, qu’ils assimilent à un « crime climatique ».

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Publié le 30 juin 2020 à 02h54, modifié le 30 juin 2020 à 07h23

Temps de Lecture 3 min.

Des militants, dont certains déguisés en ours blancs, manifestent devant les locaux de Greenpeace France, à Paris, le 29 juin 2020.

« Vandalisme climatique ! », « Le nucléaire pour le climat ! ». Curieuse inversion des rôles : ils sont une quarantaine, lundi soir, devant les locaux de Greenpeace France, à crier des slogans et brandir des pancartes contre la fermeture du deuxième réacteur de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin). Cette fois, ce ne sont pas les activistes écologistes, habitués des happenings et des actions médiatiques, qui tiennent le haut du pavé, mais des militants pro-nucléaires beaucoup moins rompus à l’exercice, et un peu étonnés de se retrouver là. « On est là pour dénoncer les contre-vérités de Greenpeace sur le nucléaire », explique Myrto Tripathi, ancienne cadre d’Areva, qui anime désormais le collectif Les Voix du nucléaire. Pourquoi interpeller une ONG, alors que la décision de fermer la centrale de Fessenheim a été prise par le gouvernement ? « Il y a un amalgame qui est fait entre le nucléaire et les énergies fossiles, et on voit que ces éléments, diffusés par des associations comme Greenpeace, sont repris jusqu’au gouvernement », détaille Mme Tripathi.

Face aux portes closes de l’ONG, les militants pro-nucléaire, dont certains déguisés en ours blancs, ont respecté une minute de silence pour la fermeture de la centrale alsacienne, en dénonçant un « crime climatique ». Le groupe, plutôt jeune et masculin, ne comptait pas que des salariés de la filière nucléaire. Fabrice, la trentaine, salarié dans l’automobile, explique ainsi : « J’ai très peur du changement climatique, je fais le maximum dans ma vie personnelle, je prends peu l’avion, je circule à vélo. Mais, en analysant la situation je me suis dit qu’on n’avait pas d’autre choix que le nucléaire pour faire face à l’urgence climatique. Ce n’est pas l’énergie idéale, mais c’est la moins mauvaise de toutes. » Un argument répété par de nombreux militants présents, qui affirment ne pas défendre bec et ongles la filière nucléaire et ses emplois, mais penser d’abord que l’énergie nucléaire, très peu émettrice de CO2, est une solution face au défi climatique.

« Une question de contrainte physique »

Ici, la ministre de la transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, est rangée au même rang que les activistes antinucléaires. « On fait passer le nucléaire pour un choix politique, alors que c’est une simple question de contrainte physique, on ne pourra pas faire sans », assure Myrto Tripathi, qui estime qu’en France « le sujet est tabou » – même si 75 % de l’électricité consommée est d’origine nucléaire et que le pays compte 56 réacteurs en activité.

A ses côtés, Valérie Faudon, déléguée générale de la Société française d’énergie nucléaire (SFEN), qui défend les intérêts de la filière, est venue « à titre personnel », soutenir l’initiative. « Greenpeace a une mauvaise influence, mais on voit au niveau international que les choses tournent et que des écologistes aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni se rallient au nucléaire », assure-t-elle. La vague verte qui a porté les écologistes à la tête de plusieurs villes de France, dimanche inquiète ces militants pro-nucléaire. Certains rappellent que Yannick Jadot, eurodéputé et figure de proue d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), est d’ailleurs un ancien de Greenpeace.

Le combat pour le climat « est ailleurs »

Interrogé par Le Monde, le directeur de l’ONG, Jean-François Julliard, absent au moment du happening, reconnaît que cette manifestation est « une première ». « Le fait que les gens qui défendent le nucléaire se sentent menacés est une bonne nouvelle », fait-il valoir. « Mais le nucléaire n’est pas une solution réaliste pour faire baisser les émissions de CO2 », explique-t-il, en répondant aux critiques formulées par les manifestants : « Greenpeace n’a jamais dit que le nucléaire émettait du CO2. Il est décarboné mais comporte d’autres risques environnementaux. En revanche, il ne faut pas oublier que les centrales sont plus vulnérables à cause du risque climatique », plaide-t-il. « Ces manifestants pro-nucléaires disent vouloir sauver le climat alors que le combat pour réduire les émissions de gaz à effet de serre est ailleurs : dans l’agriculture industrielle, le tout-camion et le tout-avion, les bâtiments énergivores », répond également Alix Mazounie, chargée de campagne nucléaire à Greenpeace.

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