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Du plastique dans l’eau du thé, les sachets mis en cause

Une étude met en évidence la libération de milliards de microparticules de plastique dans le thé lorsque ce dernier est conditionné et infusé dans des sachets en nylon ou PET

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Publié le 25 septembre 2019 à 14h00, modifié le 26 septembre 2019 à 09h43

Temps de Lecture 3 min.

Etes-vous plutôt thé noir, thé vert ou thé… aux microplastiques ? La question se pose, alors qu’une étude canadienne, publiée le 25 septembre dans ACS Environmental Science & Technology, révèle que les sachets de thé en matière plastique libèrent, sous l’effet de la chaleur, une multitude de microparticules dans l’eau. Ces sachets, à l’aspect souvent soyeux, ont récemment fait leur apparition sur le marché des thés et tisanes, aux côtés des plus traditionnels pochons en papier.

L’équipe de chercheurs a pris le parti d’analyser les sachets de quatre différentes marques, dont ils ne révèlent pas les noms. Après avoir débarrassé les petits contenants grillagés des feuilles de thé qu’ils contenaient, ils les ont rincés à l’eau pure pour éliminer les éventuels contaminants puis les ont fait infuser dans de l’eau à 95 °C, pendant 5 minutes – ce qui s’approche des conditions d’utilisation standard.

Leurs résultats sont édifiants : non seulement l’infusion des sachets conduit à la contamination de l’eau par de la matière plastique – Nylon ou PET (polytéréphtalate d’éthylène), selon la nature du sachet analysé –, mais le nombre de particules « relarguées » est en outre astronomique. Un unique sachet de thé peut ainsi libérer plus de 2 millions de particules de plastique d’une taille comprise entre 1 et 150 micromètres, et près de 15 milliards de particules mesurant moins d’1 micromètre (dont environ 20 % de nanoparticules, de diamètre inférieur à 100 nanomètres). Au bout du compte, ce sont 13 à 16 microgrammes de plastique qui finissent dans l’eau d’une simple tasse de thé.

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Effet de la température

« Si l’on compare avec d’autres aliments contaminés par des microplastiques, c’est beaucoup, commente Nathalie Tufenkji, professeure à l’université McGill à Montréal et auteure principale de l’étude. Il a été montré que le sel de table, par exemple, contenait environ 0,005 microgrammes de plastique par gramme. » Cette différence peut en partie découler d’une meilleure performance du microscope électronique utilisé dans l’étude canadienne, mais le seul aspect méthodologique ne peut pas expliquer un tel écart, estime la chercheuse.

En outre, et bien que Nylon et PET soient des plastiques à usage alimentaire, les chercheurs ont identifié un clair effet de la température : manipulé dans les mêmes conditions mais à température ambiante (22°C), un sachet libère environ 300 fois moins de particules.

Il suffit de surfer sur Internet pour constater qu’en France aussi, plusieurs marques commercialisent du thé ou de la tisane conditionnés dans des sachets en matière plastique, le plus souvent en Nylon, parfois en polypropylène. Ce dernier n’a pas été testé dans la présente étude.

Evaluation demandée par l’OMS

Ces micro et nanoplastiques présentent-ils pour autant un risque pour la santé humaine ? Difficile de savoir à ce stade. Les scientifiques ont conduit des études préliminaires chez la daphnie – un petit crustacé d’eau douce couramment utilisé pour déterminer la toxicité aiguë de substances chimiques –, qui ont laissé entrevoir un impact biologique des microplastiques. Les daphnies exposées ont présenté des anomalies anatomiques et leur mobilité a été altérée de façon dose-dépendante.

Alors que la présence de ces microparticules dans l’alimentation, l’air et l’eau, est avérée, « la question de leur impact sur l’homme et les organismes est clairement brûlante », pointe Johnny Gasperi, maître de conférences au Laboratoire eau, environnement et systèmes urbains (LEESU, université Paris-Est-Créteil).

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L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a d’ailleurs appelé fin août à « mener une évaluation approfondie des microplastiques présents dans l’environnement et de leurs conséquences potentielles sur la santé humaine », alors qu’était publiée une synthèse des dernières connaissances sur les microplastiques présents dans l’eau de boisson. De par leur taille, ces particules pourraient notamment être absorbées par l’organisme via le tube digestif.

En attendant d’en savoir plus, les chercheurs canadiens recommandent d’éviter l’utilisation superflue des plastiques à usage unique et de privilégier l’utilisation du thé en vrac ou en sachet papier.

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