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Covid-19 : l’étrange stratégie sanitaire de Madagascar

Le gouvernement se montre sceptique à l’égard de la vaccination, préférant pour l’instant mettre en avant un remède traditionnel dont l’efficacité n’a pas été prouvée.

Par  (Antananarivo, correspondance)

Publié le 15 décembre 2020 à 20h00

Temps de Lecture 2 min.

Des élèves brandissent des bouteilles de Covid Organics, une boisson promue par le gouvernement malgache comme remède au coronavirus, dans un lycée d’Antananarivo, le 23 avril 2020.

Les Malgaches pourront-ils se faire vacciner contre le Covid-19 ? La question est loin d’être tranchée. Alors que les premières campagnes se mettent en place à travers le monde, les dirigeants de la Grande Ile se distinguent par leur scepticisme à l’égard de la vaccination. Le 26 novembre, la porte-parole du gouvernement, Lalatiana Rakotondrazafy Andriatongarivo, a confirmé sur Radio France internationale (RFI) que son pays n’avait pas demandé à bénéficier de la « Covax Facility », un dispositif censé permettre aux pays à revenus faible et intermédiaire d’avoir accès aux vaccins.

Madagascar, qui avait jusqu’au 7 décembre pour s’inscrire sur la liste des pays bénéficiaires, a préféré passer son tour. « Nous attendons de voir l’efficacité du vaccin dans les pays qui l’utiliseront en premier », a justifié la porte-parole du gouvernement. Des propos que s’efforce aujourd’hui de tempérer la directrice de cabinet de la présidence malgache, Lova Hasinirina : « Cela a été mal interprété, assure-t-elle. Nous sommes en phase d’observation. Il est important que les premiers résultats soient positifs rapidement pour que les pays reviennent à la normale. En attendant, Madagascar est ravie d’avoir un remède traditionnel pour prévenir un état d’aggravation du coronavirus et en guérir. »

Le remède traditionnel en question, le CVO +, est un mélange à base de plantes endémiques comme l’artemisia et le ravintsara. Lancée par la présidence – comme la boisson Covid Organics il y a plusieurs mois –, la formule s’ingère en gélules. Le remède est largement distribué dans le pays à travers le réseau national de pharmacies et les centres de santé de base. Pourtant, aucune étude scientifique ne vient étayer son efficacité thérapeutique.

Une gestion opaque des aides reçues

Pour le moment, il n’est pas dit que la stratégie sanitaire de Madagascar repose entièrement sur ce traitement. Mais les bailleurs de fonds s’inquiètent d’autant plus que le pays a été épinglé pour la gestion opaque des aides allouées pour pallier la crise économique provoquée par l’épidémie. « Il est sûr que si nous avions un refus net de la part du pays d’obtenir le vaccin, cela affecterait sa crédibilité », soupire un bailleur de fonds qui préfère rester anonyme.

Pour ce qui est de la situation épidémiologique, avec environ 17 500 cas et 259 décès, la Grande Ile fait partie des pays les moins touchés par la pandémie. Pour la plupart des acteurs de santé malgaches, si quelques cas de plus ont été notés ces dernières semaines, il est encore trop tôt pour parler de reprise de l’épidémie, voire de deuxième vague. Les derniers tests de séroprévalence faits par l’institut Pasteur et le ministère de la santé donnent une immunité collective avoisinant les 40 %.

« Les statistiques hebdomadaires des hôpitaux sont encourageantes et nous voulons maîtriser cette tendance positive, explique Lova Hasinirina. Nous autorisons des vols exceptionnels, mais nous restons très vigilants sur les personnes qui arrivent. A l’occasion des fêtes de fin d’année, nous avons mis en place quelques vols de rapatriement depuis la France, la Réunion et l’île Maurice. » L’île de Nosy Be est quant à elle rouverte depuis le 1er octobre, avec un taux de remplissage des hôtels à 50 %, a indiqué Yves Maurice Rakotoniaina, directeur général du tourisme, lors d’une conférence de presse le 27 novembre. Par contre, aucune date de réouverture des frontières n’a été annoncée pour le moment.

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